Abul-Mahâsin Yûsef al-Fâsî

Yûsef Ben Muhammad Ben Yûsef al-Fâsî al-Qasrî plus connu sous le surnom d'Abul-Mahâsin (détenteur des perfections).

Naissance et éducation : 937 H / 1530

Ses aïeuls sont d'origine d'Andalousie que son grand-père a quittée pour s'installer au Maroc et plus exactement à al-Qsar al-Kabîr où Yûsef al-Fâsî est né la nuit du jeudi 19 Rabi' al-Awwal 937 de l'Hégire, ce qui correspond au 10 Novembre 1530. Il apprit très tôt le Qorân et les principes de la science (religieuse) puis parti à Fès et poursuivi ses études. Il regagna quelques années plus tard sa ville natale al-Qsar al-Kabîr et se mis à enseigner et à promouvoir la vertu et prévenir contre le vice et bénéficia d'un grand auditoire auprès de la population et d'une excellente réputation. Puis retourna à Fès et resta dans cette ville jusqu'à son décès, que Dieu soit satisfait de lui.

Il prit le savoir et la science (religieuse) avant son soufisme d'un certain nombre de savants de son époque, parmi eux, le cheikh Abu Zayd Abdul-Rahman al-Khabbâz al-Qasri qui lui enseigna Risâlat Ibn Abi Zayd, Alfiyat Ibn Mâlik, al-Lâmiyya et al-Soghra d'al Sanûsî. Il ya aussi le cheikh Abu Muhammad Abdul-Wahâb Ben Muhammad Azzaqâq, le cheikh Abdul-Rahman Addukâli et Abu Abdullah Muhammad Ben Abdul-Rahman al-Tilimsâni le prêcheur des deus mosquées al-Qarawiyyin et al-Andalus qui lui enseigna les commentaires (Tafsîr), la doctrine de l'Unicité (Tawhîd) et la Jurisprudence (Fiqh) et bien d'autres sciences, sa fréquentation de ce dernier dura longtemps.

Son adhésion au soufisme et la quête du maître éducateur

Cheikh Yûsef al-Fâsî s'intéressa ensuite au soufisme et son âme s'épris de cette science, il rejoignit sa communauté et fréquenta d'innombrables gnostiques ; en premier Muhammad Ben Ali al-Hawwârî, ensuite Abdullah al-Haythî puis Saïd Ben Abû Bakr al-Mashtarânî et bien autres. Mais Yûsef par ses déplacements de zawiya à zawiya, de Cheikh Sûfî à un autre à la recherche du Maître du temps présent et de l'éducation ne pu être convaincu jusqu'à sa rencontre avec l'héritier Muhammadien Cheikh Abdul-Rahmân al-Majdûb de qui, il obtient la fiabilité de la voie, de l'éducation et du comportement. Il est son unique Maître qu'il l'éduqua et pris sa main dans le cheminement et ne s'affilia qu'à lui.

L'histoire de Cheikh Yûsef al-Fâsî avec Cheikh Abdul-Rahmân al-Majdûb remonte à son jeune âge, lorsqu'il était encore petit, Cheikh Abdul-Rahmân al-Majdûb vint le voir à l'école (Qoranique) et se mis à l'observer et disait aux gens ce qui adviendra de lui. Il avait l'habitude de dire : "je suis le premier arrivé à lui avant les autres de peur qu'on me le prenne !". Un jour, il alla le voir à l'école, il passa sa main bénie sur sa tête et lui dit : "que Dieu t'enseigne la connaissance apparente et cachée" trois fois, puis dit à son instituteur : "il est incontournable que la rose de cette enfant doit s'ouvrir un jour et si Dieu te prêtera vie, tu verras !" Il alla souvent à la maison des Fâsî et disait : "il est incontournable que la rose doit s'ouvrir". Il avait l'habitude de dire à son sujet : "la lampe de la nation" ou encore : "Il doit être de la même station qu'al-Ghazâlî" et de dire : "il n'existe pas un seul qui l'égale avant lui combien même l'Inspecteur inspectera à la recherche d'un semblable !" Ou encore de dire : "celui qui aimerait regarder mon cœur, qu'il voit ou se trouve al-Fâsî !" Puis à la fin de sa vie, il disait : "Sidi Yûsef j'étais son maître et désormais c'est lui mon maître !"

