Mohammed Sayah

Mon maître et mon père, sidi Mohammed Sayah est né en 1910. Sa vie et son parcours sont des plus incroyables. Depuis sa naissance jusqu'à sa rencontre avec son Cheikh sidi Ahmed Hachimi (Moqaddam du Cheikh al-Alawi ), que Dieu ait pitié de son âme et la sanctifie, puis sa rencontre avec le Cheikh Ahmed al-Alawi et jusqu'à nos jours sont autant de preuves de la Voie.

Sidi Mohammed Sayah m'a raconté qu'il avait fait sa retraite spirituelle
(Khalwa) de trois jours dans la zaouïa du Cheikh al-Alawi. Un Moqaddem se chargeait après chaque prière de dialoguer avec ceux qui étaient en retraite. L'objectif de cette discussion était de faire chez le faqir pratiquant la retraite une introspection de son état pour l'orienter vers une bonne conscience de son âme et lui éviter les débordements et la suggestion de l'ego. Après trois jours, Sidi m'a dis que le Moqaddem lui a fait savoir qu'il pouvait quitter sa retraite pour aller voir le Cheikh.

Il m'a décrit l'endroit où se trouvait le Cheikh al-Alawi : " Je l'ai trouvé seul dans une petite cabane faite de roseaux. Une source d'eau jaillissait du mur et l'eau coulait devant ses pieds dans un petit ruisseau. Il était assis, face à la mer, sur une nappe faite d’halva. Sidi Mohammed rajoute toujours à cet endroit de son récit : « J’ai trouvé la mer face à la mer ! » Je suis arrivé devant lui ainsi que deux fuqâras. Nous l'avons salué et nous avons pris place face à lui. Je ne pouvais pas le regarder tellement le respect et l'impact de sa présence me submergeaient. Chaque fois que mon regard croisait le sien un courant électrique traversait mon corps de la tête jusqu'aux pieds et mon corps commençait à trembler sans que je puisse contrôler quoique que ce soit. Un état indescriptible. Il nous a offert du thé puis nous a dis : " Vous pouvez partir et je vous autorise à faire le Dhikr." Il m'a autorisé de faire le "Dhikr al-khas» et de l'inculquer. (que Dieu récompense généreusement al-Alawi ).

L’état qu’avait ressenti sidi Mohammed Sayah devant son maître, s'exprime par ces paroles de sidi Ahmed al-Alawi :
Nous les témoins nous avons des preuves, le signe du rapprochement se voit sur nous.

Sidi Mohammed Sayah est de la région de Mediouna 10 km de Mazouna dans (w) de Relizane. Il habitait dans une petite ville à côté de sa région natale du nom de Sidi M'hamed Benali (ex) Renault. A 96 ans (c'était en 2006), je l'ai trouvé très fatigué et hâte d'aller rejoindre son Seigneur. Quand les gens lui demandent, comment va-t-il, il leur répond tout simplement : " j'attends".

Sidi Mohammed Sayah est décédé le Vendredi 27 Rabi' Al Awwal 1429 h/ 4 Avril 2008. Son enterrement a eu lieu le lendemain Samedi après la prière de Dohr. Les fuqaras s'y sont rendu de tous les coins d'Algérie. La prière de la janaza a été conduite par le Cheikh Sidi Mouloud Boudâ'ï, à la demande du Cheikh sidi Mohammed Sayah lui-même. (Qu'Allah lui fasse miséricorde et lui accorde ses bienfaits et ses faveurs).

Quant à Sidi Ahmed Hachimi : Il est le petit fils de Cheikh Sadeq, père fondateur du soufisme dans la région. Sidi Mohammad Sayah est aussi un proche de sidi Ahmed Hachimi avant d'être son élève. Ils descendent tous les deux d'une branche noble (Charifa)... Sidi Ahmed Hachimi était auprès du Cheikh al-Alawi dans la zawiya du Maître sidi Hammû Bûzîdî en tant qu'éducateur de Qurân et du fiqh ainsi que son frère si Sadeq. Lorsque son maître Sidi Ahmed al-Alawi le chargea d'aller dans sa région natale (Medyouna) pour éduquer, son travail porta ses fruits.

Sidi Mohammed Sayah a hérité la science de Ahadiyya de ses maîtres : sidi Ahmed Ben cheikh Sadeq Hachimi et sidi Ahmed al-Alawi . Sidi Mohammed Sayah qui est mon guide et un homme d'une grande capacité à capter les allusions (icharates) n’a jamais évoqué devant moi un sens ésotérique, caché à ses paroles.

Sidi Mohammed est un océan de connaissance de son Seigneur mais les gens de son pays l'ont ignoré tout le temps où il était dans la force de l'âge et qu'il leur parlait sans relâche jour et nuit. Ils ont dit : un niais "Derwish" qui raconte sans savoir ce qu'il dit. Hélas alors qu'il était malade et atteint des avatars de la vieillesse, ces mêmes personnes couraient vers lui. Allah fait dans Son royaume ce qu'Il veut !

Je voudrais noter ici une station sublime et un moment solennel de la vie de sidi Mohammed Sayah. Une station devant laquelle son propre cheikh sidi Ahmed Hachimi est resté subjugué, envieux et admiratif jusqu’à lui dire : «Que peut-on faire ! Telle est la grâce d'Allah qu'Il donne à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l'énorme grâce.»

Cette station est peut-être le secret de la longue vie (97 ans) de sidi Mohammed à rester parmi les derniers Fuqaras du cheikh sidi Ahmed al-Alawi encore de ce monde. Et je ne me risquerais pas vraiment, sans prétention aucune, si j’en déduis qu’il sera le dernier faqir, à avoir vu et pris la permission ou la « Ijâza » si vous voulez, qui quittera ce monde. Pourquoi donc ? Alors ouvrez bien vos yeux, aiguisez votre regard, concentrez votre intention pour que rien ne vous échappe et écoutez bien ces récits de sidi Mohammed Sayah.

Les souvenirs de sidi Cheikh Mohammed Sayah

- Sidi Mohammed Sayah est du genre « Abou Horaïra », il rapporte avec une mémoire extraordinaire ce qu’il a vécu sans changer un mot dans ces récits…je l’ai écouté faire ces rappels maintes et mainte fois sans y rajouter un mot ou en soustraire. Je l’ai tellement vu narrer des événements de son histoire à croire que je suis entrain d’écouter et de voir un film que j’ai déjà vu. Je connais chaque station dans son parcours car, sidi, sa Vie est du pur jus Alawi…....

Tu as laissé passer ‘Arafat

- Parmi les villes d’Algérie très chères au Cheikh sidi Ahmed al-Alawi : Mostaganem bien sûr, Tlemcen, Alger mais aussi la petite ville de Relizane.

Cette ville avait une place particulière dans le cœur du Cheikh. Il tenait à organiser chaque année en son sein une assemblée spirituelle. Au cours de l’une de ces rencontres, le lendemain un faqir se présenta devant le Cheikh al-Alawi qui lui demande comment a-t-il passé la rencontre et s’il en avait bien profité pour revivifier sa foi mais ce faqir lui a fait savoir qu’il n’était pas présent et qu’il venait juste d’arriver. Le Cheikh al-Alawi lui dit en exprimant ses regrets : « je ne peux rien faire pour toi mon fils, tu as laissé passer une très belle occasion cette année. Tu as laissé passer ‘Arafat, tu as laissé passer ‘Arafat !» En termes arabes : « fatatka ‘arafa, fatatka ‘arafat ».

