Voici
un travail remarquable réalisé par les disciples de la Tariqa
Naqchabandiyya, toutes les preuves dogmatiques et traditionnelles sont
réunies, ce travail mérite d'être salué et on peux le considérer comme
une encyclopédie du Soufisme et qu'Allah Ta'ala récompense ceux qui y
ont contribué.
I Introduction
Aujourd’hui, l’Islam est enseigné par
des gens qui ne prennent pas soin de le pratiquer dans sa pureté ou de
se purifier eux-mêmes dans leur pratique. Ceci, a été décrit dans
plusieurs hadiths qui disent: «Ils ordonneront aux autres et ne feront
pas attention à leur propre avertissement, et ils sont les pires.»[1]
Telle ne fut pas la voie des Compagnons
ni de Ahl al-Souffa au sujet desquels le verset suivant fut révélé:
Résigne-toi à la compagnie de ceux qui évoquent leur Seigneur au début
du jour et à sa fin dans l’espoir de voir un jour Son visage. Et, ne
laisse pas tes yeux se détourner d’eux, désirant le luxe de ce
bas-monde; et n’obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur
inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le
comportement est outrancier. (18:28)
Ceci ne fut pas non plus la voie d’Abou
Bakr al-Siddiq, au sujet duquel Bakr ibn `Abd Allah dit: «Abou Bakr a la
préséance sur vous non pas parce qu’il prie et jeûne beaucoup, mais à
cause d’un secret qui a pris racine dans son cœur.»[2] Ceci ne fut non
plus la voie des Tabi`in dont Hassan al-Basri, Soufyan al-Thawri, et
autres de la génération de soufis qui virent plus tard et qui les
prirent pour modèles. Al Qoushayri rapporte que al-Jounayd dit: « Le
tassawwouf n’est pas l’abondance de prières et de jeûnes, mais le vide
de la poitrine et ne pas être sous l’emprise de son soi.»[3] Ceci ne fut
pas non plus la voie des Quatre Imams qui placèrent la renonciation
(zouhd) et l’acquisition de la vraie peur d’Allah (wara) au-dessus de la
simple pratique des obligations, tel l’Imam Ahmad qui composa deux
livres avec ces deux qualités comme titres respectifs. Celui-ci plaça la
connaissance des saints au-dessus de celle des savants, comme cela est
montré par le rapport suivant de son élève Abou Bakr al-Marwazi:
J’entendis Fath ibn Abi al-Fath dire à
Abou `Abd Allah (l’Imam Ahmad) durant sa dernière maladie: « invoque
Allah pour nous afin qu’Il nous donne un bon khalifa (successeur) pour
te succéder.» Il continua: « Qui devrons-nous consulter en matière de
connaissance après toi ?» Ahmad répondit: « Consultez `Abd al-Wahhab.»
Quelqu’un qui était présent me relata qu’il dit: « Mais, il n’a pas
assez de connaissance» -- Abou `Abd Allah répliqua: « C’est un saint
(innahou rajouloun salih ), et ainsi il lui est accordé du succès en
parlant la vérité.»[4]
Dans une célèbre fatwa citée dans les
lignes qui vont suivre, le savant Chafi`i al-`Izz ibn `Abd al-Salam
donne la même priorité au mystique ou connaisseur d’Allah (arifin)
au-dessus des juristes. Le même accent est placé sur la perfection
interne par l’Imam Malik dans son dire: «La Religion ne consiste pas en
la connaissance de plusieurs narrations, mais en la lumière qu’Allah
place dans la poitrine.» Et Ibn `ata' Allah cita Ibn `Arabi disant: «La
Certitude (al-yaqin) ne dérive pas des évidences de la raison mais sort
des profondeurs du cœur.»
Ceci est la raison pour laquelle
plusieurs Imans mettèrent en garde contre la pure et simple soif du
savoir au dépend de l’éducation du «moi». L’Imam Ghazali abandonna les
arènes du savoir au milieu d’une prestigieuse carrière, en vue de se
consacrer à la purification du soi. C’est à l’issue de cette période
qu’il rédigea son chef d’œuvre Ihya' `Ouloum al-din dans lequel il lance
un avertissement à tous ceux qui réduisent la religion en l’étude pure
et simple du fiqh ou jurisprudence.
Le même avertissement fut lancé par les
plus grands des houffaz ou maîtres de hadiths de son temps et par l’un
des premiers soufis, Soufyan al-Thawri (d. 161), à tous ceux qui
prennent la narration de hadiths pour la religion, lorsqu’il dit: «Si le
hadith était un bien il aurait disparu de même que toutes les bonnes
choses ont disparu…Poursuivre l’étude du hadith ne fait pas partie de la
préparation à la mort, mais c’est une maladie qui préoccupe les gens.»
Dhahabi cite cette parole et commente:
Par Allah, il a dit la vérité…Aujourd’hui, la recherche du savoir et du
hadith ne signifie plus pour les savants l’obligation de s’y conformer,
ce qui est le but du hadith. Il a raison lorsqu’il dit que poursuivre
l’étude du hadith est autre que le hadith lui-même.[5]
Ce n’est pas pour le «hadith en soi»,
mais dans le but de vivre en conformité avec la Sunna du Prophète qui
est synonyme de vivre en conformité avec le saint Coran – selon le
hadith bien connu de `Aïcha concernant le caractère du Prophète – que
les grands maîtres de la purification du moi renoncèrent à la simple
poursuite de la science en tant que séduction mondaine, et préférèrent
l’acquisition de l’ishan ou le caractère parfait. Un exemple est Abou
Nasr Bishr al-Hafi (d.227), qui considéra l’étude du hadith comme une
science conjecturelle en comparaison à la certitude qu’il acquit par la
fréquentation de Foudayl ibn `Iyad (d.187).[6] Ainsi, les deux, l’ihsan
et le processus qui y conduit sont connus sous le nom de tassawwouf,
comme les pages suivantes le démontrent.
I - « QU’EST-CE QUE LE TASSAWWOUF ? »
DÉFINITION, TERMINOLOGIE ET ASPECTS HISTORIQUES --->
Le Tassawwouf Parmi Les Salaf
Comme il est défini clairement dans le
hadith rapporté par Sayyidina `Oumar au sujet de la rencontre de l’ange
Gabriel avec le Prophète[7], appartenir à Ahl al-Sunna wa Jama`a ne se
limite pas seulement aux règles de la foi. Cela entraîne l’adoption de
principes qui conduisent à l’état d’ihsan ou la perfection de la
croyance et de la pratique. Partant de là, le Groupe Sauvé suit l’une
des nombreuses écoles de soulouk (éthiques personnelles) en conformité
avec les principes de la Chari`a et le `aza'im (les strictes
applications) de la Sunna, ou les modes de conduite reflètent la
complète détermination de plaire à son Créateur selon le modèle du
Prophète. Ces écoles sont collectivement connues comme la science du
tassawwouf ou la purification du soi.
Au cours du premier siècle de l’Hégire,
la renonciation à ce bas-monde (zouhd) se développa comme une réaction à
la vie mondaine de la société. Cette réaction prit ses racines dans
l’ordre d’Allah à Son Vertueux Apôtre de purifier l’humanité: «Un
Messager … pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la
Sagesse, et les purifier» (2:129); «Nous avons envoyé parmi vous un
Messager de chez-vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous
enseigne le Livre et la Sagesse » (2:151); «Allah a certainement fait
une faveur aux croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un Messager qui
venait d`eux, qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne
le Livre et la Sagesse» (3:164); «Purifie-les, bénis-les, et prie pour
eux. Certainement ta prière est une quiétude pour eux.» (9:103); «C’est
Lui qui a envoyé… un Messager sorti d’eux qui leur récite Ses versets,
les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse» (62:2).
Les adeptes de cette voie s’attachèrent
fermement au mode de vie Prophétique comme cela fut reflété dans la vie
de ses compagnons et de leurs successeurs, dans les voies qu’ils
employèrent pour purifier leur cœurs et leur caractère des mœurs
blâmables et de s’inculquer, ainsi qu’à ceux qui furent autour d’eux,
les mœurs et la stature morale de la meilleure créature de toute
l’humanité, le Prophète Mouhammad, la paix et la bénédiction de Dieu sur
lui. Les exemples de ces hommes-école de purification sont ceux cités
par Abou Nou`aym et d’autres comme «Les Huit Ascétiques»: Amir ibn `Abd
Qays, Abou Mouslim al-Khawlani, Ouways al-Qarani, al-Rabi’ Ibn
Khouthaym, al-Aswad ibn Yazid, Masrouq, Soufyan al-Thawri, Hassan
al-Basri, parmi tant d’autres.
Le pouvoir de tels saints et leurs
bénéfices furent attestés par le Prophète lui-même, comme cela est
témoigné par les nombreux hadiths rapportés au sujet d’Ouways al-Qarani.
L’Imam Ahmad en cite dans son livre al-Zouhd. Dans le récit suivant, le
Prophète ordonne aux gens, de solliciter auprès d’Ouways s’ils le
rencontrent, le pardon (d’Allah), et déclare que l’intercession d’Ouways
fera entrer un nombre important de gens au Paradis:
Le Prophète dit: «Ouways ibn `Amir
poindra sur vous avec l’assistance des gens du Yémen de la tribu de
Mourad et Qaran. Il était lépreux et fut guéri, sauf une toute petite
partie de son corps. Il a une mère dont il respecte scrupuleusement les
droits. S’il fait un vœu à Allah, Allah l’accomplira. Si vous pouvez lui
demander intercession pour votre pardon, faite-le. Plus de personnes
entreront au Paradis, à cause de l’intercession d’un certain homme de ma
communauté, qu’il y a de personnes dans les tribus de Rabi' et Moudar,
Al-Hassan al-Basri dit: «Cest Ouways al-Qarani.»[8]
A travers une graduelle évolution et
comme une réaction contre l’emprise grandissante de l’appétit de la vie
d’ici-bas, les Musulmans se ruèrent vers ces saints et leurs disciples
jusqu’à ce que leur régiment s’acheva en école de pensée pratique et
d’action morale dotée de sa prope structure de règles et de principes.
Ceci devint la base utilisée par les maîtres Soufis pour guider les gens
sur le droit chemin. En conséquence, le monde fut témoin du
développement d’une variété d’écoles de purification de l’égo (tazkiyat
an-nafs). La pensée Soufie, comme elle se répendit partout, servit de
force dynamique dans la croissance et l’établissement de l’éducation
Islamique. Cette spectaculaire avancée s’étendit à partir du premier
siècle de l’Hégire, en parallèle avec les développements suivants:
- Le développement des bases du fiqh (Loi et Jurisprudence), à travers les Quatre Imams;
- Le développement des bases de l’aqida (doctrine) à travers al-Ach`ari et autres;
- Le développement de la science du hadith (Les dires du Prophète), qui déboucha en six authentiques collections et d’innombrables autres;
- Le développement des arts de nahw et balagha (La Langue et l’Ecriture Arabe).
TARIQA
Tariqa ou «chemin» est un terme dérivé
du verset Coranique suivant: «Et s’ils se maintiennent dans la bonne
voie (tariqa), Nous les aurions abreuvés, certes d’une eau limpide (ou
abondante)» (72:16 ).
Le sens de «voie» mentionné dans le
verset ci-dessus est expliqué par le hadith du Prophète relaté par
Boukhari et Mouslim, ordonnant aux musulmans de suivre sa Sunna et la
Sunna de ses successeurs. Comme le mot tariqa dans le verset ci-haut
mentionné, le sens de Sunna dans le hadith est «chemin» et «voie».
Ainsi, tariqa devint un terme appliqué aux groupes de gens appartenant à
l’école de pensée exercée par un maître ou “cheick”.
Quoique ces cheicks appliquèrent
différentes méthodes dans l’enseignement à leurs disciples, le noyau de
chaque discipline était identique. La situation n’était pas différente
de ce que nous avons aujourd’hui dans les facultés de médecine ou de
droit. L’approche des différentes facultés peut varier, mais le corps en
droit, l’état d’art en médecine, reste essentiellement le même en tout
lieu. Les étudiants diplômés de ces facultés portent chacun la marque de
leur branche. Néanmoins, aucun n’est considéré inférieur à l’autre
parce qu’il est le produit d’une faculté ou d’une autre; l’avocat n’est
pas considéré supérieur au docteur ni le docteur à l’avocat.
Similairement, le disciple d’un cheick
portera le cachet de son enseignement. En conséquence, les noms donnés
aux différentes écoles Soufies diffèrent selon le nom et les
perspectives de leurs fondateurs. Cette variation se manifeste d’une
façon plus concrète dans la méthode de dévotions surérogatoires connue
sous l’appellation de awrad, ahzab ou adhkar, utilisée comme la
méthodologie pratique de la formation spirituelle. Ces différences
cependant n’affectent pas les principes religieux. Dans les principes de
base, les écoles Soufies sont essentiellement les mêmes, puisque basées
sur l’essence de la religion, qui est uniforme.
Le groupe Soufi sous lequel chaque
individue entreprit le chemin vers Allah était un itinéraire finement
aiguisé qui établit les disciplines du progrès externe et interne dans
la foi et la pratique religieuse. Suivant la pratique des Compagnons du
Prophète qui fréquentaient régulièrement le groupe nommé Ahl al-Soufa
(«Les Gens du Banc»), les pratiquants de ce groupe menèrent une vie
communautaire . Leurs habitations étaient les mosquées-écoles (zawiya),
les forts frontaliers (ribat), et des maison-hôtes (khaniqa) où ils se
réunissaient régulièrement lors d’occasions dédiées aux fêtes
traditionnelles du calendrier musulman (‘id).
Ces structures avaient des institutions
éducationnelles ; par exemple les deux forts frontaliers (ribat) fondés
par le savant Soufi `Abd Allah Ibn al-Moubarak en Merv, qui fonctionna
pendant longtemps, et le Khaniqa baybarsiya du Caire. Cette école Soufie
eu le grand savant de hadiths, Ibn Hajar al-Asqalani comme recteur et
maître de conférence pendant les quarante dernières années de sa vie. Il
assuma en même temps la fonction de juge principal en Syrie et en
Égypte.
Les Soufis se réunirent également en
associations informelles appelées souhba autour du cheich pour acquérir
la connaissance, et en assemblée pour invoquer les noms d’Allah et
réciter les adhkar (pluriel de dhikr, «le souvenir de Dieu») hérité de
la Tradition Prophétique. Encore, une autre raison de leur regroupement
était d’écouter les prêches inspirées et les exhortations morales
(wi’az). Les cheikhs Soufis enseignèrent à leurs disciples à répondre
activement à l’appel d’Allah et de Son Messager, de purifier leur cœur
et leur âme de tous bas désirs incités par l’égo, de corriger toutes les
croyances erronées et de parfaire leur croyance en l’unicité d’Allah.
