Récits - Cheikh Alawi : La petite chèvre et le maître du troupeau

Un jour, un disciple interrogea Cheikh Alawi, après avoir observé deux marchands au marché : l’un peinait à tirer une seule chèvre récalcitrante, tandis que l’autre, sans effort, marchait tranquillement suivi d’un troupeau d’une cinquantaine de chèvres dociles.

Le Cheikh, dans sa sagesse, sourit et répondit avec une parabole limpide : 
- « Le second marchand a apprivoisé une petite chèvre. Celle-ci le suit sans résistance, et tout le troupeau la suit naturellement. Le premier, lui, tente de contraindre. Il lutte contre la nature au lieu de la guider. »

Plus tard, un élève demanda à un homme sage quel était le sens profond de cette histoire. L’homme répondit :
- « Le cœur est cette petite chèvre. Si tu ne l’apprivoises pas, tu devras toujours forcer les choses, et tu fatigueras ton âme. Si tu le guides avec douceur et constance, il deviendra un exemple que suivront toutes tes pensées, tes émotions et tes actes. »

Cette parabole nous enseigne que la réforme de soi ne passe pas par la contrainte extérieure, mais par la transformation intérieure. Le cœur est le guide invisible de notre comportement. En l'apprivoisant - par la discipline spirituelle, la douceur, la vigilance - nous harmonisons le reste de notre être. Ainsi, comme le troupeau suit la petite chèvre, les qualités intérieures rayonnent vers l'extérieur et influencent positivement notre environnement. 

La paix dans le monde commence par la paix dans le cœur. Tant que l’on cherche à forcer les autres, à réformer le monde sans réformer notre propre intériorité, l’effort est vain. Mais si l’on apprend à maîtriser et guider son cœur, tout s’aligne, et ce qui semblait autrefois difficile devient simple et fluide. Le véritable maître n’est pas celui qui domine, mais celui qui inspire. 

Apprivoise ton cœur, douce chèvre effrayée, 
Et le tumulte en toi s’en ira sans clamer. 

Ceux qui tirent la corde fatiguent leur chemin, 
Mais le cœur apprivoisé mène sans les mains. 

La paix n’est pas conquise par le bruit ou la guerre, 
Elle suit le pas calme de l’âme qui espère. 


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