Cheikh al-Alawî - le progrès et la religion

De passage à Alger, M. Benalioua, le vénéré Cheikh de la Zaouïa El Alaouia de Mostaganem, est venu assister aux fêtes données à l'occasion du retour de la Mecque. De plusieurs pèlerins dont un membre de la famille Bendimred, bien estimé dans notre ville. Nous avons eu le plaisir de nous entretenir quelques instants avec le Cheikh Benalioua. L'esprit le plus cultivé se plait à entendre le Cheikh discuter sur les choses de ce monde et sur celles de l'au delà, et même sur la civilisation actuelle. Il ne se renferme pas comme certains Cheikhs dans un fanatisme exempt de toute tolérance, au contraire pour M. Benalioua.

Le progrès et la civilisation sont nécessaires aux musulmans, mais à condition que les règles de la religion soient observées. La religion, quand elle est bien enseignée, elle oblige l'homme à devenir meilleur avec lui-même et avec ses semblables et l'empêche de prendre ce qui est pernicieux dans la civilisation, à savoir la consommation de l'alcool, la luxure et les jeux de hasard.

Notre seigneur Mohammed (§) avait tout de suite compris, dès la naissance de l’Islam, l'intérêt qu'il y avait à combattre au nom de Dieu ces trois plaies de la race humaine (l'alcool, la luxure et les jeux de hasard), et je suis fort étonné que des pays civilisés comme la France tolèrent encore la consommation des spiritueux.

Beaucoup de nos jeunes gens se confinent dans un égoïsme coupable, au lieu de s'adonner au sport, au lieu d'éduquer la masse par le livre, par la parole et surtout par le bon exemple, au lieu enfin de profiter positivement des bienfaits de la civilisation que leur donne d'une façon générale la France, ils préfèrent, hélas se livrer à des distractions qui ne servent rien moins qu'à dilapider leurs économies, à ruiner leurs forces morales et physiques et à faire de leur descendance une classe de souffreteux et de dégénérés. Qu'ils n'oublient pas, ces jeunes gens, que si la race arabe est restée à travers les siècles, une race solide, c'est parce qu’elle n'a bu que l'eau limpide des sources et le bon lait de ses brebis.

Sur ces dernières paroles, nous avons serré la main à M. Benalioua, en lui disant que ce qu'il venait de dire fait honneur à un Cheikh moderne comme lui.



L’Écho d'Alger – 14/08/1927 (l'article sous le titre "De passage")

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