Babouchier de métier, Cheikh Larbi Tchouar était le moqaddem de la tariqa Derquaouiyya Alawiyya a Tlemcen. d'abord disciple du Cheikh Benyelles, ensuite le suivit en s'attachant au Cheikh al-Bouzidi, puis, suite à un désaccord avec Cheikh Benyelles, il s'attacha à son successeur le Cheikh al-Alawi. Il fut désigné en 1934 à faire la toilette mortuaire du Cheikh al-Alawi.
Cheikh Larbi ben Mostéfa Tchouar (1848-1955) (3). En opposant son refus à la "Hidjra'', il en appelait au repli sur soi pour "éviter l'abandon du pays''. Dans le climat de discorde créé par la "Fatwa'' et en raison de son avis opposé, ce dernier fit l'objet "de jugements sévères et souvent aussi d'insinuations'', témoigne Messali Hadj dans ses mémoires. Le soufi Larbi Tchouar, affilié à la zaouiya des "Derqawa-Hibriya'', voyait dans l'appel à la "Hidjra'' une décision hâtive, dure de conséquences pour l'avenir du pays. Messali Hadj manifestait un grand respect pour ce personnage vénéré qu'il compare à un saint et bénéficiant d'une grande estime populaire. Dans sa posture, Larbi Tchouar (1848-1956), fervent soufi, s'en tenait lui-même à la consultation-fatwa rendue par son maître spirituel Cheikh al-Habri (m. en 1899) des Bani Znasan (Maroc oriental) par laquelle il recommandait à ses disciples la poursuite de leur combat en approfondissant leurs convictions religieuses par "les prières, la solidarité et l'union'', l'Algérie étant , selon son avis religieux, considérée comme "Dar al Islam''. C'est auprès de cet ascète réputé pour son austérité hiératique, mort à un âge biblique, que le jeune Hadji, futur leader nationaliste, fut placé par son père pour apprendre le métier de babouchier. A propos de Larbi Tchouar, Messali écrit dans ses mémoires : «Il habitait notre quartier et mes parents m’avaient placé un temps chez lui pour apprendre le métier de babouchier. De haute stature, ce personnage, car c’en était un, était entièrement vêtu de blanc et coiffé d’un turban. Il avait l’air d’un khalife des premiers temps de l’Islam. Il était doux et généreux et on le considérait à Tlemcen comme un saint». (Source : Mémoires de Messali Hadj, Lattès, Paris, 1998).
Larbi Tchouar a fondé, en 1919, à Tlemcen, la première succursale de la zaouia Alaouiya. Il est l'auteur de la première compilation des sapiences (hikâm et poésies, publiée en 1937 à Damas, de l'œuvre du grand savant-mystique andalou originaire de Séville Sidi Abou Medienne Choaïb (1127 -1192), sous l'égide de Cheikh Mohamed Belhachimi Tilimsani, maître de l'ordre mystique des "Shadiliyya-derqawâ (né à Tlemcen en 1881, mort à Damas en 1961), auteur entre autres, d'une œuvre sur la "Akida des Ahl Sounna''(Librairie Taraqî). La question de la «Hidjra» était déjà là, bien avant le prêche du muphti Djelloul Chalabi, puisque plusieurs départs étaient signalés, dont celui de Cheikh Yellès Chaouche, le "moqqadem'' de la voie mystique, "Târiqa Derquaouiya-hybriya'' qui quittait le pays à destination de la Syrie accompagné de vingt-cinq de ses fidèles. Cheikh Ahmed Yellès Chaouche dit «Benyellès», mort en 1958 à Damas, était un disciple préféré de Cheikh Mohamed Bouzidi de Mostaganem (m. en 1908), maître à penser de Cheikh Ahmed al-Alaoui ( 1874-1934), à qui il a confié la direction de l'ordre soufi des "Derquaoua-Shadiliya" en Algérie (1).
