Congrès religieux de la confrérie Bouzidia-Allaouïa - Oran républicain 13/09/1949

La Confrérie de notre ville a célébré avec ferveur son congrès annuel, congrès qui a rassemblé plusieurs milliers d'adeptes venus des coins les plus reculés d'Algérie, du Maroc, de Tanger, du Riff, de Cardiff. Plusieurs européens convertis à la religion musulmane et même un américain de San-Francisco, assistaient à ce congrès purement religieux.

L'origine de la confrérie remonte au loin. Le Cheikh Sidi Hammou El Bouzidi avait comme disciple Hadj Ahmed ben Mostafa Benalioua. Charmé et captivé par la haute intelligence de son élève préféré qui s'était voué corps et âme à la défense de la religion du Prophète, il devait le désigner comme son successeur spirituel.

Hadj Hamed effectua de nombreux voyages d'information qui lui permirent d'acquérir des connaissances plus vastes sur les beautés et les misères de l'humanité. En Algérie, en Tunisie, aux Maroc français et espagnol, en Egypte, en Syrie, aux Indes, partout où le Coran s'est implanté, les lumières de ce savant ont éclairé beaucoup de cerveaux. Son influence chaque jour plus grandissante a fait de lui un Saint. C’est à la mort de Sidi Hammou qu'il fut désigné comme chef. Une mort brutale l'enlève à ses frères en juillet 1934.

Sidi Hadj Adda Bentounès lui succéda et depuis cette date continue À diriger avec sa haute compétence la magnifique confrérie : il n'a cessé depuis à mériter toujours et de plus en plus la confiance qu'ont mis en lui ses dizaines de milliers d'adeptes.

LE CONGRES

Une cour immense, une assistance évaluée de 5 à 6.000 adeptes, des invités européens et musulmans par centaines. Des prières rituelles sont largement diffusées par des haut-parleurs au-dehors où stationne une oule immense.

Un comité de réception comprenant MM. Bentria, Habib Bensmain, Benmansour, reçoivent à l'entrée : MM. Freund, sous-préfet, Lemoine, maire et délégué à l'A.A. Gibaud, conseiller général et l’adjoint ; Lusinchi, procureur ; Boukheloua, délégué à l'Union Française ainsi que de nombreuses personnalités civiles et militaires.

Deux imans prennent place au micro : Si Menouar Bentounès, de Mostaganem et Cheikh Hassan (Baghdadi), de Tlemcen, qui prononcent des paroles de bienvenue, Aux versets du Coran, succède un résumé sommaire de l'activité de l'année précédente.

Ce fut au tour d'un niçois, M. Izard, converti lui aussi à la religion musulmane sous le nom de Si Abdallah Redda, qui prononce en français et avec l'accent du terroir, un discours d'une belle élévation religieuse et philosophique.

LES DISCOURS

Vers 20 heures, le Cheikh Hadj Adda Bentounès offre le repas traditionnel aux invités.

M. HABIB BENSMAINE

Après un méchoui et des mets succulents M. Habib Bensmaine prend la parole pour remercier les autorités dont la présence auprès du Cheikh était un gage certain de la sollicitude que n'a cessé de lui témoigner la mère patrie. Et il ajoute : « Ce congrès strictement religieux a pour but de rassembler chaque année les adeptes de notre confrérie afin de mieux nous connaître et resserrer entre nous les liens de fraternité, d'amour, dans la religion. Dans nos sermons, nous prêchons la concorde, la paix et surtout le respect des institutions républicaines de la France, grande nation musulmane, grâce à qui nous devons la liberté totale de notre culte.»

M. LE SOUS-PREFET FREUND

A son tour, M. Freund, sous-préfet se fait l'interprète de l'assistance et adresse au Cheikh Hadj Adda ses remerciements. Il déclare notamment : « Nous sommes encore sous l'impression du splendide spectacle de ce congrès et imprégnés des paroles prononcées par vos Moqaddems et de M. Izard. Le passé le prouve : la justice, la sécurité en Algérie sont l'œuvre, de la France. Votre but c'est la paix et celui du Gouvernement, protecteur des confréries religieuses, est identique. Nous avons un idéal commun : marchons la main dans la main pour continuer cette belle tâche pour le bien de la religion musulmane et celui de la France ».

Cependant une foule immense ne cesse d'affluer.

B.



Oran républicain : Congrès religieux de la confrérie Bouzidia-Allaouïa, 13/09/1949.

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