La tarîqa Alawiya est une confrérie soufie fondée en 1909 par le cheikh Ahmed al-Alawi (1869-1934) à Mostaganem. Branche de la confrérie Darqawiya, elle-même issue de la confrérie Shadiliya, elle se développe avec succès dans les années 1920 au Maghreb, en Europe et au Proche-Orient. Dans les années 1920, le cheikh Ahmed al-Alawi se rend en Europe, où les premiers foyers - les zaouïa – ont vu le jour grâce à l’initiative de fuqarâ émigrés en France et en Angleterre notamment. En 1924, une zaouïa est fondée à Paris, Porte de Versailles, puis dans d’autres villes comme Marseille, Orléans, Lille, Châlons-sur-Marne, Nice, Toulouse, Antibes ou Avignon. En 1926, le cheikh Ahmed al-Alawi se rend à Paris pour l’inauguration de la Mosquée ; il y prononce le sermon initial et la première prière. Lors d’un pèlerinage du cheikh à La Mecque, la voie soufie se répand en Syrie, en Palestine, en Égypte et au Yémen. La khalwa (retraite spirituelle) et le dhikr (invocation du nom d’Allah) sont au centre des valeurs spirituelles de la tarîqa.
À la mort de cheikh Ahmed al-Alawi en 1934, la confrérie compte près de 200 000 disciples dans le monde. Adda Bentounès (1898-1952), désigné par le cheikh al-Alawi comme son successeur, devient le chef spirituel de la chaîne initiatique, mais ne bénéficie pas de la reconnaissance de tous. Des disciples de cheikh al-Alawi fondent d’autres tarîqa en Algérie et au Maroc. Malgré les difficultés liées à la succession et à des questions financières, l’enseignement spirituel du cheikh Adda Bentounès rassemble un nombre croissant de disciples. Le cheikh instaure de grands rassemblements des disciples dans la zaouia mère de Mostaganem à l’occasion des fêtes religieuses, les ihtifal. Il assouplit les pratiques quotidiennes des fuqarâ (disciples), ouvrant la confrérie à un plus grand nombre. Il continue de publier la revue Lisan Ad-Din du défunt cheikh al-Alawi jusqu’en 1939, date à laquelle la parution cesse suite à des difficultés financières.
Après-guerre, une nouvelle revue, El Morchid, paraît dès 1946 avant de devenir Les Amis de l’Islam en 1950. Le cheikh publie en 1947 Le Dogme de l’Islam, ouvrage de compréhension de la pratique soufie destiné à un public européen, avec l’aide d’Abdallah Reda, sculpteur français converti à l’islam. En 1948, il fonde l’association Les Amis de l’Islam à Mostaganem, souhaitant favoriser les rencontres spirituelles et inter-religieuses avec les non-musulmans, notamment la population française et européenne présente en Algérie.
Lorsque le cheikh Adda Bentounès meurt en 1952, la tarîqa Alawiya rayonne en Algérie et au Maroc, en France et en Grande-Bretagne et au Proche-Orient. Désigné par le cercle des sages, Hadj al-Mahdî, fils aîné du cheikh Adda Bentounès, lui succède. Il entreprend la rénovation de la zaouia de Mostaganem et y fait construire une nouvelle mosquée. Perpétuant la tradition des voyages instaurée par les précédents cheikhs, il se rend plusieurs fois en Europe où de nombreuses conversions ont lieu. La guerre d’indépendance bouleverse les pratiques de la tarîqa ; les ihtifal sont suspendus. Le cheikh al-Mahdî participe de manière active à l’organisation de la résistance. Après l’Indépendance, le président de la République algérienne Ben Bella lui offre un poste de ministre qu’il décline. Arrêté par les services secrets algériens en 1970, le cheikh Hadj al-Mahdî est mis sous résidence surveillée.
En métropole, l’association confrérie Alawiya est déclarée à la préfecture de police de la Seine le 27 décembre 1960 et l’avis est publié au Journal Officiel du 6 janvier 1961. Les objectifs de la confrérie consistent à « suivre l’enseignement spirituel de Allaouia et contribuer à établir, dans l’humanité, la fraternité ». Son siège social est fixé au 139 avenue Victor-Hugo à Aubervilliers. Après l’indépendance de l’Algérie, les fuqarâ de la région parisienne se réunissent dans un hôtel, 53 rue Jules-Vanzuppe, à Ivry-sur-Seine entre 1965 et 1977.
