Cheikh Alawi - La religion est caution de bonheur dans les deux mondes

Si tout être sensé examine attentivement les enseignements de notre saine religion (dine hanif) et évalue ses lois d'un point de vue philosophique, dira bientôt que la réforme du monde et sa réorganisation d'une façon sage qui inclut toutes les bénédictions ne sera possible que par le biais de cette religion saine, puisqu'il aurait constaté avec certitude le lien étroit qu'elle doit avoir avec la justice ('adl) et la bienveillance (ihsân).

Cette justice donc et cette bienveillance, que les hommes, quels que soient leur divergence au niveau culturel, de la langue et de la patrie, ne seront bien organisés que sur la base d'un seul schéma qui inclut leur intérêt immédiat et future, qui comprend ces deux vertus : la justice et la bienveillance !  Je dirai plus, qu'il n'y avait jamais eu et il n'y aura pas de vie urbaine, civile et humaine aussi stable, ainsi que les états n'observeront une stabilité durable que par son biais. 

Si tu demande à l’évidence ou à l'histoire, quelle est la raison de l'élargissement du cercle du pouvoir et sa continuité dans le temps et la cime de sa gloire ? Quelle est la raison de l'étendue de l'urbanisme et son évolution dans le temps ? Quelle est la raison de la confiance mutuelle, des rencontres fructueuses, des correspondances et de l'entente entre des humains, qui sont différents les uns des autres dans leurs cultures et leurs langues ? Quelle est la raison de l'évolution de la nation du fond de l'humiliation et de l'extrême pauvreté au firmament de la splendeur et de la richesse ? Ils te répondront : « la justice et la bienveillance » ! Certes ces deux vertus ont été exposées dans le saint Coran et révélées au prophète Mohammed (§) et qui d'ailleurs ont été révélées dans tous les livres célestes aux messagers d'Allah, paix à eux, car les lois célestes sont la ligne politique que Dieu a voulu pour ses créatures, puisqu'Il ne commande à ses serviteurs que ce qui leur est bénéfique dans l'immédiat et dans le futur, et ne leur interdit que ce qui les nui. 

Donc, la présence de la justice et de la bienveillance au sein d'un pouvoir politique refoule l'injustice et l'abus de pouvoir jusqu'à leur déclin afin de préserver le fondement sur lequel s'est posé ce pouvoir reconnu pour sa justice et sa bienveillance tant que la justice domine afin de laisser le champ libre à la pratique nécessaire de la ligne politique divine pour l'intérêt général des créatures de Dieu.

Ensuite, le pouvoir se renforce et l'urbanisation progresse par l'augmentation du nombre des habitants en raison des commodités apportées à ceux qui choisissent d'y vivre dans une des cités parmi les partisans et les nationaux et les immigrants venus d'autres pays attirés par la justice et la bienveillance, ce qui s'ajoute à la sécurité et au bien-être de la patrie et à ce qu'elle peut acquérir des bienfaits matériels et morales.

En somme, les nobles qualités et le civisme des administrés dépendent de l'exemplarité de leurs politiciens et dirigeants comme la santé dépende du tempérament, ainsi la grandeur d'un pouvoir dépende de la justice et de la bienveillance comme la solidité les murs qui dépendent de leurs fondations. Ainsi sera la réponse de la réalité ou de l'histoire si tu leur pose une question brillante et y attestent si tu médites avec lucidité.

Parmi les qualités de la bienveillance recommandées pour chacun, qu'il soit administrateur ou administré, homme ou femme... éduquer l'âme et l'habituer aux bonnes mœurs, l'obliger à apprendre les sciences utiles pour qu'elle prenne conscience de son devoir et ses obligations, que ce soit au niveau temporelle ou spirituelle.

C’est aussi la sincérité ou l’honnêteté appliquée dans les obligations que la conscience de chacun exige, que ce soit envers Dieu ou envers les frères dans la religion ou dans l’humanité ou même envers la nation. Il faut s’appliquer dans les actes obligatoires envers Dieu d’une façon parfaite ne désirant par elle que rendre grâce aux bénédictions accordées, et ne voulant que la satisfaction du Tout Puissant. Il faut aussi traiter les frères croyants et le reste des êtres humains selon ce qui est exigé par la religion et par l’humanité, les soutenir par les moyens moraux et matériels, que ce soit en argent ou en conseil, et ne viser par ces grâces que mettre en pratique les vertus de la religion et de l’humanité. Enfin, il faut servir la nation d’une façon qui la satisfasse non pas à nourrir ses propres intérêts sauf si la personne est vraiment un membre solide du corps de la nation (et son intérêt va à l’intérêt de la nation) !