Cheikh Larbi ben Mostéfa Tchouar (1848-1955) (3). En opposant son refus à la "Hidjra'', il en appelait au repli sur soi pour "éviter l'abandon du pays''. Dans le climat de discorde créé par la "Fatwa'' et en raison de son avis opposé, ce dernier fit l'objet "de jugements sévères et souvent aussi d'insinuations'', témoigne Messali Hadj dans ses mémoires. Le soufi Larbi Tchouar, affilié à la zaouiya des "Derqawa-Hibriya'', voyait dans l'appel à la "Hidjra'' une décision hâtive, dure de conséquences pour l'avenir du pays. Messali Hadj manifestait un grand respect pour ce personnage vénéré qu'il compare à un saint et bénéficiant d'une grande estime populaire. Dans sa posture, Larbi Tchouar (1848-1956), fervent soufi, s'en tenait lui-même à la consultation-fatwa rendue par son maître spirituel Cheikh al-Habri (m. en 1899) des Bani Znasan (Maroc oriental) par laquelle il recommandait à ses disciples la poursuite de leur combat en approfondissant leurs convictions religieuses par "les prières, la solidarité et l'union'', l'Algérie étant , selon son avis religieux, considérée comme "Dar al Islam''. C'est auprès de cet ascète réputé pour son austérité hiératique, mort à un âge biblique, que le jeune Hadji, futur leader nationaliste, fut placé par son père pour apprendre le métier de babouchier. A propos de Larbi Tchouar, Messali écrit dans ses mémoires : «Il habitait notre quartier et mes parents m’avaient placé un temps chez lui pour apprendre le métier de babouchier. De haute stature, ce personnage, car c’en était un, était entièrement vêtu de blanc et coiffé d’un turban. Il avait l’air d’un khalife des premiers temps de l’Islam. Il était doux et généreux et on le considérait à Tlemcen comme un saint». (Source : Mémoires de Messali Hadj, Lattès, Paris, 1998).
Larbi Tchouar a fondé, en 1919, à Tlemcen, la première succursale de la zaouia Alaouiya. Il est l'auteur de la première compilation des sapiences (hikâm et poésies, publiée en 1937 à Damas, de l'œuvre du grand savant-mystique andalou originaire de Séville Sidi Abou Medienne Choaïb (1127 -1192), sous l'égide de Cheikh Mohamed Belhachimi Tilimsani, maître de l'ordre mystique des "Shadiliyya-derqawâ (né à Tlemcen en 1881, mort à Damas en 1961), auteur entre autres, d'une œuvre sur la "Akida des Ahl Sounna''(Librairie Taraqî). La question de la «Hidjra» était déjà là, bien avant le prêche du muphti Djelloul Chalabi, puisque plusieurs départs étaient signalés, dont celui de Cheikh Yellès Chaouche, le "moqqadem'' de la voie mystique, "Târiqa Derquaouiya-hybriya'' qui quittait le pays à destination de la Syrie accompagné de vingt-cinq de ses fidèles. Cheikh Ahmed Yellès Chaouche dit «Benyellès», mort en 1958 à Damas, était un disciple préféré de Cheikh Mohamed Bouzidi de Mostaganem (m. en 1908), maître à penser de Cheikh Ahmed al-Alaoui ( 1874-1934), à qui il a confié la direction de l'ordre soufi des "Derquaoua-Shadiliya" en Algérie (1).
Les autorités coloniales ne restaient pas passives, en raison des fréquentes résistances que les Darqawis avaient à leur actif dans un passé encore récent, aussi malmenaient-elles tout particulièrement les adeptes du nouveau Cheikh, en qui ces même autorités voyait un ennemi en puissance. Un groupe de Fûqaras de Tlemcen, après avoir rendu visite au Cheikh Ahmed al-Alawi, à peine descendu du train, était cueilli par une brigade de policiers, à la question : « es-tu Darqawi ? » posée aux Fûqaras séparément, (on savait que quiconque se reconnaissait comme tel, risquait d’être arrêté et mit en prison) tous nièrent leur rattachement à la Tariqa, à l’exception du Mûqaddam sidi Larbi Tchouar…qui, non seulement reconnut être affilié à la confrérie, mais encore affirma aux agents de police que pour elle, il vivait et que pour elle il mourrait, conduit aux locaux de force de l’ordre public, il y fut détenu mais aussitôt, il ne tarda pas à être relâché.(2)
Notes :
Témoignage de Larbi Tchouar (Echouar), moqaddem de Tlemcen dans le livre "Shahaid & Fatawî"...
Il s’agit de l’attestation du Moqadem de Tlemcen, Sidi Larbi Tchouar (Echouar), en réponse à la question posée par Mohammed Ben Abdelbârî. En note figurent en italiques les annotations rédigées dans les Shahaid & Fatawî par le secrétaire du cheikh Alawî, Mohammed Ben Bachîr jerîdî, sauf un cas où le cheikh intervient lui-même dans les notes ; mes commentaires sont en caractères non italiques et/ou entre crochets. La question posée par Ben Abdelbârî est la suivante : « Cher Monsieur, j’ai vu en vous de quoi me donner une totale confiance en vos avis. Tous les gens que je connais vous louent énormément. C’est ce qui me conduit à vous demander votre avis sur le cheikh Alawî. Êtes-vous absolument certain qu’il fait partie de l’élite spirituelle ? Dans ce cas, quelle preuve pouvez-vous en apporter, preuves destinées à autrui, car, pour ma part, votre avis me suffit amplement, car je connais votre expérience de la voie du Peuple, s’agissant de la théorie et de la réalité… »
Réponse du soufi éminent, de l’homme exemplaire, le Moqadem béni, Sidi Larbi Tchouar (Echouar) [1] de Tlemcen :
J’ai bien reçu vos questions à propos des preuves sur lesquelles je m’appuie pour fréquenter le cheikh Alawî.
