Cheikh al-Alawî - La société humaine peut-elle se passer des lois divines ?

La question suivante a été posée à notre vénéré Maitre et Cheikh Sidi Ahmed ben Mustefa el-Alaoui : "Est-il possible à la société humaine de se diriger elle-même et par ses propres moyens dans la vie sociale sans le secours de moyens étrangers à elle et qui sont les moyens divins (Règles religieuses), c-à-d sans éprouver la nécessité d'y recourir ?". Voici ce qui fut répondu...

Il est bien admis que la société humaine est dans la nécessité naturelle d’une règle de conduite dans la vie extérieure, comme dans la vie intime. Ainsi Dieu –qu’Il Soit Exalté et Glorifié- a institué les lois divines pour régler et refréner la conduite cachée ; de même que les lois émanant d’un pouvoir humain règlent et refrènent la conduite publique.

Donc, religion et pouvoir humain sont, dans cet ordre d’idées, comme deux associés pour la bonne exécution de l’œuvre : aucun d’eux ne saurait se passer de l’autre.

Quiconque prétend que le pouvoir se suffit sans le secours de la religion, ne peut jouir de la confiance. Il lui faut craindre la perturbation ou les désordres dans son Empire –fut-ce après un certain laps de temps (plus ou moins longs)- du fait que si, extérieurement il observe et respecte les lois, intérieurement il n’en fait rien. En effet, pour qu’intervienne l’application des dites lois qui assurent la répression des actes immoraux, il faut la production d’une preuve. Elles constituent donc une barrière pour l’homme mais seulement en ce qui concerne sa conduite publique. Mais quelle sera la barrière qui pourra l’empêcher de commettre un vol ou un viol, par exemple, en secret, lorsqu’il sera sûr que nul n’en aura connaissance ? Rien, hormis la crainte de Dieu, Maître de l’Univers !

En conséquence, celui qui croit pouvoir se passer du frein religieux, grâce aux seules lois du pouvoir humain, est sans conteste, suspect en sa foi ; car il professe, de par sa croyance, que les actes immoraux sont légitimes, du moment qu’ils demeurent secrets. C’est un homme policé en public, une bête fauve en son privé.

Nous faisons abstraction, ici, des promesses et menaces contenues dans les lois divines. Si nous les considérions, nous n’aurions pas besoin d’invoquer en pareille matière des preuves rationnelles.

C’est donc la morale divine et la raison naturelle, qui parle au cœur de tout homme de bien, qui doivent être le refuge, la forteresse inexpugnable du bon musulman !


Ahmed al-Alawî (Introduction du guide pratique du musulman imprimé en 1930).

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