En 1975, Khaled Bentounès, négociant à Paris, est désigné par le cercle des sages pour succéder à son père le cheikh Hadj al-Mahdî. Après un premier refus, Khaled Bentounès (né en 1949 à Mostaganem) accepte de devenir le cheikh de la confrérie à l’âge de 25 ans. Une ferme est achetée à Jabron dans la Drôme afin d’y dispenser l’enseignement traditionnel soufi. En 1981, l’association fondation islamique Alawiya change son titre pour devenir l’association Les Amis de l’Islam, reprenant le nom de l’association créée à Mostaganem par le cheikh Adda Bentounès. Déclarée à la préfecture de la Seine-Saint-Denis le 20 août 1981, l’association souhaite « œuvrer pour le rapprochement des différentes communautés ; promouvoir l’enseignement cultuel ; organiser des voyages culturels ; aider les pays du tiers-monde » (Journal Officiel n°206, du 8 septembre 1981, p. 7966). Le siège social est alors transféré d’Ivry-sur-Seine au domicile du cheikh Bentounès, 54 avenue Henri Barbusse, à Drancy et une publication, Les Amis de l’islam, reprend dès 1982 l’ancien titre édité des années 1950 à 1961 à Mostaganem. Le président fondateur en est Khaled Bentounès et le secrétaire général Sahli Bentabet.
L’association Les Amis de l’Islam, qui renaît ainsi en Europe, est également présente à Bruxelles à partir de 1982. Par ailleurs, les activités de la confrérie en Europe (Allemagne, Suisse, Angleterre…) s’intensifient et les relations avec l’Afrique et le Moyen-Orient s’illustrent par des opérations de co-développement. L’intérêt porté aux nouvelles technologies se concrétise avec la création en 1984 de l’Institut Alif. Présent en France et au Maghreb, Alif se consacre à la recherche et à l’enseignement dans le domaine des cultures et des civilisations de l’Islam, notamment par l’informatique et la création d’une banque de données islamique.
Au début des années 1990, après la vente de la zaouia de Drancy, la confrérie se réunit dans la salle de prière attenante au cimetière franco-musulman de Bobigny et les Amis de l’Islam transfèrent leur siège au 6, rue Jean-Baptiste Lecouteux, à Drancy. En 2001, l’Association prend la dénomination d’Association internationale soufie Alawiya (AISA). Le Cheikh Khaled Bentounès, qui parcourt le monde afin de transmettre l’enseignement traditionnel du soufisme., est également le fondateur, en 1990, des Scouts musulmans de France, mouvement ayant son centre national à Noisy-le-Grand. Forts de leurs 2 500 adhérents, les SMF ont pour mission de « contribuer à l’éducation des filles et des garçons » et « d’accompagner les jeunes dans la construction d’un système de valeurs fondé sur des principes spirituels et sociaux et personnels exprimés dans la Loi et la Promesse scoute.
En 2007, à l’occasion du centenaire de la fondation du scoutisme, les SMF ont organisé un événement national, « la Flamme de l’espoir » : un bus sillonnant la France du 13 mai au 1er juillet et associé à la flamme olympique prêtée par le Comité national olympique sportif français fait étape dans plusieurs grandes villes pour promouvoir, spécialement auprès des jeunes, un message d’espérance fondé sur les valeurs nobles qu’offre le scoutisme.
Enfin, le cheikh prend activement part aux réflexions et aux actions concrètes menées autour de l’Islam de France. Nommé membre de la Commission pour l’organisation de la consultation des musulmans de France (COMOR) au début des années 2000 en tant que personne qualifiée, le cheikh Bentounès participe à l’élaboration du Conseil français du culte musulman (CFCM) dont il devient membre à sa création à la fin de l’année 2002.
