Abdu-Rahman al-Fâsî

Abu Muhammad Abdul-Rahman Ben Muhammad Ben Yûsef al-Fâsî -qu'Allah soit satisfait de lui- est né à al-Qasr al-Kabîr au mois de Muharram 972 H / août 1564. Il était encore nourrisson lorsque son père mourut. Il fut pris en charge par son frère Cheikh Abul-Mahâsin.

Ses études exotériques et ésotériques

Abdul-Rahman avait le même âge que son neveu, le cheikh Abul-’Abbâs ; le fils du Cheikh Abul-Mahâsin, ils passèrent leur enfance dans les mêmes lieux. Ils fréquentèrent ensemble l'école Qoranique, où ils apprirent le Qorân, la jurisprudence, la grammaire et d'autres matières.

Puis le Cheikh Abul-Mahâsin les envoya à Fès en 986 H / 1578 afin qu'ils poursuivent leurs études. Il les fait accompagner par le cheikh al-Faqîh Abu Muhammad Abdullah Ben Ahmad al-Shukrânî al-Talîqî, plus connu par «al-Jilâlî», pour les soutenir dans leurs études, et veiller sur leurs affaires et à leurs intérêts. Ils fréquentèrent un nombre important de savants et furent formés dans diverses disciplines et différents arts.

Une fois ses études achevées, il rejoint son frère Cheikh Abul-Mahâsin et fréquenta sa zawiya de nombreuses années, jusqu'au décès de ce dernier. Il fut son unique maître (dans la voie), qui l'éduqua dans l'assiduité et le comportement et l'enseigna de nombreuses sciences : l'interprétation du Qorân, le Hadîth, la science du soufisme «Tasawwûf» et ainsi de suite... Jusqu'à ce qu'il eut la révélation (ou l'ouverture de l'œil intérieur) ! L'aube de la vérité fit alors apparition dans son cœur comme la clarté de l'aube du jour. Il réalisa les stations de la certitude, et les sources de la connaissance jaillirent de son cœur sur sa langue, comme l'eau jaillissante de sa source.

Le maître éducateur

À la mort de son frère Abul-Mahâsin -qu'Allah soit satisfait de lui- au mois de Rrabî' al-Awwal 1013 H / août 1604, il prit la direction de la voie et l'orientation vers Dieu.

Il bâtit prés de sa maison une belle zawiya avec toutes les installations nécessaires. Il installa une fontaine d'où il amena de l'eau par un courant à partir des sources connues par «Abi Khazar». Les gens de sa communauté et des communs des croyants se réunissaient dans ce lieu pour prier avec lui, l'écouter parler et assister à ses conseils, espérer sa bénédiction et participer à la lecture des «Ahzâb» autres que la «Wadhîfa» du cheikh Abul-’Abbâs Zarrûq, et le «Hizb» du cheikh al-Jazûlî, car il les a annulé pour une raison que Dieu seul sait.

Lors des dernières années de sa vie, il était le seul maître dans la science et le soufisme (Tasawwûf). La masse de la population se voyait tout naturellement lui vouer une obéissance totale. Par sa forte présence à Fès, il acquit une notoriété au point que les élus de la société et du pouvoir y compris le Sultan ont dû faire appel à lui, sollicitant ses conseils. Il était écouté et obéi. Toute chose qui revêtait de l'importance devait avoir ou non son autorisation. Il était surtout suivi copieusement, (éthiquement parlant), dans toutes les aspirations.

Cheikh Abdul-Rahman - qu'Allah soit satisfait de lui - était un guide savant «Imâm 'Alim», versé dans la science et visionnaire. Rassemblant les outils de l'effort spirituel «Ijtihâd», dont il avait un penchant manifeste. Réalisé dans toutes les sciences ; maîtrisait la grammaire «al-Nahw» et la langue (arabe classique), la jurisprudence «al-Fiqh» et les sciences authentiques «'Ilm al-Usûl», la philosophie «al-Kalâm», la logique «al-Manthiq» et la démonstration (convaincante) «al-Bayân» et ainsi de suite.

Maître dans tout cela. Sa connaissance s'élargit dans les deux sciences authentiques, dont il ne mesurait pas son apogée. Il avait une parfaite compréhension, atteignait toujours ses cibles, et la plupart de ses maîtres lui reconnurent cette qualité.

Quant aux significations du Qorân, du Hadith et le soufisme authentique soutenu par le Qorân et la Sunna, il n'avait pas d'hésitation dans tout cela, il avait l'aptitude de trouver les textes enfouis dans sa mémoire, il récitait les formules adéquates pour les occasions des deux Hadith authentiques (Bukhârî & Muslim). Il multipliait l'analyse de «Mashâriq» d'al-Qâdî 'Ayyâdh, et ce qu'il a d'opposé à l'un des versets, ou l'un des Hadîth, et ce qui était dit à ce sujet, et ce qui a été apporté comme réponse. Il corrigeait (le texte) et l’interprétait, l’affaiblissait et le manipulait.