On enseignait aux disciples à être honnête, loyal, digne de foi, patient
dans la crainte d’Allah, à aimer son prochain, à dépendre que d’Allah
et de s’en remettre à Lui tout au long de leur vie, et les autres
moralités enseignées par l’Islam. Tout ceci fut accompli en s’attachant à
la Sunna Prophétique. Les méthodes de souvenir d’Allah qu’ils
inculquaient à leurs disciples furent les mêmes méthodes enseignées par
le Prophète. De cette manière, ils propagèrent le caractère exemplaire
du Prophète (saw) en paroles et en actions, pendant qu’ils encouragèrent
les croyants à se consacrer à Allah de tout cœur. Le but de leur effort
ne fut rien d’autre que d’obtenir la satisfaction d’Allah et de leur
inspirer l’amour pour Son Prophète. En d’autres termes, ce qu’ils
visaient était un état où Allah serait content d’eux comme ils l’étaient
avec Lui.
Ces cheikhs, par conséquent, furent des
flambeaux qui dissipèrent les ténèbres de la voie du croyant aussi bien
qu’ils illuminèrent les voies sur lesquelles la Oumma pourrait bâtir la
fondation d’une société idéale. Cet idéal était l’esprit de sacrifice et
de dévouement qui caractérisait tous leurs efforts. Ces valeurs,
imprégnaient l’entière fabrique sociale de l’Islam. Les couvents ou
maisons-hôte (khaniqa), étaient établis dans le voisinage des pauvres
offrant gratuitement de la nourriture et l’hospitalité. Ce fut aussi un
lieu et un moyen de communion entre le pauvre et le riche, entre le
blanc et le noir, entre l’arabe et non-arabe conformément aux dires du
Prophète: “Il n’y a pas de différence entre un arabe et un non-arabe
sauf dans les vertus.” Ces couvents furent des lieux de rencontres de
toutes les races et de toutes les nationalités et des remèdes pour
plusieurs maux sociaux.
En conséquence à de tels enseignements
et formation, les disciples des cheikhs Soufis, sortis de ces écoles,
étaient pleinement capables de supporter les fardeaux et les torts de
leurs contemporains dans leur effort à illuminer le chemin de la Vérité.
En outre, à travers leur formation et auto-discipline, ils avaient
développé le manifeste et la très ferme volonté de faire. Ces véritables
et sincères savants et maîtres de tariqa ne laissèrent aucune pierre
sans être tournée dans la conduite de leur jihad, un mot qui signifie à
la fois la lutte physique contre les non-croyants et la lutte
spirituelle contre les attraits invisibles qui piègent l’âme.
La Mauvaise Compréhension Des Temps Modernes
Il est bien connu de tous, qu’en notre
temps les gens ont une mauvaise compréhension du tassawwouf. Certains
affirment que c’est une science opposée à l’Islam qui n’est pas
mentionnée dans la Chari`a, le Coran ou la Sunna. D’autres, les
adhérents aux écoles de pensée des quatre Imams et les Imams qui les
suivirent plus tard mentionnons Nawawi, Ibn Hajar, al-Soubki,
al-Souyouti, Ibn Hajar al-Haytami, et plusieurs autres, même Ibn
Taymiyya et Ibn Qayyim, quoique ces deux derniers furent opposés à la
doctrine de Ahl al-Sunna à plusieurs égards, l’acceptèrent et surent que
le tassawwouf a ses racines profondes dans le Coran, dans la Sunna et
dans la Char’ia. Ces savants acceptèrent le tassawwouf parce qu’ils
connaissaient la réalité et le sens de ce terme, et non pas à cause de
la réputation ou l’âge du terme en lui-même.
Il n’est pas rare d’entendre de ceux qui
s’opposent au tassawwouf qu’ils rejettent tout ce qui ne figure pas
dans le Coran et dans la Sunna». Avancer une telle affirmation est faire
preuve de manque d’esprit critique. Prenons par exemple les Sciences
Islamiques, notamment la science du hadith. Le sens du mot «Hadith» dans
le dictionnaire est défini comme «opposé à l’ancien (qadim), nouvelle
(jadid) ou alternativement, quelque chose parlée.» Le sens commun qui
lui est attribué est «la Tradition du Prophète» ou «la science des
Traditions du Prophète.» Lorsque le mot «hadith» est mentionné, les
savants savent qu’il s'agit de «nouvelles.» Mais le sens attribué à ce
mot après la période du Prophète est tout ce que le Prophète a dit et
fait. Cependant, de son vivant, le mot «hadith» était rarement utilisé
comme il l’est aujourd’hui. Il prit ce sens seulement lorsqu’il devint
un terme technique pour décrire les dires, les actions, du temps du
Prophète (saw).
Dans Boukhari et Mouslim, le Prophète
(saw) dit: «Le meilleur siècle est mon siècle et celui qui le suit» et
dans un autre hadith il dit: «le premier siècle et le second et le
troisième.» Après les compagnons furent les Tabi`in et les Tabi Tabi`in.
Tous les savants de l’Islam affirment que la période des Tabi`in fut la
fin de l’an 150 de l’hégire et l’an 220 de l’hégire fut la fin du
siècle des Tabi Tabi`in. C’est deux périodes furent témoins de
apparition successive de l’Imam Abou Hanifa, l’Imam Malick, l’Imam
Shafi`i, l’Imam Hanbal, fondateurs des quatre écoles juridiques, et de
celle de l’Imam Boukhari, l’Imam Mouslim, l’Imam Abou Dawoud, l’Imam
Abou Issa Tirmidhi, l’Imam An-Nissa`i et de l’Imam Ibn Majah, auteurs
des six livres cannoniques de hadiths.
Ces savants développèrent une vaste
science à un moment où plusieurs non-arabes embrassèrent l’Islam et
mémorisèrent les hadiths; Ils trouvèrent nécessaire d’établir Ilm
oul-Hadith ou la science du hadith, science qui n’existait pas au temps
du Prophète (saw), en vue de préserver les dires, les pratiques, les
anecdotes du Messager de Dieu et de ses compagnons. Cette science dès
lors devint partie intégrante à l’Islam. Du temps du Messager (saw), la
propagation et la vérification du hadith étaient naturelles mais elles
n’étaient pas formalisées. Cependant après cette période, les savants
ci-dessus cités développèrent des lois et des méthodes de
classification, d’enregistrement, de transmission et de formalisation
des hadiths et y ajoutèrent des structures formelles et une méthodologie
de vérification au mécanisme naturel de transmission qui incorpore
toujours le sanad, chaîne vérifiable d’une information au sujet des
dires du Prophète (saw) ou de ses compagnons. Ceci amena 35
classifications. De même, les savants développèrent plusieurs
sciences[9] (`ouloum) mentionnons, la science de la grammaire, la
science de l’explication et de l’éloquence du Coran, la science de
l’Unicité de Dieu, la science de la croyance, la science du Coran, la
science de la jurisprudence, la science des traditions du Prophète
(saw), la science de la vie du Prophète (saw), la science de l’analyse
linguistique, la science de la clarification, la science de l’exégèse du
Coran, la science de la récitation harmonieuse, la science de la
récitation fluide, la science de la purification du Soi connue aussi
comme la science de la perfection du caractère , la science de
l’héritage, etc… et plusieurs autres sciences dérivant toutes du Saint
Coran et des Hadiths du Messager (saw) de Dieu. Aucune de ces
disciplines ni leur terminologie n’existaient du temps du Prophète
(saw). Pourtant leurs réalités existaient, puisque les Sahaba les
pratiquèrent mieux que tous ceux qui leur succédèrent.
Une question logique surgit à ce point:
Où dans le Coran et dans la Sunna figurent littéralement ces termes? Ce
qui suit logiquement est: D’où vint la permission de développer ces
classifications et terminologies dans la mesure où elles n’existaient
pas du temps du Prophète (saw)? Par conséquent, s’opposer à la science
du Tassawwouf ou la rejeter d’un trait parce qu’elle ne figure ni dans
le Coran ni dans la Sunna contredit l’entendement d’une personne dotée
d’intelligence.
Le terme tassawwouf n’était pas connu au
temps du Prophète. Cependant, quoique le terme apparait nouveau, son
essence est une partie et une parcelle de la religion et ne peut pas y
être dissociée. Une autre raison de la mauvaise compréhension de la
réalité du tassawwouf est que certaines personnes confondent le vrai
tassawwouf avec le pseudo-tassawwouf, ce dernier nie la nécessité de la
char’ia et crée ses propres règles, prétendant avoir une certaine
autorité historique , mais plutôt amorphe et qui n’a de racine dans
aucun précédent. Ils ne sont ni soufi ni moutassawwif mais moustaswif ou
«pseudo-soufi» ainsi sont-ils défini par le grand maître `Ali
al-Houwjiri (d.469?) dans son Kashf al-mahjoub[10]. Les ennemis du
tassawwouf brouillent souvent l’information donnée sur les Soufis et les
moustaswifa dans leurs références au tassawwouf en vue de se
débarrasser à la fois des deux.
Un exemple est le cas de l’aversion
poussée de la secte Mou`tazila pour les soufis à un niveau tel qu’ils
refusèrent de reconnaître les karamat ou miracles des saints, ils ne les
considèrent pas comme un signe de vérité. De nos jours, nous trouvons
encore des gens similaires à ces Mou`tazila, qui veulent formuler leur
propre définition de l’Islam, avec ce qui y convient et ce qui n’y
convient pas, en faisant un mélange de vrai et de faux afin qu’ils
puissent se débarrasser de l’essence des enseignements de l’Islam qui
exposent le caractère incomplet et les erreurs de ce qu’ils ont hérité.
L’objectif du tassawwouf est de purifier
le cœur de toute sorte de mauvais désirs et penchants, des impuretés
qui s’y accumulent à cause des péchés et des mauvaises actions internes
comme externes, purifier le «soi» afin d’orner et de décorer le cœur
avec le bon modèle et la bonne manière qu’exigent le Coran et la Sunna
du Prophète (saw). Son but est de créer l’état d’ishan, la perfection du
caractère, qui fut celui du Prophète (saw) et l’état que tous ses
Compagnons qui s’efforcèrent d’atteindre cette perfection.
La Nécessité Du Développement Des Sciences Islamiques Après Le Temps Du Prophète (saw)
Pour prendre un exemple, au temps du
Prophète (saw), il n’y avait pas la nécessité d’enseigner ‘ilm al-nahou
(la science de la grammaire) même à un enfant. Dans le berceau de
l’Islam, ayant grandit dans le Hijaz, même un enfant pouvait lire un
poème ou un texte arabe sans avoir recours à aucun signe diacritique
(tashkil). Cette connaissance leur était acquise naturellement au fur et
mesure qu’ils grandissaient. Plus tard, lorsque plusieurs non-arabes
commencèrent à embrasser l’Islam, et que le Coran se lisait
incorrectement, il devint nécessaire de créer de nouvelles disciplines
en vue d’assister les nouveaux Musulmans dans la lecture du Coran. Ainsi
la grammaire fut développée et les signes diacritiques furent établis.
L’état de perfection (ihsan), l’état
d’austérité (zouhd), l’état de la peur d’Allah (wara’) et l’état de la
méfiance de Dieu (taqwa) furent naturellement pratiqués par les
Compagnons parce qu’ils étaient en compagnie du Prophète (saw) et ces
états furent un résultat direct de cette association. Ce fut la raison
pour laquelle ils furent appelés Compagnons, c’est cette association
avec le Prophète (saw) qui leur permit d’être purifié.
Après les compagnons, plusieurs gens
n’eurent pas l’opportunité de rencontrer le Prophète (saw) ni ses
Compagnons mais acceptèrent l’Islam, et parce que plusieurs nouveaux
Musulmans, à cette époque, dévièrent du vrai chemin de l’Islam, il
devint nécessaire d’établir une école avec une fondation, juste comme
`ilm al-nahou fut établi avec ses écoles. Il fut nécessaire de mettre en
place des écoles à travers lesquelles furent développées les
disciplines spirituelles visant les états cités ci-dessus, et elles
furent combinées sous une science principale appelée `ilm al-tassawwouf.
Nous devons savoir que le tassawwouf
n’est pas une chose nouvelle en Islam ni quelque chose d’inventée. Au
contraire, c’est une science héritée du Prophète (saw) et des Compagnons
et ses racines sont dans l’Islam. Elle n’est pas ce que les ennemis de
l’Islam--Les Orientalistes et leurs disciples--ont relaté. Ils ont
innové et attribué plusieurs noms au tassawwouf afin d’attaquer la
science et l’état d’ihsan que le Prophète (saw) mentionna dans son Saint
Hadith. Ils tentèrent d’appliquer le terme «superstition» (sha‘waza) à
la science de tassawwouf. Il est bien su de tous que tout terme peut
être employé pour nommer une science et l’on est libre de définir ou
d’utiliser tout terme que l’on désire. De même `ilm al-ihsan ne change
pas en lui attribuant un nom différent. Il est profondément espéré que
personne ne soit empêchée d’apprendre cette importante science citée
dans le Coran et le hadith, à cause du préjudice causé au tassawwouf. Si
le terme est problématique à quiconque, qu’il lui attribue un nom
différent, mais qu’il apprenne cette science par tout autre nom qui lui
conviendra.. Le terme tassawwouf qui est utilisé pour se référer aux
voies de la purification du cœur, dénote la même chose que tazkiyat
al-nafs dans le Coran. Les deux termes ont la même définition comme
étant les sciences de «l’austérité» (zouhd) et celle de la perfection du
caractère (ihsan). Les termes zouhd et ihsan furent utilisés au temps
du Prophète (saw). Plus tard, ces termes furent définis en détails et
redéfinis sous la direction du Coran et du hadith, comme furent les
autres sciences Islamiques déjà citées.
