Cheikh Alawi - Les pensées ne devraient pas suivre tout courant !

Nous entendons par notre titre, les grandes pensées bien ancrées, aux objectifs bien tracés, opérantes dans des situations difficiles, sans qu’elles ne soient influencées par d’autres, ni qu’elles soient la proie des passions et des courants séducteurs.

Ces pensées qui sont adoptées par la société, avec ses différents types de composant (l'ethnie, le sexe, l'âge et la classe sociale), dans le but de préserver sa particularité parmi les autres sociétés, et aussi afin de ne point disparaitre, comme le rapport du faible avec le puissant, des jeunes avec les anciens, etc.…. ces pensées sont entre autre des traditions déjà établies, et une nature enracinée que l’histoire confirme.

Combien même d’éléments se sont appuyés sur d'autres, et combien de nations ont fusionné, et combien… et combien.... et tout caractère d’une nation n’eut été préservé, avec l’enchaînement de sa particularité à travers les âges et ses variations, que grâce à ses penseurs et ses hauts dirigeants (leaders) qui veillaient jours et nuits, à penser et chercher ce qui est nécessaire à la préservation de l'entité de la nation et de son état d'esprit, tant au niveau des mœurs et éthiques qu’à l’identité linguistique et religieuse. Tel est leur rôle même lors des tempêtes et des catastrophes intensifiées.

On ne devrait pas s’étonner de la disparition des nations faibles et se demander qu’elles en sont les causes, mais on devrait s’émerveiller devant celles où leurs entités sont restés inébranlables malgré leur faiblesse, depuis leur naissance jusqu’à ce jour. Mais cet émerveillement n’aura plus raison d’être lorsque nous saurons que dans toute nation se trouve des chefs à l’autorité suprême, et dans toutes les époques des dirigeants, chose que notre société musulmane dispose nécessairement. C’est vers ces dirigeants que les regards sont dirigés, et les yeux fixés, et les espoirs y sont attachés, les espoirs d’une nation à préserver son entité du déclin et son honneur de la décadence.

Nous savons que la position de ces dirigeants devant les courants houleux de ces temps modernes -et que la nation subit leurs influences- est plus embarrassante que le soldat dans le champ de bataille lors de l'intensification du combat, qui doit avoir besoin d’un courage total et d’une rare habileté qui dépassera toute imagination.

Mais ce qui a envahit la nation n’est pas un seule type d’influence, ni venant d’un coté seulement ou des deux cotés pour que le dirigeant puisse prendre ses précautions et les repousser facilement jusqu'à ce qu’elles cessent, autrement Dieu accomplit son destin et fait ce qu'il veut dans son Royaume, et la question est exprimée par la parole suivante : "S'il y avait une seule flèche j’aurai pu l’éviter, mais il y avait une flèche, deux, trois… et quatre."

Ce que nous pouvons exprimer brièvement, est que l’élément arabe s’est appuyé sur l'élément occidental(1), non seulement avec toutes ses forces, mais sur ses éthiques, ses enseignements, sa civilisation et ses conceptions douteuses, et tout ce qui enchante les yeux, ou dirai-je ce qui lui fait oublier son passé (identitaire). Cela ne s’est pas limité au matérialisme seulement, mais à l'éthique de la nation et ses croyances, c’est ce qui a dérouté et faiblit certains de nos intellectuels et dirigeants. Toutefois le rôle des (vrais) leaders est de rester maitre du navire en toute circonstance, et c’est à eux qu’on a fait allusion au début de l'article, qu’ils ne se précipitent pas à chaque courant, tu les verras ainsi honnêtes et sincères, essayant de traverser une mer agitée sous une nuit obscure, confrontant les ténèbres les uns au dessus des autres, soit ils mènent le navire à bon port, soit ils meurent en martyrs, croyant fort que la mort vaut mieux qu'une vie humiliante.

La position de nos dirigeants actuels, est qu’ils devraient préserver l'entité de la nation et ses croyances. Notre nation est restée arabe et musulmane, et restera arabe et musulmane, a ses mœurs et ses croyances comme chaque nation.

Ce n'est pas un déshonneur si une nation conserve son honneur, mais le déshonneur est que nous essayons de changer notre honneur contre l'honneur des autres, là est bien le déshonneur et la turpitude. Certes, l'honneur a beaucoup de similitude avec l’intimité familière qu’il nous est interdit d’exhiber aux autres, et celui qui essaie d'acquérir l'honneur des autres en sacrifiant son honneur est semblable à celui qui tend ses deux mains à l'eau pensant qu’elle arrivera à sa bouche, mais en vain. Qu’il craint Dieu, son Seigneur, celui qui veut dédaigner l'honneur de sa nation ou jouer avec sa réputation, car je viens désormais de voir son honneur ruisseler de la plume de ses propres fils, les écrivains.


(1). Mot d’origine "oriental" et cela contredit le contenu de l'article.
 
Source : Journal auteur algérien - Les pensées ne devraient  pas suivre tout courant ! N°144 du 22/11/1929.
Pour lire le texte en arabe, cliquez sur ce lien.
Traduit de l'Arabe par Derwish al-Alawi, Les Amis du Cheikh Ahmed al-Alawi

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