Telle est la réalité de la sincérité ou l’honnêteté qui est la seule recevable à appliquer ! 

La raison qui a nécessité la politique législative de Dieu à instaurer ces lois, est de toute évidence au profit de la personne qui consacre son être à divers types de bienfaisance et s’empêche à faire du mal, quelle que soit sa nature. De s’efforcer à acquérir le savoir nécessaire et bénéfique dans sa vie temporelle et spirituelle. À faire le bien envers les autres avec bonté et générosité en dépensant de son propre argent et en leur enseignant de son savoir. À être bienveillant envers sa nation en défendant énergiquement ses intérêts.

A chaque fois qu’il lui est possible de faire des actes de bienfaisance, il verra les bonnes conséquences devant lui (dans l’au-delà) de façon exponentielle en plus de ce qu’il verra dans la vie ici-bas l’attachement des personnes envers qui il a été généreux et apporté son aide selon ses capacités, sans parler des honneurs qu’il recevra de sa nation au cours de sa vie et après son décès, un honneur associé à une prière sollicitant la miséricorde de Dieu et la paix à son âme.

Si la personne ne fait pas ce qu’il lui requit de faire, il verra bientôt les conséquences de son attitude, « Quiconque fait une bonne œuvre, c'est pour son bien, et quiconque fait le mal, il le fait à ses dépens, ton Seigneur, cependant, n'est point injuste envers les serviteurs ». S.Fossilat, V46. Telle est le langage de l’évidence à qui souhaiterait l’entendre et apparait à celui qui aimerait la voir. Si tu demandais à la réalité quelle est la raison du versement du sang (des innocents) et le vol et le détournement des fonds publiques et privées, et la propagation des abominations et du mal en général ainsi que de tout ce qui est généré qui soit à l’opposé des enseignements religieux et de la nature humaine saine, elle te répondrait c’est à cause de l’injustice et de l’oppression de la part de la classe dominante. Il est bien entendu, comme on le sait et qu’on le voit, que l’intégrité de la population dépende de l’intégrité de leurs chefs et dirigeants, comme dépendent les membres vitaux d’un corps au tempérament, ainsi les administrés corrompus sont influencés par leurs administrateurs corrompus.

Même si parmi la population se trouvent des personnes honnêtes qui prônent le bien et avertissent du mal, leur impact n’aura pas l’effet tant désiré, car leurs prêches ne comportent pas le caractère de la contrainte et de la compulsion pour faire craindre les injustes, cependant certains de ces derniers usent dans la mesure du possible de ce caractère. Donc ces personnes honnêtes, leur influence ne sera pas à la hauteur de ceux qui préfèrent la contrainte et la compulsion, et cet état de fait pourra s’éterniser en l’absence d’un homme juste qui usera du pouvoir afin d’interdire le mal, tout le mal ou en partie, en instaurant certaines sanctions. A défaut, il nous sera malheureux d’assister impuissants au repli du bien et à la propagation progressive de la corruption jusqu’à ce qu’on constatera un jour que rien n’est en accord avec la religion et à la nature humaine saine, que Dieu préserve la destinée de l’Islam !

Mais il n’y a pas de mal ni de peur pour l’Islam tant que demeurent ceux qui se sacrifient pour lui parmi ses fideles, les sages, les bien-guidés, et aussi ceux qui le respectent parmi ses frères européens, en particuliers les orientalistes que leur humanisme leur a dévoilé ses bonnes mœurs et sa morale éducatrice, sa discipline et ses réformes, ce qui les a poussé à l’aimer et à le respecter. Contrairement à certains de ses propres enfants dissipés qui le considèrent comme une religion arriérée emplie de fausses illusions et de légendes, et répètent ce que les inspirations diaboliques leur dictent et ce que leurs âmes bestiales les stimulent et ce qu’ils ont recueilli de sophismes des étrangers. Ils abjurent désormais leur religion, l’Islam, individuellement et conjointement, lorsque leurs estimés ancêtres l’ont adopté collectivement et par son phare flamboyant étaient déterminés à guider les humains, et les voilà aujourd'hui qui quittent peu à peu ses rangs et esquivent ses croyances et ses habits là où se trouvent les personnes qui ne font parti ni de ceux qui le quittent, ni de ceux qui l’adoptent. Ils troquent son habit concret et spirituel par son contraire, ils sont allés aussi loin que tu les verras dans une position qui ressemble au corbeau qui s’est engagé à imiter l'allure de la colombe, non seulement il perdra l’allure héritée de ses ancêtres, mais il n'aura ni l’allure de la colombe ni celle de ses ancêtres et comme cela semble devoir se réaliser.