Les Racines Linguistiques Du Mot Tassawwouf
Il y a quatre racines données au mot
tassawwouf. La première dérive du mot Arabe safa ou safw qui signifie
pureté comme du cristal et limpide comme de l’eau. Le Prophète (saw)
compara le monde à une petite eau de pluie sur un plateau de montagne
dont la limpidité (safw) avait déjà été bue et dont la lie (kadar)
seulement restait[11]; et il appela la Syrie la plus pure des terres
d’Allah[12] après la Mecque et Madina. Ibn al-Athir défini le mot dans
son dictionnaire al-Nihaya comme «le meilleur de tout sujet, sa
quintessence, et sa partie la plus pure.»[13]
Une autre racine dérive de Ahl al-Soufa,
(les gens du Banc), qui furent ceux qui vivaient dans la mosquée du
Prophète (saw) de son vivant et qui furent mentionnés dans le Coran au
verset suivant:
«(O Mohammed,) Résigne-toi à la
compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa
Face; et ne laisse pas tes yeux se détourner d’eux, voulant le luxe de
ce bas-monde; et n’obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur
inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le
comportement est outrancier.» (.18:.28)
Ce verset insiste sur la nécessité des
croyants à se maintenir dans un état permanent de dhikr, le Souvenir
d’Allah avec la bouche (la langue), dans l’esprit, et à travers le cœur.
Cette racine est parfois comparée à ahl al-Saff, ou «les Gens du Rang»,
dans le sens de «premier rang», comme le premier rang est béni et les
soufis sont l ‘élite de la communauté.
La troisième de ces racines est al-souf
ou laine, comme ce fut la coutume des gens pieux de Koufa de s’en
revêtir. La quatrième racine linguistique dérive de souffat al-kaffa ou
éponge molle en référence au soufi dont le cœur est très mou à cause de
sa pureté. Ceci est la raison pour laquelle le Prophète (saw) montra
toujours sa préoccupation pour ses Compagnons, en vue de purifier leurs
cœurs et de leur montrer que le progrès du «soi» est basé sur un cœur
débarrassé de toutes les imperfections internes et externes.
Le Prophète (saw) Mentionne La Condition Du Cœur: La Suprématie Du Cœur Sur Tous Les Autres Organes
Le cœur est le siège de la sincérité en
une personne sans lequel aucune de ses actions ne sont acceptées. Le
Prophète (saw) dit dans Boukhari: «Sûrement il y a dans le corps un
petit morceau de chair; s’il est en bon état le corps entier est en bon
état, et s’il est corrompu le corps entier est corrompu et c’est le
cœur»; et il dit dans deux autres hadiths rapportés par Mouslim:
«Sûrement Allah ne regarde pas vos corps ni vos faces, mais Il regarde
vos cœurs» et «N’entrera au paradis quiconque a même un atome d’orgueil
en son cœur.» Plusieurs autres hadiths citent explicitement la primauté
du cœur:
Abou Hourayra rapporte: «Je dis: O
Messager d’Allah! Qui sera le premier à bénéficier de ton intercession
au jour de la résurrection?» Le Messager d’Allah dit: «O Abou Hourayra!
Je savais que personne ne pouvait me demander cette question avant toi à
cause de ton grand désir pour la connaissance de hadiths. Le premier à
bénéficier de mon intercession au jour de la résurrection est celui qui
dit «Il n’y a de Dieu qu’Allah» purement et sincèrement de son cœur
(qalb) ou de son âme (nafs).»[14] Ibn Hajar dit dans son commentaire sur
Boukhari:
Le Prophète (saw) mentionna le cœur pour
insister, comme Allah dit à propos du pécheur: «Certes, il a un cœur
pécheur» (2:283)… «Le Premier» fait allusion à leur différent ordre
d’entrée au paradis comme distinct dans leur rang de sincérité, cette
dernière qualité étant mise en valeur par son dire «de son cœur»
quoiqu’il soit clair que le siège de la sincérité est le cœur.
Cependant, l’attribution de l’action à cet organe est plus
accentuée.[15]
L’un des Compagnons nommé Wabissa
rapporte que les gens avaient l’habitude de demander au Prophète
(saw)des questions au sujet des bonnes choses, mais lui se résolu de lui
demander qu’au sujet de mauvaises choses. Lorsqu’il vint au Messager de
Dieu, celui-ci le tapota sur la poitrine avec ses doigts et dit par
trois fois: «O Wabissa, la peur d’Allah est là.» Ensuite il dit:
«Demande la réponse à ton coeur, peu importe celle des autres. »[16]
De la part d’Omar: Le Prophète (saw)
dit: «Toute chose a une cire, et la cire du cœur est dhikr Allah. Rien
ne sauve une personne de la punition plus que le dhikr Allah.» Ils
dirent: «Même pas le jihad pour l’amour d’Allah?» Il dit: «Non, même si
vous combattez jusqu’à ce que vos sabres se brisent.»[17]
Ibn `Oumar rapporte: J’étais assis avec
le Prophète (saw) lorsque Hamala ibn Zayd al-Ansari de la tribu des
Banou Haritha vint à lui. Il s’assit en face du Messager d’Allah (saw)
et dit: «O Messager d’Allah, la croyance est là» – et il montra sa
langue du doigt – «et l’hypocrisie est là» -- et il montra son cœur du
doigt – «et je ne fais pas assez de dhikr Allah à l’exception d’un petit
nombre.» Le Messager d’Allah demeura silencieux. Hamala répéta ses mots
au cours desquels le Prophète(saw) saisi sa langue par son extrémité et
dit: «O Allah, donne lui une langue véridique et un cœur reconnaissant,
et fait qu’il m’aime et aime tous ceux qui m’aiment, et dirige ses
affaires vers le succès.» Hamala dit: «O Messager d’Allah, j’ai deux
frères qui sont hypocrites; j’étais juste avec eux. Ne dois-je pas les
conduire à toi (afin que tu pries pour eux)?» Le Prophète (saw) dit:
«(oui), quiconque vient à nous de la manière dont tu es venu, nous
demanderons le pardon pour eux comme nous avons demandé le pardon pour
toi; et quiconque maintien cette voie, Allah devient son
protecteur.»[18]
De Ibn Omar aussi: le Prophète (saw)
dit: «Ne parlez pas beaucoup, faites le dhikr Allah; parler beaucoup
sans faire le dhikr Allah endurci le cœur, et personne n’est plus
éloigné d’Allah que celui qui a un cœur dur.»[19]
Nous voyons que le Prophète(saw) liait
toute chose à la condition du cœur. Lorsque nous éliminons nos mauvais
caractères et que nous endossons les bonnes manières, nous aurons un
cœur parfait et sain; Ceci est la raison pour laquelle Allah mentionne
dans le Coran: «Le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront
d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un cœur saint.»
(26:88-89). Et Allah mentionne les cœurs de Ses vrais savants (`oulama)
lorqu’Il dit: «Il consiste plutôt en des versets évidents, (préservés)
dans les poitrines de ceux à qui le savoir a été donné. Et seul les
injustes renient nos versets.»
Quelles sont les maladies du cœur?
L'Imam Souyouti dit dans son livre sur la tariqa Chadhili: «La science
des cœurs, la connaissance de ses maladies comme la jalousie,
l’arrogance et la vanité, est une obligation pour tout Musulman de s’en
débarrasser.»[20] Les exégètes disent que la jalousie (hassad),
l’ostentation (al-riya’), l’hypocrisie (al-nifaq) et la haine (al-hiqd)
sont les caractères les plus communs auxquels Allah fait référence
lorsqu’Il dit: «Dis: Mon Seigneur m’a interdit les turpitudes tant
apparentes que secrètes» (7:33). Allah mentionnant «tant apparent que
secret» est l’évidence de la nécessité pour toute personne de ne pas
seulement corriger et parfaire les actions extérieures, mais de purifier
celles qui sont cachées en son cœur et qui sont seulement connues de
son Seigneur.
Le tassawwouf est la science et la
connaissance par laquelle on apprend à purifier le moi des mauvais
désirs de l’égo, comme la jalousie, la tricherie, l’ostentation, l’amour
des éloges, la vanité, l’arrogance, la colère, l’avidité, la radinerie,
le respect du riche au dépend du pauvre, tout comme on doit purifier
son aspect externe. La science de tassawwouf enseigne la purification
selon le Saint Coran et la Sunna du Prophète (saw) et enseigne à se
vêtir des attributs parfaits (al-sifat oul-kamila) dont la repentance
(tawba), la peur de Dieu (taqwa), se maintenir dans le droit chemin
(istiqama), la franchise (sidq), la sincérité (ikhlas), l’abstentation
(zouhd), la grande piété (wara’), se remettre à Allah (tawakkul),
accepter le Destin (rida), s’abandonner à Allah (taslim), les bonnes
manières (adab), l’amour (mahabba), le souvenir (dhikr), la méditation
(mouraqaba), et plusieurs autres qualités trop nombreuses pour être
énumérées ici.
Tout comme la science du hadith a des
douzaines de classifications, de même la science de tassawwouf a
plusieurs classifications à savoir, les bonnes caractéristiques (akhlaq
hassana) que le croyant doit obligatoirement développer, et les
mauvaises (akhlaq dhamina) qu’il doit obligatoirement éliminer, en vue
d’atteindre l’état d’ihsan. Les bénéfices et les buts de la science de
tassawwouf rendent manifestes en nous le coeur de l’Islam, sa précieuse
essence et sa force. En effet, l’Islam n’est pas seulement une pratique
externe, mais il a aussi une vie interne. Ceci est la raison pour
laquelle Allah dit: «Evitez le péché apparent ou caché» (6:120) et «Il y
a parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur
engagement envers Allah» (33:23). Ceci signifie que tous les croyants ne
sont pas inclus dans ce groupe sélectionné de «ceux qui ont tenu leur
engagement envers Allah.» En d’autres termes l’on peut être croyant,
mais ne pas être parmi ceux qui ont tenu leur engagement à moins que
l’on est atteint l’état de la purification de soi, l’état d’ihsan, la
perfection du caractère, que le Saint Prophète (saw) mentionna dans le
Saint Hadith. Et ceci, comme nous l’avons maintenant rendu clair, est ce
qui fut connu plus tard comme étant la science du tassawwouf.
II - «Y'A-T’IL DES PREUVES ET DES ÉVIDENCES DANS LE CORAN AU SUJET DU TASSAWWOUF ? CITEZ-LES DE MANIÈRES EXPLICITES.» --->
Allah Décrit Tazkiyat Al-Nafs Comme Un Devoir Du Prophète
Comme mentionné précédemment, l’évidence
du tassawwouf à partir du Coran est la même que l’évidence pour
tazkiyat al-nafs ou la purification du soi, qui a été établie dans les
paragraphes antérieurs comme la définition du tassawwouf. Allah dit:
«C’est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre un Messager des leurs qui
leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et le
Sagesse, car ils étaient auparavant dans un égarement évident» (62:2).
Le terme utilisé ici est wa youzakkihim (les purifie). Les différents
sens des différentes racines du mot tazkiya en arabe sont:
- zaka: «il nettoya» ou «il fut propre»
- youzakki «netttoyer» et «être purifier»
- tazkiya «purification»
- zakat «la taxe Islamique pour le nécessiteux,» «charité» «pureté»
- azka «la plus pure»
- zaki «pur, innocent»
Allah dit dans un autre verset: «Et par
l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée et lui a alors inspiré
son immortalité, de même que sa piété! A réussi, certes, celui qui la
purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt.» (91:7-10) Ce
verset du Coran fait état de la nécessité de purifier et de maintenir
propre le nafs en vue de réussir dans cette vie et dans l’au-delà: et
ceci est précisément le but du tassawwouf. Les versets suivants sont
rélatés pour une telle auto-purification.
D’autres Versets Et Commentaires Sur Tazkiyat Al-Nafs
Des versets se référant à la purification et à la purification du soi dans le Coran ont été déjà mentionnés. Allah dit:
- «Notre Seigneur! Envoie l’un des leurs comme messager parmi eux, pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier.» (2:129)
- «Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie…» (2:151)
- «Réussit, certes, celui qui se purifie, et se rappelle le nom de son Seigneur, puis prie.» (87:14-15)
- «Et quiconque se purifie, ne se purifie que pour lui-même, et vers Allah est la Destination.» (35:18)
Dans tous ces versets Allah
Tout-Puissant fait état des mutassawif, ou ceux qui sont préoccupés à se
purifier. Ils se souviennent de leur Seigneur en tout lieu et en tout
moment en invocant Ses Noms et Attributs, et ils sont attentifs dans
leurs prières. Ceci est l’essence du tassawwouf, et aussi l’essence de
l’Islam. Nous rappelons encore au lecteur que ceci n’est qu’un terme
technique, qui peut être remplacé par tout autre synonyme. Pour
quiconque prétend suivre ou pratiquer l’Islam, alors ce combat pour la
purification du soi est obligatoire, comme il est clairement ordonné
dans ces versets. En vérité, il est sans importance de prétendre qu’il
puisse avoir une soumission totale à Allah sans se purifier soi-même et
voici pourquoi certains savants, parmi lesquels l’Imam Ghazali et l’Iman
Souyouti, ont considéré le tassawouf comme une obligation religieuse
(wajib).[21] Que l’on réussisse ou non dans cette poursuite dépend
d’Allah, mais quoiqu’il en soit sa nécessité incombe à tous les
Musulmans, hommes et femmes.
Allah Ordonne Aux Croyants De Chercher Un Moyen De S’approcher DE Lui Et d’accompagner Les Sadiqin.
Il Promet De Guider Les Mouhsinin
Allah ordonne: «O vous qui croyez!
Craignez Allah, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez
pour Sa cause. Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent!» (5:35). Ce
verset ordonne de se battre dans la voie d’Allah – et non dans celle de
l’égo et vers ses désirs – si l’on souhaite être victorieux. Et il
indique la nécessité de suivre les pas du Prophète comme un moyen pour
s’approcher d’Allah Tout-Puissant, et le prendre ainsi que ceux qui le
connaissent comme guides.
Allah dit aussi: «O vous qui croyez!
Craignez Allah et soyez avec les véridiques.» (9:119). Le verset montre
une évidence de la nécessité de tenir compagnie et de s’associer avec
les meilleurs serviteurs d’Allah. Les Sadiqin sont ceux qui ont atteint
les plus hauts niveaux de la foi selon le verset déjà mentionné: “Il est
parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur
engagement envers Allah. Certains d’entre eux sont morts, et d’autres
attendent encore; et ils n’ont varié aucunement (dans leur engagement).
(33:23). Ceci signifie qu’en tout temps il y a des gens qui tiennent
solidement à leur engagement envers Allah. Ceux-là sont les amis d’Allah
mentionnés dans d’autres versets, parmi lesquels: «En vérité, les
bien-aimés d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne sont
point affligés» (10:62). L’un de ces Amis d’Allah est al-Khidr. On
ordonna au prophète Moise de l’accompagner afin d’apprendre une partie
de sa sagesse.