Présentation et intérêt du fonds
Ce fonds, qui couvre principalement le second vingtième siècle, témoigne plus particulièrement de la présence et de la diffusion en Europe de la spiritualité alawiya, participant ainsi à l’écriture de l’histoire de l’Islam en France et en Europe. Des photocopies de documents d’archives publiques et de périodiques anciens, réunies par les disciples de la confrérie dans un souci de recherches historiques, viennent combler les lacunes des archives des premières décennies que les vicissitudes du siècle ont fait disparaître. Toutefois, quelques originaux de courriers adressés à la confrérie par les autorités françaises en Algérie (gouvernement général de l’Algérie, préfectures d’Alger et d’Oran…) ont été conservés. Bien entendu, les archives présentées ici mériteraient d’être confrontées aux fonds conservés à la zaouia mère de Mostaganem, malheureusement lacunaires eux aussi suite à la saisie par les autorités algériennes en 1971.
Contrairement aux fonds papiers des années 1920-1940 qui font défaut, les premières photographies des Alawi en France datent de 1924, deux ans avant l’inauguration de la Mosquée de Paris. Le premier ensemble de documents concerne les activités des cheikhs, depuis les années 1940, et la vie interne de la confrérie sous les différentes formes associatives et dénominations qu’elle prend en France des années 1960 à nos jours (Association confrérie Alawiya, Amis de l’Islam, AISA). Ces documents renseignent sur la tradition du voyage des cheikhs pour la diffusion de la spiritualité dans le monde. L’enseignement soufie occupe une large place dans le fonds, des Mudhakara et messages adressés par les cheikhs aux disciples jusqu’aux cours dispensés par l’Association les amis de l’Islam ou aux publications de la confrérie. Les archives témoignent également de l’intérêt de la tarîqa depuis ses origines pour le dialogue inter religieux et l’ouverture au monde. Depuis les années 1980, sous l’impulsion du cheikh Bentounès, une attention particulière a été portée à la place de la femme dans l’Islam par le biais de séminaires, conférences et réflexions, dont les textes se retrouvent dans le fonds. Ce dernier reflète également le rôle, depuis une quinzaine d’années, du cheikh dans la vie publique nationale et internationale en tant que représentant d’une voie de l’Islam en France : par exemple son partenariat avec l’UNESCO ou sa participation à la mise en place du Conseil français du culte musulman. Les actions de co-développement, particulièrement à destination de l’Afrique, sont aussi au cœur des préoccupations de la confrérie.
L’alliance entre tradition et modernité qui caractérise la confrérie se retrouve dans les documents relatifs à l’élaboration de bases de données islamiques dès les années 1980 et à la création des instituts Alif dans le monde, instituts de recherche et d’enseignement dans le domaine des cultures et des civilisations de l’Islam par l’informatique.
Par ailleurs, l’ouverture vers la jeunesse occupe une place essentielle au sein de la tarîqa, comme en atteste les documents sur les colonies de vacances Alif, les séminaires pour les jeunes et surtout les archives du mouvement des Scouts musulmans de France créé en 1991 par le cheikh Khaled Bentounès.
Enfin, les activités culturelles réalisées par la confrérie ont donné lieu à la collecte de documents, d’ouvrages et d’images historiques sous la forme de reproductions ou d’originaux. Par exemple, la préparation de l’Exposition sur l’émir Abd el-Kader, présentée dans le monde entier, a permis la constitution d’une riche collection de manuscrits, recueils et documentation. Parmi les autres originalités du fonds, signalons les photocopies de la correspondance du roi du Maroc Mohammed V, en exil à Madagascar, avec Monsieur Flandrin, photographe honoraire de la famille royale à Casablanca.
Le second ensemble de documents, pour l’essentiel conservé à Villejuif, se compose de photographies, ektas et diapositives et de documents audiovisuels. Les photographies donnent à voir l’histoire de la confrérie et des adeptes à travers le monde ; en effet, elles proviennent non seulement des photographes de la confrérie chargés de suivre les conférences du cheikh, les rencontres spirituelles, les temps forts de la tarîqa ou des scouts musulmans de France, mais aussi des disciples qui envoient des photographies relatives aux activités de la confrérie dans leurs régions.
Le patrimoine sonore et audiovisuel, produit et réalisé par la société « lemessage.com » pour la période la plus récente, comprend, d’une part, des enregistrements de musique sacré et de chants soufis, de témoignages de fuqarâ et d’émissions radios auxquelles a participé le cheikh et, d’autre part, des films des conférences du cheikh, des activités de la Tarîqa ou des scouts musulmans.
