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D'après la deuxième version, dont la source est le professeur Nasser Eddine Mouhoub, qui est le moqaddem de la confrérie à Bordj-Bou-Arréridj, les faits sont les suivants :
Au cours de la période coloniale française (1830-1962), les zaouïas et, plus généralement, les institutions religieuses algériennes ont subi une forte répression. Elles représentaient un obstacle majeur à la francisation et à la christianisation de l'Algérie, ce qui a justifié une guerre menée par tous les moyens. En 1830, Alger comptait 166 mosquées et zaouïas. Au début du XXe siècle, il n'en restait même pas une dizaine. Les imams et les cheikhs des zaouïas furent persécutés par l'interdiction de leurs activités religieuses et culturelles, la prison, l'exil, ou la fermeture de leurs établissements, sous prétexte qu'ils ne disposaient pas d'autorisation administrative. Ils faisaient également l'objet d'une surveillance policière et judiciaire constante. Dans de nombreux cas, les autorités coloniales allaient jusqu'à détruire les zaouïas ou confisquer leurs biens. Malgré tout, ces institutions ont résisté. Elles ont continué, avec persévérance et même parfois avec entêtement, à remplir leurs missions éducatives et pédagogiques. Elles ont notamment enseigné le Coran, les sciences religieuses et la langue arabe à ceux qui en étaient dignes, et ce, grâce au soutien massif de la population.
Le gouverneur militaire d'Oran - dont on m'a donné le nom, mais que j'ai malheureusement oublié - a commencé par fermer la zaouïa Alawiya à Tlemcen. Cette zaouïa, dirigée par le moqaddem Cheikh Larbi Tchouar, enseignait le Coran aux jeunes et accueillait des centaines d'élèves matin et soir. Cette décision a été prise en raison de son rôle majeur dans l'éducation et la formation, non seulement dans la ville, mais aussi dans toute la région.
Deux jours après la fermeture, le Cheikh Ben Alioua, ignorant ce qui s'était passé, est arrivé dans la ville. Il a trouvé les fidèles en émoi et a demandé la raison. Quand ils lui ont expliqué ce qui était arrivé à la zaouïa, le Cheikh a été profondément troublé et très contrarié par cet acte ignoble. C'est dans la maison du moqaddem susmentionné qu'il a écrit un poème (prière) qui fut plus tard surnommé « El-Lotifiya ».
Une fois le poème terminé, le Cheikh a demandé à ses disciples de le réciter, seuls ou en groupe, durant leurs séances de dhikr. Quelques jours plus tard seulement, le gouverneur militaire d'Oran a reçu l'ordre de partir pour le front nord de la France, combattre les Allemands. L'ordre de fermeture a été annulé, et la zaouïa a pu rouvrir. Elle a depuis continué sa mission d'éducation et est toujours ouverte à ce jour.
Depuis cet événement, les disciples de la confrérie Alawiya récitent la "Lotifiya". Cette récitation se fait notamment après la lecture du Coran, suivie d'une prière demandant à Dieu de l'accepter. Elle est également lue à la fin de chaque assemblée, aujourd'hui encore. La "Lotifiya" est aussi récitée lors d'occasions importantes, comme un mariage, un enterrement ou un voyage. Traditionnellement, la "Imara" ou la "Hdra" (les assemblées de dhikr des Alawis) se terminent par une prière sur le prophète (paix et bénédictions soient sur lui), suivie de la récitation par un chanteur d'un verset choisi du Coran. Ensuite, tous les fidèles récitent ensemble la "Lotifiya" sur un ton mélodieux. Un des cheikhs, imams ou hommes de vertu présents prononce une prière pour tous les participants, ainsi que pour les absents. Il demande aussi à Dieu de donner plus de pouvoir et de victoire au chef de la confrérie et de faire miséricorde à tous les cheikhs de la chaîne soufie, jusqu'au prophète (paix et bénédictions soient sur lui). Ces rituels sont maintenus par les disciples, comme le leur avait ordonné leur cheikh Alawi.
Le poème est une supplication à Dieu, implorant la victoire de Son Livre Sacré. Le poète s'y adresse à Dieu par l'intermédiaire du Coran et de celui qui l'a reçu, le cher Prophète (paix et bénédictions soient sur lui), pour qu'Il ne permette pas que le Coran soit abandonné, mais qu'Il le préserve dans les cœurs. Le poème insiste sur le fait que le Coran est la religion, la foi, la loi, la vérité et le lien le plus solide.
(Aya Rabbi bi lotfika ya Mortajâ)
Traducteur inconnu
Protège-nous, accorde-nous délivrance
Nous T'implorons, Seigneur, par le Saint Coran
Et tout ce qu'il contient, par les sept versets,
Qui honora ses versets et l'aima.
Nous recommandant l'amour du Coran
Il nous fut alors plus doux que tout
Préserve-le, Seigneur, comme Tu l'as annoncé
Certains ont tramé pour sa disparition
Le permettras-Tu, Seigneur
Il est la Religion et la Foi
Sa valeur, pour nous rien, ne l'égal
Ni l'univers, ni ce qu'il contient
Il est la Loi, le lien sûr.
Toi, Tu connais notre amour pour le Coran
Et Tu vois comment il habite notre cœur et notre langue.
A nos veines, nos os et tout ce qui est en nous.
Seigneur ! Par le Saint Coran, ne nous afflige pas
Ne nous éprouve pas dans notre religion.
Elle se tient à Ta porte, pleine d'espoir.
Seigneur ! Unis aux siens celui qui en est séparé.
La séparation accable de souffrance ses amis.
Prolonge sa vie pour nous.
Fais de nos demeures des lieux de paix
Gardes-nous de tout malheur, de toute épreuve.
Aide-nous à observer Ton commandement.
Fais miséricorde, aux anciens d'entres-nous comme aux jeunes
Rassure-les, Toi, qui les vois inquiets.
Dissipe la peine de l'affligé et du pauvre.
Pardonne, Seigneur, à celui qui T'implore par notre prière
Et sois pour nous et tous nos intimes.
Et aux secrets de sa perfection.
Prie, Seigneur, sur l’Élu* d'une prière digne de lui
Et étends-là à sa famille (spirituelle).
Louange à Dieu, Seigneur des mondes
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