Allah dit: «Quant à ceux qui luttent
pour notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allah est
en vérité avec les bienfaisants» (29:62). La plupart des savants de
l’Islam pratiquèrent tazkiyat al-nafs et essayèrent d’atteindre l’état
d’ihsan illustré par le haut calibre des saints auquel le verset
ci-dessus fait allusion. Ils sont les pieux exemples de ceux qui
répendirent l’Islam en Asie Centrale, en Inde, au Pakistan, en Turquie,
en Bosnie, en Indonésie, en Malaisie, en Chine, en Indochine, en
Espagne, et en Afrique. Tous ces savants pratiquèrent le tassawwouf et
utilisèrent ses métodes pour propager l’Islam dans ces pays, à travers
leurs états de zouhd, wara', taqwa et tazkiya, ce qui les rendit comme
des aimants pour les masses des gens qui se virent attirés à l’Islam par
leur canal.
Allah Décrit Quelqu’un Qui a Directement Appris De Lui: Al-Khidr
Allah décrit éloquemment la rencontre de
Sayiddina Moussa avec Sayiddina Khidr dans les versets suivants: «Ils
trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avons donné une grâce de
Notre part, et à qui Nous avons enseigné une science émanant de Nous.
Moïse lui dit: «Puis-je te suivre à la condition que tu m’apprennes ce
qu’on t’a appris concernant une bonne direction?» L’autre dit: Sûrement,
tu ne pourras pas être patient avec moi.» (18:65-67). De ces versets,
nous voyons que quoique Sayiddina Moussa fut un prophète et de surcroit
le seul prophète à parler directement à Allah (kalimoullah), Sayiddina
Khidr possédait une connaissance que Moise n’avait pas, et qu’il
cherchait à obtenir de lui. Khidr recevait son savoir directement de la
Présence d’Allah (`ilm ladounni) car il était , comme nous l’avons dit,
l’un des Amis d’Allah.
Allah dit aussi: «Et suis le chemin de
celui qui se tourne vers Moi» (31:15). Youssouf `Ali commente
convenablement ce verset en ces termes: «Ceci est le chemin de ceux qui
aiment Allah.» Ceci est en effet un état d’amour qui est lié au coeur,
non à l’esprit. A partir de l’ordre de tenir compagnie avec les
Véridiques, à partir des versets de la rencontre de Moise avec al-Khidr,
et à partir de l’ordre de suivre la voie des vrais Amoureux d’Allah,
nous dérivons trois des nombreuses preuves de l’obligation de suivre un
guide ou «maître d’éducation» (cheick al-tarbiya) dans la terminologie
technique du tassawwouf.
La Supériorité De L’amour Dans l'adoration
Dans son livre intitulé Rawdat
al-mouhibbin wa nouzhat la-moushtaqin (Le jardin des amoureux et la
promenade des aspirants), Ibn Qayyim al-Jawziyya assembla quelques dires
des grands Soufis sur l’amour et sa priorité dans l’adoration[22]:
Jounayd dit, «j’entendis al-harith
al-Mouhassabi dire, l’amour est quand tu t’inclines complètement envers
quelque chose, ensuite la préférence de cette chose sur soi-même et sur
ton esprit et tes possessions, ensuite la conformité avec cette chose
intérieurement et extérieurement, et la réalisation de ta faiblesse dans
ton amour pour Lui.»
Abdoullah ibn al-Moubarak dit:
«Quiconque auquel est donné une portion d’amour et auquel il n’est pas
donné une équivalence de piété, a été lésé.»
Yahya bin al-Mouadh al-Razi dit: «Un
amour du poids d’un atome est préférable pour moi que d’adorer plus de
soixante-dix années sans amour.»
Abou Bakrah al-Qattani dit: «Il y avait
une discussion au sujet de l’amour (de Dieu) à la Mecque au cours du
pèlerinage et les cheicks en parlèrent. Jounayd était le moins âgé
d’entre eux et ils dirent: Dit ce que tu possèdes O Iraqi. Il baissa sa
tête par déférence et ses yeux se remplirent de larmes ensuite il dit:
Un esclave se laissant lui-même, connecté avec le souvenir de son
Seigneur, debout avec l’accomplissement de ses obligations, Le regardant
avec son cœur, lequel cœur est consumé par la lumière de son Essence,
sa soif est satisfaite du verre de Son amour, et s’il parle c’est par
Allah, et s’il met en garde c’est d’Allah, et s’il se déplace c’est sur
l’ordre d’Allah, et s’il est silencieux c’est qu’il est avec Lui, et il
est par Allah, il est pour Allah, il est avec Allah (fa houwa billahi wa
lillahi wa’allahi). Les cheicks s’esclamèrent et dirent: Il n’y a rien
au-dessus de ceci, qu’Allah te renforce, couronne des Connaisseurs!»
Ces mots de Jounayd sont liés à l’un des
textes fondamentaux montrant l’évidence du miracle ou karamat des
saints, le hadith qoudsi (dire inspiré) rapporté dans Boukhari par Abu
Hourayra, le Messager d’Allah dit: «Allah dit»: Quiconque nuit à celui
qui s’est consacré à Moi, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne
se rapproche de Moi par rien qui M’est agréable que l’accomplissement
des obligations que Je lui ai imposées. Mon serviteur ne cessera de se
rapprocher de Moi par des pratiques surérogatoires jusqu’à ce que Je
l’aime, et quand Je l’aime, Je deviens l’oreille par laquelle il entend,
les yeux par lesquels il voit, la main par laquelle il empoigne, son
pied par lequel il marche. S’il Me sollicite quelque chose, certes, Je
la lui accorderai, et s’il sollicite Ma protection, certes, Je la lui
accorderai …
L’amour d’Allah fut mentionné par
Dhoul-Noun et il dit: «Assez, ne discutez pas de cette question car le
nafs l’entendra et il le réclamera.» Et il continua: «En ce qui concerne
le rebel, la peur et le remord sont meilleurs! L’amour d’Allah est pour
celui qui a déjà peur et est purifié de toute vulgarité.»
Dhoul-Noun dit aussi: «Pour toute chose
il y a une punition, et la punition pour le Connaisseur d’Allah est
lorsqu’il est détaché du souvenir d’Allah (dhikroullah).»
Jounayd fit allusion à cette différence
de niveaux dans sa réponse lorsqu’il fut questionné: «Par dessus tout,
il y a des gens qui disent que définitivement ils atteignent le niveau
de la bonté en ne faisant aucune action.» Il dit: «Parlent-ils de la
suppression des actes (obligatoires et autres)? Non, quiconque commet
l’adultère et vole est mieux que celui qui tient un tel propos. Car
sûrement les connaisseurs d’Allah (al `arifina billah) prennent les
actions dictées par Allah et retournent à Lui avec ces actions, et si
j’avais à vivre mille années je ne diminuerais jamais de faire de bonnes
actions.»
Jounayd dit aussi: «Le connaisseur
d’Allah n’est pas considéré comme connaisseur jusqu’à ce qu’il ne
devienne comme la terre; ça lui est égal qu’une bonne ou une mauvaise
personne le piétine; ou comme la pluie, elle tombe sans discrimination
sur ceux qu’elle aime ou ceux qu’elle n’aime pas.»
Soummoun dit: «Les amoureux d’Allah ont
obtenu l’honneur des deux mondes, celui-ci et celui de l’au-delà. Le
Prophète dit: «L’être humain est avec celui qu’il aime.» Ils sont avec
Allah dans la dunya et dans l’au-delà.»
Yahya ibn Mou’adh dit aussi: «Il n’est
pas véridique celui qui prétend qu’il L’aime et trépasse Ses limites.»
Et il dit: «Le connaisseur d’Allah abandonne cette vie mondaine et il
n’a pas assez de deux choses: pleurer sur son propre soi, et son grand
désir pour son Seigneur.»
Et quelqu’un dit: «Le connaisseur
d’Allah ne devient un connaisseur jusqu’à ce que lui soit offert les
trésors de Soulayman, cela ne l’intéressera pas, même pas le temps d’un
clignement de paupières.»
Des Versets Au Sujet Du Caractère Parfait, Ihsan
Après les versets qui s’adressent à
l’auto-purification, citons maintenant des versets qui évoquent l’état
d’ihsan ou l’excellence du caractère. Allah dit:
- «La Miséricorde d’Allah est proche des bienfaisants.» (7:56)
- «Certes, Allah est avec ceux qui L’ont craint avec piété et ceux qui sont bienfaisants.» (16:128)
- «Y a-t-il d’autre récompense pour l’Excellence que l’excellence ?» (55:60)
- «Et il récompense ceux qui font le bien par la meilleure récompense.» (53:31)
- «Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance (ihsan) et l’assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez.» (16:90)
- «Non, mais quiconque soumet à Allah son être entier tout en faisant du bien ( dans l’état d’ihsan), aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour eux nulle crainte, et ils ne serons point attristés.» (2:112)
- «Et quiconque soumet son être entier à Allah tout en étant bienfaisant (ihsan), s’accroche réellement à l’anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient à Allah» (31:22)
- «Qui est meilleur en religion que celui qui soumet son être entier à Allah tout en oeuvrant bien dans la voie qu’Allah aime…» (4:125).
Les versets au sujet de l’état d’ihsan
sont très nombreux , mais ce qui a été cité est suffisant. Le sens de
ihsan, comme le Prophète l’a défini, c’est prier avec humilité et
soumission (khoudou' et khouchou') comme si l’on voyait Allah et être
conscient qu’Il nous voit. Dans son livre «Livre de Définitions» (Kitab
al-ta’rifat), al-Jourjani (d. 816) dit: al-ihsan: nom verbal dénotant ce
que l’on doit faire dans la voie du bien. Dans la Chari`a cela signifie
adorer Allah comme si tu Le vois, et si tu ne Le vois pas, Il te voit.
C’est le degré de la vraie adoration dans la servitude prédit dans la
vue de la divinité avec la lumière de la vision spirituelle
(al-tahaqqouq bi al-`ouboudiyya `ala moushahadat hadrat al-rouboubiyya
bi nour al-basira). Ceci est: la vue d’Allah comme Il est décrit par Ses
attributs et à travers Son réel atttribut, afin que l’on puisse Le voir
avec certitude, non littéralement (fa houwa yaqinan wa la yarahou
haqiqatan). C’est la raison pour laquelle le Prophète dit: «Comme si tu
Le voyais.» Car on Le voit derrière le voile de Ses attributs.[23]
Le mot ihsan et ses dérivés ont les sens suivants dans le dictionnaire:
- hassouna: “devenir, sembler, rendre excellent, beau”
- ihsanan:“faire excellemment”
- ahsana:“il fit une bonne action”
- ihsan: “gentillesse”
- housna: “récompense”
- hassan: “excellent, beau”
- hissanoun:“beaux”
«Devenir beau» dans le premier sens de
ces définitions signifie se décorer avec de bons attributs, embellir
intérieurement et extérieurement. Utiliser comme adjectif, il signifie
gentillesse comme une caractéristique ou une attitude interne aussi bien
que tranquillité.
Il apparait évident que l’état d’ihsan
cité dans le Saint Coran est un état très important, état que l’ange
Jibril dé- montra comme partie intrinsèque de la religion, et qu’il
plaça au même niveau que les états de l’Islam et de la foi. La religion
consiste en trois états , l’Islam, l’Iman et l’Ihsan, chacun avec sa
définition. Ceci est la raison pour laquelle il est mentionné en
plusieurs lieux dans le Saint Coran et la raison pour laquelle lorsque
le Prophète fut questionné à ce sujet par Jibril, il lui donna la même
importance que l’Islam et l’Iman.
Ceci est le sens de la science entière
du tassawwouf. A ceux qui s’y opposent nous disons: Vous pouvez changer
ce terme si vous ne l’aimez pas, mais nous l’aimons ainsi parce que
c’est un terme bien connu, bien utilisé. Les termes ne changent pas la
nature ou la réalité fondamentale d’une chose. Comme l’adage le dit,
«une rose quelque soit le nom qu’on lui donnera aura toujours une bonne
odeur.»
III - QUELLES SONT LES PREUVES SUR LE TASSAWWOUF A PARTIR DES HADITHS ? --->
Comme nous l’avons dit dans les
paragraphes antérieurs, le terme tassawwouf est un terme technique qui a
pris ses origines à travers les sens variés que nous avons cités dans
la première et seconde réponse. Il a ses racines profondes dans la Sunna
du Prophète, dans la mesure où son origine est l’ihsan, l’état
d’Excellence qui est mentionné dans le hadith de Jibril, hadith qui est
connu par tous les savants comme «la source de la Sunna et de tous les
hadiths» (oumm al-Sunna wa oumm al-ahadith).
Oumm al-Ahadith, Le Hadith De Jibril
Oumar – qu’Allah lui accorde Sa
satisfaction – dit aussi: «Pendant que nous étions assis un jour avec le
Messager d’Allah – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – soudain
un homme vint à nous. Il était habillé d’un vêtement excessivement
blanc. Ses cheveux étaient très noir. Il n’y avait pas de signe de
voyage sur cette personne. Aucun d’entre nous ne le connaissait. Il alla
s’asseoir en face du Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur
lui – appuyant ses genoux contre les genoux du Prophète et ses mains sur
ses jambes.
Il dit: «O Muhammad! Informe-moi au
sujet de l’Islam.» Le Messager d’Allah – la bénédiction et le salut
d’Allah sur lui – dit: «L’Islam est le témoignage qu’il y n’a de Dieu
qu’Allah, et que Muhammad est le Messager d’Allah; de faire la prière;
de payer la zakat; de jeûner pendant le mois du Ramadan; et d’effectuer
le pèlerinage à la (maison d’Allah) si tu as les moyens de t’y rendre.»
L’homme dit: «Tu as dit la vérité.» Nous étions surpris de lui: comment
peut-il être en train de poser des questions au Prophète – la
bénédiction et le salut d’Allah sur lui – et en même temps confirmer ses
réponses? Ensuite il dit: «Parle-moi au sujet de la Foi.» Le Prophète –
la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – dit: «La Foi est de croire
en Allah, Ses anges, Ses livres, Ses messagers, au Jour du Jugement, et
de croire en la prédestination, le bon et le mal.» L’homme dit: «Tu as
dit la vérité. Maintenant, parle-moi au sujet de l’Ihsan.» Le Prophète –
la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – répondit: «L’Ihsan est
d’adorer Allah comme si tu Le vois, car si tu ne Le vois pas,
certainement Il te voit.»