Les épreuves encourues par Cheikh Abul-Mahâsin : 955 H / 1548

Lorsqu’Yûsef al-Fâsî s'attacha au Cheikh Abdul-Rahmân al-Majdûb, il subit de graves ennuis de la part d'un grand nombre de savants de la voie soufie. Ils lui reprochèrent de s'être attaché au Cheikh al-Majdûb, mais il leur répondait : "par Dieu, même si me frappez par des sabres en feu, je ne le quitterai jamais !" Lorsqu'ils constatèrent sa détermination, ils déposèrent plainte auprès des savants de la ville de Fès et auprès des maîtres qui l'ont enseigné pour qu'ils le forcent à se séparer de son maître, mais leur entreprise a échoué les laissant dans l'amertume et la déception et Abul-Mahâsin sorti vainqueur par sa détermination, que Dieu soit satisfait de lui.

Cheikh Abdul-Rahmân al-Majdûb, que Dieu soit satisfait de lui, n'était pas tendre dans sa façon d'éduquer, personne ne pouvait subir cet état de fait et la patience faisait souvent défaut, hormis Yûsef qui subit de la part de son maître de fabuleuses épreuves de par leur difficulté à en supporter, mais il resta debout et Dieu raffermi à chaque fois son cœur.

Il convient de rappeler que le Cheikh Abdul-Rahmân al-Majdûb arriva chez Abul-Mahâsin à un moment tout proche de la célébration de ses noces et de la réunion des deux époux, c'était au début de sa formation, c'est à dire approximativement en 955 H / 1548, (il avait donc 18 ans et Cheikh al-Majdûb 46 ans). Abul-Mahâsin le fit entrer dans la maison et le fit asseoir dans la salle de noce, laquelle était décorée et tendue de tapis, selon la coutume des habitants de la localité pour un mariage. Cheikh al-Majdûb demanda qu'on lui apporte du bois pour qu'il se chauffe. Lorsqu'il en disposa, il mit le feu dans la salle de noce. Cela fit beaucoup de fumée, et les gens qui étaient là suffoquèrent. Quant à Abul-Mahâsin, il regardait, ne manifestant à l'extérieur aucun désaveu, pas plus qu'il n'éprouvait de sentiment de réprobation à l'intérieur de lui-même ; au contraire, avec la plus grande joie et satisfaction de ce que Cheikh al-Majdûb faisait. Comme il s'était ainsi assuré de son entière soumission à ce sujet, Cheikh al-Majdûb lui dit : "pars avec moi ! " Et il partit avec lui peu après sa noce, jusqu'à ce qu'il fût arrivé là où il demeurait, dans la Masmûdah. Cheikh al-Majdûb le laissa dans la mosquée. Là Dieu lui envoya la fièvre. Lorsqu'il était pris d'une crise de fièvre froide, il ne trouvait pour se mettre dessus qu'un bât dont il se recouvrait, et qu'il enlevait lorsque la crise était passée. Il resta ainsi environ quarante jours, durant ces jours, Cheikh al-Majdûb venait et le regardait en disant : "Si l'étendard tombe, le salut s’enfuit !" C'est-à-dire : si tu ne tiens pas bon, toi, dans l'épreuve, personne ne tiendra bon ; car c'était lui qui, parmi ses compagnons était indiqué et attendu pour être l'héritier de son "état". Puis il repartait un certain temps ; puis il revenait, lui répétant ces paroles. Lorsqu'il eut accompli les quarante jours, Cheikh al-Majdûb lui dit : "lève-toi ! Et va retrouver ton épouse." Et il le bénit, lui dispensa ses louanges, appelant sur lui toutes sortes de biens. Ce fait rendit manifeste la sincérité d'Abul-Mahâsin et son accession au plus haut point de la soumission et du dépouillement de la volonté propre entre ses mains, en même temps que le témoignage tout à son honneur que lui rendit Cheikh al-Majdûb.

