Un jour, alors que le Cheikh Alawi était plongé dans la lecture d’un livre sacré, un de ses disciples vint précipitamment lui annoncer qu’un frère de la communauté venait de commettre une faute grave.
Le Cheikh, cependant, continua de lire paisiblement, sans prêter attention aux paroles de son adepte. Ce dernier, insistant, répéta :
- "Sidi, un tel a fauté !"
Mais le Cheikh ne réagit pas. L'adepte, encore plus déterminé, répéta encore :
- "Sidi, vraiment, il a fauté !"
Finalement, après quelques instants, le Cheikh posa son livre, enleva ses lunettes et tourna son regard vers son disciple, profondément calme. Il lui demanda alors :
- "Lorsque tu vois un frère endormi sur le bord du chemin, et que le vent soulève sa chemise jusqu'à le mettre à nu, que fais-tu ? Laisses-tu sa chemise levée, ou bien la rabaisse-tu ?"
Le disciple, embarrassé, répondit :
- "Sidi, je la rabaisse."
Le Cheikh le regarda longuement et dit alors :
- "Eh bien, dans ce cas, couvre ! Couvre ton frère, couvre-le !"
Le disciple, touché par la profondeur de la réponse du Cheikh, comprit immédiatement la leçon. Dans sa hâte à juger, il avait oublié que l’acte juste n’est pas de dévoiler les erreurs des autres, mais de les protéger et de les aider à se relever dans la dignité.
La discrétion dans la bienveillance : La première leçon que le Cheikh enseigne est que, lorsque quelqu’un commet une erreur, il ne faut pas l’exposer publiquement. Comme le vent qui soulève la chemise d’un frère, nous devons éviter de souligner les défauts des autres, mais au contraire, nous devons "rabaisser" leur chemise, c'est-à-dire préserver leur dignité.
L’importance de la compassion : Le Cheikh montre aussi que, face à l’erreur d’un autre, il ne faut pas juger sévèrement, mais plutôt apporter une attitude de soutien et de compréhension. Chacun de nous peut faillir, et il est de notre devoir d’aider l'autre à se relever avec discrétion et miséricorde.
Protéger l’honneur des autres : En couvrant l’erreur de notre frère, nous préservons son honneur et sa chance de se repentir. La véritable sagesse réside dans le fait de ne pas exposer les fautes des autres à tout vent, mais de les envelopper de respect et de bienveillance, comme une chemise qui protège et cache ce qui pourrait être embarrassant.
Ainsi, la véritable grandeur ne réside pas dans la capacité à dénoncer les fautes, mais dans celle à faire preuve de discrétion, de soutien et de réconciliation, permettant ainsi à autrui de retrouver son équilibre dans la dignité et l’humilité.
Derwish Alawi
Inspiré d'un récit rapporté dans "Al Morchid", date de parution inconnue.
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