L’homme dit: «Maintenant informe-moi au
sujet de l’Heure.» Le Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur
lui – dit: «Celui qui est questionné n’en sait pas plus que celui qui
questionne.» Il dit: «Ainsi parle-moi au sujet de ses signes.» Il
répondit: «La fille-esclave donnera naissance à ses maîtresses, et tu
verras les va-nu-pieds, pauvres bergers construire de grands buildings.»
Alors il s’en alla et le temps s’écoula. Longtemps après il me dit: «O
`Oumar, sais-tu qui posait ces questions?» Je dis: «Allah et Son
Messager savent mieux.» Il dit: «Il n’était rien d’autre que Gabriel. Il
était venu vous enseigner votre religion.» Rapporté par Mouslim.
Dans cet hadith, Jibril a divisé la
Religion en trois catégories ou branches, à partir desquelles toute la
religion, tous les hadiths et toute la Sunna dérivent. Et, il précisa
chaque branche en posant chaque question séparément. La première branche
était au sujet de la question «Qu’est-ce l’Islam?», la seconde était au
sujet de la question «Qu’est-ce l’Iman?», et la troisième était au
sujet «Qu’est-ce l’Ihsan?» Nous ne pouvons pas dire que la Religion est
seulement l’Islam, ou seulement l’Iman ou seulement l’Ihsan. Nous disons
que chaque branche est essentielle à la Religion, et ne peut pas être
séparée. Le Prophète, dans ses réponses à ces questions confirma ceci et
dit à ses Compagnons après que Jibril soit parti, «Jibril était venu
vous enseigner votre religion.»
Nous voyons à partir de ce hadith de
Jibril qu’il catégorisa la religion en trois piliers ou composantes
essentielles. Le premier est le pilier de l’Islam. Le deuxième est le
pilier de l’Iman et le troisième est le pilier d’Ihsan. Le premier
pilier est le côté pratique de la religion, comprenant l’adoration, les
actions et autres obligations. L’état de ce pilier est le côté externe
du soi, qui a attrait au corps et à la communauté. Les savants appellent
celui-ci la Chari`a. Les savants sont spécialisés en cette science et
elle fut nommée «Science de la Jurisprudence» (`ilm al-fiqh). Le second
pilier consiste en la croyance à travers l’esprit et le cœur. Cela
signifie croire en Allah, en Ses Messagers, Ses Livres, les Anges, le
Jour du Jugement, et le Destin. Et ceci fut connu par les savants comme
`ilm al-tawhid. Le troisième pilier est le principal sujet du
tassawwouf.
La Troisième Composante De La Religion De L’Islam: Ihsan (La Perfection Du Caractère)
Le troisième aspect de la Religion est
connu comme l’aspect spirituel du cœur, qui combine avec le premier
pilier, l’adoration, et le deuxième pilier, la croyance, amène
l’individu à être conscient d’être en présence d’Allah dans toutes ses
actions et pensées comme s’il Le voyait. Et s’il ne peut Le voir – parce
que personne ne peut Le voir dans cette vie -- alors, il doit garder la
permanence de la présence d’Allah dans son cœur, sachant qu’Il est
présent dans chaque atome et chaque particule de son adoration et de sa
croyance – voilà, les états et qualités de son adoration et sa croyance.
En conséquence, cela produira en lui un état d’excellence, un état de
haute qualité, en ayant à l’esprit la présence de la vision d’Allah sur
lui et enressentant le plaisir spirituel et la lumière de la
connaissance qu’Allah dirigera à son cœur en guise de Sa faveur et de Sa
gratitude. Voilà ce que les savants ont nommé la Science de la Vérité
ou `ilm al-haqiqa, connue dans le temps des Compagnons comme
al-siddiqiyya ou la voie des saints véridiques. C’est plus tard qu’il
fut connu sous le nom de tassawwouf.
Nous pouvons résumer les définitions
précédentes en disant que l’islam prescrit les comportements du
Musulman, l’iman décrit ses croyances et les définit, et l’ihsan se
réfère à l’état du coeur qui détermine si l’Islam et l’Ihsan de l’un
portera fruit dans cette vie ou dans celle de l’au-delà. L’évidence de
ceci est rapporté dans Boukhari dans le hadith mentionné dans les
paragraphes précédents: «Sûrement il y a un morceau de chair dans le
corps, s’il est bon tout le corps est bon et s’il est corrompu tout le
corps est corrompu et c’est le cœur.»
AL-ISLAM
- Chahada
- Salat
- Zakat
- Sawm
- Hajj
AL-IMAN
- Iman billah
- wa mala'ikatihi
- wa koutoubihi
- wa roussoulihi
- wa al-qadar khayrihi wa charrih
- wa al-yawmi al-akhir
AL-IHSAN
An ta`bouda Allah ka’annaka tarah (adorer Allah comme si tu Le vois)
- Taqwa
- wara’
- zouhd
- khouchou
- khoudou'
- sabr
- tawba
- rahma
- karam
- hilm … (etc...)
Ihsan est divisé en plusieurs parties
comprenant toutes les bonnes caractéristiques et qualités du croyant
telles que taqwa (la crainte d’Allah), wara' (la peur scrupuleuse
d’Allah), zouhd (l’ascétisme), khoushou (la révérence), khoudou
(l’humilité), sabr (la patience), sidq (la franchise), tawakkoul (la
confiance), adab (les bonnes manières), tawba (le repentir), inaba (le
retour à Allah), hilm (l’indulgence), rahma (la compassion), karam (la
générosité), tawadou' (l’humilité), haya (la modestie), chaja`a (le
courage), etc..
Toutes ces qualités sont celles du
Prophète, et le caractère du Prophète est le Coran , selon le dire
d’Aïcha «Son caractère était le Coran.»[24] Le Prophète à son tour
revêtit ses Compagnons avec ces qualités si bien qu’ils devinrent de
parfaits et de brillants exemples pour l’humanité à savoir comment les
êtres humains devraient vivre en parfaite harmonie avec le Créateur et
entre eux.
Dans son explication de cet hadith,
l’Imam Nawawi parle de l’Ihsan sous les termes de maqam al-mouchahada
(la station de l’expérience) et maqam al-siddiqin (la station des Saints
les plus véridiques) qui sont des branches du tassawwouf. Le texte
complet du commentaire sur le hadith de Jibril par l’Imam Nawawi est le
suivant.
LE COMMENTAIRE DE L’IMAM NAWAWI SUR LE HADITH DE JIBRIL
«Parle-moi au sujet de la foi (iman).»
L’Iman, lexiquemment parlé, signifie une
conviction de nature générale. Légalement, c’est une expression pour
une conviction spécifique dans la croyance en Allah, Ses anges, Ses
livres, Ses messagers, le jour dernier, et tout ce qui est décrété, le
bon et le mal. Islam est un mot signifiant la performance des
obligations légales. Celles-là sont les actions externes que l’on
applique à soi-même.
Allah Le plus Exalté a fait une
différence entre la foi (iman) et la soumission et ceci est aussi
mentionné dans le hadith. Il dit: «Les Arabes disent: «Nous avons la
foi.» Dit: «Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt: Nous sommes
simplement soumis» (49:14). Ceci est parce que les hypocrites priaient,
jeûnaient, et payaient l’aumône légale cependant ils niaient dans leur
cœur. Lorsqu’ils prétendaient avoir la foi, Allah déclara leur
revendication de mensonge à cause du refus dans leur cœur, mais Il
confirma leur revendication de soumission à cause de leur performance
des devoirs.
Allah dit: «Quand les hypocrites
viennent à toi, ils disent: «Nous attestons que tu es certes le Messager
d’Allah,» Allah sait que tu es vraiment Son Messager, et Allah atteste
que les hypocrites sont assurément des menteurs» (63:1). Ils sont
menteurs dans leur revendication d’attestation au message puisque leurs
cœurs le nient. Les mots de leur bouche ne sont pas en accord avec le
contenu de leurs cœurs, alors que la condition de l’attestation au
message est que la langue confirme ce que contient le cœur. Lorsqu’ils
mentaient dans leur revendication, Allah exposait leur mensonge.
Puisque la foi est aussi une condition
pour la validité de la soumision, Allah l’Exalté différencie le soumis
(musulman) du croyant (mou'min) en disant: «Nous avons donc fait sortir
ce qu’il y avait comme croyants, mais Nous n’y avons trouvé qu’une
maison de gens soumis» (51:35-36). Cette distinction lie la croyance et
la soumission comme étant une condition et son exécution.
Pour finir, Allah désigna la prière par
le nom de "foi" lorqu’Il dit: «Et ce n’est pas l’objectif d’Allah de
vous faire perdre votre foi» (2:143) et «Tu n’avais aucune connaissance
du Livre ni de la Foi» (42:52). Il parle de la prière. «Et de croire en
ce qui a été décrété (qadar), le bien et le mal.» Le mot est prononcé de
deux manière; qadar et qadr.
La voie des Gens de La Vérité
(c’est-à-dire Ahl al-Sunna wa al-Jama`a) est de fermement croire au
décret d’Allah. Le sens de ceci est qu’Allah – Glorifié et Exalté
soit-Il – a décrété les choses depuis la pré-éternité et qu’Il –
Glorifié et Exalté soit-Il – sait qu’elles se manifesteront aux temps
qui sont connus de Lui; et elles se dérouleront exactement selon ce
qu’Il a décrété – Gorifié et Exalté soit-Il!
Sache qu’il y a quatre sortes de décrets:
-
1.Le décret dans la Prescience Divine. Il est dit à son sujet: L’affection (`inaya) devant l’amitié (milaya), le plaisir avant la naissance, et la moisson se poursuit dès les premiers fruits. Allah l’Exalté dit: «Est détourné de lui quiconque a été fait pour être détourné» (51:9). En d’autres mots, l’un est détourné d’entendre le Coran et de croire dans ce monde celui qui a été détourné d’eux dans la pré-éternité.»[25]
-
2.Le décret sur la Tablette Protégée. Un tel décret peut être changé. Allah: «Allah efface ce qu’Il veut, et Il confirme ce qu’Il veut, et l’Ecriture Mère est auprès de Lui» (13:39). Nous savons qu’Ibn `Oumar avait l’habitude de dire dans ses invocations: «O Allah, si Tu as prédestiné des difficultés pour moi, efface-les et écrit de la félicité pour moi.»
-
3.Le décret dans la matrice concernant ce que l’ange est ordonné d’écrire au sujet de la subsistance et le terme de la vie de l’un, et s’il sera malheureux ou prospère.
-
4.Le décret qui consiste à rejoindre des choses spécifiques pré-établies au moment où elles doivent se dérouler, car Allah l’Exalté a créé à la fois le bien et le mal et a ordonné qu’ils atteignent Ses serviteurs au temps désigné par Lui.
Il est évident qu’Allah Tout -Puissant
créa à la fois le bien et le mal puisqu’Il dit: «Les criminels sont
certes dans l’égarement et la folie. Le jour où on les traînera dans le
feu sur leur visage on leur dira: "Goûtez au contact de l’enfer Sakar."
Oui! Nous avons créé toute chose avec mesure (qadar)» (54:47-49). Ce
verset fut révélé concernant les partisans du libre arbitre absolu ou
Qadariyya à qui on a dit: «Votre croyance est en enfer.»
Comme évidence supplémentaire de ce qui a
été décrété , l’Exalté dit: «Dit: Je cherche refuge auprès du Seigneur
du couperet contre le mal qu’Il a créé» (113:1-2). La lecture de ce
serment au moment où quelque chose de bien arrive au serviteur d’Allah
repoussera le mal avant qu’il l’atteigne. Il y a aussi dans le hadith:
«Les bonnes actions et renforcer les liens familiaux évitent une mort
terrible et éventuellement la change en une bonne»[26]; «L’invocation et
l’affliction sont suspendues entre le ciel et la terre, vivante, et
l’invocation repousse l’affliction avant qu’elle ne descende.»[27]
Les partisans du libre arbitre absolu
[les Mou`tazila] prétendent qu’Allah l’Exalté n’a prédestiné aucune
chose, que Sa connaissance ne les précède pas, qu’elles commencent à
exister seulement lorsqu’elles se déroulent et que c’est à ce moment
seulement qu’Il – Exalté soit-Il – les connait. Ils mentent au sujet
d’Allah. -Exalté soit-Il -Il est très haut, au-dessus de leur propos
mensonger. Ils rentrèrent dans l’obscurantisme.
Plus tard les Qadariyya disent que le
bien provient d’Allah pendant que le mal provient de quelqu’un d ‘autre
que Lui. Allah est aussi Exalté haut au-dessus d’une telle déclaration.
Dans un hadith authentiquement rigoureux, le Prophète dit: «Les croyants
au libre arbitre absolu sont les Zoroastriens de cette Communauté.»[28]
Il les nomma Zoroastriens parce que leur école de pensée ressemble à
celle du dualisme Zoroastrien. Les Dualistes prétendent que le bien est
effectué par la lumière et le mal par l’obscurité, et c’est ainsi qu’ils
méritèrent ce nom. Similairement, les partisants du libre arbitre
absolu attribuent le bien à Allah et le mal à quelqu ‘un d’autre que
Lui,– Exalté soit- Il –Il est le Créateur à la fois du bien et du mal.
L’Imam des Deux Sanctuaires[29] dit dans
le "Livre de Guidance aux Preuves Définitives Concernant les Fondations
de la Coyance"[30] que certains des Qadariyya disent: «Ce n’est pas
nous, mais vous (Ahl al-Sunna) qui êtes les Qadariyya à cause de votre
croyance au soit disant Décret.» Jouwayni répondit à ces ignares qu’ils
se sont attribués le pouvoir du décret, et quiconque revendique, par
exemple, le pouvoir du mal et se l’attribue, mérite son attribu, plutôt
que celui qui l’attribue à d’autres qu’à lui-même et nie toute paternité
à son sujet.
«Informe-moi au sujet de l’ihsan.»