Sidi Mohammed Sayah rajoute souvent : « observe mon fils ce qu’il dit, ici, le Cheikh à ce faqir qui a laissé passer la rencontre : « tu as laissé passer ‘Arafat » et on sait que le hadj c’est Arafat ! Celui qui n’assiste pas la station de ‘Arafat n’a pas effectué le hadj et ne peut compenser par aucun rattrapage contrairement aux autres rites qui sont soit rattrapables par un sacrifice ou un autre moyen de compensation ; soit qu'il n'est pas conditionner par un temps "prescrit" en période de hadj.

C’est très important ce parallèle mais il y a dans cette affirmation du Cheikh un message implicite aussi très important. Sidi Ahmed nous montre ici que son statut n’est pas le même dans tous les temps et son état aussi. La preuve est qu’il n’a pas bougé du lieu dit ; c’est toujours la même personne, avant, pendant et après la rencontre. Du moins c’est ce que ce faqir croyait ! Le Cheikh nous fait comprendre que ce n’est pas vraiment le cas. Sa rencontre dans la rencontre n’est pas semblable à sa rencontre en dehors de la rencontre.

« Tu as laissé passer ‘Arafat » résume parfaitement cette connaissance. Pour recevoir les bienfaits de ton Seigneur, il faut guetter, les bonnes personnes, le bon moment et le lieu adéquat. C’est exactement le propos de l’enseignement de notre prophète Mohammed, que les prières et la paix lui soient adressées.

Allah est le plus savant.


Sidi Bel-Gharbi et le pacte d’allégeance

Sidi Mohammed Sayah m’a raconté cette anecdote : « après le décès du Cheikh sidi Ahmed al-Alawi , un grand marasme a ébranlé la tariqa. Sidi al-hadj Adda Bentounès avait donné l’ordre d’évincer tout faqir qui ne lui renouvelle pas le serment d’allégeance. Beaucoup de fuqaras avaient refusé cet état de fait mais ce qu’Allah avait voulu qu’il arrive arriva. Un grand désaccord dans les rangs de la confrérie.

Un faqir du nom de sidi bel-Gharbi nous a laissé une superbe leçon. Il était présent lors d’une séance de renouvellement du pacte d'allégeance, quand on lui demanda d’aller renouveler le sien. Il s’avança jusqu’à sidi al-hadj Adda et lui tend la main gauche. Sidi al-hadj Adda souri et lui dit : « c’est la main droite sidi et non la gauche ». Il pensait que sidi bel Gharbi ne le savait pas mais la station de sidi bel-Gharbi était celle d’un connaisseur de son Seigneur !

Sidi Bel-Gharbi lui dit alors : « la main droite, sidi, je l’ai déjà donnée à mon Seigneur et ne me reste que celle-là (la gauche) si tu tiens vraiment à recevoir mon allégeance prend la ».

Lorsque sidi al-Hadj Adda entendit ces paroles il s’est mis à pleurer et prononça cette phrase dramatique pour les uns et les autres qui se sont pressés à renouveler leur ‘Ahd : « Voilà le vrai faqir ! ».

Cette sentence de sil-Hadj Adda en publique, mon fils, ne laissa plus de doute dans le rang des récalcitrants et j’étais l’un d’eux".

Cheikh al-Alawi et le disciple arrogant

Cheikh al-Alawi se mettait toujours au dernier rang lors des prières journalières. Au terme de la prière les fuqaras se tournent vers lui pour écouter quelques rappels puis le Cheikh s’éclipse pour vaquer à toutes les obligations qu’il devait faire. Un jour, comme d’habitude les fuqaras se préparaient à écouter les paroles du Cheikh qui a commencé son exhortation, après avoir loué Allah, dans ces termes :

Je ne suis qu’un transmetteur. Je ne suis que ce facteur à qui on a dit de remettre à chacun son courrier. Je n’ai pas le droit de garder les objets des autres. Celui qui croit que son courrier est en ma possession mais que je ne veux pas le lui remettre ne peut douter que de lui-même. Il ne doit accuser que son ego. Celui qui m’a chargé de cette tâche, Il ne l’a fait qu’après avoir pris sur moi l’engagement de ne rien garder de ce que je reçois. Je ne donne pas les biens des uns aux autres. Je ne donne rien et je ne retiens rien. Celui qui reçoit quelque chose ça ne peut être que son bien qu’il remercie Allah (exalté soit-Il) de ses bienfaits, l’autre je ne lui dois rien et s’il persiste dans cet état, il risque de se mettre en danger.

Puis le Cheikh se lève et quitte l’assemblée. Les fuqaras sont restés perplexes, ils ne comprenaient pas le sens des paroles du Cheikh mais étaient très conscient de leur gravité. Qui accusa le Cheikh de rétention ? Peut de temps après, les fuqaras ont su qu’un des fuqaras les plus anciens dans la zawiya avait posé une question plus au moins accusatrice. Ce faqir s’est demandé pourquoi le Cheikh avait-il donné al-idhn (l’autorisation de former et d’inculquer le rappel et l’invocation par le nom suprême) à beaucoup de fuqaras moins expérimentés que lui et qu’il ne le chargea point alors qu’il est l'un des fondateurs de la zawiya ?

Lisez à juste titre le poème du Cheikh :

Je ne divulgue rien et je ne cache rien,

moyennant une voie médiane
j’apporte la sagesse et je ne suis point cupide
envers celui qu’il la mérite.

Siyaha à Chéri'a et l'anecdote Charî'a / Haqîqa

Lorsque le Cheikh al-Alawi était malade, les fuqaras lui ont suggéré de l'amener à Chéri'a (près d'Alger dans la wilaya de Blida) pour se reposer. Le Cheikh ne voulait pas au début mais sur l'insistance des fuqaras qui voulaient en même temps faire aussi une "siyâha", avait finalement accepté d'aller avec eux.

Une fois à Chéri'a, la nuit tombait et au moment de se coucher, le Cheikh comme les fuqaras se sont aperçus que le lieu de leur résidence était infesté des tiques et de puces...le Cheikh comme les fuqaras avaient passé une nuit, le moins qu'on puise dire, pas très confortable. Vers l'aube, le Cheikh s'est retourné vers les fuqaras en disant sur un ton plaisantin : " J'étais dans la Haqîqa (la vérité) , vous m'avez amené à la Shari'a (la loi Divine, faisant référence au nom du lieu, Chéri'a), vous avez tous vu ce qu'elle m'a fait subir"

Qasîda (poème) al-Lotfiyya

La cause principale qui a poussé le Cheikh Ahmed al-Alawi de composer sa qasîda (poème) dite : al-Lotfiyya et recommanda ensuite aux fuqaras de la réciter parmi le wird de la tarîqa est la suivante :

Un dénommé Youssef al-Wakîl, qui était fonctionnaire à Alger, est venu très tard dans la nuit, de peur que les autorités françaises ne prennent connaissance de sa démarche, pour annoncer une nouvelle au Cheikh al-Alawi , pour le moins, très inquiétante. Cet homme natif de Mazouna n’est pas un homme banal, il est un mélange de Abdul-Rahmân al-Majdûb et Omar al-Khayyâm, également un intellectuel du style Malek ben Nabi. Il a écrit, entre autres, son livre sur l’histoire de Mazouna, sa ville natale, ainsi que de nombreux poèmes très raffinés... Du côté de Abdul-Rahmân al-Majdûb, on peut évoquer ces quelques anecdotes : Alors qu’il marchait dans un souk, une femme d’origine française lui marcha sur le pied, sans faire attention, et s’empresse à lui demander le pardon ; Sur quoi, al-Wakîl Youssef, lui répond sereinement : je vous ai pardonné, madame, depuis 1830 ! Une autre situation de ce genre se déroula lorsqu’il marchait en ville, tenant par la main un enfant algérien, de couleur noir ; un colon s’adressant à lui, d’un ton moqueur et lui dit : Oh ! Monsieur al-Wakil, combien vous à t-il coûté ce petit ? C'est alors et comme à son habitude, al-Wakil Youssef lui répliqua, spontanément : C’est un musulman, monsieur, il n’a donc pas de prix mais une grande valeur.