Historique du traitement
Soucieuse de valoriser son patrimoine, l’Association internationale soufie Alawiya (AISA) et le cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie, ont pris contact avec Génériques au début de l’année 2007. Après plusieurs rencontres, deux déplacements ont été organisés au Bar-sur-Loup (Alpes-Maritimes), au domicile du cheikh où sont conservées les archives papiers de la tarîqa en France et quelques archives historiques sur les zaouïa d’Algérie. Un autre déplacement a été effectué à Villejuif, dans les locaux de la société « Lemessage.com », société de production audiovisuelle de la tarîqa, où se trouvent une partie des photographies, enregistrements sonores et films relatifs à la vie de la confrérie dans le monde depuis les années 1920. Le récolement du fonds réalisé lors de ces trois séjours a permis d’établir un répertoire méthodique provisoire. Suite à ce travail d'inventaire la Tariqâ a sollicité Génériques pour suivre une formation d'initiation à l'archivistique dans le but d'acquérir quelques connaissances élémentaires ainsi qu'une méthodologie en matière de traitement d'archives. De nombreux échanges ont suivi cette session de formation organisée en février 2008 et ont permis de renseigner et compléter les aspects spécifiquement liés à la conservation matérielle, d'une part, et à la gestion informatique des archives, d'autre part. Les personnes ayant suivi la formation travaillent actuellement au classement du fonds et à la rédaction d’un répertoire définitif, notamment dans le cadre de la célébration, en 2009, du centième anniversaire de la Tariqâ.
Hors de France, le patrimoine de la confrérie Alawiya est principalement localisé en Algérie et au Maroc (à Tanger). À Mostaganem, la maison mère de la confrérie conserve des manuscrits, ouvrages et correspondance en langue arabe. Une grande partie des archives de la confrérie a été saisie lors de l’arrestation en 1971 du Cheikh al-Mahdî Bentounès, père de Cheikh Khaled Bentounès. Le contexte politique algérien des années 1980-1990 a également provoqué un éclatement du fonds patrimonial de la tarîqa.
La tarîqa développe plusieurs projets de valorisation de son patrimoine dans la perspective de faire connaître les valeurs universelles de la mystique musulmane. À Mostaganem, elle mène un projet de création d’un musée d’histoire du soufisme. En France, la confrérie porte le projet de création d’une fondation reconnue d’utilité publique qui reposerait sur un enseignement – ouvert à tous – des valeurs universelles, favoriserait les échanges entre les rives de la Méditerranée et mettrait à disposition du public sa bibliothèque, ses collections iconographiques et ses archives.
Source
À la mort de cheikh Ahmed al-Alawi en 1934, la confrérie compte près de 200 000 disciples dans le monde. Adda Bentounès (1898-1952), désigné par le cheikh al-Alawi comme son successeur, devient le chef spirituel de la chaîne initiatique, mais ne bénéficie pas de la reconnaissance de tous. Des disciples de cheikh al-Alawi fondent d’autres tarîqa en Algérie et au Maroc. Malgré les difficultés liées à la succession et à des questions financières, l’enseignement spirituel du cheikh Adda Bentounès rassemble un nombre croissant de disciples. Le cheikh instaure de grands rassemblements des disciples dans la zaouia mère de Mostaganem à l’occasion des fêtes religieuses, les ihtifal. Il assouplit les pratiques quotidiennes des fuqarâ (disciples), ouvrant la confrérie à un plus grand nombre. Il continue de publier la revue Lisan Ad-Din du défunt cheikh al-Alawi jusqu’en 1939, date à laquelle la parution cesse suite à des difficultés financières.
Après-guerre, une nouvelle revue, El Morchid, paraît dès 1946 avant de devenir Les Amis de l’Islam en 1950. Le cheikh publie en 1947 Le Dogme de l’Islam, ouvrage de compréhension de la pratique soufie destiné à un public européen, avec l’aide d’Abdallah Reda, sculpteur français converti à l’islam. En 1948, il fonde l’association Les Amis de l’Islam à Mostaganem, souhaitant favoriser les rencontres spirituelles et inter-religieuses avec les non-musulmans, notamment la population française et européenne présente en Algérie.