Le sacrifice d’Abul-Mahâsin et son dévouement à son maître

Cheikh Yûsef al-Fâsî accompagna son maître Cheikh Abdul-Rahmân al-Majdûb jusqu'au décès de ce dernier, il était à son service corp et âme. Il possédait du bien qu'il lui revenait du négoce de son père. Il le dépensait au service de son maître Cheikh al-Majdûb, jusqu'à ce qu'il l’ait complètement liquidé. Il ne lui resta plus que la maison. Cheikh al-Majdûb vint une fois à al-Qsar. Il vint à l'esprit de son disciple de lui donner sa maison. Il en prit donc les clefs et se porta à sa rencontre pour les lui remettre. C’était un vendredi. Il se posta à la porte de la mosquée par laquelle Cheikh al-Majdûb avait coutume de sortir. Ce dernier avait deviné son intention et, contrairement à son habitude, il sortit par une autre porte. Lorsqu’il le rencontra après, il lui dit : "Tranquillise-toi ! Reste dans ta maison : c'est notre maison ; si nous en avons besoin, nous la prendrons", cela, pour apaiser son cœur. Abul-Mahâsin y demeura donc, et cette maison resta à sa possession jusqu'à ce qu'il partit résider à Fès ; et elle est resté la propriété de ses descendants jusqu'à maintenant.

Abul-Mahâsin, que Dieu l'agrée, demeura assidu au service de son maître Cheikh al-Majdûb, se dévouant lui-même et dépensant son bien pour le satisfaire. Il ne faisait pas attention à ce qu'il dépensait pour son obéissance et son amour. Il arriva qu'une fois, il devait faire ses comptes avec son père. Cheikh al-Majdûb lui ordonna alors de prendre de là où il était assis et de le remettre à son père. Il introduisait alors sa main sous la natte de son maître et remettait l'argent à son père pour compléter le compte. Cela devint la façon coutumière de procéder pour le maître Abul-Mahâsin : jamais, dit-on, solliciteur cherchant sous la place où était assis son maître al-Majdûb ne manqua de Dirham, et chaque fois que celui-ci s'asseyait quelques part et qu'on y cherchait, on y trouvait de l'argent.

Le maître éducateur 976 H / 1569/1570

Lorsque Cheikh al-Majdûb fut atteint de la maladie qui devait l'amener à la mort, il réunit ses compagnons et leur fit ses recommandations. Puis il les renvoya chez eux pour qu'ils célèbrent la fête avec leurs enfants. C’est pour cela qu'Abul-Mahâsin n'était présent à sa mort.

Cheikh al-Majdûb mourut la nuit (veille) de la fête du sacrifice. Le lendemain matin, Abul-Mahâsin passa à Bâb-al-Wâd, quartier d'al-Qsar. Un homme illuminé par grâce particulière de Dieu le rencontra et lui dit : "Ou est ton maître,", "dans son pays !" lui répondit-il, "il est mort, reprit cet homme, car il ne se tenait pas avec nous hier sur la montagne 'Arafat, alors qu'il y était chaque année ! Et son état s'est transmis à sidi Abdullah ben Hussein, à Tâmasluht !" Cheikh Abul-Mahâsin lui dit alors : "quant à nous, notre salaire est en Dieu !" "Non ! répondit-il, c'est à toi que cela reviendra !»