Après ce petit détour afin de donner un aperçu de l’homme en face du Cheikh Ahmed al-Alawi , donc vers trois heures du matin, Al-Wakîl Youssef frappa à la porte du Cheikh al-Alawi , le Cheikh connaissant l’homme n’était pas surpris de sa venue mais savait que le moment était grave. Dès qu’ils entrèrent dans la maison, al-Wakîl Youssef lui porta ces paroles : Cheikh Ahmed al-Alawi , je n’ai pas beaucoup de temps devant moi, j’arrive spécialement d’Alger pour te faire part d’une très mauvaise nouvelle et je dois y retourner aussitôt. Sidi, lorsque cette information m’ai parvenue, je me suis dis que personne d’autre ne peut m’aider en dehors du Cheikh al-Alawi ... La France, Sidi, est en train d’élaborer un projet machiavélique pour détourner les enfants Algériens de l’apprentissage du Qoran (al-Karim). Ils ont dit, Sidi, que tant que les arabes ne délaissent pas ce livre, ils ne seront jamais tranquilles dans ce pays et qu’ils n’obtiendront rien d’eux. Ils sont déterminés Sidi, d’éradiquer des cœurs des musulmans de ce pays, leur seul bien et le plus précieux : al-Qoran… Oh Cheikh, Faites quelque chose l’instant est grave! .

Dès qu'Al-Wakîl Youssef quitta le Cheikh Ahmed al-Alawi , sans s’attarder l'Homme de Dieu fait recours en premier lieu à son Seigneur et composa cette Qasîda, qui une invocation (mounajât), demandant à Allah de protéger le Qoran et la Umma : cliquer ici (Al-Lotfiyya)

Ensuite, il recommanda à tous les fuqaras de la réciter matin et soir pour renforcer cette demande…

Un brigand chevaleresque

Parmi les stratagèmes du gouvernement coloniale en Algérie, la traque des éléments fondateurs de l’identité arabo-islamique de la société Algérienne. Comme ils avaient comploté pour déraciner le peuple Algérien de sa première référence qui est le Qoran, ils ont tenté aussi de toucher un des piliers de cette société : la fille Algérienne et du même coup la femme musulmane. Au niveau de la ville de Mostaganem les autorités coloniales avaient prévu d’organiser un festival de chant et de danse pas loin de la plage de al-Majdûb. L’objectif inavoué de ce festival était de ramener des filles arabes pour y assister parmi des filles et des hommes européens. L’objectif de cette rencontre était d’infiltrer la société musulmane par le biais de la femme.

Le jour -J- s’approcha mais les fuqaras Alawis avaient auparavant rapporté la nouvelle de cette combine et, ce qui se trame, aux oreilles du Cheikh Ahmed al-Alawi (qu’Allah soit satisfait de lui).

Le Cheikh était d’une intelligence rare mais aussi un homme qui connaissait les habitants de sa ville comme l’un de nous connaît ses enfants. Chacun d’eux était son fils ou sa fille soient-ils bons ou mauvais.

Lorsque le Cheikh al-Alawi prend connaissances des ces agissements au sein même de sa ville, il n’était pas plus aisé pour lui d’y faire face. Il demande aux fuqaras d’aller lui ramener un homme connu par tous comme un brigand et un scélérat. Devant cette injonction du Cheikh, les fuqaras manifestent leurs stupeurs et interpellent le Cheikh al-Alawi en lui disant : Cet homme est un brigand, un scélérat et un vaurien, aux meurs les plus perfides, aucun de nous ne peut lui parler au risque qu’il ne lui arrive malheur ! Ahmed leur répond simplement : cherchez-le moi et dès que vous le voyaient, dites lui : le Cheikh Ahmed Benaliwa te réclame et veut te voir le plutôt possible.

Les fuqaras n’ayant plus choix, s’activent et le retrouvent. Lorsqu’ils lui font part du message du Cheikh, cet homme les menace mais, en leur tenant un langage plein d’humilité et de soumission en même temps, alors qu’il faisait peur à tout le monde : Le Cheikh veut me voir moi ? Le Cheikh accepte de voir quelqu'un comme moi ! Je me demande si Ben'aliwa (c’est le nom que donnaient les habitants de Mostaganem au Cheikh al-Alawi ) a connaissance ne serait-il que de mon existence, aller jusqu’à me dire qu’il cherche à me voir ne peut être qu’une ruse de votre part... S’il s’avère juste ce que je crois, vous savez qui je suis, par Allah, s’il s’agit que d’une plaisanterie, je vous le ferais payer très chère.

L’homme se presse d’aller voir le Cheikh qui lui porta ce discours : Je sais qui tu es et je sais aussi ce que tu fais dans la vie mais rien de ça ne m’importe pour l’instant. Je serais ton témoin et ton garant devant Allah malgré ce que tu as fait dans ton passé, si tu fais ce que je vais te charger d’accomplir, je suis à ton service Sidi, que dois-je faire ? , lui répliqua notre homme. (Mohammed Sayah m’avait fait part de son nom mais je l’ai oublié). Le Cheikh al-Alawi le chargea alors de ceci : Tel jour il y aura une fête que les français organisent pour porter atteinte à nos jeunes filles et aux musulmans de cette ville de manière globale. Ils ont malicieusement invité des jeunes filles musulmanes (par la collaboration de certaines familles) à venir danser et écouter la musique avec des garçons français alors qu’ils refusent aux jeunes algériens d’y assister. Ton rôle serait d’empêcher cette mascarade. Prends avec toi des jeunes de la ville et présentez vous à ce rendez-vous. Il faut que tu arrives à bloquer l’entrée de façon qu’aucune jeune fille arabe ne puisse y entrer. Toi et tes acolytes, vous devez réclamer le droit de participer à la fête comme les hommes d’origine européenne, autrement, aucune fille arabe ne doit, elle aussi, avoir accès à cette fête. C’est tout ce que je te demande d'accomplir pour tes sœurs et pour l'Islam. Tu dois empêcher que nos filles y participent. Si tu réussis dans cette tâche, sache que tu es mon fils, comme ceux qui sont devant toi, et qu’un père n’abandonne jamais son fils.

Mohammed Sayah m’a témoigné que ce brave homme avait fait ce qu’il fallait et qu'aucune fille n’avait pris part dans cette fête qui, était à la base, organisée pour elles. Mieux encore, la fête à été ajournée.

Il rajoute aussi : Observe mon fils comment le Cheikh a su tirer du bien de cet homme et est arrivé à utiliser ses talons d’homme de la rue et de la vie dure pour une cause noble. Un acte méritoire et salutaire car le Cheikh al-Alawi s’est porté garant pour cet homme alors que des centaines d’hommes qui ont vécu près de lui n’avait jamais reçu ce mérite. (C’est la grâce de ton Seigneur, Il la réservé à qui IL veut).

Enfin, je sais que la question qu’on se la pose au terme de ce récit : quel est devenu cet homme après ça ? Je ne sais pas et Mohammed Sayah non plus mais il est simple de comprendre quel sera le devenir d’un homme devenu le fils du Cheikh al-Alawi et son protégé.