Lorsque le cheikh Adda Bentounès meurt en 1952, la tarîqa Alawiya rayonne en Algérie et au Maroc, en France et en Grande-Bretagne et au Proche-Orient. Désigné par le cercle des sages, Hadj al-Mahdî, fils aîné du cheikh Adda Bentounès, lui succède. Il entreprend la rénovation de la zaouia de Mostaganem et y fait construire une nouvelle mosquée. Perpétuant la tradition des voyages instaurée par les précédents cheikhs, il se rend plusieurs fois en Europe où de nombreuses conversions ont lieu. La guerre d’indépendance bouleverse les pratiques de la tarîqa ; les ihtifal sont suspendus. Le cheikh al-Mahdî participe de manière active à l’organisation de la résistance. Après l’Indépendance, le président de la République algérienne Ben Bella lui offre un poste de ministre qu’il décline. Arrêté par les services secrets algériens en 1970, le cheikh Hadj al-Mahdî est mis sous résidence surveillée.
En métropole, l’association confrérie Alawiya est déclarée à la préfecture de police de la Seine le 27 décembre 1960 et l’avis est publié au Journal Officiel du 6 janvier 1961. Les objectifs de la confrérie consistent à « suivre l’enseignement spirituel de Allaouia et contribuer à établir, dans l’humanité, la fraternité ». Son siège social est fixé au 139 avenue Victor-Hugo à Aubervilliers. Après l’indépendance de l’Algérie, les fuqarâ de la région parisienne se réunissent dans un hôtel, 53 rue Jules-Vanzuppe, à Ivry-sur-Seine entre 1965 et 1977.
En 1975, Khaled Bentounès, négociant à Paris, est désigné par le cercle des sages pour succéder à son père le cheikh Hadj al-Mahdî. Après un premier refus, Khaled Bentounès (né en 1949 à Mostaganem) accepte de devenir le cheikh de la confrérie à l’âge de 25 ans. Une ferme est achetée à Jabron dans la Drôme afin d’y dispenser l’enseignement traditionnel soufi. En 1981, l’association fondation islamique Alawiya change son titre pour devenir l’association Les Amis de l’Islam, reprenant le nom de l’association créée à Mostaganem par le cheikh Adda Bentounès. Déclarée à la préfecture de la Seine-Saint-Denis le 20 août 1981, l’association souhaite « œuvrer pour le rapprochement des différentes communautés ; promouvoir l’enseignement cultuel ; organiser des voyages culturels ; aider les pays du tiers-monde » (Journal Officiel n°206, du 8 septembre 1981, p. 7966). Le siège social est alors transféré d’Ivry-sur-Seine au domicile du cheikh Bentounès, 54 avenue Henri Barbusse, à Drancy et une publication, Les Amis de l’islam, reprend dès 1982 l’ancien titre édité des années 1950 à 1961 à Mostaganem. Le président fondateur en est Khaled Bentounès et le secrétaire général Sahli Bentabet.
L’association Les Amis de l’Islam, qui renaît ainsi en Europe, est également présente à Bruxelles à partir de 1982. Par ailleurs, les activités de la confrérie en Europe (Allemagne, Suisse, Angleterre…) s’intensifient et les relations avec l’Afrique et le Moyen-Orient s’illustrent par des opérations de co-développement. L’intérêt porté aux nouvelles technologies se concrétise avec la création en 1984 de l’Institut Alif. Présent en France et au Maghreb, Alif se consacre à la recherche et à l’enseignement dans le domaine des cultures et des civilisations de l’Islam, notamment par l’informatique et la création d’une banque de données islamique.
Au début des années 1990, après la vente de la zaouia de Drancy, la confrérie se réunit dans la salle de prière attenante au cimetière franco-musulman de Bobigny et les Amis de l’Islam transfèrent leur siège au 6, rue Jean-Baptiste Lecouteux, à Drancy. En 2001, l’Association prend la dénomination d’Association internationale soufie Alawiya (AISA). Le Cheikh Khaled Bentounès, qui parcourt le monde afin de transmettre l’enseignement traditionnel du soufisme., est également le fondateur, en 1990, des Scouts musulmans de France, mouvement ayant son centre national à Noisy-le-Grand. Forts de leurs 2 500 adhérents, les SMF ont pour mission de « contribuer à l’éducation des filles et des garçons » et « d’accompagner les jeunes dans la construction d’un système de valeurs fondé sur des principes spirituels et sociaux et personnels exprimés dans la Loi et la Promesse scoute.