Puis sidi Abdullah ben Hussein envoya quelqu'un au Cheikh Abul-Mahâsin pour lui dire de venir chez lui : "le secret de ton maître est chez moi !" fit-il ajouter. Cheikh Abul-Mahâsin s'abstint d'y aller disant : "je crains, s'il se manifeste en moi quelques grâce, que l'on dise : elle vient de sidi Abdullah ben Hussein ! Et si quelques chose m'advint, elle m'adviendra si Dieu le veut !" Ainsi en fut-il. Lorsque la mort se présenta à sidi Abdullah ben Hussein, il lui légua quelques objets de Cheikh al-Majdûb, indication de ce qu'il lui confiait de l'héritage de son maître. Lorsque Cheikh Abul-Mahâsin apprit que sidi Abdullah ben Hussein était mort, il dit : "maintenant j'irai à lui !" Il y alla donc, visita sa tombe ; et la famille de sidi Abdullah ben Hussein lui remit ce qu'il avait légué, entre autres choses une ceinture. Il prit tout cela et revint. Entre la mort de sidi Abdullah ben Hussein et celle du Cheikh sidi Abdul-Rahmân al-Majdûb, que la miséricorde de Dieu l'enveloppe, il y eut, dit-on, environ six mois.

Cheikh Yûsef al-Fâsî accéda donc à l’âge de 40 ans à l'héritage spirituel de son Maître défunt. Le flux des lumières déborda sur lui et fut exposé aux rayonnements du soleil des vérités et des connaissances, il obtint la plus grande ouverture par les révélations. Il partit s'installer à Fès après la mort de son maitre, sur l'indication de celui-ci et la permission de beaucoup de gens d'élite de son temps. En effet, Cheikh al-Majdûb, lorsqu'approcha le terme de sa vie, vint à al-Qsar. Il descendit à l'extérieur de la ville où ses disciples allèrent le rencontrer, parmi eux, se trouvait Abul-Mahâsin Cheikh Yûsef al-Fâsî. Lorsqu’ils furent tous installés pour la réunion, le maitre Cheikh al-Majdûb dit : "Pauvres (en Dieu), pour la zawiya nous achetons beaucoup de marmites, lesquelles se brisent et ne durent pas. On m'a dit : ne te conviendrait que des marmites en cuivres, et de même pour des couscoussiers. J’ai alors demandé : combien cela coute-il ? Et on m'a répondu : cinquante Ûqiya. Y a-t-il parmi vous, ô pauvres (en dieu), quelqu'un qui donnerait cinquante Ûqiya ?" Tous gardèrent le silence.

Le maître Abul-Mahâsin racontait par la suite : "survint alors dans mon esprit l'idée que le maître approchait du terme de sa vie, et qu'il voulait destiner son héritage spirituel à l'un de ses compagnons pour qu'il soit son successeur après lui. Alors je dis : "ce serait bien si un homme parmi nos compagnons faisait ce geste, pour que le saint lieu ne soit pas dépourvu de bénédictions !" je n'avais alors sur moi pas le moindre Dirham de cette somme. Le maître Cheikh al-Majdûb reetira sa demande. Personne ne lui répondit. Lorsque je vis cela, je me levai et je dis : "Mon Seigneur, moi je te les apporterai !" Il dit :"Tu ferais donc cela ?" je répondis : "oui !" Il dit : "Vas-y maintenant !" Et il dit aux autres :"Sellez-lui ma jument !" Puis, se reprenant, il dit : "Moi je vais la lui seller !" Il se leva et la sella. Comme je m'approchais pour la monter, les autres voulurent me maintenir l'étrier. Alors il dit : "Vous, vous lui tiendrez l'étrier? Non ! C'est moi qui vais le faire !" Et il me maintint l'étrier. J’en fus tout confus et ne voulus pas, mais il insista tellement qu'il n'y eut pas moyen de refuser de le satisfaire. Je montais alors, et j'entrais à al-Qsar. C’était comme si ces Dirham dans ma main provenaient de sa vertu bénéfique. Je les lui apportai. Il me dit : "Les aurai-tu amenés ?" Je lui dis : "oui, mon Seigneur !" Il me dit alors : "En vérité, nous avons établi ta maison à Fès !" Je pensais soudain à la gravité de cette annonce, en raison des obligations redoutables et des difficultés de vie qui comporte le fait de résider à Fès. Toutes ces considérations se passaient seulement dans mon esprit. Il me dit alors : "et les vents te ramasseront ton bois !" C'était comme le proverbe que l'on dit à propos de quelqu’un à qui l'objet de ses désirs vint de la manière la plus facile : c'est comme le ramasseur de bois de chauffage, les vents lui ramassent son bois et lui épargnent la peine de le rassembler de ci de là, et il utilise ce qui lui vient comme en se jouant sans avoir à chercher ni à se fatiguer en se démenant dans toutes les directions. Et les choses se firent ainsi. Abul-Mahâsin alla s'installer à la ville de Fès, avec la permission divine, et se manifesta réellement la vérité de la parole de son maître : les vents te ramasseront ton bois. Des personnes aux nombres incalculables se joignirent à lui et les disciples ne cessèrent d'augmenter, il accomplit sa mission pour l'orientation et l'éducation.