Il dit: «L’ihsan c’est l ‘adoration d’
Allah comme si tu Le voyais.» Ceci est la station de la Vrai Vision (
maqam al-mouchahada). Quiconque est capable de voir directement le Roi
répugne à se tourner vers d’autres que Lui dans la prière et à affairer
son cœur avec d’autres que Lui. La Station d’ihsan est la Station des
Saints les Plus Véridiques (maqam al-siddiqin) à laquelle nous avons
fait référence dans notre commentaire sur le hadith de l’intention (Les
actions sont selon leurs intentions):
[Al-Mouhassibi dit: «La véracité (sidq)
en tant qu’attribut d’un serviteur d’Allah, signifie la constance dans
le comportement visible et caché d’une personne, en privé comme en
public. La véracité est réalisée après la réalisation de toutes les
stations (maqamat) et états (ahwal). Même la sincérité (ikhlas) a besoin
de la véracité, alors que la véracité n’a besoin de rien, parce que
quoique la réelle sincérité est de chercher Allah à travers
l’obéissance, on peut chercher Allah en priant et toujours être
insouciant ou absent en son propre cœur en cours de prière. La véracité
est ainsi chercher Allah au moyen de l’adoration avec une complète
présence du cœur devant Lui. En vérité tout véridique (sadiq) est
sincère (moukhlis), pendant que tout sincère n’est pas véridique. Ceci
est la signification de connection (ittissal) et déconnection
(infissil): le véridique s’est déconnecté de tout ce qui est autre
qu’Allah (ma siwa Allah) et il s’est empressé en la présence auprès
d’Allah (al-houdour billah). Ceci est aussi le sens de la renonciation
(takhalli) de tout ce qui est autre qu’Allah et l’auto-revêtement
(tahalli) avec la présence auprès d’Allah, Le Glorifié, l'Exalté.»] «Il
te voit certainement». Il voit ton insouciance si tu es insouciant
pendant la prière et que tu converses avec ton moi.
«Informe-moi au sujet de l’Heure.»
Il répondit: «Celui qui est interrogé
n’en sait pas plus sur elle que celui qui l’interroge.» Cette question
indique que le Prophète – le salut et la paix d’Allah sur lui – ne
connaissait pas l’Heure. La connaissance de l’Heure est parmi les choses
dont Allah s’est réservé la connaissance. Il dit: «La connaissance de
l’Heure est auprès d’Allah» et «C’est lourd dans les cieux et sur la
terre, et elle ne viendra à vous que soudainement» (7:187) et «Qu’en
sais-tu? Il se peut que l’Heure soit proche» (33:63, 42:17).
En ce qui concerne ceux qui prétendent
que l’âge de ce monde est de 70000 ans et qu’il en reste 63000, c’est
une fausse déclaration rapportée par al-Tawkhani dans les «Causes de la
Révélation» par certains astrologues et mathématiciens. Encore,
quiconque prétend que le terme du monde est de 7000 années, fait une
affirmaton audacieuse au sujet de l’Inconnu, et ce n’est pas permis d’y
croire.
«Informe-moi au sujet de ses signes.»
Il répondit: «Quand la fille-esclave
donnera naissance à sa propre maîtresse.» Une autre version dit: «à son
maître.» La plupart des commentateurs disent que ceci est un signe de
multiplicité des filles-esclaves et leurs progénitures. Un enfant né
d’un maître de fille-esclave est comme son maître, parce que les
possessions du proprétaire vont à ses enfants. Certains disent que la
signification se réfère aux filles-esclaves donnant naissance à des
rois. La mère tombera alors sous la souveraineté de son fils. Une autre
signification est qu’une personne peut avoir un fils avec une
fille-esclave avant de la vendre; ensuite le fils grandit et achète sa
propre mère. Ceci est une des conditions de l’Heure. «Quand tu verras
les va-nu-pieds, les déguenillés, les pauvres gardiens de bêtes
rivalisant les uns les autres dans la construction de grands buildings.»
Cela signifie que les Bédoins qui vivent dans le désert et leurs
semblables parmi les parvenus et les pauvres deviendront des experts
dans l’érection de grandes structures. Le monde leur sera généreux et
ils finiront par vivre dans le luxe avec leurs buildings. «Et il (le
Prophète) attendit [labitha] longtemps.». Les rapports disent aussi:
«J’attendis [labithou] longtemps.» Les deux sont fiables. Dans la
narration d’Abou Dawoud et de Timidhi, `Oumar dit: «Après trois jours.»
Dans le Charh al-Tanbih de Baghawi, il est rapporté: «Après trois jours
ou plus,» ce qui apparemment signifie après que trois nuits soient
passées. Tout ceci apparemment contredit la version d’Abou Hourayra dans
sa narration (dans Boukhari): «L’homme se leva et parti, après lequel
le Messager d’Allah dit – la paix et le salut d’Allah sur lui:
«Ramenez-moi cette personne» et ils le cherchèrent pour le ramener, mais
ils ne trouvèrent personne. Alors il dit—la paix et le salut d’Allah
sur lui: «C’était Gabriel.»»
Il est possible de réconcillier les deux
versions de l’évènement en considérant qu’Oumar n’a peut être pas été
présent au moment de la révélation du Prophète – la paix et le salut
d’Allah sur lui –qu’il s’était levé et avait pris congé du groupe à ce
moment-là. Ainsi le Prophète – la paix et le salut d’Allah sur lui – fit
juste sa révélation à ceux qui furent présents, et ils informèrent
`Oumar à leur tour après trois jours, puisqu’il n’avait pas été présent
au moment où le reste des Compagnons avaient été informés.
«C’était Gabriel. Il était venu vous enseigner les prescriptions de votre religion.»
Il y a une indication dans cette
déclaration que l’islam, l’iman, et l’ihsan sont ensembles nommés
«religion» (din). Le hadith démontre que la croyance au décret d’Allah
est une obligation, et que l’on doit éviter les choses interdites, et
que le contentement avec ce qui advient est une obligation. Un homme
vint à Ahmad ibn Hanbal – qu’Allah soit satisfait de lui – et dit:
«Donne-moi des conseils»: Il lui dit: «Si Allah l’Exalté S’est approprié
la provision de toutes les subsistances, pourquoi t’inquiètes-tu? Si en
vérité la compensation pour toutes les choses appartiennent à Allah,
pourquoi être mesquin? Si en vérité il y a un Paradis, pourquoi ne pas
s’appaiser maintenant? Si en vérité il y a un Feu, pourquoi désobéir? Si
le questionnement de Mounkar et de Nakir est vrai, qu’est-ce qui est
bon de se tenir en compagnie des humains?[31] Si le monde est destiné à
une instinction, quelle paix d’esprit y a-t’il? Si en vérité il y a un
compte à rendre, à quoi servent les possessions? Et si toutes les choses
sont mesurées et décrétées à passer, pourquoi avoir peur?»
L’auteur de Maqamat al-`oulama (Les stations des érudits)[32] mentionne que le monde est divisé en 25 parties:
-
Cinq ont rapport à ce qui est mesuré et décrété à se produire: la subsistance, les enfants, les parents, le pouvoir, et l’âge;
-
Cinq ont rapport à l’effort personnel (ijtihad): le paradis, l’enfer, la décence, la galanterie, et l’écriture;
-
Cinq ont rapport à l’habitude: manger, dormir, marcher, l’accouplement, et se soulager des excréments;
-
Cinq ont rapport à la constitution naturelle: l’abstinence, la pureté, l’altruisme, la beauté, et la dignité;
-
Cinq ont rapport à l’héritage: la richesse, les relations, l’indulgence, la vérité, et la loyauté.
Aucun des éléments ci-dessus cités ne
contredit le dire du Prophète – la paix et le salut d’Allah sur lui – où
il dit «Toute chose est mesurée et destinée à passer.»[33] Au
contraire, cela veut dire que certaines de ces choses sont déterminées
par des causes (secondaires), tandis que d’autres ne le sont pas, et
toute chose est destinée mesurée et destinée à passer.
L’école D’Ihsan Et De Tazkiya
L’école à laquelle les Compagnons furent
formés n’a pas péri après la mort du Prophète. Au contraire, les
méthodes et la connaissance, dont Il était doté, furent transmises à ses
Compagnons – qu’Allah soit satisfait d’eux – et chacune était une école
à partir de laquelle la Umma dériva ses enseignements. Avec le passage
du temps, ces écoles développèrent et formalisèrent leurs méthodes et
créèrent une science distincte nommée la Science de tassawwouf. Tout
comme les écoles de Chari`a se formèrent au cours des trois premiers
siècles de l’Islam, de même de distinctes et visibles écoles de
tassawwouf passèrent la connaisance et science aux générations
successives de Musulmans. Et comme la Chari`a ne se développa pas en
dehors du cadre de l’Islam, du Coran et de la Sunna, même si ses
branches et son contenu couvrent plusieurs éléments non mentionnés
verbalement dans ces sources, de même le tassawwouf se développa basé
sur la structure établie par le Livre et la Sunna et jamais ne déborda
des limites de ces paramètres.
La Relation Entre Chari`a Et Haqiqa
Le nom de «Science de Réalité» ou `ilm
al-haqiqa est souvent attribué au tassawwouf. L’Imam Ahmad dit après
avoir entendu al-Harith al-Mouhassibi parlé: «Je n’ai jamais entendu à
propos de la Science des Réalités (`ilm al-haqa`iq) des mots comme ceux
prononcés par cet homme.»[34] Le sens de cette expression est que la
réalité de l’adoration du servant consiste en la condition spirituelle
du cœur, pendant que la performance de son adoration consiste à remplir
légalement ses obligations externes. Cette dernière, l’ensemble des
obligations externes, est l’objet de la Chari`a et ses ramifications
sont nombreuses tandis que la première, la réalité de l’adoration, est
le sujet du haqiqa dont les ramifications sont très peu nombreuses.
Un exemple de ces deux aspects est
illustré par la prière. Il est obligatoire de performer la prière avec
tous ses mouvements, ses règles essentielles, selon les stipulations de
la Chari`a. Ceci est connu comme jassad al-salat ou le «corps de la
prière.» Cependant, l’un des principes essentiels de la prière est de
garder son cœur en la présence Divine d’Allah et de savoir qu’Il nous
observe au cours de la prière. Ceci nous donne la Réalité et l’Essence
de la prière. Nous savons que les gens peuvent exercer toutes les
actions extérieurs essentielles (visibles) de la prière, mais leur cœur
peut ne pas y être présent. Ce que l’état d’ihsan défini est de garder
le cœur pur et propre de toute sorte de mauvaises pensées et
attachements aux distractions de ce monde. Ceci fut la pratique du
Prophète parce qu’il dit qu’il était venu pour détourner les gens de
l’attraction de ce monde et de ses distractions.
Nous voyons dans cette comparaison que
la forme de la salat est son corps, pendant que l’humilité et
l’auto-effacement (khouchou') est son âme. Quel est ainsi le bénéfice du
corps sans son âme? Si la prière est un mouvement sans présence
d’esprit, alors l’action est similaire à celle d’un robot. Autant l’âme a
besoin d’un corps pour y vivre, autant le corps a besoin d’une âme pour
lui donner vie. Similairement la relation entre Chari`a et Haqiqa est
comme la relation entre le corps et l’âme. Le croyant parfait qui a
atteind l’état d’ihsan est celui qui peut joindre les deux.
Une autre expression pour cette
distinction fût donné par le Prophète dans l’un de ses hadiths: La
connaissance est de deux sortes: la connaissance établie dans le cœur et
la connaissance établie sur la langue.[35]
Al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Maqdissi (à
ne pas confondre à Cheick al-Islam al-Soulami) expliqua cette
différence entre Chari`a et Haqiqa dans son essai sur le tassawwouf
intitulé Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz (Le dévoilement des
symboles et les clefs des trésors): La connaissance est de deux sortes:
la connaissance extérieure (`ilm al-zahir) qui s’applique à la Chari`a,
et la connaissance intérieure (`ilm al-batin) qui s’applique au Haqiqa.
Le Prophète dit: La connaissance est de deux sortes…[36]
L’Imam al-Shafi`i fit allusion à la même
distinction dans son dire: «La connaissance est de deux sortes: la
connaissance des croyances et la connaissance des corps.» Souyouti le
relata dans l’introduction de son livre al-Tibb al-nabawi.[37]
Ceci est la compréhension essentielle du
tassawwuf – combiner Chari`a et Haqiqa, l’âme et le corps, l’externe et
l’interne. A cause de la grande difficulté d’accomplir cet objectif,
les méthodes du tassawwuf sont souvent appelées guerre spirituelle ou
jihad al-nafs.
Le Grand Jihad: Le Jihad Contre L’Ego. (Jihad Al-Nafs)
Allah déclare dans le Coran qu’Il
accepte les actions de dévotions seulement de ceux qui se purifient (qad
aflaha man zakkaha 91:9 ), qui ont un cœur sain (illa man ata Allaha bi
qalbin salim 26:89), et qui montre un esprit humble (innaha
lakabiratoun illa `ala al-khchi`in 2:45). La purification de l’Intention
est l’idée majeure de ces versets. Ceci est la raison pour laquelle les
grands savants tels que Boukhari, Chafi`i, Nawawi et autres,
commencèrent leurs livres de fiqh avec le hadith de l’intention: «Les
actions sont jugées selon l’intention.»
Un acte considéré du point de vue
externe comme un acte d’adoration mais performé sans une pure intention
n’est pas considéré comme une adoration, même combattre et mourir pour
la défense des Musulmans. Le Prophète dit au sujet d’un tel combattant,
«c’est un compagnon du feu», et ils sont appelés dans la Chari`a: chahid
al-fassad (martyr corrompu). C’était un mounafiq (quelqu’un qui
dissimule la croyance) de Madina. Ainsi la purification de l’intention
est nécessaire pour les cinq piliers de l’Islam. C’est dans ce sens – la
purification de l’intention – que l’expression jihad al-akbar (la plus
grande jihad) est souvent utilisée en référence à l’auto-purification et
c’est aussi dans ce sens que sa supériorité s’affirme.
Ibn Qayyim al-Jawziyya dit dans
al-Fawa`id: Allah dit: «Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause,
Nous les guiderons certes sur Nos sentiers» (29:69). Il a ainsi défini
la direction du jihad. Partant de là, les meilleurs sont ceux qui
luttent le plus pour Sa cause, et la jihad la plus importante est la
jihad (afrad al-jihad) contre l’égo, la jihad contre les désirs, la
jihad contre satan et la jihad contre le bas-monde (jihad al-nafs wa
jihad al-hawa wa jihad al-satan wa jihad al-dunya). Quiconque lutte
contre ces quatre jihads, Allah les guidera aux voies de Son bon plaisir
qui conduit à Son Paradis, et quiconque abandonne la jihad, alors il
renonce à être guidé en proportion de son abandon à la jihad.
