Cheikh Alawi - son enseignement vivant sur la voie spirituelle

Parmi les nombreuses paroles orales du maître soufi Cheikh Ahmed Alawi — que Dieu sanctifie son secret — certaines ont été fidèlement rapportées par son disciple Mohammed Ben Bachir Jaridi. Elles reflètent la profondeur de son éducation spirituelle et la sincérité de son approche dans l’accompagnement des chercheurs de Vérité.

Lors de ses assises avec ses disciples, il disait souvent : 

« Mes chers compagnons, si l’un de vous se rend compte qu’il a tiré un réel profit de notre voie, que son cœur s’est rapproché de Dieu, que son état intérieur s’est élevé, alors Dieu seul le jugera s’il décide de nous quitter pour suivre un autre maître... Mais si quelqu’un est resté dans le même état que le jour de son arrivée, sans avoir bénéficié en quoi que ce soit de notre compagnie, alors Dieu le jugera également s’il persiste à demeurer parmi nous, car la condition essentielle pour suivre un maître est d’en tirer profit... Et si l’un de vous trouve un maître dont la science et l’enseignement sont plus savoureux que les nôtres, qu’il nous en informe, afin que nous puissions tous le suivre. » (1)

Cette déclaration, à elle seule, témoigne de la grandeur d’âme du Cheikh Alawi, de sa liberté intérieure, et de son attachement non pas aux formes, mais à la réalité spirituelle.

L’anecdote suivante du disciple à la belle barbe : on rapporte également qu’un disciple, après de longues années passées auprès du Cheikh, vint se plaindre :

- « Maître, voilà trente ans que je suis à vos côtés, et mon état spirituel ne s’est pas amélioré. »

Il exprimait par là son regret de ne pas avoir accédé aux stations intérieures qu’il espérait atteindre.

Le Cheikh, avec douceur et lucidité, lui répondit :

- « Cela fait trente ans, cher monsieur, que vous accompagnez votre barbe. » (2)

Allusion pleine d’ironie spirituelle, destinée à rappeler à ce disciple que la simple proximité physique avec un maître ne suffit pas. Ce n’est pas en conservant les apparences, ni en entretenant avec zèle sa barbe, qu’on avance vers Dieu. Seul le travail intérieur sincère et l’abandon de l’égo ouvrent les portes des vérités spirituelles.

Sources :

(1) Journal Balagh Jazaïri, n°73, année 1928
(2) Transmissions orales rapportées sur un des forums soufis.

Commentaires