Cheikh Alawi - Le soufisme est une pensée noble et il est une fin en soi !

Parmi les enseignements oraux du Cheikh Alawi sur le soufisme : « Le soufisme est une pensée noble, vivante et itinérante. Il est un élan intérieur vers la transcendance, une quête sincère de la vérité, au-delà des formes apparentes et des conventions figées. Le véritable soufi ne se contente pas des traditions codifiées ni des formules répétées ; il cherche à percer le sens profond qui se cache derrière les mots, à dévoiler l’essence au-delà de l’enveloppe.

L’erreur commune, chez les adeptes de toutes confessions, consiste à s’arrêter au sens littéral, à s’attacher à la lettre en oubliant l’esprit. Or, toutes les sciences – dans leur diversité – ne sont qu’un moyen menant à une fin. Seul le soufisme, lui, est une fin en soi, car il mène directement à la connaissance du Réel, à la présence divine. »

Puis, interrogé sur les « chatahât » — ces paroles extatiques parfois énigmatiques ou choquantes émises par certains soufis — il répondit avec sagesse :

« Les paroles prononcées dans l’extase ne relèvent pas de la raison consciente. Elles émanent d’un état d’anéantissement dans la Présence divine, d’une théophanie intérieure où l’âme se trouve submergée par l’expérience directe du divin. Ces expressions ne doivent pas être interprétées selon leur sens apparent, car elles traduisent un vécu spirituel inaccessible au langage ordinaire. Il n’y a donc pas lieu de blâmer celui qui les prononce, car il parle en un moment où son être est comme absorbé dans la lumière de Dieu. »

Et il ajouta, en s’appuyant sur la sagesse prophétique rapportée dans un hadith saint (hadith qudsi) : « (Allah dit) : Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par les œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsqu’enfin Je l’aime, Je deviens l’ouïe par laquelle il entend, la vue par laquelle il voit, la main par laquelle il saisit, et le pied par lequel il marche ».

Traduit par Derwish Alawi

Source : journal Balagh Jazaïri, d'après le journal syrien "al-Manahij" n°4 et 5 en 1930, à l'occasion du voyage du Cheikh Alawi en moyen orient après son pèlerinage à la Mecque.