Selon son fils, dans son manuscrit intitulé "Mir-ât al-Mahâsin" il cite une des lettres de son père adressée au gnostique Muhammad al-Sharqî et lui relatait son parcours spirituel, il dit dans cette lettre : "depuis mon enfance, j'ai passé tout mon temps à apprendre les sciences apparentes jusqu'à ce que j'ai obtenu ce que Dieu le Tout-Puissant a permis. J'ai eu grâce à cette connaissance une grande réputation et une place importante auprès de la population, puis Dieu m'a récupéré et a effacé de mon cœur tous les univers. Mon dessein ne s'est jamais arrêté devant autre chose que Lui. Il m'a rendu amoureux en Lui et a fait que mon dessein en Lui soit grand et que mes pensées ne soient monopolisées seulement que par Lui. Puis l'honneur et l'humiliation sont devenus égales à mes yeux, aussi la pauvreté et la richesse et bien d'autres contraires que je délecte et j'en prends mon plaisir, et tout cela n'était pas de mon choix mais j'y étais bien forcé. Puis Il balayait mon existence, et m'anéantissait de ma contemplation en raison de mon éclipse lors de la contemplation. Parfois Il dévoile Ses attributs et parfois d'autres je contemple les effets de Sa suprême Essence, et s'empara de mon for-intérieur le sujet de Dieu, le Véridique, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun doute ni pensée indésirable. Puis je fus obsédé par l'absence de mes sens, ensuite Il me ramena à l'existence et me laissa pour voir les intérêts de ses créatures, je suis donc avec les créatures par le Véridique, je vois le rassemblement sur un support de séparation." Lorsque cette lettre fut lu par Muhammad al-Sharqî il déclara que : "le Cheikh Yûsef est le maitre du temps et le maitre de la voie et ma tête est désormais en dessous de ses pieds."

Cheikh Yûsef al-Fâsî parlait un jour de la voie, une des personnes présentes lui fit remarquer qu'untel, probablement Tâju-Dîn Ben 'Ata-Allah al-Iskandarî, n'avait pas la même opinion. Il rétorqua alors : "je n'imite personne et ne dépends de personne." ; il cita alors nombres de grands maîtres de la voie en ajoutant : "je me plie que devant la montagne imposante et inébranlable qu'est sidi Abdu-Salâm Ben Mashîsh."

Sa participation à la bataille d’Oued al-Makhâzin : 986 H / 1578

Cheikh Yûsef al-Fâsî participa à la bataille de Oued al-Makhâzin, dite aussi la bataille des Trois Rois à al-Qsar al-Kabîr qui eut lieu le 1er Jumâda II 986 / le 4 Aout 1578 (il avait donc 48 ans). L'auteur d'al-Istisqa dit que Cheikh Abul-Mahâsin a participé à cette expédition et subi dans la bataille un malheur excellent. In al-Muntaqi al-Maqsûr dit : "Cette bataille, la bataille de Oued al-Makhâzin, était l'une des grandes expéditions et de batailles célèbres qui au cours de laquelle un groupe du peuple de Dieu (l'élite) étaient présents afin qu'elle soit la plus similaire à la bataille de Badr".