Je dirai - que Dieu m’assiste - que la cause qui m’a amené à considérer ce maître, c’est que j’ai fréquenté le cheikh Sidi l-Hâjj Muhammad al-Habrî [2] un certain temps. Je devins très connu à son service [3]. Après son décès, il nous laissa des personnes (unâsan) pour la voie [4], parmi lesquelles l’un des grands hommes spirituels, Sidi al-Hâjj Muhammad b. Nâsir [5], dont la grande sainteté était évidente, à tel point que le cheikh Sidi l-Hâjj Muhammad al-Habrî avait dit à son sujet : « Le cœur du Coran, c’est la sourate Yâ Sîn, et mon cœur à moi, c’est Sidi l-Hâjj Muhammad b. Nâsir. » Pareil à lui, il y avait le cheikh Sidi al-Hâjj Muhammad b. Yallas [6] : cet homme était respecté dans la voie (lahu i‘tibâr fî l-tarîq) du point de vue de sa science religieuse (min jihat al-‘ilm), et le cheikh [Habrî] lui confiait la tâche (yuqaddimuhu) de donner des cours et d’enseigner la science religieuse aux disciples.
Je ne connaissais pas le cheikh Alawî jusqu’au jour où il vint nous rendre visite dans notre zaouïa [7]. Il y eut alors une mudhâkara entre lui et Sidi al- Hâjj Muhammad b. Nâsir, que nous avons tous écoutée en silence. Lorsque la réunion prit fin, Sidi al-Hâjj Muhammad b. Nâsir dit : « Cet homme, c’est-à-dire le cheikh Alawî, fait partie des plus grands connaissant de Dieu. Faites très attention à lui, car il est certain que, sous sa direction, apparaîtront les effets de la voie [8]. »
Quant au cheikh Sidi l-Hâjj Muhammad b. Yallas [9], il a fréquenté le cheikh Alawî à partir du moment où il l’a rencontré, et a continué à le fréquenter, agissant sur ses indications, se soumettant à ses ordres et interdictions, jusqu’à son départ en Syrie. C’est ainsi qu’il nous recommandait de le révérer et nous disait : « Cet homme n’a pas d’alter ego à notre époque ! » ou d’autres choses du même ordre. De la même façon, les plus grands disciples du cheikh Sidi l-Hâjj Muhammad al- Habrî qui l’avaient rencontré avaient le même respect pour lui, notamment Sidi l-Hâjj Bû ‘Azza b. Makhlûf et Sidi l-Hâjj Bû l-Anwâr [10]. Cela fut pour nous la plus grande preuve de l’élection particulière de cet homme, en plus de ce que nous avions nous-même obtenu comme preuve intérieure. Combien d’hommes ont bénéficié de sa présence [11] ! Comme la région s’est améliorée grâce à lui ! Voilà ce que nous pouvions dire à son sujet.
Salut à vous.
Texte écrit par Muhammad Ashwâr, selon ce que son père, le Moqadem Sidi al-‘Arabî al-Ashwâr, lui a dicté le 11 Rabî‘ II 1342 (21 novembre 1923) [12].
1 Cette éminente personne mérite bien l’éloge qu’en fait Ben Abdelbârî. J’ai moi-même vu des gens qui occupaient une position élevée parmi les gens de Tlemcen le révérer grandement, sans même parler d’autres personnes. Cet homme était déjà connu pour suivre la voie du Peuple et en avoir acquis les meilleures qualités avant de rencontrer le cheikh Alawî. Puis, il s’est rattaché à ce dernier, ce rattachement étant la conséquence de ses œuvres passées. Il a alors lui-même eu des disciples et c’est lui qui s’occupe aujourd’hui de la zaouïa ‘Alawiyya de Tlemcen et en est le dirigeant…
1 Cette éminente personne mérite bien l’éloge qu’en fait Ben Abdelbârî. J’ai moi-même vu des gens qui occupaient une position élevée parmi les gens de Tlemcen le révérer grandement, sans même parler d’autres personnes. Cet homme était déjà connu pour suivre la voie du Peuple et en avoir acquis les meilleures qualités avant de rencontrer le cheikh Alawî. Puis, il s’est rattaché à ce dernier, ce rattachement étant la conséquence de ses œuvres passées. Il a alors lui-même eu des disciples et c’est lui qui s’occupe aujourd’hui de la zaouïa ‘Alawiyya de Tlemcen et en est le dirigeant…
2 Le lieu où vivait ce saint se trouve dans les Beni Snassen au Maroc. Quant à ce cheikh et à sa voie, il s’agissait d’un des plus grands connaissants par Dieu. Sa renommée était grande et il fit de grandes œuvres. Il laissa des disciples dont l’état prouve son élection. Quant à sa filiation spirituelle, il descend du plus grand maître, Sidi Muhammad Ben Qaddûr al-Wakîlî: c’est pourquoi sa chaîne spirituelle et celle du cheikh Alawî s’unissent, si ce n’est que celle du ch. Alawî passe par le grand saint, le cheikh Muhammad al-Buzîdî, que Dieu soit satisfait d’eux tous.