Voyez, que Dieu vous bénisse, dans quelle condition se trouvent les enfants contemporains illuminés de l'Islam, pourquoi ils ruinent leurs foyers de leurs propres mains et les mains de la racaille qui les traquent parmi tous les malhonnêtes. Ils imitent chaque chuintant et danseur à chaque rythme. Ils désirent construire vainement un édifice contre les aléas de la vie au lieu du précieux édifice de leurs estimés prédécesseurs qui s’étaient consacrés à le bâtir de toutes leurs forces par de solides fondements et élever des phares dans un monde devenu sens dessus dessous, et par des enceintes protectrices jusqu’à ce qu’il devienne un abri pour ceux forcés de fuir l’injustice, pour les fugitifs, et une protection pour les déshérités. Mais il reste toujours debout sur ses solides piliers et sa quintessence n’a été nullement affectée par les siècles qui ont suivi. Il n’a été nullement secoué par les pics des coutumes et les natures contraires, ni par les autres confessions qui le combattent. Par Dieu, ils n’arriveront jamais à réaliser leurs infâmes tâches tant qu’ils œuvrent contrairement aux enseignements de leur inusable religion et continuent de l’abjurer et désavouer les règles de la généralité des croyants sur lesquelles ils s'étaient basés.

Voyez, que Dieu vous bénisse, leur manque d'esprit, ils ont essayé d'entrer dans les demeures de la gloire et d’honneur sans la clé de l'Islam, ces demeures qui leur ont été fermées pendant longtemps alors qu’elles s’étaient ouvertes à leurs glorieux et majestueux ancêtres qui conquirent le monde en quatre-vingts ans pendant que Rome en a mis huit siècles.

Qui ne croit pas que l’islam est le système central des sciences humaines et le grand lien entre les éléments opposés et tous les humains, qu’ils soient différents dans leurs éthiques, leurs coutumes et leurs langues, aux pays éloignés les uns des autres. Qui ne croit pas que l’Islam est l’esprit de la vraie civilisation et le fondement de toute urbanisation et matière de toute vie liée au savoir, à l'orientation et aux réformes en termes d'enseignements et de discipline et d'éducation et de comportements pour ses enfants, ainsi que sa justice et sa bienveillance envers ses adeptes ?

Tous ceux qui sont humanistes et idéalises, nous croyons qu’ils font partie de cette catégorie de gens islamophiles, avec une conviction ferme qu’ils existent et qui découle de la preuve la plus solide.

Contrairement à ceux qui ont été atteints par leur hostile sort parmi ses enfants qui ont dévié de sa discipline qui encadre les règles et les convenances, préférant un mode de vie différent, et ceux-ci forment le premier groupe. Le deuxième groupe, qui par leur ignorance et l’opacité de leurs esprits refusent toute idée de s’engager dans sa voie, négligents ce que Dieu et son messager leur recommandent, allant à contre sens en privilégiant les passions de leurs âmes contraires à la religion et à la nature humaine saine, par un engagement qui pourrait les mener complètement au renoncement total aux principes religieux.

Ces deux groupes ne croient pas aux éminentes qualités de la religion ni à ses caractéristiques et avantages uniques.

Le premier groupe estime que la religion est le plus grand obstacle pour que leurs enfants aillent de l'avant, et une barrière pour eux d’atteindre leur bonheur terrestre en adoptant les éthiques de ceux qui ne croient à aucune religion et dont l’esprit humanitaire leur fait défaut, ils préfèrent être vêtus d’une façon qui soit contraire à la décence et à la nature innée de l’Islam et même de ceux qui conçoivent les choses avec raisonnement.