Solide dans la religion, dur dans la vérité, dont il la formulait toujours. Avait de bonnes éthiques, à cœur ouvert, énergique, agréable à vivre, sociable, parlait avec élégance, facile dans sa manière d'éduquer, ascète dans ce bas-monde, qu’il n'a jamais pris part à ses richesses, ni les avoir désirées, mais prenait (de ce bas-monde) ce que les autres voulaient bien lui offrir. Ensuite lorsque les choses ont tourné (et les présents se faisait rares), cela ne l’a pas affecté, car il ne manquait de rien et ne se faisait point de souci à ce sujet, s'appuyant sur Dieu Tout-Puissant, s’habillait convenablement, on ne voyait guère sur lui l'effet de la misère ou le besoin, au contraire, on voyait sur lui la richesse apparente, la richesse par Dieu.

Ses œuvres

- Interprétation de la Sourate al-Fâtiha (1 ère Sourate du Qorân), par référence au langage connu chez la communauté des soufis (c.-à-d. par les allusions).
- Une note d’une interprétation du Qorân qui est d'un grand intérêt.
- Une note sur «Sahîh-al-Bukhârî» pleines d’anecdotes et d’utiles savoirs. Elle circula longtemps entre les mains des personnes qui en tirèrent profit de son savoir.
- Une note intéressante sur «Dalâ-il al-Khayrât».
- Une note sur «al-Hizb al-Kabîr».
- Deux notes sur «Sharh al-Sughrâ», l'une recueillie lors de sa lecture en sa présence, un bel ouvrage, puis elle fut perdue, il écrivit une autre note, d’une grande valeur aussi.

Il eut beaucoup de réponses et apportait ses accréditations «Taqyîd» pour l’interprétation (du Qorân) et le Hadîth, les deux authentiques et la jurisprudence, et le soufisme et d'autres, et a ajouté dans ses livres de nombreuses notes dans les multiples arts (sciences).

Son décès

Il mourut -qu'Allah soit satisfait de lui- la nuit du mercredi, 27 Rabî' al-Awwal 1036 H / 16 Décembre 1626, et fut enterré dans le tombeau de son frère Cheikh Abul-Mahâsin, près de la coupole au nord, que Dieu lui apporte sa miséricorde et soit satisfait de lui.


Source : « Mir-ât al-Mahâsin min akhbâri Cheikh Abul-Mahâsin » du Cheikh Abû Hamid al-’Arabi Ben Yûsef al-Fâsî.

Traduit de l'Arabe par Derwish al-Alawi, Les Amis du Cheikh Ahmed al-Alawi


 
Abû Muhammad Sayyidî 'Abd Ar-Rahman ben Muhammad Al-Fâsî.

Tiré du livre : Nachr-al-Mathânî de Muhammad al-Qâdirî
Traduit par Édouard Michaux-Bellaire



Le grand docteur la Divinité, l’illustre savant vérificateur, le personnage versé dans les diverses parties de la science, Abû Muhammad Sayyidî 'Abd Ar-Rahman ben Muhammad Al-Fâsî. Il occupa une haute place par sa piété, sa science et sa sainteté. D'un esprit perspicace en matière de sciences rationnelles et de sciences dérivées, il n'eut point d'égal en son époque pour la compréhension du Livre et de la Sounna, et les difficultés tombèrent toujours devant lui. Il s'attacha à l'enseignement de l'Exégèse et à l'explication du Çahîh d'Al-Boukhârî. Il eut comme lecteur, d'abord Sayyidî Muhammad Ibn 'Abd Allah Ma'n, ensuite son propre neveu Sayyidî 'Abd Al-Qâdir. Tous ces renseignements ont été rapportés par son élève, Sayyidî Muhammad ben Alî As-Soûsî.

'Abd Ar-Rahmân Al-Fâsî a laissé des œuvres écrites un commentaire marginal du Tafsir des deux Djalâl (Ad-Dîn), un commentaire marginal du Commentaire de la Çoughrâ d'As-Sanousî, un commentaire marginal du Moukhtaçar du cheikh Khalîl, un commentaire marginal du Çahîh d'Al-Boukhârî, un commentaire marginal des Dalâïl al-Khaïrât, un commentaire marginal du Hizb Al-Kabîr de l'imâm Ach-Châdhilî. Nous lui devons en outre diverses Réponses et des études sur plusieurs sciences.

L'étude de ce personnage a été faite dans la Mir'at Al-Mahâsin par son neveu Sayyidî Al-'Arbî, avec une ampleur qui n'a jamais été égalée.

Abû Muhammad 'Abd Ar-Rahmân ben Muhammad AI-Fâsî (puisse Dieu l'agréer !) naquit en Mouharram 972 (J.-C. 1564) à Al-Qçar AI-Kabîr. Il perdit son père à l'époque du sevrage. Venu à Fès avec son frère en l'an 986 (J.-C. 1578), il y fréquenta les cours d'Al-Qaddoûmî, d'Aboû Zakariyyâ Yahyâ As-Sarrâdj, d'Al-Mandjoûr et du cheikh Al-Qaççâr. Il consacra la fin de ses jours à l'imâmat et à la vie mystique. Dans une zâwiya aux dispositions parfaites qu'il avait fait construire devant sa maison, à l'endroit appelé Al-Qalqaliyîn, il vivait entouré de disciples qui récitaient les litanies des wirds. C'est la zâwiya, agrandie depuis cette époque, où son neveu, Sayyidi Abd Al-Qâdir, devait plus tard donner son enseignement et être enterré. 'Abd Ar-Rahmân Al-Fâsî est mort le mercredi matin 27 Rabî' I de l'an 1036 (J.-C. 1627).

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