Ses prodiges (
grâces miraculeuses)

Il avait beaucoup de prodiges, parmi elles, un de ses voisins à Fès avait un petit garçon handicapé, il alla un jour voir Cheikh Yûsef al-Fâsî pendant que les disciples lisaient "Hizb al-Ghadât" [1], l'homme installa son fils à coté du maitre et s'est mis en pleures en demandant au Cheikh sa bénédiction, un moment plus tard Cheikh Yûsef dit: lève toi par la permission de Dieu en bonne santé", l'enfant se leva et marcha sur ses pieds.

Son portrait physique et moral

Il avait, que Dieu soit satisfait de lui, une belle apparence, taille moyenne, il était craint par révérence, très considéré et respecté, sa vue saute aux yeux et les personnes venaient à lui en lice pour le saluer et bénéficier de sa bénédiction. Il portait une longue chemise et un pantalon et ajoutait pendant l'été une chemise sans manches, puis il inclut une cape en laine fine et ses vêtements ne dépassaient que rarement la moitié de ses jambes.

Il était, que Dieu soit satisfait de lui, plein de douceur, avait de bonnes éthiques morales, très attentif à l'application de la tradition prophétique (al-Sunna) et la préservait. Ne se distinguait en rien vis à vis des autres personnes, il rejoignait ses disciples dans leurs assemblées et parlait avec eux et riait de ce qu'ils en riaient, s'est remis en confiance en Dieu, satisfait de Son destin, toujours en présence permanente avec Dieu, réalisé dans la servitude (de Dieu), modeste vis à vis de son Seigneur. Il avait l'habitude de dire : "il est très juste que le serviteur (de Dieu) pose son visage sur le sol se mettant entre les mains de son Seigneur mais c'est peu pour la reconnaissance qu'on Lui doit."

Son décès 1013 H / 1604

Il mourut, que Dieu soit satisfait de lui, la nuit du dimanche 18 Rabi' al-Awwal 1013, ce qui correspond au 15 Aout 1604 (il avait 74 ans), il fut enterré dans le cimetière "Bâb al-Futûh" à Fès et sa tombe est bien connu là-bas.

Bibliographie

1- Tabaqât al-Kubra d'al-Sha’rani.
2- Tabaqât a-Shâdhiliyya de Muhiyuddin al-Sathî.
3- Ibtihâj al-Qulûb de Abdul-Rahman Ibn Abdul-Qâdir al-Fâsî (1631-1685/1040h-1096h), traduit en français par A.-L. de Premare, tiré de son livre : Sidi Abdu-Rahman el-Majdûb, les cahiers du C.R.E.S.M (centre de recherche et d'études sur les sociétés méditerranéennes, édition du CNRS Paris.

Notes
[1]- Cheikh Yûsef al-Fâsî qui a pris le soin d’ordonner les Awrads (évocations extraites du dhikr du Qorân pour que les adeptes les répètent matin et soir et même au crépuscule. Ainsi chaque matin, a lieu la lecture des " Hizb " al-Falâh sélectionné par Muhammad Ibn Süleyman al-Jazûlî ainsi que les dix moussab‘at (heptagone), les Neuf mou‘acharat, la wadifa de cheikh Zarrûq et le grand Hizb de Abûl-Hassan al-Shâdhilî. Au cours de l’après-midi se fait la lecture des dix moussab‘at et de la wadhifa du Cheikh Zarrûq. Au couché du soleil, les récitants interprètent le Hizb al-Falâh du cheikh al-Jazûlî puis répétant 70 fois l’expression suivante : " Hasbouna Allah wa ni‘ma al-Wakil " avant de terminer par le missel du cheikh Moulay Abdu-Salâm Ibn Mashîsh.


Traduit de l'Arabe par Derwish al-Alawi, Les Amis du Cheikh Ahmed al-Alawi

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