Jean-Henri Probst-Biraben

Jean-Henri Probst-Biraben (1875-1957) était professeur à Constantine, convertit à l'Islam puis fut Moqqadem de la tarîqa ‘Alawiyya dans les années 20-30 "selon Eric Geoffroy"(1).

Sans arriver aux records d’initiations de Georges Lagrèze, ce martiniste et franc-maçon à néanmoins été un « joyeux touche-à-tout », mais avec une hauteur et une érudition qui le distingue, dans son époque, homme-de-lettres talentueux au demeurant. Il était fort apprécié pour sa courtoisie, sa gentillesse à tous les égards. Sa meilleure biographie a été écrite par Irène Mainguy, où nous avons puisé l’essentiel de nos informations.

De son vrai nom Probst (il y accolera plus tard le nom de sa mère), il nait à Pau, le 12 aout 1875, au sein d’une famille sinon aisée, du moins à l’abri. Son père est professeur de Musique dans un lycée d’Etat, ce qui va influer sa vie profane : après l’Ecole Normale (de Bordeaux ?), il obtient en 1904 un poste d’instituteur en Algérie. Parallèlement, il poursuit ses études supérieures à l’Université d’Alger (licence de philosophie) et son mémoire "Les méthodes et les résultats de l’expérience mystique chez les soufis musulmans occidentaux" augure de son engagement sur cette voie, nous y reviendrons. Professeurs de lettres à Sétif, Médéa, Constantine, avec plusieurs intermèdes en France, le premier en 1913 pour passer son doctorat à Grenoble, le second de 1915 à 1929 ou il enseigne successivement à Niort, Bastia. De retour en Algérie, il termine sa carrière à La Madrasa à la veille de la seconde guerre mondiale.


Partant, il va collaborer avec encore plus de passion à diverses revues de haute-tenues, écrire plusieurs ouvrages dont nous donnerons en fin, une bibliographie limitée.

Son parcours initiatique est bien établi :

• 1897 : Il reçoit la Lumière à la Loge Les Françaises et les neuf sœurs unies du Grand Orient de France, à l’Orient de Bordeaux le 19 mai. Dans le deux ans qui précédent son départ pour l’Algérie, il est admis Compagnon.
• 1904 : Reçu Maître le 27 mars, à l’Orient d’Alger, Loge Le Delta de la G.L.D.F.
• 1907 : Chevalier Rose-Croix, au Chapitre Le Phare du Delta n°243.
• 1923 : Chevalier Kadosh à l’Aréopage l’Union Philosophique de Nice le 22 juin.
• 1924 : Reçu 31° le 24 Octobre, où je ne sais. Alger, très probablement et ainsi de suite :
• 1925 : 32°, Sublime Prince du Royal Secret le 27 novembre.
• 1928 : Consécration, 33°, Souverain Grand-Inspecteur-Général, membre du Suprême-Conseil.
• 1934 : Secrétaire du Chapitre Le Phare du Delta n°243.
- Participe, avec la fonction de Grand-Expert, au Convent de Memphis-Misraïm du 8 au 14 aout. Le 10 aout, il est fait Grand Chancelier et Grand-Secrétaire 33°95° du Souverain Sanctuaire de Memphis-Misraïm.
- Membre de l’O.H.T.M., Ordre Hermétiste Tétramégiste et Mystiques, au Carré d’Hermès N°1au Zénith de Paris, le 15 Aout. Fait Très Puissant Archonte ès-Siences et Arts, 4° degré de l’Ordre, sous le nomen Sar El Habib.
• 1935 : Légat-Général de l’O.H.T.M. pour l’Afrique, l’Asie et l’Océanie.
• 1936 : Maître en chaire, au Carré N°2 El Djebel de l’O.H.T.M. au Zénith de Cannes.
- Co-fondateur, il participe au premier Convent de la F.U.D.O.S.I. qui suivit dans la foulée.
• 1937 : Honorariat de sa Loge-Mère Le Delta N° 225.
• 1941 : Comme beaucoup, Probst-Biraben se protège des services de la Police Spéciale des Sociétés-dissoutes. Etait-il obligé pour autant d’en faire de trop ? Il adresse une lettre au Maréchal Pétain le 14 juin et son pensum est consternant : « Bricaud m’avait bombardé du qualificatif de membre de son Souverain Sanctuaire et je n’y fus jamais convoqué. Memphis-Misraïm est un amalgame, fait par Parker ou Reuss parce qu’ils n’avaient pas le droit de travailler à Memphis ou à Misraïm seul, obédiences disparues ou en voie de disparition. Artificiel, sans valeur maçonnique. Mystiques rêveurs, amateurs de titres, amusant rien de plus. » Robert Ambelain lui en voudra éternellement, à juste-titre n’en déplaise aux éternels opposants-primaires du rite.
• 1945 : A la libération, réintégre à la Loge Delta Evolution Mutuelle d’Alger.
- Georges Lagrèze préside le Souverain Sanctuaire de Memphis réuni le 21 juin, qui élit J.H. Probst-Biraben Grand-Maître de l’Ordre Oriental du Rite Ancien et Primitif de Memphis (Charte contresignée par Jean Chaboseau et Maurice Fallot) et 33°66°95° et 96° et prend le nomen d’Eques a resurgente palmo.
• 1947 : Dans sa lettre adressée Gabriel Persigout, membre du Suprême Conseil du Droit Humain, il signe : « Souverain Grand Inspecteur Général du Rite Écossais Ancien et Accepté, 33°, Prince Grand Conservateur 95° du Rite Ancien et Primitif de Misraïm, agissant en tant que Grand-Maître, 96° du Rite Ancien Primitif de Memphis. »
- Enfin, il rétablit et élabore les nouvelles constitutions de… Memphis-Misraïm !
(Le Maréchal Pétain a bien fait de ne pas lui répondre à l’époque…).
• 1949 : Armé Chevalier Bienfaisant de la Cité-Sainte le 23 Février, Grand Prieuré des Gaules.
• 1956 : Jean Mallinger lui octroie la patente du Régime de Naples du Rite de Misraïm. Il devient alors Grand Hiérophante Mondial de Misraïm.