Le clochard Alawi

Alors que les fuqaras qui étaient en retraite dans la zawiya du Cheikh Ahmed al-Alawi , avaient l’habitude d’aller au bord d’un ruisseau pour laver leur linge, ils ont rencontré un « clochard », un homme sans domicile et alcoolique que les gens de la médina connaissaient bien. Cet homme s’est mis en amont de l’endroit où les fuqâras avaient pris place et commença à laver ses habits. Constatant toute la crasse qui coulait de ses habits, les fuqâras se sont concertés entre eux pour lui demander de descendre un peu plus bas qu’eux pour laver ses vêtements car ils étaient là avant lui, ce qui sous entend qu’ils avaient horreur de toutes les saletés qui arrivaient jusqu’à eux par sa faute.

Le monsieur ne l’entendait pas de cette oreille et continua de laver son linge. Les fuqâras ne pouvant rien faire, décidèrent de ramasser leur linge et repartir à la zawiya. A cet instant l’homme se tourna vers eux et les apostropha par ces mots : « vous croyez que vous êtes les enfants valeureux du Cheikh al-Alawi mais vous avez oublié que malgré mon état je suis aussi son fils et qu’un père n’abandonne jamais son fils soit-il un sot. Je suis le fils sot du Cheikh al-Alawi !».

Écoutant cet homme, les fuqâras avaient senti la noblesse de ses paroles et peut être aussi une certaine gravité qu’ils décidèrent de rapporter ses dires au Cheikh al-Alawi , qui leur dit : il a raison, c’est mon fils et un père n’abandonne jamais son fils soit-il un sot alors soyez vous aussi de bons frères pour lui

Le riche cultivateur insensible à l'appel du Cheikh al-Alawi

Un homme de la tribu des M’jahir (pays des Tawahriyya près de Mostaganem) était un grand cultivateur et fut victime d’une grande disette et fit faillite. Cet homme commença par demander à ses proches, ses connaissances, les grandes personnalités de sa région de lui venir en aide mais vains étaient ses efforts. Aucun d’eux ne voulait ou ne pouvait venir à son secours.

Une personne lui indiqua le Cheikh Ahmed al-Alawi : « il n’y a qu’une personne pour t’aider, le Cheikh Ahmed al-Alawi ».

Très endetté et ne trouvant pas les fonds nécessaires pour cultiver ses terres, le Mjahri se décide d’aller voir le Cheikh al-Alawi dans sa zawiya. Il se présenta et demanda à rencontrer le Cheikh. Aussitôt fait, il lui fait part de son problème. Le Cheikh al-Alawi appelle al-Hajj Adda, qui était responsable de l’intendance, et lui réclame une somme d’argent que le Mjahri aurait besoin.

Al-Hajj Adda l’apostropha en ces mots : « comme tu le sais bien, la zawiya n’a pratiquement aucune ressource, et tout ce que nous possédons ne peut satisfaire aux besoins des fuqaras de la zawiya. La zawiya a autant besoin que cet homme à qui peut nous venir en aide…les fuqaras sidi, les fuqaras, sont dans le besoin ? ».

Après ce constat légitime et raisonnable de Adda, le Cheikh al-Alawi lui rétorqua :
- Adda : d’où détiens-tu cet argent ?
- Sidi, c’est l’argent des croyants.
- Et crois-tu que les croyants accepteront qu’on le retienne par cupidité au lieu de le distribuer à celui qui en a le plus besoin ?
- Non, sidi, mais…
- Est-ce que cet argent est le bien d’Allah ou celui de sil-Hajj Adda ?
- C’est l’argent d’Allah, sidi.
- Celui qui nous donne ne nous nous laissera pas sans rien. Donne le bien des pauvres aux pauvres !

Al-Hajj Adda répond à la requête du Cheikh sur le champ (Mohammed Sayah évoque la somme de 70 F en faisant l’observation suivante : cette somme valait 70 milles francs de notre époque). L’homme prit l’argent et rentra chez lui.

Deux années après, il revint à la zawiya et demanda de nouveau à rencontrer le Cheikh. Le M’jahri fait des louanges à Allah et remercie le Cheikh avant de lui remettre la somme de 70 F en ajoutant : « ceci est le remboursement de ce que je te dois, sidi, et accepte de moi ces 20 cm comme sadaqa (aumône)».

Le Cheikh al-Alawi lui demande s’il avait besoin de lui pour quelque chose d’autre mais l’homme n’exprima aucun besoin (il n’avait pas compris la nature des paroles du Cheikh). Cheikh al-Alawi lui demanda une fois de plus s’il avait besoin d’un quelconque service du Cheikh, hélas, l’homme était loin de l’appel du Cheikh.

Devant ce refus, le Cheikh al-Alawi lui dit : « sidi, gardez votre argent, pour prêter il faut posséder or moi je ne possède rien, donc je ne peux rien prêter. Si tu veux laisser ton aumône de 20 cm pour la face de Dieu, qu’Allah te récompense de ces biens faits, en ce qui nous concerne, si tu veux venir nous rendre visite dans l’amour de Dieu, tu seras le bien venu. »

Al-Hajj Qouider Badr et la Mer

Al-Hajj Qouider Badr Moqaddem de Relizane était d’une très grande spiritualité et parmi les proches du Cheikh al-Alawi …

Il dit un jour au Cheikh al-Alawi :
- Sidi, pendant que j’étais sur le bateau, pour le hadj, il commença à tanguer dans tous les sens à cause de l’extrême agitation de la mer jusqu’à rendre tout le monde malade. Alors je suis sorti sur le bateau et je me suis adressé à la mer par ces mots.

Le Cheikh al-Alawi lui souri en couvrant sa bouche de sa main (al hadj Qouider le faisait souvent sourire par ses paraboles) et lui dit :
- Dis-nous sidi, qu’est ce que tu as dis à la mer ?
-Je lui ai dis : si tu ne retrouve pas ton calme je ferai une prière à mon Seigneur contre toi, laquelle, personne n’en a jamais fait avant et personne n’en fera jamais !
- C’est quoi cette prière ? Lui rétorqua le Cheikh al-Alawi , le sourire toujours sur lèvres
- Je lui ai dis : si tu te calme pas je demanderais à Allah pour que tu ne sois plus la route des pèlerins à tel point que tu ne pourras voir naviguer sur tes vagues, plus jamais, aucun hadj jusqu’à la fin des temps!
- Et quelle était la réponse à cette requête ?
- Elle n’avait plus le choix, sidi, elle s’est calmée et nous avons pu continuer notre voyage dans de bonnes conditions.

Le Cheikh al-Alawi lui murmura :
- C’est parce qu’elle a vu que tu étais un faqir (un pauvre en Dieu), elle a eu pitié de ton état.

Le Cheikh al-Alawi faisait allusion à la Hadra sanctifiée (al Hadra al-Illahiya) symbolisée par la mer.

Le Moqaddem exemplaire

Alors que le cheikh Ahmed al-Alawi s’apprêtait à effectuer une siyâha (tournée spirituelle), il chargea un des ses Moqaddems de la zawiya de le remplacer à la tête de la zawiya jusqu’à son retour…Il s’est avéré qu’une petite altercation éclata entre certains fuqaras pendant ce temps…A son retour, le Cheikh al-Alawi demanda à ce faqir qu’elles étaient les nouvelles et celui-ci lui répondit : « tout est pour le mieux, ».

Peu de temps après Ahmed prend connaissance de l’événement en question, auquel, le faqir avait dissimulé au Cheikh l’existence. La réaction du Cheikh était pour le moins très étrange pour un néophyte.

Il dit à ce faqir :
- Tu sais, sidi, à quoi tu ressembles par ton comportement ?
- Non sidi, je ne le sais pas.
- Tu es à l’image du récipient que les croyants utilisent pour se purifier de leur souillures.