Al-Jounayd dit: «Ceux qui luttent contre
leurs désirs et se repentent par notre amour, nous les guiderons sur la
voie de la sincérité, et on ne peut lutter contre son ennemi
extérieurement (c’est-à-dire avec le sabre) sauf celui qui lutte contre
ses ennemis internes. Ainsi quiconque a la victoire sur eux (le moi)
sera victorieux sur ses ennemis, et quiconque est défait par eux (le
moi) sera défait par son ennemi.»[38]
La concurrence et la rivalité sont
permises dans l’excellence de l’adoration. Dans ce respect, Allah
établit dans Son Livre des niveaux entre les croyants, et ceci est aussi
clarifié par d’innombrables hadiths. La récompense de la jihad est
immense comme cela est prouvé par le hadith du Prophète lorsqu’il dit
que s’il pouvait , il aurait demandé à Allah de le ramener en vie afin
qu’il puisse retourner combattre et mourir plusieurs fois en chahid ou
martyr. Mais toujours est-il qu’avec respect pour la présente issue,
ceux qui se souviennent d’Allah – y compris les parfaits savants qui
sont les réels connaisseurs d’Allah – sont supérieurs au moujahidin. Par
exemple, quoique Zayd ibn Haritha et Khalid ibn Walid furent de grands
généraux, leur disparution fut moins lourde, en terme de perte pour les
Musulmans, que celle d’Abou Moussa al-Ach`ari ou d’Ibn `Abbas. Pour
cette raison, le Prophète déclara explicitement la supériorité de ceux
qui se souviennent d’Allah dans les deux authentiques hadiths suivants.
Le Prophète dit: «Voulez-vous que je
vous dise quelles sont vos meilleures œuvres, quelles sont celles qui
sont les plus pures et les plus cotées auprès de votre Seigneur, celles
qui élèvent très haut votre degré, celles qui vous rapportent plus de
salaire que de dépenser votre or et votre argent au service d’Allah ou
prendre part à la jihad en tuant ou en se faisant tuer dans la voie
d’Allah?» Ils dirent: «Nous voulons bien.» Il dit: «C’est l’invocation
d’Allah.»[39] Il dit aussi: «Même si quelqu’un frappe les mécréants et
les idolâtres avec son sabre jusqu’à ce qu’il les brise, et meurt teinté
complètement par leur sang, les invocateurs d’Allah lui sont supérieurs
d’un degré.»[40]
Hadiths Sur Le Jihad Contre L’Ego
Le savant de hadiths Moulla `Ali al-Qari
dans son livre al-Mawdou`at al-koubra connu aussi sous le nom al-Asrar
al-marfou`a dit: Souyouti dit: al-Khatib al-Baghdadi rapporte dans son
livre «Histoire» sur l’autorité de Jabir: Le Prophète revint de l’une de
ses batailles et dit: «Vous avez avancé de la meilleure manière: vous
êtes revenu de la plus petite jihad à la plus grande jihad.» Ils disent:
«Et quelle est la plus grande jihad?» Il répondit: «Le combat
(moujahadat) des serviteurs d’Allah contre leurs vains désirs.»
Ibn Hajar al-`Asqalani dit dans Tasdid
al-qaws: «Ce dire est répandu et c’est un dire rapporté par ibn Ablah
selon Nisa`i dans al-Kouna. Ghazali le mentionne dans le Ihya' et
al-`Iraqi dit que Bayhaqi le rapporte sur l’autorité de jabir et dit: Il
y a une faiblesse dans sa transmission.»[41]
Le hafiz Ibn Abou Jammal al-Azdi
al-Andalousi (d.695) dit dans son commentaire sur Boukhari intitulé
Bahjat al-noufous: `Oumar rapporte qu’un homme vint au Prophète lui
demander la permission d’aller en jihad. Le prophète lui demanda: «Tes
parents sont-ils en vie?» Il dit qu’ils le sont. Le Prophète répliqua: «
Alors force toi à respecter leurs droits» (fihima fa jahid)… Il y a
dans ce hadith l’évidence que la Sunna pour entrer dans la voie et
d’entreprendre l’auto-discipline est d’agir sous la direction d’un
expert, afin qu’il nous soit montré la meilleure voie celle qui nous
convient, et la plus fiable pour l ‘aspirant. Car lorsque ce Compagnon
désira aller en jihad, il ne se contenta pas de sa propre opinion sur le
sujet, mais il chercha le conseil de quelqu’un plus savant et de plus
expert que lui. Si ceci est le cas pour la Petite jihad, qu’en est-il
alors pour la Grande jihad?[42]
Ibn Hibban rapporte dans son Sahih de la
part de Fadala ibn Oubayd: Le Prophète dit dans son dernier pèlerinage:
«… Le moujahid est celui qui est en jihad contre lui-même (jahada
nafsah) afin d ‘obéir à Allah par amour.»[43]
Al-Haytami relata la version suivante
dans le chapitre sur la Jihad al-nafs dans son Majma' al-zawa`id et la
déclara fiable: Le plus fort n’est pas celui qui triomphe des autres, le
plus fort est celui qui triomphe de son égo (ghalaba nafsah).
Jihad et Soufis Moujahiddin
Les livres d’histoires sont remplis de
noms de Soufis moujahidin (Les Gens qui Combattent) et de chouhada'
(Martyrs) qui ont consacré leur vie en confrontant les ennemis de la foi
et en appelant l’humanité en la présence divine d’Allah, de même que
rappelant ceux qui ont dévié de la vraie voie et de la Sunna du
Prophète. Ils accomplirent ceci avec sagesse et ils furent efficaces.
Leurs noms et leurs récits sont trop nombreux pour être énumérés dans ce
livre, cela devrait couvrir plusieurs centaines de volumes. Il est
suffisant de mentionner quelques exemples de l’histoire moderne cités
par l’auteur de The Reliance of the Traveller (`Oumdat al-Salik ou La
dépendance du Voyageur):
Parmi les Soufis qui aidèrent l’Islam
aussi bien avec le sabre qu’avec la plume, selon B.G. Martin dans Muslim
Brotherhoods in Nineteenth Century Africa (les confrèreries Musulmanes
dans l’Afrique du 19ième siècle), il y a des hommes dont le cheick
Naqshbandi Chamil Daghestani, qui mena une guerre prolongée contre les
Russes dans le Caucasse au cours du 19ième siècle; Sayyid Mouhammad
`Abdullah al-Somalie, un cheick de l’ordre Salihiyya qui conduisit les
musulmans contre les Britanniques et les Italiens en Somalie de 1899 à
1920; le cheick Qadiri `Outhman ibn Fodio, qui mena jihad au nord du
Nigéria de 1804 à 1808 pour établir une régulation Islamique; le cheick
Qadiri `Abd al-Qadir al-Jaza`iri, qui conduisit les Algériens contre les
Français de 1832 à 1847; le faqir Darqawi al-Hajj Mouhammad al-Ahrach,
qui combattit les Français en Egypte en 1799; le cheick Tijani al-Hajj
`Oumar Tal, qui mena une jihad Islamique en Guinée, au Sénégal, et au
Mali de 1852 à 1864; et le cheick Qadiri Ma' al-`Aynayn al-Qalqami, qui
aida à rassembler la résistance Musulmane contre les Français au Nord de
la Mauritanie et au sud du Maroc de 1905 à1909.
Parmi les Soufis dont les travaux
missionnaires Islamisèrent des régions entières sont des hommes tels que
le fondateur de l’ordre Sanousiyya, Mouhammad `Ali Sanousi, dont
l’effort et la jihad de 1807 à 1859 consolida l’Islam comme religion
chez les habitants du désert Libyen de l’Afrique du sud-sahara; le
cheick Chadhili Mouhammad Ma`rouf et le cheick Qadiri Ouzaous al-Barawi,
dont les efforts propagèrent l’Islam à l’Ouest et à l’intérieur à
partir des côtes de l’Afrique de l’Est; et les centaines de cheicks
anonymes Naqshbandi qui enseignèrent et préservèrent l’Islam au sein des
gens de ce qui est appelé maintenant le sud de l’Union Soviétique et
qui continuent encore de nos jours à servir la religion malgré la
pression officielle. Il est évident que l’attachement du cœur à Allah,
est l’aspect sur lequel le Soufisme met l’accent, cela ne gêne
aucunement les travaux spirituels quelqu’ils soient, mais au contraire
fourni une base réelle. Et seul Allah donne le succès.[44]
Nous référons aussi le lecteur au
Mystics and Commissars de Benningsen pour le rôle des Soufis dans la
préservation de l’Islam en Union Soviétique, et Lion of Daghestan pour
leur jihad contre les Tsars et leur dynastie. Nous rappellons aussi que
ce sont les Naqshbandis qui préservèrent l’Islam en Chine dans le passé –
à partir duquel pays, l’Islam se répendit jusqu’à la péninsule Malay –
et sous les sombres jours de la soit-disant «Révolution Culturelle» de
Mao Tsé-Toung. Dans tout ce qui a été énuméré ci-dessus, il y a une
évidence que le tassawuf, loin d’encourager l’évasion et l’immobilisme
qui retarde le progrès social, soutena les plus hautes valeurs de la
conscience sociale aussi bien que la recherche religieuse et la science.
En fait, ils fournissent un témoignage adéquat à une inlassable jihad
et lutte contre les injustices sociales et l’inaction qui prit place au
fil des siècles.
IV - DIRES ET ECRITS DES IMAMS ET SAVANTS AU SUJET DU TASSAWOUF --->
Al-Hassan al-Basri (d. 110)
L’un des premiers Soufis formels dans le
sens littéraire et général, puisqu’il vêtit toute sa vie un manteau de
laine (souf). Le fils d’une esclave libérée de Oumm Salama (la femme du
Prophète), et d’un esclave affranchi de Zayd ibn Thabit (le fils adoptif
du Prophète), ce grand Imam de Basra, le leader des saints et des
savants de son temps, était connu pour sa stricte observance de la Sunna
du Prophète. Il fut aussi fameux pour son immense savoir, son austérité
et son ascétisme, ses intréprides reproches aux autorités, son pouvoir
d’attraction par la parole et par ses apparitions.
Ibn al-Jawzi écrit un livre de 100 pages
sur sa vie et ses caractères intitulé Adab al-Chaykh al-Hassan ibn
al-Hassan al-Basri. Dans son chapitre sur al-Hassan dans Sifat al-safwa,
il mentionne qu’al-Hassan laissa un manteau blanc (joubba) en laine,
c’est le seul vêtement qu’il avait revêti au cours des vingt-cinq
dernières années de sa vie, en été comme en hiver, et que lorsqu’il
mouru, il était d’une impeccable beauté, propre, et de bonne
qualité.[45]
Dans le livre qu’il consacra aux dires
et aux actions des Soufis, Rawdat al-mihibbin wa nouzhat al-moushtaqin
(Le jardin des amoureux et l’excursion des nostalgiques), Ibn Qayyim
rapporte: Un groupe de femmes sortirent le jour de la `Id et regardèrent
les gens. On leur demanda: «Quelle est la personne la plus belle que
vous avez vue aujourd’hui?» Elles répondirent: «C’est un cheick portant
un turban noir.» Elles voulaient dire Hassan al-Basri.[46]
Le maître de hadiths Abou Nou`aym
al-Isfanahi (d.430) mentionne dans ses biographies de Soufis intitulées
Hilyat al-awliya' (L’ornement des saints) que c’est le disciple de
Hassan al-Basri, `Abd al-Wahid ibn Zayd (d.177) qui fut la première
personne à construire un hospice spirituel (khaniqa soufi) ou maison de
l’hôte et une école à Abadan qui de nos jours fait frontière entre
l’Iran et l’Iraq.[47]
Ce fut sur les bases de Hassan al-Basri
et sur la renommée de ses disciples reconnus comme Soufis qu’Ibn
Taymiyya dit dans son essai al-Soufiyya wa al-fouqara: «L’origine du
tassawwouf est Basra».[48] Ceci une est déclaration trompeuse qui
équivaut à accuser al-Hassan d’avoir inventé le tassawwouf. Au
contraire, Basra est en tête parmi les places renommées pour le
développement officiel des écoles de purification qui vinrent à être
connues comme tassawwouf et dont les principes ne sont rien d’autre que
le Coran et la Sunna comme nous l’avons déjà démontrer abondamment.
Ghazali rapporte les dires de al-Hassan
sur la jihad al-nafs dans la section de son Ihya' intitulé Kitab riyadat
al-nafs wa tahdhib al-akhlaq wa mou'alajat amrad al-qalb (Le livre du
dressage de l’égo et la discipline des comportements et la guérison des
maladies du cœur): Deux pensées parcourent l’esprit, une provenant
d’Allah, une provenant de l’ennemi. Allah couvre de miséricorde un
serviteur qui s’installe dans la pensée qui vient de Lui. Il étreind la
pensée qui vient d’Allah, tandis qu’il lutte contre celle qui vient de
l’ennemi. Pour illustrer l’attraction mutuelle du cœur entre ces deux
pouvoirs, le Prophète dit: «Le cœur du croyant repose entre deux doigts
du Miséricordieux»[49]… Les doigts signifient le bouleversement et
l’hésitation dans le cœur… Si l’Homme suit les ordres de la colère et de
l’appétit, la domination de satan apparaît en lui à travers les
passions oisives (hawa) et son cœur devient le nid et le contenant de
satan, qui se nourrit de passions. S’il combat ses passions et ne les
laissent pas dominer son ego, imitant en ceci le caractère des anges, à
ce moment son cœur devient le lieu de quiétude des anges et ils s’y
posent.
Une mesure de la dimension du scrupule
(wara') et de la peur de Hasan Al-Basri envers Allah est illustrée par
sa déclaration suivante, citée aussi par Ghazali: L’oubli et l’espoir
sont deux puissantes bénédictions sur les descendants d’Adam; mais pour
cela les Musulmans ne devraient pas marcher dans les rues.[50]
Imam Abou Hanifa (d.150)
Ibn `Abidin rapporte dans son al-Dourr
al-moulkhtar que l’Imam Abou Hanifa dit: «Si ce ne fut pas pour deux
années, j’aurais péri.»
