Qouider Badr, de son vrai nom "Kouider Ben Ammar Bouabdelli", de Relizane, homme de profonde spiritualité et disciple sincère, faisait partie des proches du Cheikh Alawi, et était Moqaddem à Relizane et cheikh autorisé à guider. (Cheikh Alawi lui aurait sans aucun doute transmis la succession spirituelle s'il devait le faire d'après Cheikh Mohammed Sayah, qu'Allah lui fasse miséricorde et lui accorde ses bienfaits et ses faveurs).
Lors d’un pèlerinage à La Mecque, alors qu’il se trouvait en mer, une violente tempête secoua le navire, mettant en péril la vie des passagers. Tandis que les autres succombaient à la panique, lui sortit sur le pont, le cœur empli de confiance et d’intimité avec son Seigneur.
Face à la mer déchaînée, il s’adressa à elle non avec peur, mais avec autorité spirituelle. Il menaça de faire une invocation si puissante qu’elle mettrait fin à son rôle sacré de route vers la Maison de Dieu. La mer, sentant la sincérité de son cœur pur et sa proximité avec le Tout-Puissant, s’apaisa aussitôt. Ce calme miraculeux permit aux pèlerins de poursuivre leur voyage en sécurité.
De retour, Qouider raconta cet épisode au Cheikh Alawi. Celui-ci, amusé et attendri, en couvrant sa bouche de sa main (El hadj Qouider le faisait souvent sourire par ses paraboles) lui dit :
- Dis-nous sidi, qu’est ce que tu as dis à la mer ?
- Je lui ai dis : si tu ne retrouve pas ton calme je ferai une prière à mon Seigneur contre toi, laquelle, personne n’en a jamais fait avant et personne n’en fera jamais!
- C’est quoi cette prière ? Lui rétorqua le Cheikh Alawi, le sourire toujours sur lèvres
- Je lui ai dis : si tu te calme pas je demanderais à Allah pour que tu ne sois plus la route des pèlerins à tel point que tu ne pourras voir naviguer sur tes vagues, plus jamais, aucun hadj jusqu’à la fin des temps!
- Et quelle était la réponse à cette requête?
- Elle n’avait plus le choix, sidi, elle s ’est calmée et nous avons pu continuer notre voyage dans de bonnes conditions.
Cheikh Alawi lui murmura :
- C’est parce qu’elle a vu que tu étais un faqir, elle a eu pitié de ton état.
Cheikh Alawi reconnut dans cette histoire la manifestation de l’état de faqir : celui qui, dans son extrême pauvreté devant Dieu, obtient puissance et intercession par sa seule sincérité. La mer elle-même, symbole de la Présence Divine, s’était inclinée devant cette pauvreté vraie.
Ce récit met en lumière le lien profond entre la sincérité spirituelle et l’harmonie avec les forces de la nature. Il illustre la manière dont un cœur purifié, détaché du monde et entièrement tourné vers Dieu, peut exercer une influence bienveillante même sur les éléments déchaînés.
La véritable puissance ne réside ni dans la force physique ni dans la parole vide, mais dans la sincérité du cœur et la soumission totale à Dieu. Celui qui se dépouille de son ego et devient pauvre en Dieu (faqir) peut atteindre une autorité que les rois eux-mêmes ignorent.
La nature reconnaît les serviteurs de Dieu et s’incline devant leur foi.
Sur les flots en furie, l’homme priant se dresse,
La mer en tumulte entend sa détresse.
Non par orgueil, mais par abandon,
Il parle en silence, dans l’union.
Le faqir sans rien, riche du Tout,
Apaise les vagues d’un regard doux.
Car celui qui se perd en Dieu
Trouve en son cœur un pouvoir pieux.
Inspiré du récit de Mohammed Sayeh (disciple du Cheikh Alawi), rapporté par son fils Ali.

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