Mohammed Sayah dit en dépliant cette phrase du Cheikh, que ce faqir avait rapporté cette anecdote plusieurs fois devant lui et à chaque fois il éclatait en sanglot et faisait pleurer toute l’assemblée…Il n’est certes pas facile à comprendre cette parabole que par les plus affirmé dans la voie.

Ce que ce faqir avait compris justement des paroles du Cheikh est édifiant. Le rapprochement entre l’attitude du faqir et le récipient des ablutions est pourtant parfait. Cet homme avait couvert les imperfections de ses frères et n’a pas voulu divulguer leurs secrets. C’est exactement l’état du récipient à qui tout croyant fait confiance en lui montrant son intimité…Aussi ce récipient porte l’eau purificatrice qui donne à l’homme le moyen de répondre à l’appel de son Seigneur. C’est comme telle qu'était l’action de ce faqir envers son Cheikh et envers ses frères et, quelle belle posture !

le Faqih Sahnûn

Sidi Mohammed Sayah m'a rapporté cette petite histoire : " Alors que le cheikh sidi Ahmed al-Alawi (QR) était dans un tête-à-tête entrain de discuter avec le Faqih Sahnûn, qui était un homme très mystérieux et avait une relation très étroite et du genre ésotérique (si j'ose dire, c.-à-d., une relation assez personnelle et particulière avec sidi Cheikh Ahmed al-Alawi puisque sidi Mohammed l'avait rencontré à plusieurs reprises et il a été un témoin oculaire de ses prodiges. Il était un homme sans attache stricte par rapport à telle ou telle obédience mais il était un « souwah » se consacrait à de constants voyages comme sidi Abdul-Rahman al-Majdûb. En outre, le Faqih Sahnûn est devenu une légende en Algérie et tout le monde l'évoque pourtant sans jamais l'avoir vu où rencontrer (pour la majorité d'entre eux) à cause de ses prodiges dans chaque lieu où il est passé. Sidi Mohammed as-Sayah m'a affirmé que le cheikh sidi Ahmed al-Hachimi, qui avait de bonnes relations avec lui, avait formellement interdit aux fuqaras de spéculer avec lui ou de provoquer sa colère. Il leu a même recommandé d'éviter de lui parler sans qu'il le souhaite et de respecter dans ce cas, le strict minimum.

Physiquement, sidi Mohammed m’avait dit que le Faqih Sahnûn quand il l’avait rencontré, il était d’un certain âge déjà (il était de la génération du cheik sidi Ahmed al-Alawi ou un peu plus jeune) mais voir sa physionomie, d’aucun lui donnerait probablement un âge entre 30 et 35 ans. Il a gardé cette apparence, selon sidi Mohammed jusqu’à sa mort, et on n'a jamais vu sur lui les signes de la vieillesse. Sidi Mohammed disait à son sujet qu’il n’était pas un éducateur mais un solitaire et peut être même un danger pour les gens qui se mettent à travers de sa route. Selon sidi Mohammed, un certain nombre de saints-alliés de Dieu sont de cette nature. Leur mission est du style « khadhirite ». Ils détruisent ou construisent avec la volonté de leur Seigneur. Ils n’agissent pas de leur propre chef mais sont généralement néfastes pour ceux qu’Allah a voulu divulguer leur état devant le monde ou activer leur châtiment.

En outre et pour information, sidi Mohammed Sayah m’avait dit que d’habitude quand le Faqih refuse la présence d’une personne, il lui tourne le dos ou se tourne carrément vers le mur jusqu’à ce que cette personne quitte le lieu. Pour l’anecdote, sidi Mohammed Sayah m’a raconté que le Faqih était un jour chez le cheikh Bouras (qui est un contemporain du Cheikh Sidi Ahmed al-Hachimi et son cousin proche). Le Faqih avait habitude (dans certains cas et chez certaines personnes qu’il chérisse) d’exiger la qualité du plat qu’il veut manger. Ce jour là, le Faqih avait exigé de manger un plat particulier à condition que ce soit lui qui règle les frais. Cela étant, au moment du repas un homme qui n’était pas invité avait pris place et du coup le Faqih lui tourne le dos et refuse de lui parler. Entre temps, une autre personne entre à qui le personne indésirable demande s’il a vu que sa monture est bien attachée à l’endroit où l’a laissé. Mais ce dernier lui répond qu’il n’a vu aucune bête attachée à l’endroit indiqué. L’homme en sursaut court pour rattraper sa monture mais, il ne la retrouve nul part, alors il revient bien après que le dîner soit consommé… Et à sa grande surprise, sa monture était là, à un endroit insolite : c’est-à-dire, là où l’avait attaché auparavant. J’ai demandé à sidi Mohammed Sayah ce qui c’est réellement passé. Il m’a répondu que en vérité la bête n’a jamais bougé de l’endroit mais que le Faqîh pouvait jouter un voile pour qu’une chose devient invisible pour certains personne et justement ce qu’il venait de faire pour ne pas être importuné par la présence de cette personne.

Parmi les anecdotes à son sujet, sidi Mohammed m’avait dit que le Faqih Sahnûn venait très souvent à la zawiya de sidi Ahmed al-Hachimi. L’ors d’une de ces visites, il y avait un homme d’origine marocaine qui s’est installé dans la région et qui est devenu presque un des membres de la confrérie…On ne connaissait rien sur son passé sauf qu’il s’est marié avec une femme d’un douar voisin qui s’appelle de nos jours : douar a-Drabliyya. Je disais donc que l’ors des visites du Faqih Sahnûn à sidi Ahmed al-Hachimi et au moment où ils étaient dans une mûdhâkara avec un ensemble de fuqaras, parmi eux sidi Mohammed Sayah en personne, l’homme en question s’est levé au moment de faire l’appel à la salat du midi et commença à faire l’appel sans que personne ne le lui avait demandé. Lorsqu’il avait fini de faire l’appel, le Faqih Sahnûn l’interpella ainsi : « De qui as-tu pris la permission pour faire l’appel ? », De personne, sidi, c’est l’heure de l’appel alors je l’ai fait point. En entendant cette réponse le Faqih s’est montré courroucé avant de lui lancer cette sentence qui déconcerta tout le monde : « Ici tu ne dois rien faire sans la permission de cet homme en désignant sidi Ahmed al-Hachimi. Tu crois, peut être, que personne ne sait qui tu es réellement ici, et ce que tu as fait avant de venir ici pour te cacher. Tu as commis deux faits très graves et je ne crois pas que tu t’en sortiras indemne. Tu étais la cause de plusieurs meurtres (quatre, si j’ai bonne mémoire) chez toi au Maroc, puis, et c’est le plus grave, tu as trahis la confiance de ton maître l’émir Khaled fils de l’émir Abd El Kader et cette trahison te poursuivra ou tu iras, crois-moi » Puis le Faqih se tourna vers cheikh sidi Ahmed al-Hachimi : « peine perdue, sidi, il n’en sortira rien de bon de cet homme. Son compte est déjà fait. La malédiction de l’émir Khaled est sur lui. D’ici quelques jours il ne sera plus cet homme que tu vois, il deviendra ton ennemi et celui de tes fuqaras, et lorsqu’il vous croisera sur sa route il tournera la tête (expression qui veut dire qu’il sera très ingrat et d’aucune reconnaissance envers le cheikh et ses fuqaras). Sidi Mohammed m’a affirmé que ce que le Faqih avait prédit s’est déroulé comme tel et depuis ce jour l’homme en question nous a quitté, et il est devenu l’un des adversaires du cheikh. J’ajoute que pendant tout ce temps sidi Ahmed al-Hachimi n’a essayé à aucun moment, ni d’intercéder en la faveur de cet homme comme il le faisait souvent car il était très magnanime et miséricordieux envers les autres soient-ils ses pires ennemis. Ici il a fait signe d’une soumission totale comme s’il n’avait pas le droit de se mettre devant le Faqih.