Quant au deuxième groupe, la raison est l'instabilité de la foi de l'Islam dans leurs cœurs. S’ils avaient compris les avantages de l'Islam et ses grandes qualités, ils ne l’auraient pas laissé derrière eux en abandonnant les bonnes actions et l'initiation dans les sciences juridiques qui encadrent les différents types d’actions. A Dieu ne plaise que la religion musulmane soit à l’image faite par ses adversaires égarés et trompeurs, en stipulant qu’elle empêche par sa nature ses adeptes à aboutir au niveau de progrès que les autres nations ont atteint. Que l’Islam soit exalté de ce qu’ils décrivent injustement à son sujet, et ne peut en imaginer ainsi que les esprits incultes ne sachant rien de ses principes et ses objectifs les plus nobles, ils méconnaissent l’histoire de ses savants dans les diverses sciences qui ont été célébrés pour leurs contributions au progrès de la science en général. Mais seulement ces individus abjects qui le déconsidèrent et qui taisent ses commandements, lui imputent ce qui est contraire à ce qui a été décrit dans sa brillante histoire, comme les réformes dans toutes les disciplines et l’orientation vers les bonnes éthiques par la bonne éducation et la montée en puissance de ses enfants dans les hautes cimes de la connaissance et le savoir.

Par Dieu, dites-nous dans quel livre ou dans quelle tradition avez-vous trouvé une loi qui empêche le devoir d’aller vers le progrès et la renaissance pour que nos enfants puissent apprendre les sciences de la civilisation et de l'urbanisme, au point que vous disiez, et avec une misérable logique : la religion rend ses adeptes vulnérables…, et bien d’autres diffamations de ce type sur la religion de Dieu, sans aucun fondement ? Si vous affirmez que dans le Coran et la Sunna, certaines dispositions exigent l’inaction dont les conséquences sont la décadence et la régression, je déclare que le Coran et la Sunna témoignent que vous êtes des menteurs puisque vous n’avez rien compris au sens ni à la sémantique de ces dispositions. Si seulement vous étiez informé sur la ligne politique de Dieu, cette ligne de conduite divine à suivre, qui ressort de son Livre onéreux et de la Sunna de son Prophète (§), vous verrez que l’Islam est le plus grand réformateur et le guide unique pour ses adeptes sur ce qui est temporel et spirituel. Qu’il est l'instructeur de ses enfants qui les fera surpasser tous les autres enfants au niveau des sciences à condition qu’ils les mettent en pratique. Qu’il les élève au plus haut niveau de la connaissance, peu importe leur degré de conformité à ses exigences.

Pensez-vous que la religion à laquelle vous attribuez la décadence et la régression de ses enfants est celle qui est coutumière pour les opportunistes qui combattent leurs frères dans la patrie, dans la culture et la langue pour seul but de s’emparer du pouvoir et d’avoir le contrôle sur eux par la tyrannie ?

Ou pensez-vous que la religion est celle qui est répandue parmi les prétendus de la noblesse (chérifienne) en exhibant le noviciat et des prédictions afin de gagner l’opinion publique et bien d’autres sortes de supercherie pour soustraire l’argent des gens ?

Non, alors non ! S’ils étaient musulmans vraiment, ils seraient intransigeants envers eux-mêmes par rapport à leur religion et durs comme fer, ils seraient en accord avec le système de leur religion saine, unis à tout ce qui lui la satisferait d’une union serrée, au point que l’un d’eux ne quitte cette union qu’en se séparant de ce monde, comme c’était le cas de ses libres prédécesseurs. Toutefois nous ne condamnons pas tout le monde car il devrait y avoir les justes qui subsistent parmi la communauté qui ont la fonction de guides et de réformateurs selon leurs possibilités, « afin qu'Allah parachève un ordre qui devait être exécuté », S.Anfal, V44.

Ces justes qui subsistent sont ceux que le grand réformateur et le savant le plus célèbre, le Prophète Mohammed (§) a dit à leur sujet : « Il ne cessera d'y exister un groupe de ma nation qui exprimera manifestement la vérité, ceux qui les trompent ne peuvent les nuire, jusqu'à ce que le décret de Dieu arrive les trouvant toujours ainsi ».

Que Dieu m’accorde le vœu de faire partie de leurs héritiers assermentés ainsi que mes frères dans la foi pour la mort et pour la vie.

Source : La religion est caution de bonheur dans les deux mondes ! Journal Balagh Jazaïri. N°68, 69 du 04 et 11/08/1928
Pour lire le texte en arabe, cliquez sur ce lien.
Traduit de l'Arabe par Derwish al-Alawi, Les Amis du Cheikh Ahmed al-Alawi

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