Cheikh al-Alawî - Dîwân - Toi qui veux connaitre mon art

Toi qui veux connaitre mon art
(Yâ man tûrid tadrî fanî, version 3)
Traduit par M. Chabry.


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Toi qui veux connaitre mon art
Questionne à mon sujet la divinité
Car les humains ne me connaissent pas
Et mes états leur sont voilés

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Recherche-moi au moment du rapprochement
Au-delà de la servitude ;
Quant aux conditions et aux êtres existenciés
Je leur suis alors complètement étranger

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Je suis un lieu de manifestation seigneurial
Et mon état en témoigne
Je suis le débord du Miséricordieux
Qui se manifeste parmi les humains

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Mais mon principe est pur esprit
Et j'existais avant la servitude
Puis je revins dans ma patrie
Libre comme je l'étais alors

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Ne crois pas que tu me voies
Ce ne sont que mes traits humains
Derrière il y a des réalités subtiles
Des impératifs spirituels

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Si tu voyais où je me trouve
Dans la présence sanctissime
Tu me verrais là tu me verrais
Seul en l'absence de toute altérité

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Mais la vérité m'a drapé
Et ton regard n'arrive pas jusqu'à moi
Tu me vois mais tu ne me vois pas
Car tu ne fais pas attention à moi

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Rend plus perçant en toi le regard de la foi
Et regarde d'une façon pure
Et s'il y a en toi de la certitude
Il se peut que tu tombe sur moi

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Tu trouveras les secrets qui me recouvrent
Et des lumières prophétiques
Tu verras des yeux qui prennent soin de moi
Et des anges célestes

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Tu verras que le Vrai m'a favorisé : Il se manifeste
A partir de moi au moyen de ce qu'il y a en moi
Tu Le verras lorsque tu me verras
Sans comprendre de quoi il s'agit

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Mon Seigneur m'a fait un don : Il m'a guidé
Il m'a donné un regard pur
Il m'a fait connaitre mon âme de l'intérieur de moi-même
Et ce qu'est le domaine de l'Esprit

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Alors si tu cherche à connaitre mon art
Fréquente-moi et incline vers moi
Ecoute et rapporte ce que je dis
Et ne t'élève pas au dessus de moi

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Ne vois rien d'autre que moi dans l'existence
Et ne lève pas le regard au dessus de moi
Ne te cois pas à l'abri à mon regard
Ton cas n'a rien de secret pour moi

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Il en est ainsi si tu te rattaches à moi
Et fais preuve de sincérité en tant que serviteur
Et ne crois pas que les beaux discours suffisent
Ce genre d'attitude extérieur est détestable

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Prend donc ton âme au crochet
Et meurs d'une mort intégrale
Occupe-toi de mon affaire plutôt que des tiennes
Ou alors passe ton chemin

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Je ne fais que te recommander ce qui me l'a été
Par mon maitre avant de mourir
Al-Bûzîdî, lui dont la richesse spirituelle
Surpassait celle de toutes les créatures

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Laisse tout ce que tu es auprès de moi
Et élève-toi vers la Divinité
Dépouille-toi des êtres existenciés
Et n'en garde pas un iota

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Les choses sont toute équivalentes
Alors mets-les toutes sur un même plan
Le principe existenciateur et les êtres existenciés
Sont les lieux théophaniques de l'Unicité

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Si tu réalise cela de visu
Tu verras qu'il n'y a là rien d'étrange
Il est dans la nature de toute chose de disparaitre
Sauf ce qui constitue en elle la face de la Seigneurie

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Une fois que tu auras acquis mon expérience
Tu pourras si tu veux te dispenser de nous
Mais non ! Seul peut m'oublier
Celui qui est en réalité vide de toute spiritualité

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Car Dieu connait mon état
Qu'Il me protège jusqu'à la mort !
Qu'Il préserve tous mes frères
Des épreuves du cœur

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Qu'Il garde également ceux qui intègrent mon Diwân
[Et] ceux qui assistent à mes assemblées
[Et] celui qui verra qui m'a vu
A condition qu'il me cherche vraiment

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O Seigneur, prie par ma voix
Sur ton prophète et consacre moi à lui !
Si je T'obéis, il sera satisfait de moi
Et sinon, il intercédera pour moi

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Je mets ici ma signature
Au terme de ce poème
En réponse à une demande
De mes frères

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S'agissant de ma généalogie de sang
J'appartiens à la tribu des Alawîs
Quant à ma filiation spirituelle
Elle procède de la présence d'al-Bûzîdî

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O Seigneur, accorde ta miséricorde à ces deux familles
Ainsi qu'à ma postérité, à mes descendants
Dans ces deux lignages
Et ce, jusqu'à la fin des temps.

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