Chaque musulman sincère dans sa foi désire que ses concitoyens et ses prochains soient sur le bon chemin et épargnés des fléaux qui touchent la société à laquelle il appartient. Quant à ceux qui sont plus clairvoyants et qui visent au-delà des frontières, désirent à ce que le monde entier soit sur le bon chemin et en soit épargné des fléaux. C’est bien ceux-ci que Dieu a éclairés et qu’Il s’Est adressé au sceau des prophètes, Mohammed (§) en disant : « prend les en modèle et suis leur orientation », (Anâam, V90). Le Coran comprend un bon nombre de recueils qui nous éclairent sur leur façon de rappeler et la manière d’appeler à Dieu, qui forment un modèle très suffisant dans la méthodologie du rappel auprès des créatures de Dieu. A chaque fois qu’on examine leur conduite et qu’on explore leur parcours à exhorter au Bien et d’éviter le Mal, on remarque que l’axe de leurs paroles et leurs actes ne s’éloigne guère de ce qui est rappelé dans ce noble verset lorsque Dieu s’adresse au sceau des prophètes Mohammed (§) : « Appelle les hommes à la voie de ton Seigneur par la sagesse et une belle exhortation ; et ne discute avec eux que de la meilleure manière », (Nahl, V125).
D’après ce verset, Allah Tout-Puissant considère que les humains sont de trois catégories ; la première catégorie est l’élite que n’agit en elle que la sagesse en parole, si quelqu’un les exhorte par la sagesse, ils l’écouteront et s’exécutent à mettre en pratique ses recommandations, et si un autre les exhorte sans sagesse, c'est peine perdue, ils sont les visés dans la première tranche du verset. La deuxième catégorie n’agit en elle la sagesse en parole que si elle est suivie par l’annonciation de la félicité et l’avertissement du châtiment. Parmi les qualités de la bonne exhortation, est que l’orateur ne doit pas s’exclure de son auditoire (en disant : Dieu vous ordonne, Dieu vous interdit, etc.…), et si quelqu’un d’autre les exhorte sans cette sagesse, c'est encore peine perdue. La troisième catégorie c’est celle de la controverse, elle varie selon les époques, depuis Adam jusqu'à nos jours, et qui a de ce fait surmené les prêcheurs, et elle continuera d’exister tant que la vie continue, mais le Tout-Puissant a permis à Son Prophète de trouver un moyen de dialogue avec eux, cependant, l’exigence est qu’il doit être de la meilleure manière.
On pourrait nous dire que le Tout-Puissant a permis aussi à Son Prophète de porter l'épée, je répondrai que certes, l'épée était aussi permise, mais elle l'était d’une façon transitoire et soumise à une situation fortuite comme en témoigne le verset suivant : « Permission donnée à ceux qui sont persécutés de se défendre », (Hajj, V39). Quant au rappel qui n'est soumis à aucune situation fortuite est prescrit par le verset précédemment cité : « Appelle les hommes à la voie de ton Seigneur par la sagesse et une belle exhortation ; et ne discute avec eux que de la meilleure manière », (Nahl, V125). A chaque fois qu’on impose nos propres lois qui soient opposées aux enseignements divins, on sera le plus souvent loin de l'objectif visé, à Dieu ne plaise.
Évidemment, il y a parmi les humains ceux qui n’avancent qu’avec de la rudesse dans la parole, mais n’empêche qu’il y a aussi parmi eux ceux qui sont touchés par la complaisance et les conseils donnés par la plus douce des manières et avec autant de délicatesse, et ceci est essentiellement et d'une manière générale la référence dans la fonction à promouvoir le Bien et prévenir du Mal.
