Abdelkrim Chalabi - Shahaid & Fatawî (2-2-03)

Parmi les témoins (Shahaid & Fatawî) de Tlemcen (Algérie), Abdelkrim Chalabi Ben Djelloul, né en 1876 et décédé le 14 Février 1933 à l'age de 57 ans. 


Acteur associatif très actif au sein des différents types d'association : trésorier de l'association  la « Tlemcénienne », secrétaire adjoint du Cercle "Les Jeunes Algériens", trésorier de société d'éducation physique etc...,  distingué par la Médaille d'honneur de l’éducation physique (argent, juin 1930), pour services rendus à l'éducation physique. Conseiller Municipal (1922), propriétaire agriculteur, (qu'Allah le comble de Sa Miséricorde).

Les obsèques de M. Chalaby Abdelkrim publié dans "L’Écho de Tlemcen, 14/02/1933".
 
Comme une traînée de poudre, se propageait en ville mercredi matin 15 février 1933, le décès aussi imprévu qu'inopiné de notre ami, Chalaby Abdelkrim, enlevé à l'affection de sa veuve et de sa famille, à l'âge de 57 ans.

Ses obsèques ont eu lieu le lendemain à 13 heures. Elles revêtirent le caractère d'une imposante manifestation de sympathie. Dans le cortège nombreux qui suivait la dépouille de ce brave homme, estimé de tous par sa parfaite droiture, la simplicité, la dignité de sa vie et l'élévation et son caractère, se mêlaient les éléments de toutes les classes de la société : personnalités officielles, notabilités, délégation de sociétés, commerçants, ouvriers, confondus dans le même désir de rendre Un dernier hommage â la mémoire de celui dont tous déploraient la brutale fin.

Le convoi précédé par une délégation de la « Tlemcénienne » dont le défunt était trésorier, drapeau en berne, donnait un cachet des plus imposants.

Au cimetière, ont pris successivement la parole, Mr De Lacour Sous-préfet, qui, en termes précis, souligna le dévouement de Chalaby pendant la guerre à la Sous-préfecture où il rendu de précieux services, à titre bénévole ; l'éloge ne tarit pas moins quant au concours qu'il n'a cessé d'accorder également à la "Soupe Populaire" société philanthropique, dont il était un des membres le plus actif et le plus assidu.

Mr Aubrespic au nom de la « Tlemcénienne » fait ressortir les services appréciables rendus à cette société par le défunt, qui avait rempli les fonctions de trésorier pendant de nombreuses années, tout en exprimant la douleur ressentie par le Comité par cette perte irréparable.

Enfin, M. Chérif, secrétaire au bureau des affaires indigènes à la Mairie dé Tlemcen, au nom du cercle « Les Jeunes Algériens » a clos la série des discours, par une allocution pleine de regrets que nous reproduisons ci après :

Mesdames, Messieurs,

Au nom des Membres du Cercle des Jeunes Algériens, j'ai le triste devoir de dire un dernier adieu à celui qui fut un de nos plus distingués camarades.

Devant cette tombe ouverte pour recevoir la dépouille mortelle de notre fraternel ami Si Abdelkrim Chalabi, vous comprendrez que, comme vous tous, je sois ému au delà de toute expression.

Mais sa vie étant de celles qui sont dignes d'être données en exemple, je n'ai pas reculé devant la triste tâche que je viens d'accomplir.

Qui de nous ne l’a point pleuré depuis hier ? Qui de nous n'a pas devant lui l'image obsédante de cet homme qui avait été un brillant élève d'école coranique et d'école laïque, se fit remarquer dans les Médersas de Tlemcen et d'Alger et qui, devenu homme nous apparaît, ses qualités épanouies, accueillant sans effort, bon, sans hypocrisie, prévenant sans affectation et aimant obliger avec tact ! Et combien était douce, à nous tous, cette atmosphère d'exquise et fière gaieté qu'il répandait autour de lui ! Ah ! Combien nous ressentons le vide laissé par sa disparition soudaine et combien notre cercle pleure le charme de son commerce agréable et auquel nous étions tous extrêmement sensibles !

Je le vois encore subjuguant tous ceux qui l'approchaient par son sourire avenant, ce sourire hérité de son digne père qui, avec des hommes tels que cheikh Abou Bekr, l'Abbé Brevet, le Grand Rabin Bliah et les apôtres laïques Descieux et Duffau avait réussi à faire de lui et de notre génération entière, des hommes capables de vraie tolérance et dignes de vivre unis, sans distinction de races ni de confessions. D'ailleurs l'assistance nombreuse à ses obsèques corrobore mes dires et me fait un devoir de présenter, à tous les non musulmans, si nombreux ici, l'hommage de notre vive gratitude pour cet exemple de sincère affection témoigné à notre pauvre ami et qui restera un symbole des liens qui unissent tous les hommes vivant fraternellement sous l'égide de notre puissante et tutélaire République.

Avec les sociétés de bienfaisance, avec les sociétés sportives, avec les nombreux orphelins peuplant la maison du Muphti et dont il était le père aimant et dévoué, avec l'administration qui avait depuis plusieurs années expérimenté et récompensé son loyalisme agissant son activité désintéressée je m'incline profondément devant la dépouille mortelle de notre ami regretté.

A la famille entière j'adresse nos condoléances les plus attristées et à toi mon cher Abdelkrim en formant des vœux pour la bénédiction de ton âme, je dis non pas adieu mais au revoir !

Nous nous inclinons devant la tombe de l'ami Chalaby et présentons à sa veuve et aux membres de sa famille, nos bien sincères condoléances.




PS : Il se peut qu'il soit le fils Hadj Djelloul Chalabi (1844-1916), grand Mufti de Tlemcen qui autorisa l’exil a été autorisé par une fatwa en 1911.


Références : Gallica

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