Un jour, un disciple de la ville de Tlemcen, se présenta au maître spirituel Cheikh Ahmed Alawi pour lui demander la Connaissance divine. Mais, étant chargé de famille, il exprima son souci de ne pas pouvoir s’éloigner longtemps. Il demanda alors au Cheikh s’il pouvait pratiquer la méditation chez lui, à Tlemcen. Le maître, percevant la sincérité de son cœur, accepta. Il lui enseigna la méthode spirituelle, l’invita à méditer avec assiduité, puis le laissa partir.
Quelque temps plus tard, un autre disciple, originaire de la même ville, fit la même demande. Mais celui-ci choisit de venir séjourner à la zaouïa de Mostaganem, pour se plonger totalement dans la voie. Le Cheikh l’y accueillit et le mit en retraite spirituelle pendant une semaine. Chaque jour, il venait le visiter, l’écouter, l’orienter, l’enseigner selon ses efforts.
Pourtant, au bout de huit jours, le maître mit fin à la retraite. Aucun signe de réalisation ne s’était manifesté, malgré l’engagement extérieur du disciple.
De retour à Tlemcen, ce second disciple fut stupéfait de constater que le premier - resté chez lui - avait atteint un état de connaissance intérieure et de paix profonde. Frustré, il ne comprenait pas : comment celui qui était resté loin avait-il atteint ce qu’il n’avait pas obtenu, même en étant physiquement auprès du maître ?
On interrogea alors le Cheikh :
- « Sidi, comment expliquer cela ? Celui qui était avec vous n’a rien obtenu, tandis que celui qui était loin a atteint la Connaissance ? »
Le Cheikh répondit simplement :
- « Celui qui était chez lui, avec son corps, était avec moi avec son cœur. Et l’autre, qui était avec moi avec son corps, avait son cœur resté auprès de sa famille. Et moi… c’est le cœur que je veux. »
Cette histoire illustre une vérité spirituelle universelle : la proximité réelle avec un maître ou avec Dieu ne dépend pas de la distance physique, mais de la présence du cœur.
La sincérité intérieure vaut plus que la simple présence extérieure.
Le véritable cheminement spirituel commence dans le cœur, pas dans les lieux.
Ce que cherche le maître - et ce que Dieu regarde - ce n’est pas ton corps, ni tes mots, mais ton cœur.
Derwish Alawi

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