Mais avant cela, nous devons définir la nature du Bien et du Mal selon les Lois Divines généralement connues, je veux dire par là ce qui est unanimement identifiable. Le « Mal » pourrait être jugé en un moindre mal par une personne ou inoffensif par une autre, ou même considéré comme un acte ordinaire par une tiers personne. Ces trois cas sont en principe soumis à la Loi divine et cette dernière est une norme souveraine, aucune interprétation hasardeuse n’est permise sur ses règles juridiques. C’est pour cette raison qu'il faut absolument que chaque personne condamne que ce que Dieu (en Législateur) a condamné, et non en le jugeant selon les sentiments humains ou parce qu’il est sujet de controverse. Par conséquent, il est souhaitable pour chaque musulman d’avoir plus de détermination s’il veut le bien pour lui-même et la bienveillance envers ses prochains sur la base que « Les choses licites comme les choses illicites sont bien évidentes, et entre eux il y a des choses ambiguës », (que beaucoup de gens ignorent), (Hadith). En ce qui concerne la chose ambiguë, il est légitime pour chaque musulman de vérifier sa nature pour être rassuré, car c’est bien là que se trouve la controverse, parce que les uns vont considérer un acte non défini comme détestable, et les autres vont porter un jugement différent et ainsi de suite…
Le musulman qui vérifie un acte non défini, considéré comme ambiguë, ne doit pas conclure son analyse en le classant dans l’une des deux catégories (licites et illicites), car cela est une atteinte à la religion de Dieu. C’est pour cette raison que beaucoup de savants studieux sont scrupuleux et ne vont pas au-delà sur les questions ambiguës en les classant à l'un des fondements conventionnels par dévotion et crainte de dire ce que la Loi de Dieu n'a pas décrété, Dieu dit, gloire à Sa sagesse : « Ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a révélé, ceux-là sont les pervers », (Maïda, V47).
Il est nécessaire pour celui qui profite de ces conseils de ne pas se précipiter en jugeant les choses avant de savoir ce que Dieu a bien voulu en évidence, car beaucoup d’entre nous sont victimes de la confusion des évidences. Quoi qu’il en soit, l'homme a besoin de beaucoup de certitude surtout pour celui qui est en fonction à promouvoir le Bien et prévenir du Mal car il est le plus concerné de tous, mais il ne doit pas s’arrêter là, il doit approfondir sa connaissance, et celui qui n’observe pas cette règle risquerait de faire des interprétations excessives et outrepasser les décrets mis en évidence.
Il est rapporté dans « Lettre ouverte à celui qui critique le soufisme » ceci : Avant d'occuper la fonction à promouvoir le Bien et prévenir du Mal, il faut au préalable avoir bien compris les notions de bien et de mal, au moyen de définitions claires et explicitées par la Loi, pour ne pas s'égarer dans la direction inverse de celle-ci. C'est pourquoi, les plus grands savants sont extrêmement prudents lorsqu'ils abordent une question religieuse dont aucun texte explicite ou quasi explicite ne traite. Quant aux questions où nulle source explicite ne permet de trancher, les décisions prises à leur égard n'obligent que leur auteur, lequel ne fait qu'émettre une opinion personnelle, et c'est pourquoi les applications juridiques sont si variées ; pourtant, l'unité des principes qui les sous-tendent n'en demeure pas moins sauve : louange à Allah ! Ceci résulte de la facilité qui caractérise la religion divine, ainsi que l'a dit le Prophète (§) : « Le meilleur culte, c'est le plus facile ; et la meilleure œuvre, c'est de comprendre la religion (Fiqh) ».
En conséquence, qui ne la comprend pas devrait s'abstenir d'en parler. Selon Ibn Abdel-Barr `Atâ, il disait ceci : « Celui qui n'est pas au fait des différences qui existent entre les gens doit s'abstenir de leur donner des avis juridiques ; car en ce cas, la science qui lui échappe est largement plus importante que celle qu'il détient ». [Note : Il s'agit, au-delà des différences d'école juridique, de l'intégration par le Fiqh des spécificités de chaque lieu, de chaque époque et de chaque groupe humain.]
En résumé de ce que nous avons présenté ce Hadith du Prophète (§) qui dit : « Seul peut commander le bien ou interdire le mal celui qui fait preuve de douceur lorsqu'il ordonne ou interdit ; celui qui est patient et intelligent lorsqu'il ordonne ou interdit ; celui qui connaît et comprend [véritablement] les règles religieuses lorsqu'il ordonne ou interdit ».
Source : La méthodologie du rappel. Journal Balagh Jazairi, n°3 du 05/01/1927
Pour lire le texte en arabe, cliquez sur ce lien.
Traduit de l'Arabe par Derwish al-Alawi, Les Amis du Cheikh Ahmed al-Alawi.
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