Cheikh Alawi – Le Communiqué algérien (Balâgh Jazâïrî)

L’hebdomadaire Balâgh est un journal strictement à caractère islamophile, établi pour un but honorable et une fin solennelle, qui ne fonctionne que de bonne foi et ne défend que le droit sacré. 
Il a pour ambition de devenir à l’avenir une référence en matière de sciences religieuses et d’anecdotes dans le même domaine, validées par des plumes limpides et plus subtiles que la brise.

Il a l’intention de s’acquitter de son devoir religieux et de tout ce qui lui est imposé par son appartenance à la Nation et à la Patrie, d’une façon que l’histoire lui sera un jour témoin, et le voici maintenant grâce à ses éditorialistes sous une forme entreprenante, ce qui nous encourage à prendre plus de soin de lui. Quant à nous, nous ne l’épuiserons pas dans l’immédiat par un travail acharné car nous savons que son devoir est d’attendre que les conditions soient plus propices et que la poussière soit évacuée.

Il a rapidement et en peu de temps été rejoint par des éditorialistes aguerris, [ce qui n’était pas le cas pour d’autres journaux similaires], et s’est entourée de partisans de la classe intellectuelle et de son élite.

L’hebdomadaire Balâgh n’apporte pas injustement de fausses preuves et ne commet aucun affront et ne vise jamais à semer la discorde ou à adopter l'hypocrisie, et ne se permet pas de perturber toutes tendances de l'Islam, et tout ce qui s'y est produit était par nécessité, il n'a jamais été qu'un défenseur des droits de l'ordre divin afin de le préserver. Il considère que toucher à l’honneur de la Nation islamique est chose prohibée au même niveau que d'attenter aux personnes et à leurs biens. Je ne vois aucune innovation dans ce contexte, car c'est l'origine des choses, respectée par toutes les classes et sanctifiée par toutes les écoles juridiques de la Nation islamique sans vouloir dire que c’est l'origine sacrée de toutes les différentes confessions. Est-ce une erreur ou une offense s'il s'est engagé à être une barrière et protéger l’honneur des vertueux de la Nation touchés par des flèches des assaillants, tel est le devoir de tout croyant qui croit en Dieu et en ce qui a été révélé à Mohammed (§).

Certes, certains lecteurs peuvent être agacés, car il leur semble que cela est une perte de temps, utile à l’élargissement de la brèche et à la multiplication des divisions qui n’ont pas profité à la Nation mais ont plutôt agit à la dissolution de ses liens et de sa désintégration. Nous avons cette même vision aussi, mais seraient-ils satisfaits que nous laissons la porte ouverte à la diffamation des justes prédécesseurs, laissant entrer et sortir les prétentieux, tous ceux qui tentés par le diable, d’attenter à leur dignité ou de porter atteinte à leur honneur ? L’un étend sa main aux soufis et l’autre au rapporteurs de Hadîths, et celui-là aux juristes, et celui-ci aux orateurs jusqu’à ce que toutes les classes savantes de la Nation soient touchées par la critique. Où nous mène-il tout cela ?

En plus, qu’est ce qui nous garantit que ce courant ne s’attaque pas aux compagnons en personnes ? Car ces personnes condamnent l’existence même des fautifs parmi eux ! Il suffit ce que l’histoire nous ait rapporté et qui n’a pas besoin d’être étendu ici, le fait qu’il n’ya pas une seule classe qui n’ait observé de la négligence de la part de ses semblables (qui l’ont précédées) et leur imputer la responsabilité d’introduire dans la religion ce qui n’est pas d’elle, et il n’en est ignorant de cela que celui qui consulte peu leurs écrits.

En conséquence, être tolérant envers ceux qui ouvrent la porte de la diffamation envers les différentes classes savantes de la Nation et envers n'importe quelle école juridique ne nous est pas utile, mais sera une marée qui dévastera tout le monde, autrement la spécialisation dans ce domaine sans expert devient une tyrannie non pas un jugement fondé juridiquement. D’ailleurs, y a-t-il un avantage que nous attendons à ouvrir cette porte que la Nation a unanimement fermé depuis des siècles ?