Pendant que sidi Ahmed al-Alawi qui était avec ce cheikh entrain de parler, un faqir est rentré et s'est mis avec eux. Le Faqih Sahnûn qui n'aime pas le contact des gens qu'il ne choisisse à sa compagnie, avait changé de thème de discussion en répétant sans relâche : " Ô ! Fez ! Qu’elle belle ville, Oh Fez, il est magnifique, Ô ! Fez, c'est un endroit sublime..." le faqir en question n'ayant pas compris la cause de cette nostalgie et ne connaissant pas le Faqîh Sahnûn lui répliqua : "Ô ! Sidi puisque Fez est comme tu le dis pourquoi l'as-tu quitté ?" Alors le Faqih se retourna vers lui et l'admonesta avec ces paroles : " C'est à moi qu'il faut poser cette question, c’est à moi qu’il faut poser cette question ? Si tu veux savoir pourquoi, demandes à ton père Adam c’est quoi qu’il l’ait fait sortir du Paradis !"

Un faqir, un vrai !

Sidi Mohammed Sayah m’a fait ce récit : « Alors que je rendais visite à Cheikh al-Alawi , au moment de sa pénible maladie, en compagnie de mon maître sidi Ahmed al-Hachimi, nous avions trouvé dans la zawiya du cheikh un homme étendu sur le sol sans aucune protection. Il avait sur lui une robe (‘baya) seulement. Il était tellement maigre qu’on pouvait voir ses côtes sous la peau. Il était aussi d’une grande taille. Mon maître sidi Ahmed s’est arrêté devant cet homme, à même le sol, chétif et malade. Nous nous sommes approché de lui et nous l’entendîmes évoquer le nom divin : « Allah, Allah, Allah…sans relâche ». Sans qu’il ne soit nullement perturbé par notre présence, il semblait submergé par la majesté du Nom Suprême. Sidi Ahmed m’a regardé puis s’est penché vers ce faqir et lui tend une somme d’argent. L’homme interrompe son « Dhikr » et demande à sidi Ahmed : « Pour faire quoi, Sidi ? ». Sidi Ahmed lui dit alors : « C’est juste pour que tu puisses t’acheter un vêtement qui te protège contre le froid et du savon pour laver ta robe ». L’homme esquisse un sourire et lui répliqua : « Tu peux aller sidi en ville, où, tu trouveras certainement, plein de pauvres gens qui tendent leurs mains aux passants. Donne à l’un d’eux cet argent. Quant à moi, je suis comblé par la présence de mon maître ». Sidi Ahmed, en entendant ses paroles, c’est retourné une deuxième fois vers moi mais le regard n’était plus le même ! Avec le regard d’un homme plein de compassion et d’admiration, m’interpella, par ces mots : « Observe bien, voici devant toi un faqir, un vrai ! ». Nous sommes allé ensuite voir notre maître sidi Ahmed al-Alawi puis nous sommes rentré chez nous.

Le bon comportement est la voie du salut

Cette nuit là, j’ai fais un rêve. Je me suis vu devant la zawiya du cheikh sidi Ahmed al-Alawi sur le point d’y entrer lorsqu’un homme surgit face à moi et m’interpella avec force et rigueur comme s’il était le gardien du lieu : « Pourquoi n’évoques-tu pas «là Ilâha illAllah» à haute voix pour qu’elle t’accorde son hospitalité ?». Le moment était grave et déstabilisant mais rien de tout ça ne m’a effleuré. Sûr de moi et confiant, je lui ai répondu : « justement ! C’est par respect à «là Ilâha illAllah» que je me suis tu » (Faisant allusion au cheikh qui était malade). L’homme s’écarta pour me laisser entrer et baissa la tête puis s’en alla ».

Après m’avoir fait ce récit sidi Mohammed Sayah rajoute : « Le bon comportement est la voie du salut ». Même dans le rêve (qui n’est rien d’autre qu’une façon plus subtile de communication) Allah m’a inspiré comment faire face à cet être « Gardien du lieu » qui voulait s’avoir si j’étais un faqir ou juste un prétendant. Même dans le rêve, j’ai respecté mon Maître qui était malade et j’ai récité «là Ilâha illAllah» dans mon cœur de peur que mon Maître soufrant ne soit dans un moment de répit et qu’il se reposait peut-être, car, il ne dormait que très peu. Je ne voulais pas que ma voix le dérange pourtant l’usage voulait que je récite à voix haute «là Ilâha illAllah». Le faqir doit maîtriser le bon comportement, l’usage n’est qu’une formalité. Le plus important c’est de savoir pour aimer et d’aimer jusqu’au savoir ».

La mort du cheikh sidi Ahmed al-Alawi

Quand nous avons appris la mort du cheikh sidi Ahmed al-Alawi , nous avons perdu notre raison, nous sommes devenus ivres sous l’impacte de la douleur et nous ne savions plus quoi faire. Notre père, notre guide, notre remède, notre salut, notre bonheur, notre ciel vient de s’écrouler, notre soleil vient de se coucher à jamais, notre pleine lune s’est éclipsé pour toujours, notre mer vient de s’est dérober sous nos yeux, notre science s’est élevée, notre esprit a rejoint son essence et nous sommes quant à nous redevenus des cadavres qu’il faut vite enterrer car il n’y avait plus de vie.

Quand sidi Mohammed évoque ce moment, il ne le fait qu’avec peine. Il est envahi à chaque fois par un grand marasme, son visage devient rouge, sa voix est étouffée par les sanglots qu’il essaye de maîtriser et quand il ne peut plus repousser les effets de ce moment, il incline la tête, dans un sursaut de pudeur, met son visage entre ses mains et commence à gémir comme un enfant. Souvent il exprime son désarroi en répétant : « ya ! al-Alawi !, ya ! al-Alawi !, ya ! al-Alawi !

Dans ce genre de situation, nous qui sommes autour de lui, nous baissons nos têtes aussitôt par respect et par compassion comme si une force majeure était au-dessus de nous. Mais également dans un embarras total et une nostalgie douloureuse, les larmes pleins les yeux et, les gorges nouées, nous nous disons en silence : Lui ! Il a vu. Lui ! Il a connu. Lui ! Il a aimé. Lui ! Il a goûté. Quant à nous pauvres misérables, nous n’avons rien vu, nous n’avons rien vécu mais, qu’Allah nous soit témoin, nous les aimons, nous les aimons, nous les aimons !

Ô ! Allah fait de cet amour notre monture pour atteindre le cercle de ceux que T’as aimé et d’être parmi tes élus. Ô ! Allah nous n’avons ni la force, ni la science pour se confondre avec eux mais ton bien-aimé Mohammed nous à laissé cette bonne nouvelle : « toute personne est avec ceux qu’elle aime. » Nous attestons de notre amour pour ton Prophète, sa famille et ses compagnons. Nous attestons de notre amour pour toute chose qui rapproche à Ton amour. Nous aimons tes awliyas. Ô ! Allah exauce notre dou’a par la Lumière de ta Face sublime qui a éclairé ce monde comme dans l’autre et dont toutes les choses parfaites ne sont que le reflet de sa clarté.