En 2007, à l’occasion du centenaire de la fondation du scoutisme, les SMF ont organisé un événement national, « la Flamme de l’espoir » : un bus sillonnant la France du 13 mai au 1er juillet et associé à la flamme olympique prêtée par le Comité national olympique sportif français fait étape dans plusieurs grandes villes pour promouvoir, spécialement auprès des jeunes, un message d’espérance fondé sur les valeurs nobles qu’offre le scoutisme.
Enfin, le cheikh prend activement part aux réflexions et aux actions concrètes menées autour de l’Islam de France. Nommé membre de la Commission pour l’organisation de la consultation des musulmans de France (COMOR) au début des années 2000 en tant que personne qualifiée, le cheikh Bentounès participe à l’élaboration du Conseil français du culte musulman (CFCM) dont il devient membre à sa création à la fin de l’année 2002.
Présentation et intérêt du fonds
Ce fonds, qui couvre principalement le second vingtième siècle, témoigne plus particulièrement de la présence et de la diffusion en Europe de la spiritualité alawiya, participant ainsi à l’écriture de l’histoire de l’Islam en France et en Europe. Des photocopies de documents d’archives publiques et de périodiques anciens, réunies par les disciples de la confrérie dans un souci de recherches historiques, viennent combler les lacunes des archives des premières décennies que les vicissitudes du siècle ont fait disparaître. Toutefois, quelques originaux de courriers adressés à la confrérie par les autorités françaises en Algérie (gouvernement général de l’Algérie, préfectures d’Alger et d’Oran…) ont été conservés. Bien entendu, les archives présentées ici mériteraient d’être confrontées aux fonds conservés à la zaouia mère de Mostaganem, malheureusement lacunaires eux aussi suite à la saisie par les autorités algériennes en 1971.
Contrairement aux fonds papiers des années 1920-1940 qui font défaut, les premières photographies des Alawi en France datent de 1924, deux ans avant l’inauguration de la Mosquée de Paris. Le premier ensemble de documents concerne les activités des cheikhs, depuis les années 1940, et la vie interne de la confrérie sous les différentes formes associatives et dénominations qu’elle prend en France des années 1960 à nos jours (Association confrérie Alawiya, Amis de l’Islam, AISA). Ces documents renseignent sur la tradition du voyage des cheikhs pour la diffusion de la spiritualité dans le monde. L’enseignement soufie occupe une large place dans le fonds, des Mudhakara et messages adressés par les cheikhs aux disciples jusqu’aux cours dispensés par l’Association les amis de l’Islam ou aux publications de la confrérie. Les archives témoignent également de l’intérêt de la tarîqa depuis ses origines pour le dialogue inter religieux et l’ouverture au monde. Depuis les années 1980, sous l’impulsion du cheikh Bentounès, une attention particulière a été portée à la place de la femme dans l’Islam par le biais de séminaires, conférences et réflexions, dont les textes se retrouvent dans le fonds. Ce dernier reflète également le rôle, depuis une quinzaine d’années, du cheikh dans la vie publique nationale et internationale en tant que représentant d’une voie de l’Islam en France : par exemple son partenariat avec l’UNESCO ou sa participation à la mise en place du Conseil français du culte musulman. Les actions de co-développement, particulièrement à destination de l’Afrique, sont aussi au cœur des préoccupations de la confrérie.
L’alliance entre tradition et modernité qui caractérise la confrérie se retrouve dans les documents relatifs à l’élaboration de bases de données islamiques dès les années 1980 et à la création des instituts Alif dans le monde, instituts de recherche et d’enseignement dans le domaine des cultures et des civilisations de l’Islam par l’informatique.
Par ailleurs, l’ouverture vers la jeunesse occupe une place essentielle au sein de la tarîqa, comme en atteste les documents sur les colonies de vacances Alif, les séminaires pour les jeunes et surtout les archives du mouvement des Scouts musulmans de France créé en 1991 par le cheikh Khaled Bentounès.