Qui se considère-il comme compétent pour que la Nation y mette sa confiance en lui après l’avoir ôté des pieux prédécesseurs qui ont fait tant d’efforts d’interprétations ? Qui se considère-il aujourd'hui comme la balance de la justice et une référence juridique majeure qui incarne ses arguments d'une manière à nous éclairer et qui soient plus claires que les arguments des prédécesseurs ?

Certes, l’un pourrait dire que dans tout cela nous nous limiterons qu’aux Livre de Dieu et à la tradition prophétique (Sunna) du Messager de Dieu (§), mais sait-il que ce qui est subdivisé des différentes écoles juridiques ne provient pas de nulle part mais bien de ces deux références et pourraient être complétées par le travail de compréhension des prédécesseurs. Chaque érudit qui emploi un effort de compréhension saisit de ces deux références ce que lui permet son entendement, et selon la limite de son savoir en estimant que cela est d’abord un acte de foi pour lui-même sans qu’il ne nous oblige à le suivre. Mais Dieu nous oblige à avoir une bonne opinion sur ces érudits et a clôturé pour nous la porte de la diffamation envers la communs des croyants ainsi l’élite devrait être encore plus invulnérables.

Nous sommes obligés par ordre de Dieu de ne parler d’eux qu’en bien, et celui qui ne se tient pas à cet ordre, il réalisera plus tard le préjudice qu'il a commis, s'il aurait manqué de le savoir ici bas, il ne le manquerait pas dans l’au-delà, parce qu'il a boycotté le lien que Dieu a ordonné d'établir entre les prédécesseurs et les successeurs de la Nation selon le verset suivant : « Et à ceux qui sont venus après eux en disant: Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu'à nos frères qui nous ont précédés dans la foi; et ne mets dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont cru. Seigneur, certes Tu es Compatissant et Très Miséricordieux » S.Hachr-V10.

C’est ce que Dieu a ordonné à ses créatures de dire à l’égard des prédécesseurs, et c’est la ligne de conduite que l’hebdomadaire al-Balâgh a adopté et s’en sert en argument dans la voie du salut, et pour l’intérêt de la Nation et son bienêtre ne tolère aucune dévaluation des prédécesseurs ni de nuire à aucune école juridique tant que tout le monde est uni par la parole de l’allégeance (l’unité de Dieu), l’établissement de la prière, l’impôt légal, et du jeûne Ramadan et le pèlerinage à la Mecque bien qu’il ait des différences dans les ramifications. Je pense que c'est quelque chose que la Nation ne peut s’unir sans elle (cette ligne de conduite), ceci est un conseil pour celui qui voit la nécessité de l’union dans le cercle de l'intérêt général.

Quant aux matières d’ordre et de prohibition, elles se limitent à deux points : ordonner le bien et avertir contre le mal. Le bien et le mal sont ceux qui ont unanimement été reconnus par l’ensemble de la Nation. Quant aux questions qui divergent c’est celles que Dieu a bien voulu ne pas les évoquer par Miséricorde pour nous, non pas par oubli. Ainsi il convient à la Nation de faire preuve d’effort et de dresser le bien qui a été unanimement reconnu, comme elle se doit de briser le mal qui a été unanimement reconnu, ensuite elle tolère ce qui est exclu de ces deux matières jusqu’à ce que la Nation soit liée les uns aux autres, que les rameaux rejoignent leurs origines et tirent les informations de leurs propres sources, ainsi le savoir sera la fin et l'objectif par lequel la tâche se fera en peu de temps contrairement à notre labeur inutile sans lui dans le long terme.

C’est ce que notre hebdomadaire al-Balâgh considère comme admissible, si c’est juste c’est grâce à Dieu, et si nous avons tort les fautifs en sont nombreux, mais je prie Dieu de nous protéger contre l’action délibérée.


Source : Journal al-Balagh al-Jazaïri. N°19. 06/05/1927. Le Communiqué algérien (Balâgh Jazâïrî).

Pour lire le texte en arabe, cliquez sur ce lien.
Traduit de l'Arabe par Derwish al-Alawi, Les Amis du Cheikh Ahmed al-Alawi

Commentaires