Dès que nous avion pris connaissance du décès du cheikh. Sidi Ahmed al-Hachimi rassembla tous les fuqaras de la région de Medyouna, les béni Zaltisses, les Bou-Hnouchan, al-Kouamliyya, Ouled m’Allah, les béni-Mani, les Abdel-Wahâb (sa propre tribu) etc. Nous étions très nombreux mais je ne peux pas vous dire combien nous étions exactement…Après avoir informé tout le monde et organiser des assemblées de Dhikr, le cheikh sidi Ahmed al-Hachimi avait décidé que les fuqaras devaient renter chez eux et qu’il n’était pas possible matériellement de partir tous à Mostaganem, par contre, il fallait choisir quelques représentants de chaque tribu pour assister à l’enterrement du cheikh. Cela étant fait, nous avons quitté les lieux aussitôt vers Mostaganem.

Je ne peux pas vous décrire l’endroit, toute la villa était présente, il n’y avait pas un seul endroit pour se tenir. Les fuqaras commençaient à parvenir de toutes les régions du pays, du Maroc surtout mais des autres régions du monde. Nous étions là à attendre sans pouvoir voir le cheikh pour une dernière fois car cela était impossible, tout le monde aurait voulu jeter un dernier regard sur sa face sublime mais, aucune organisation de telle entreprise n’était concevable. Les hommes tous résignés et accaparés par le chagrin n’osaient rien demander.

Sidi al-Hajj Adda Bentounès qui était à la tête des organisateurs des funérailles avait donné des instructions pour ne laisser personne s’approcher de la chambre où avait été déposée la dépouille du cheikh. Seul quelques-uns des muqaddams du cheikh, les Oulémas, les hautes personnalités du pays qui arrivaient de loin avez le droit de rentrer dans la chambre pour jeter un dernier regard sur le maître désormais, là, inerte.

Ainsi est passée la journée et le soir tombé, les pas commençaient à devenir moins denses. Les fuqaras proches de la ville étaient rentrés chez eux, les Mostaganemois qui n’étaient des fuqaras également et, le reste des badauds. Il ne restait que les fuqaras venus des contrés reculés et j’étais de ceux-là. Plus nous avancions dans la nuit, vers sa deuxième moitié, plus les gens se laissaient gagner par le sommeil sous l’impacte de la fatigue et la pénibilité du voyage… Quant à moi, je me suis faufilé prudemment dans la zawiya jusqu’au bas de la porte de la chambre où reposait sidi Ahmed al-Alawi . Je ne pouvais guère dormir et je n’avais aucune idée derrière la tête, je voulais juste être au plus près de mon maître même si la porte de la chambre était fermée et que je n’avais aucune chance d’y pénétrée. Je n’avais pas la toute petite illusion, vue mon statut de petit faqir, sans aucune importance et, ne connaissant personne des proches de sidi al-Hajj Adda pour espérer qu’on me laisse pénétrer dans la chambre funéraire. S’il quelqu’un pouvait aspirer à ce privilège c'aurait été sidi Ahmed al-Hachimi et pourtant il n’a même tenté de le faire. Il est resté au loin tel un étranger combien même était sa relation si forte avec son cheikh et combien même il faisait acte de présence et de prestance de son vivant. Il semble bien qu’il était déjà dans l’après al-Alawi et qu’il savait que le lieu n’est désormais plus tout à fait le même.

J’ai posé ma tête sur la première marche et je suis resté ainsi un long moment au point que je me suis assoupit moi aussi quand tout à coup, vers trois heurs du matin, le bruit des clefs ouvrant la porte de la chambre me réveilla. C’était sidi al-Hajj Adda avec deux ou trois personnes qui venaient d’arriver… Je ne sais qui ils étaient mais, aussi importants pour que sil-Hajj Adda soit en personne celui qui leur ouvrir la porte et les introduire dans la chambre, à cette heure si tardive. Je pense qu’ils étaient des oulémas étrangers venus pour assister aux obsèques du cheikh. Je ne sais par quel concours de circonstances, Allah est le meilleur des pourvoyeurs, sidi al-Hajj Adda avait laissé la porte entre-ouverte et il ne la pas fermait derrière lui comme il faisait le jour, pensant peut-être que tout le monde s’était endormi. Je n’ai pas hésité une seule seconde. Oui ! Je me suis dis, Allah m’a laissé la porte ouverte, il faut que j’entre. Il ne faut pas que je rate cette occasion autrement, je ne suis qu’un simple d’esprit et un raté !

Je me suis levé et je les ai suivi lorsque j’ai aperçu sil-Hajj Adda entrain de retirer le voile mis sur le visage du cheikh. J’ai pris ma place parmi eux et nous nous sommes tenus debout face au cheikh qui avait l’aire de dormir paisiblement. Un silence majestueux dominait cette assemblée, aucune parole n’était admise sous la pesanteur de l’instant, rien que le regard figé et le geste mesuré. J’ai contemplé le visage sans pouvoir songer à autre chose. J’étais parmi ces privilégiés, si ce n’est moi le seul privilégié. « A eux, c’est un homme qui a ouvert la porte quant à moi, elle m’est restée ouverte et on m’a dit vient rentre ; les clefs qui servaient pour empêcher les autres de pénétrer, nous avons fait d’elles une monture pour te convier à ce manifeste divin. Nous avons vu ta place au bas de la porte et nous avons voulu te gratifier par cette vision céleste. Nous avons dépêché des hommes notables pour toi. Ils sont venus de loin pour que tu accèdes à ce que nous avons décrété. C’est ton ascension et, ton Burâq se sont ses hommes et ses clefs ».

Le matin, de très bonne heure dès que j’ai rencontré sidi Ahmed Hachimi je lui ai fait part de mon aventure nocturne. Il m’a alors regardé longuement puis il m’a dit en quelques mots que je pouvais, à juste titre, me glorifier de ce qui m’est arrivé, en utilisant le verset coranique : "Telle est la grâce d'Allah qu'Il donne à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l'énorme grâce". Et c’est seulement là que j’ai réalisé mon état car j’étais très jeune et je n’avais pas vraiment conscience de cette gratification d’Allah. Ô ! Allah récompense mes maîtres et enveloppe-les de Ta miséricorde infinie. Paix et bénédiction d’Allah sur son prophète Mohammed.

Si vous voulez comprendre l’impacte de ce moments sur les fuqaras du cheikh sidi Ahmed al-Alawi , lisez les pleures de sidi al-Hajj Adda Bentounès :

Ne te hâte pas ô jour à te lever ou est-ce un incident qui te presse !
Veux-tu te lever alors que le soleil de la guidée nous a quitté ?

Ne te hâte pas, laisse les demeures sombres.
Ait pétée de celui qui a délaissé les plaisirs pour la veille.
C’est un drame au-dessus de tout drame dans un temps,
Où la voie du Mokhtar est en danger.
Il s’agit d’un noble dans une époque indifférente est cupide.

Certes le prophète l’a dit :
Allah envoie tous les siècles, un homme
Avec qui la religion se débarrasse des petitesses.

Il est décédé celui qu’a triomphé avec l’aide d’Allah,
Celui qui était parmi l’humanité comme l’est l’abondance et la pluie.

al-Alawi est mort ! Qui saura défendre la religion ?
al-Alawi est mort ! Vers qui vont se tourner les femmes et les hommes ?
al-Alawi est mort ! Qui va reprendre l’étendard ?
al-Alawi est mort ! Qui guidera les gens ? ,
Vers la voie sublime avec son comportement et son allocution.

Le médecin est mort ! Qui pourra faire face au mal et le contenir,
Alors qu’il s’est accaparé l’individu comme du groupe.
Le sage est mort ! Qui remplira les cœurs,
Avec la sagesse de la sagesse aux yeux des gens réfléchis.