Enfin, les activités culturelles réalisées par la confrérie ont donné lieu à la collecte de documents, d’ouvrages et d’images historiques sous la forme de reproductions ou d’originaux. Par exemple, la préparation de l’Exposition sur l’émir Abd el-Kader, présentée dans le monde entier, a permis la constitution d’une riche collection de manuscrits, recueils et documentation. Parmi les autres originalités du fonds, signalons les photocopies de la correspondance du roi du Maroc Mohammed V, en exil à Madagascar, avec Monsieur Flandrin, photographe honoraire de la famille royale à Casablanca.
Le second ensemble de documents, pour l’essentiel conservé à Villejuif, se compose de photographies, ektas et diapositives et de documents audiovisuels. Les photographies donnent à voir l’histoire de la confrérie et des adeptes à travers le monde ; en effet, elles proviennent non seulement des photographes de la confrérie chargés de suivre les conférences du cheikh, les rencontres spirituelles, les temps forts de la tarîqa ou des scouts musulmans de France, mais aussi des disciples qui envoient des photographies relatives aux activités de la confrérie dans leurs régions.
Le patrimoine sonore et audiovisuel, produit et réalisé par la société « lemessage.com » pour la période la plus récente, comprend, d’une part, des enregistrements de musique sacré et de chants soufis, de témoignages de fuqarâ et d’émissions radios auxquelles a participé le cheikh et, d’autre part, des films des conférences du cheikh, des activités de la Tarîqa ou des scouts musulmans.
Historique du traitement
Soucieuse de valoriser son patrimoine, l’Association internationale soufie Alawiya (AISA) et le cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie, ont pris contact avec Génériques au début de l’année 2007. Après plusieurs rencontres, deux déplacements ont été organisés au Bar-sur-Loup (Alpes-Maritimes), au domicile du cheikh où sont conservées les archives papiers de la tarîqa en France et quelques archives historiques sur les zaouïa d’Algérie. Un autre déplacement a été effectué à Villejuif, dans les locaux de la société « Lemessage.com », société de production audiovisuelle de la tarîqa, où se trouvent une partie des photographies, enregistrements sonores et films relatifs à la vie de la confrérie dans le monde depuis les années 1920. Le récolement du fonds réalisé lors de ces trois séjours a permis d’établir un répertoire méthodique provisoire. Suite à ce travail d'inventaire la Tariqâ a sollicité Génériques pour suivre une formation d'initiation à l'archivistique dans le but d'acquérir quelques connaissances élémentaires ainsi qu'une méthodologie en matière de traitement d'archives. De nombreux échanges ont suivi cette session de formation organisée en février 2008 et ont permis de renseigner et compléter les aspects spécifiquement liés à la conservation matérielle, d'une part, et à la gestion informatique des archives, d'autre part. Les personnes ayant suivi la formation travaillent actuellement au classement du fonds et à la rédaction d’un répertoire définitif, notamment dans le cadre de la célébration, en 2009, du centième anniversaire de la Tariqâ.
Hors de France, le patrimoine de la confrérie Alawiya est principalement localisé en Algérie et au Maroc (à Tanger). À Mostaganem, la maison mère de la confrérie conserve des manuscrits, ouvrages et correspondance en langue arabe. Une grande partie des archives de la confrérie a été saisie lors de l’arrestation en 1971 du Cheikh al-Mahdî Bentounès, père de Cheikh Khaled Bentounès. Le contexte politique algérien des années 1980-1990 a également provoqué un éclatement du fonds patrimonial de la tarîqa.
La tarîqa développe plusieurs projets de valorisation de son patrimoine dans la perspective de faire connaître les valeurs universelles de la mystique musulmane. À Mostaganem, elle mène un projet de création d’un musée d’histoire du soufisme. En France, la confrérie porte le projet de création d’une fondation reconnue d’utilité publique qui reposerait sur un enseignement – ouvert à tous – des valeurs universelles, favoriserait les échanges entre les rives de la Méditerranée et mettrait à disposition du public sa bibliothèque, ses collections iconographiques et ses archives.
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