Récits - Cheikh Alawiet le disciple arrogant

Cheikh Alawi, humble et discret, priait toujours au dernier rang, manifestant par là son effacement spirituel. Après les prières, il adressait à ses disciples des paroles sages avant de se retirer à ses occupations. 

Un jour, il déclara avec gravité qu’il n’était qu’un messager (tel le facteur), un transmetteur de ce qui appartient à chacun. Il précisa qu’il ne donne rien, ne retient rien, et ne fait que remettre à chacun ce que Allah lui destine. Il souligna que tout manquement perçu n’est qu’un reflet des doutes de l’ego et celui qui persiste à en douter finira par le regretter ! 

Ses paroles visaient un disciple ancien, frustré de ne pas avoir reçu l’idhn (l'autorisation spirituelle de guider à Allah), alors qu’il estimait le mériter davantage que d’autres plus jeunes et inexpérimentés. 

La parole du Cheikh clarifia : l’accès au spirituel ne relève ni du rang, ni de l’ancienneté, mais de la disposition intérieure que Allah Seul connaît et en décide. La véritable transmission spirituelle ne dépend ni du statut apparent ni de l’ancienneté. Elle repose sur le choix d’Allah et la pure réceptivité du cœur. Le maître n’est qu’un miroir qui reflète ce que chacun porte déjà en lui. 

L’égo, par son impatience et ses revendications, voile les dons d’Allah. Celui qui accuse autrui d’injustice dans les voies divines ne fait souvent que révéler son propre orgueil. 

Je ne donne rien, je ne retiens rien, 
Tel un facteur sur un long chemin. 

À chacun son lot, sa vérité, 
Dieu seul connaît qui est prêt à hériter. 

Ne juge pas celui qui transmet, 
Car il ne fait que ce qu’il promet. 

Le don vient d’en-haut, en secret, 
À qui se vide et se soumet. 

L’âme humble reçoit, l’orgueilleuse se perd, 
Le sage s’efface, et c’est là son mystère. 



Inspiré du récit de Mohammed Sayeh (disciple du Cheikh Alawi), rapporté par son fils Ali.

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