Le bien-aimé est décédé le matin alors que nous nous sommes tant épris de lui.
Les yeux en larme abondent, en sanglots nous l’avons entouré.
Des instants ; ah ! Des secondes tellement douloureuses,
Brûlantes comme des braises et glaciales tel que Saqar.

Des larmes qui coulent, des cœurs brisés,
La raison perdue et abasourdis sous l’impacte du moment,
Ces bien-aimés qui se sont passés le mot, arrivaient de tout bord,
Ils étaient tous là pour l’enterrer marchant avec humilité.

Une matinée qui a laissé dans le cœur sa flamme,
Il en est depuis défaillant et craintif.
Un jour particulier parmi le tout où assistent,
Des communautés diverses aux habitants des tentes faites de poils.

Un bien-aimé s’il fallait en rançon tout l’or du mode,
J’aurais dit tourmenté : c’est négligeable face au sacrifié.


Au sujet d’al-Khidhir et moussa (sur eux la paix)

Sidi Mohammed Sayah m’a dit au sujet d’al-Khidhir et moussa (sur eux la paix) " Beaucoup de gens et parmi eux d'éminents savants disent et pensent que sidna Moussa est venu pour apprendre de l'homme vertueux al-Khidhir une science qu'il ne possédait pas. Comment ne pas tenir de tels propos du moment que le Qurân dans un sens littéralistes confirme cette position, le hadith rapportait dans les sahihs vient aussi dans ce sens et corrobore cette interprétation...mais, mon enfant, il faut aiguiser le regard de la connaissance et il faut plonger dans les méandres des paroles d'Allah et ceux de son Prophète pour relever le vrai et le sens profond de cette parabole.

Allah ne fait pas des récits dans son saint livre saint, pour le seul but, de nous relater des contes anciens. Son prophète ne s’attarde pas non plus devant des légendes sans relever une leçon universelle et éternelle pour guider l’humanité. S’il ne s’agissait que de faire comprendre à Moussa, le prophète d’Allah, parmi les nobles et les rapprochés de son Seigneur, l’humilité et le besoin de savoir, l’histoire n’aurait que très peu d’utilité pour le plus grand nombre de gens. Le Qurân est un remède pour les âmes et une guidance pour l’humanité, il a par conséquent son côté pratique si nécessaire pour le salut des êtres pauvres en Dieu.

Les interprétations hâtives oublient les grands principes. Parmi ces grands principes :

Le fait que sidna Moussa est Prophète et que al-Khidhir ne l’est pas, il est par conséquent inconcevable de croire qu’il est besoin d’apprendre la Science par excellence, celle de la sagesse Dieu dans sa création, à travers une personne qui n’a pas atteint son rang. Il ne s’agit pas d’une connaissance subsidiaire qui n’incombe pas au statut d’un Prophète bien au contraire celui qui estime par mégarde que Moussa le prophète n’a pas atteint cette science lui sera pénible de concevoir autrement cette ignorance qu’il ne peut traduire en tare à côté de la prophétie. Rappelle-toi que Allah a épargné à ce prophète le moindre défaut physique, qui peut ne pas être en lien avec son rôle et son statut, dire qu’il ne connaissait pas le dessein de son Seigneur dans sa création, est pour le deuxième principe fondateur est que Moussa est un guide de son peuple à qui incombe la réception et la transmission de la loi divine et la science, al-Khidhir ne l’est pas.

Troisième principe est que Moussa ne peut être un législateur et un éducateur que maîtrisant la Haqîqa source de la Shari’a. al-Khidhir en vérité n’est qu’un élément de la loi mosaïque. Moussa qui possède la Haqîqa et la Shari’a est plus à mêmes de concevoir le plan divin car al-Khidhir est une partie de la connaissance de Moussa.

D’aucun pourrait dire aussi que al-Khidhir, Allah, lui a appris une science sans intermédiaire (‘ilm ladouni), pourtant c’est exactement le cas de Moussa (wa kalama Allah moussa taklima). Cette précision n’est valable pour al-Khidhir que pour lever une ambiguïté, celle de croire qu’il agit de son propre chef puisqu’il n’est ni Prophète (nabi) ni messager (Rassûl) : un serviteur vertueux (‘Abd salih) contrairement à Moussa. Et je ne sais pas pourquoi, certains disent qu’il s’agit d’une spécificité, et ce n’est pas le cas puisque tous les prophètes, ne le sont, que parce qu’ils reçoivent la science de leur Seigneur. L’Ange pour certains d’entre eux n’est qu’un transmetteur. Si on applique cette règle, il revient à dire que « les hadiths Qudusi » sont d’un rang plus élevé que le Qurân (personne pourtant ne prêtant cela) puisqu’ils sont les paroles d’Allah sans le truchement d’un ange et pour preuve, Allah dit : « Il ne parle pas selon sa passion (ou selon son bon grès), ce n’est que la révélation).

Nous savons tous que les actes, les dires, les gestes et même le silence du Prophète émane d’Allah, autrement, ça ne peut être une adoration ('Ibada) le fait de le suivre.

Il te faut savoir mon fils que les prophètes sont par excellence la preuve d’Allah sur sa création, par eux Il se manifeste, par eux Il établit sa loi, par eux Il transmet sa vérité, et ils sont « vérité », par eux il nous est possibles de le connaître par ses Attributs et ses Noms Sublimes…

Médite cette attestation : « Mohammed-Rassûl-Allah » ; si tu supprimes « Rassûl » ton monde s’écroule et persiste « la Face éternelle de ton Seigneur » « c’est Lui l’ultime limite ».

Moussa est la preuve de al-Khidhir, sans lui le monde d’al-Khidhir s’écroule. La Haqîqa d’al-Khidhir à besoin de la Shari’a de moussa comme support pour exister et se manifester mais surtout devient légitime. Sans Moussa « al-Khidhir » est « dhalim » et « moufsid » pour avoir endommager le bien d’autrui, est un criminel pour avoir assassiner un enfant innocent et un simple d’esprit pour avoir construit un mur à des gens étrangers et sur des terres qui ne sont pas à lui. Oh mon fils, par Allah, si quelqu’un fait de nos jours ces choses comment serait-il considéré ?

Sans Moussa, tous les al-Khidhir de tous les temps, de tant plus pour cette Umma qui ne reçoit plus aucun prophète, la nécessité est cruciale, aurait été (à raison, des fous à lier) mais !

Allah à voulait par le biais de deux grands prophètes Moussa et Mohammed expliquer à cette Umma d’être très attentive face à des hommes comme al-Khidhir de peur qu’ils ne commettent des sacrilèges à croire qu’ils font bien. Sans le récit de Moussa et al-Khidhir, les savants du « Dahir » auraient fait la chasse aux sorcières, pratiquement, à tous les Awliya, les cheikhs soufi et les savants. C’est ainsi que Aba Horaïra avait dis : j’ai appris de mon bien aimé de sortes de sciences ; l’un d’eux je l’ai dispersé parmi vous, l’autre si je vous dis de quoi il s’agit, vous trancheriez cette gorge »Ali, que Dieu honore sa face, parle aussi dans ce sens, Zinu-l-'Abidin le petit fils d’al-Hassan idem, et bien d’autre, parmi eux le cheikh al-Alawi qui annonce qu’il n’a atteint son rang que pour avoir su garder le secret.

Se sont, ici, les paroles de sidi Mohammed Sayah, je fais en sorte qu’elles soient compréhensibles en y ajoutant certains arguments notamment par quelques exemples détaillés. Allah est le plus savant.

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