3 On m’a rapporté que son maître l’avait chargé d’accomplir toutes sortes d’actes extraordinaires et lui avait fait endurer les rigueurs du combat contre l’âme au moyen, entre autres, de mortifications, dans la mesure où la voie de ce maître passait par de telles méthodes.
4 C’est-à-dire des personnes sur les indications desquelles s’appuyer et qui incarnent la voie, personnes en faveur desquelles le maître décédé avait témoigné.
5 Le cheikh Alawî nous parlait très souvent de cet homme, nous disant qu’il était fermement installé dans la réalisation spirituelle et que ses paroles étaient le reflet de sa maturité spirituelle, et qu’il méritait bien d’être appelé « connaissant par Dieu ».
6 Cette éminente personne est devenue connue dans la région, tout particulièrement à Tlemcen, à partir du moment où c’est sur ordre du maître [NDT : c’est bien ici du cheikh Alawî que Jarîdî veut parler et non du cheikh Habrî ou de ch. Bûzîdî, car lorsqu’il dit al-ustâdh sans précision, c’est toujours de ch. Alawî qu’il parle] qu’il s’est « tourné vers » [c’est-à-dire spirituellement installé dans la fonction à] Tlemcen, après l’avoir fréquenté et avoir atteint la guidance sous sa direction, comme toute personne objective doit le reconnaître et conformément à ce que m’ont rapporté plusieurs personnes bien au courant de l’affaire.
7 Le maître [al-ustâdh, i.e. ch. Alawî : c’est donc ici que le cheikh Alawî intervient lui- même directement] dit : « J’ai rendu visite à ces messieurs et j’ai rencontré l’éminente personne en question [NDT : compte tenu de ce qui va suivre, il ne peut s’agir que de Muhammad ibn Nâsir] du vivant de notre maître, le cheikh Bûzîdî. Cet homme était étonné de mes mudhâkarât et se soumettait à mes avis (yardukh li-ishâratî), disant à ceux qui parlaient de moi : “Cet homme aura un destin extraordinaire dans le futur”. »
8 Sa parole faisait autorité parmi les disciples de son groupe, et c’est pourquoi l’auteur de l’attestation en tint compte.
9 Il est notoire que cet éminent homme a fréquenté le maître [NDT : al-ustâdh, i.e. ch. Alawî], agissant sur ses instructions (‘amila bi-ishâratihi), le respectant grandement et engageant totalement ses disciples à agir de même. Puis, il émigra en Syrie, où il réside aujourd’hui, s’acquittant de son devoir en portant secours aux gens de la voie. On m’a dit qu’il avait là-bas un certain nombre de zaouïas, que Dieu fasse de nous tous des hommes agissant en faveur de la réforme.
10 Ces deux hommes, qui faisaient partie avec d’autres des membres les plus éminents de la tarîqa Habriyya, avaient un immense respect pour le cheikh Alawî et reconnaissaient sa station (makâna). Tous attestaient de sa prééminence dans la connaissance de la voie du Peuple, incitant les gens à se rattacher à lui. En résumé, tous ceux qui avaient une véritable connaissance de la voie du Peuple reconnaissaient le maître, à tel point que les grands disciples encore vivants du cheikh Muhammad b. Qaddûr, le maître de nos maîtres, ont récemment rendu visite au cheikh Alawî et se sont rattachés à lui, et cela uniquement mus par la vérité qu’ils ont vu en lui.
11 L’auteur en voyait une preuve supplémentaire dans ce qui se passait dans sa région [de Tlemcen], à savoir le bon chemin pris par les jeunes et le fait que femmes et hommes revenaient vers Dieu. Celui qui réfléchit à l’impact de cette confrérie (nisba) sur cette ville… [NDT : suit un long passage sur cet impact, notamment sur la religiosité des femmes de Tlemcen].
12 Ibid., p. 147-149.
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