Citons dans le désordre, faute de références et de chronologie :

• Membre de l’Aréopage N° 418 La Ruche Hospitalière à l’Orient de Constantine.
• Membre de la Rose-Croix d’Or.
• Membre de la Loge La Franchise à l’Orient de Paris (Obédience ?).
• Vers 1935, probablement, Membre de l’O.M.S., Ordre Martiniste et Synarchique de Victor Blanchard.Il y reçoit les 4 grades et nommé : Haut-Conseiller du Directoire Suprême, ainsi que Vice-président du Collège des Rites du Suprême Conseil Universel, Souverain Initiateur Délégué pour la France, l’Espagne, l’Italie et la Grèce.
• Membre de l’Odre de la Rose-Croix Renovée, il tente de rénover l’O.K.R.C., l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix.
• Sociétaire de la Société Théosophique.
• Frère Habibullah en embrassant le soufisme (Il était un admirateur inconditionnel de René Guenon).

L’on reste médusé devant tant de mobilité, heureuse époque : L’Algérie, des allers-retours (professionnels et privés) nombreux en France, de Paris à Nice, en passant par Niort, Cahors,Tournon-Tain l’Hermitage, Cannes…

Jean-Henri Prost-Biraben passe à l’Orient Éternel à Die (Drôme) le 15 Octobre 1957, à 82 ans. Il avait rencontré la majorité des occultistes de son époque.


Biographie :

MAINGUY, Irène, Probst-Biraben (1875-1957), Franc-maçon haut en couleurs, martiniste, théosophe et soufi, in Renaissance Traditionnelle, N° 151/152/2007, pages 260-285
GALTIER, Gérard, Maçonnerie Egyptienne, Rose-Croix et néo-chevalerie, Paris, Ed. du Rocher, 1994, 474 p.

Bibliographie :

Collaboration dans les revues :
Le Voile d’Isis, de 1920 à 1935 : 26 articles
Études Traditionnelles, de 1936 à 1937 : 2 articles
Le Lotus, de 1946 à 1956 : 18 articles.
La revue Philosophique, 1906 : 1 article.
L’Acacia, de 1931 à 1934 : 3 articles.
Le Mercure de France, 1939 : 1 article
Le Symbolisme, de 1947 à 1957 : 6 articles.
Les Cahiers Astrologiques, de 1948 à 1955 : 3 articles.
Revue France-Asie, N° spécial René guenon, 1953 : 2 articles.
Livres :
Les Mystères des templiers, Omnium littéraire, 1947.
Rabelais et les secrets de Pantagruel, Éditions des Cahiers Astrologiques, Nice, 1949.

Illustration : Archives personnelles.

Notes :
1. E. Geofroy : Le rayonnement spirituel du Cheikh al-Alâwî en occident (p. 6)
2. Le reste de l'article publié par Jacques Courtois

Commentaires