Cheikh Alawi - L’effet nocif du long terme !

Il a été révélé explicitement dans le saint Coran que l'étendue des siècles et l’écart qui sépare de la période de la révélation et de la mission prophétique est propice au durcissement du cœur, favorable au fait de se soustraire à ses obligations, aux ordres divins et à la tradition prophétique, et affaiblit l’évidence des promesses divines et ses avertissements, ce qui a nécessité à la sagesse divine et l’a conduit à cette règle de renouveler la mission prophétique et des messagers, jusqu’à ce que Dieu nous a gratifié par le sceau et l’ultime prophète (§). Nous sommes satisfaits de cette considération, mais nous craignons que nos cœurs ne soient endurcis en raison de l'étendue des siècles et l’écart qui nous sépare du temps de la révélation. C’est ce que ressent n’importe quel être humain, peu importe la période qui le sépare de quelque chose dont il était sous son influence.

Je dois aborder ici une question qui a été posée et qui doit être digne d’être examinée, elle était d’un des grands savants à un des sages de l’Islam (il est fort probable que Cheikh Alawî mentionne sa personne sans se nommer par modestie). Il voyait que ce sage était capable d’extraire les joyaux de leurs coquilles et des trésors de leurs minéraux, alors qu’en revanche, il observait la léthargie religieuse régnante dans les autres couches de la nation islamique et se demandait quelles en sont les causes, sans parler de certains fidèles qui manifestent l’athéisme et commettent divers types d’immoralité ... chose qui se propage et que notre passé n’a nullement connu.

Le sage lui a répondu qu'il était au courant de l'existence de tout cela et plus encore, mais il ignorait la raison et il ne pouvait donc démontrer la nature de la faille, mais le savant n’était pas convaincu par cette réponse.

Le sage a ajouté : je lui ai promis de l'informer plus tard, peu importe de ce que je serai inspiré par Dieu à ce sujet.

Il a poursuivi : Après qu’un certain temps fut passé, alors que j'errais sur la raison de la faille de cette léthargie qui s’empire et qui n'était pas une coutume chez les enfants de l'Islam en plus des variantes immoralités qui se sont répandues parmi eux, au point que certains ont manifesté quelques aspects d’athéisme et de vanité, chose qui a bouleversé beaucoup de gens, à croire qu’ils n’étaient pas les mêmes (musulmans) au passé proche, alors que l'avenir nous reste encore inconnu.

Je suis resté dans cette état de réflexion, tantôt en interrogeant ma conscience (dhamîr), tantôt en apostrophant mon émotivité (wijdân), jusqu’alors qu’il m’est venu à l’esprit de comparer la période qui sépare la révélation de la Torah aux descendants d'Israël à la révélation du Tout-Puissant à Mohammed (§) à leur sujet. Allah dit : « Ceux-ci trouvèrent le temps assez long et leurs cœurs s'endurcirent, et beaucoup d'entre eux sont pervers », S.Hadîd-V16, c’est-à-dire combien de temps a fallut et qui a conduit au durcissement du cœur -que Dieu nous en préserve- en allant jusqu’à la débauche. J’ai découvert qu’il correspond, à peu près, à la même période qui est entre nous (qui vivons au 20ème siècle) et la révélation du Coran à Mohammed (§). Je fus saisi, par Dieu, d’un terrible frisson lorsque cette inspiration ait contenu tout mon cœur jusqu'à perdre la raison, mais la chose qui a soulagé cet impact sur mon cœur est Sa parole : « et beaucoup d'entre eux sont pervers » puisque le verset comprend une exception, donc une minorité.

En tout cas, le désespoir a failli m’envahir et j’ai constaté en moi-même quelque chose que je ne ressentais pas avant ce jour, je commençais à croire toutes les (mauvaises) nouvelles qui me parvenaient sur les enfants de l’Islam que j’excluais auparavant, et je suis resté convaincu qu’une très longue période qui sépare d’un événement (important) mène forcément à l’oubli, et le long terme l'abolit, et peut-être même qu’il devient à l’opposé de ce qu’il incarnait.

Les descendants d'Israël étaient qualifiés au début de la révélation de la Torah par les meilleurs (serviteurs) du monde, et à la fin de cette époque, ils ont été présentés que « beaucoup d'entre eux sont pervers », et il n'y avait aucune autre raison à cela, à ce qu’il paraît, seulement le long terme qui a conduit, selon le Coran, à la dureté de leurs cœurs -que Dieu nous en préserve-, et c’est la raison par laquelle on a été surpris d’entendre les nouvelles tragiques, et l’effet du choc nous a mis dans un mutisme total au point qu’on entend que les enfants de la confession Ahmadite se moquent de leur religion et dédaignent leur loi. Malheureusement ce mouvement est en marche et la tâche suit son cours et les gens varient selon leur couches et le champ est désormais libre à tout venant : les néophytes (débutants dans les études religieuses) critiquent les doctrines et les doctes, les médians (qui sont à mi-chemin dans leurs études) critiquent les Hadîths et les rapporteurs de Hadîths, et les formés (qui ont terminé leurs études) critiquent l’unicité (tawhîd) et les unitaires (muwahidines).

Tous ceux-là font partie du cercle de ceux qui appartiennent à l'Islam et qui sont considérés comme des musulmans parmi la masse.

Dis-moi, par Dieu, toi qui réfléchi encore, y a-t-il une autre raison que le long terme qui nous a enfermés et nos enfants dans l'apathie et le manquement au devoir, chose qui s’est avérée évidente ? Et supposant qu'il y ait d'autres raisons, existe-t-il un remède pour faire face à ces préjudices et fermer les brèches à ces dangers ? Ou Dieu a-t-il décrété le même sort à cette nation dans sa religion que les précédentes qui ont été réduites à néant. Par Dieu, c’est une chose qui écrase le cœur et sa touffeur ramollit le fer.

Certes, nous ne désespérons pas de l'Esprit de Dieu, mais nous ne devons pas être confortés face au stratagème de Dieu, « Seuls les gens perdus se sentent à l'abri du stratagème d'Allah », S.Aarâf-V99, surtout que les événements consécutifs sont à venir et les dégâts dévastateurs n’en sont pas loin.

Que nos savants soient clairvoyants et nos écrivains attentifs et qu’ils viennent au secours de leur nation tant qu’il reste en elle quelques veines spirituelles qui palpitent encore avant que n’arrive le jour ou il n’y a pas lieu de retour. S’il ne leur est pas possible de résister à ce courant monstrueux et destructeur, il leur est possible d’entraver au moins sa progression, et cela fait partie du travail commun car nous avons déjà vu que chaque type œuvre selon son espèce.

Chers savants, « Œuvrez, car Allah va voir votre labeur, de même que Son messager », S.Tawba-V105, et nous nous exécutons en même temps que vous. Ne vous souciez pas si votre entreprise portera ses fruits ou pas, car votre mission est de communiquer le message (Balâgh).


Source : L’effet nocif du long terme ! Journal al-Balagh al-Jazaïri. Numéro 30 du 29/07/1927
Pour lire le texte en arabe, cliquez sur ce lien.
Traduit de l'Arabe par Derwish al-Alawi, Les Amis du Cheikh Ahmed al-Alawi

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