Ibn `Abidin commente: Pendant deux
années, il accompagna Sayyidina Ja`far al-Sadiq et il acquit la
connaissance spirituelle qui fit de lui un gnostique dans la Voie… Abou
`Ali Daqqa (le cheick de l’Imam Qouchayri) reçu l’initiation d’Abou
al-Qasim al-Nasiribadi, qui la reçu d’al-Chibli, qui la reçu de Sari
al-Saqati qui la reçu d’al-Ma`rouf al-Karkhi, qui la reçu de Dawoud
at-Ta`i, qui reçu les deux connaissances, l’interne et l’externe de
l’Imam Abou Hanifa.[51]
Soufyan al-Thawri (d.161)
Ibn Qayyim al-Jawziyya rapporte dans
Madarij al-salikin, et Ibn al-Jawzi dans le chapitre intitulé «Abou
hashim al-Zahid» dans son Sifat al-safwa après le maître de hadiths Abou
Nou`aym dans son Hilyat al-awliya', que Soufyan al-Thawri dit: Si ce
n’était pas à cause d’Abou Hachim al-Soufi (d.115), je n’aurais jamais
perçu la présence des plus subtiles formes d’hypocrisie en moi … Le
meilleur est le Soufi érudit en jurisprudence.[52]
Ibn al-Jawzi rapporte aussi le passage
suivant: Abou Hachim al-Zahid dit: «Allah a marqué l’aliénation sur le
monde afin que la compagnie fraternelle des mouridin (les aspirants) ne
consiste qu’à être uniquement avec Lui et non avec le monde, et afin que
ceux qui Lui obéissent viennent à Lui en négligeant le monde. Le Groupe
des connaisseurs d’Allah (ahl al-ma`rifa billah) sont étrangers dans le
monde et ont très envie de l’au-delà.»[53]
Imam Malik (94-179 H/ 716-795)
Un savant de Madina, fut connu pour sa
grande piété et son amour pour le Prophète, qu’il aimait et vénérait à
tel point qu’il ne montait jamais à dos de son cheval dans les limites
de Madina en guise de respect à la terre qui contenait le corps du
Prophète, il ne rapportait aucun hadith sans avoir performer d’abord son
ablution.
Ibn al-Jawzi rapporte dans le chapitre
intitulé «La couche 6 des gens de Madina» dans son livre Sifat al-sawfa:
Abou Mous`ab dit: J’entrai pour voir Malik ibn Nas. Il me dit: Regarde à
ma place de prière ou sous ma natte de prière voit ce qu’il y a. Je
regardai et j’y trouvai une certaine écriture. Il me dit : Lit la! Je
constatai qu’elle contenait le récit d’un rêve que l’un de ses frères
avait fait et qui le concernait. Il dit (lisant ce qui était écrit): «Je
vis le Prophète dans mon sommeil. Il était dans sa mosquée et les gens
étaient autour de lui, et il dit: J’ai caché sous ma chaire (minbar) une
bonne chose – ou une connaissance – et j’ai ordonné à Malik de vous la
distribuer.» Malik alors pleura, je me levai et pris congé de lui.[54]
Juste comme Abou Hanifa et Soufyan
al-Thawri implicitement affirmèrent la nécessité de suivre la voie
soufie afin d’acquérir la perfection, l’Imam Malik ordonna explicitement
la pratique du tassawwouf dans sa déclaration suivante comme un devoir
des savants: Quiconque pratique le Tassawwouf sans étudier la Loi Sacrée
(la jurisprudence) corrompt sa foi, alors que quiconque étudie la Loi
Sacrée (la jurisprudence) sans pratiquer le Tassawwouf est un hérétique.
Seulement celui qui combine les deux atteindra la vérité. Cette
déclaration est rapportée par le mouhaddith Ahmad Zarrouq (d.899), le
hafiz `Ali al-Qari al-Harawi (d.1014), les mouhaddiths `Ali ibn Ahmad
al-`Adawi (d.1190) et Ibn `Ajiba (d.1224) et autres.[55]
Ibn `Ajiba explique: Cheick Ahmad
Zarrouq dit: «Le tassawwouf a plus de deux milles définitions, qui vont
toutes dans le sens de la sincérité et de la dévotion à Allah … Chaque
définition correspond à l’état et l’étendue de l’expérience de celui qui
le pratique, ce qui lui fera dire: «Le Tassawwouf est ceci ou cela.»
Il s’en suit que chacun des saints cités
(dans le Hilyat al-awliya' d’Abou Nou'aym) qui ont une part de
détermination sincère (sidq tawajjouh) ont une part dans le tassawwouf,
et le tassawwouf de chacun consiste dans sa sincère détermination. En
tant que règle, la sincère détermination est une nécessité de la
religion dans la mesure où elle forme à la fois la manière et le contenu
des actions qu’Allah accepte. La manière et le contenu ne sont pas
fiables à moins que la sincérité de la détermination soit fiable. «Il
n’approuve pas la non reconnaissance en Ses serviteurs, mais si vous
êtes reconnaissant, Il l’agrée pour vous» (39:7).
Ainsi l’Islam exige des actions, et il
n’y a pas d’auto-purification (tassawwouf) sans la connaissance de la
Loi (fiqh), car les commandes externes d’Allah ne sont connues que par
la connaissance de la Loi; et il n’y a pas de connaissance de la Loi
sans l’auto-purification, comme il n’y a pas d’action sans sincérité
dans la détermination, et il n’y a rien sans croyance. Ainsi , par
définition la Loi les exige toutes, juste comme le corps et l’esprit ont
besoin l’un de l’autre, aussi comme l’on ne peut exister ou être
complet dans le monde qu’en étant en conjonction avec les autres. Ceci
est la définition de la déclaration de l’Imam Malik: «Celui qui pratique
le Tassawwouf sans avoir appris la Loi Sacrée … » [56]
Imam Chafi`i (d.204)
Al-hafiz al-Souyouti rapporte dans
Ta'yid al-haqiqa al-`aliyya que l’Imam Chafi`i dit: J’accompagnai les
soufis et reçu d’eux trois mots: leur déclaration que le temps est un
sabre: si tu ne le coupe pas, il te coupe; leur déclaration que si tu ne
te préoccupe pas ton égo avec la vérité, il te préoccupera avec le
mensonge; leur déclaration que la déprivation est une immunité.[57]
Le mouhaddith al-`Ajlouni rapporte aussi
dans son livre Kachf al-Khafa wa mouzil al-albas que l’Imam Chafi`i
dit: Trois choses m’ont plu dans ce monde: éviter l’affection, traiter
les gens avec indulgence et suivre la voie du tassawwouf.[58]
Imam Ahmad bin Hanbal (d.241)
Mouhammad ibn Ahmad al-Saffarini
al-Hanbali (d.1188) rapporte dans son Ghidha' al-albab li-charh
manzoumat al-adab de la part d’Ibrahim ibn `Abd Allah al-Qalanassi que
l’Imam Ahmad dit au sujet des soufis: «Je ne connais pas de gens
meilleurs qu’eux.» Quelqu’un lui dit: «Ils écoutent la musique et ils
atteignent des états extatiques.» Il dit: «Est-ce que tu les empêches de
se réjouir quelque temps avec Allah?»[59]
Cheick Amin al-Kourdi dit: l’Imam Ahmad
conseillant son fils dit: «O fils, tu dois tenir compagnie avec les gens
qui pratique le soufisme parce qu’ils sont une fontaine de savoir et
leurs cœurs sont en constante invocation. Ils sont les ascétiques, et
ils ont le plus puissant pouvoir spirituel.»[60]
L’Admiration des Soufis par l’Imam Ahmad
est confirmée par son respect vis-à-vis de al-Harith al-Mouhassibi,
quoiqu’il exprima un avertissement au sujet des difficultés de la voie
Soufie pour ceux qui ne sont pas préparés à la suivre, dans la mesure où
cela peut ne pas être facile pour la majorité des gens de suivre la
voie de ceux au sujet desquels Allah dit au Prophète: «Et résigne-toi à
la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant
Sa Face …» (18:28).
L’Imam al-Harith al-Mouhassibi (d.243)
Il fut l’un des premiers auteurs de
traité de Soufis et maître de al-Jounayd. `Abd al-Qahir al-Baghdadi, Taj
al-Din al-Soubki, et Jamal al-Din al-Isnawi, tous reconnaissent et
réitèrent que «Sur les livres de al-Harith ibn Assad al-Mouhassabi sur
le kalam, le fiqh, et le hadith reposent ceux parmi nous qui sont
moutakallim (théologiens), faqih (juristes), et Soufis»[61] Ses livres
encore existants sont:
- Kitab al-ri`aya li houqouq Allah (Le livre d’observance des droits d’Allah; Cheick al-Islam al-`Izz ibn `Abd al-Salam en écrivit une version abrégée.[62]
- Kitab al-tawahhoum (Le livre d’imagination), une description du jour du Jugement;
- Kitab al-Khalwa (Le livre de la retraite spirituelle);
- Rissalat al-moustarshidin (Traité pour ceux qui demandent à être guidé);
- Kitab al-Coran (Le livre de la compréhension du Coran);
- Kitab mahiyyat al-`aql wa ma’nahou wa ikhtilaf al-nas fihi (Le livre de la nature et le sens de l’esprit et les différences parmi les gens à ce sujet;
- al-Massa`il fi a’mal al-qouloub wa al-jawarih wa al-`aql (Les questions concernant les travaux des cœurs, des pieds et de l’esprit;
- Kitab al-`azama (Le livre de la magnificence);
- al-Wassaya wa al-nassa`ih al-diniyya wa al-nafahat al-qoudsiyya li naf`i jami' al-bariyya (Les héritages et conseils spirituels et les dons sanctifiés pour le bénéfice de toutes les créatures).
Le passage suivant est extrait
d’al-Wassayat dans lequel al-Mouhassibi décrit le parcours de sa
recherche de la vérité parmi les groupes variés de musulmans, son entrée
dans la voie Soufie, et les caractéristiques des Soufis comparées aux
non-Soufis: Il a été clairement dit que cette Communauté sera divisée en
soixante-dix groupes impairs, l’un d’eux est le groupe Sauvé, et Allah
sait mieux au sujet du reste. J’ai consacré une partie de ma vie à
étudier les différences de cette Communauté, cherchant la méthode claire
et le droit chemin, recherchant le savoir et agissant par rapport à
cette connaissance, guidé sur le chemin de l’au-delà aux moyens des
directives des savants. Je compris une grande partie de la parole
d’Allah (le Coran) à travers l’interprétation des juristes. J’ai
contemplé les conditions de cette Umma, j’ai regardé ses voies de pensée
et discours et j’ai compris de ce constat ce qui a été prédestiné pour
moi.
Je vis leurs divisions comme un océan
profond où plusieurs se sont noyés, et peu furent sauvés. Je vis que
chaque groupe prétend que le salut est pour ceux qui les suivent et la
destruction est pour tout ceux qui leur sont opposés. Ainsi je compris
que les gens sont de différent types: parmi eux est celui qui possède la
connaissance de l’au-delà – il est très difficile de le trouver et il
est rare; un autre type est l’ignorant; prendre ses distance de celui-ci
est une bénédiction; un autre type est celui qui prétend être un
savant, alors qu’il est attaché à la dunya, la préférant en réalité à
toute autre chose; un autre type est celui possédant la connaissance,
étant une référence pour la religion, mais utilisant sa connaissance
comme une source de célébrité et de gain de prestige, échangeant sa
religion pourle refus de cette dunya; un autre type est celui qui a la
connaissance mais ne sachant pas le sens réel de ce qu’il possède; un
autre type est celui qui apparait comme un ascétique, cherchant la
vertu, mais il est impuissant, et sa connaissance ne peut pénétrer les
cœurs de son audience, et ses dires ne sont pas fiables; un autre type
est celui doté d’intelligence et de savoir, alors qu’il manque
d’abstinence - à travers - la peur d’Allah (wara') et sa méfiance
(taqwa); un autre type sont les disciples de leurs passions et de leurs
bas-désirs, ceux qui s’humilient pour l’amour de la dunya, cherchant une
position élevée ; un autre type ce sont les démons humains empêchant
les gens de chercher l’au-delà, qui luttent comme des chiens pour la
dunya, l’adulant, et ne voulant rien d’autre que d’en obtenir au
maximum, qui partant de là sont vivants dans cette dunya, mais en
réalité ils sont morts; ce qui est vrai est faux selon eux et ils
considèrent les vivants et les morts égaux.
Je me cherchai une voie parmi ces
différents types et je devins perplexe. Ainsi j’ai décidai d’être guidé
par les guides, demandant du support et de la directive, et je pris la
connaissance pour guide. Je réfléchi et examinai les choses
méticuleusement, jusqu’à ce qu’elles me deviennent claires – avec le
Livre d’Allah, la Sunna de Son Prophète, et le consensus de la
Communauté pour preuve – il était évident que suivre son désir rend
aveugle dans la recherche de la vérité, et que l’on perd sa voie vers la
vérité, et accentue son aveuglement. Alors je commençai à vider mon
cœur de tous les bas-désirs (hawa), et je me concentrai sur les
divisions de la Umma, à la recherche du Groupe sauvé, attentif à ceux
qui ont suivi les désirs destructifs et les goupes égarés, faisant
attention de ne pas faire un pas sans en être sûr, cherchant la voie du
salut pour mon âme.
Ainsi je trouvai – comme l’unanimité de
la Umma la dérive du Coran – que la voie du Salut est dans la peur
d’Allah (taqwa), dans la performance des obligations, dans la peur
d’Allah au sujet de ce qu’Il a permis et de ce qu’Il a interdit (wara')
et les limites qu’Il a établies, dans la sincérité envers Allah à
travers l’obéissance et suivant les exemples de Son Messager. Je
cherchai le savoir des obligations (fara`id) et les pratiques
Prophétiques (Sunna) des savants, des narrations, et je trouvai en eux à
la fois l’accord et la division, mais je trouvai qu’ils s’accordent
tous sur le fait que la connaissance des obligations et de la Sunna sont
avec ceux qui connaissent Allah et Ses ordres, les Connaisseurs d’Allah
qui agissent selon Son bon plaisir, craignant pleinement de violer ce
qu’Il a interdit, se façonnant de l’exemple de Son Messager, et
préférant l’Au-delà à ce monde: ce sont ceux qui s’accrochent fermement
aux commandes d’Allah et aux voies des Messagers.
Alors, je regardai parmi cette
Communauté pour ce genre de serviteurs qui sont connus pour leurs
talents, et cherchai à bénéficier de leur savoir, et je trouvai qu’ils
étaient extrêmement rares et peu nombreux, et que leur genre de savoir
est en train de disparaître, comme le Messager d’Allah l’a dit: «Lorsque
l’Islam commença ils étaient étranges, et ils deviendront étranges
encore, comme au début, et la bonne nouvelle est aux étranges»[63] – et
ils sont solitaires avec leur religion. Je sentis que ma calamité
augmentait du fait de la disparition des saints Vertueux (al-awliya'
al-atqiya'), et j’eus peur qu’une mort soudaine m’arrive pendant que je
suis encore troublé sur la division de cette Umma. Alors je commençai à
chercher un maître: et je n’avais pas d’autre choix que d’en trouver un,
et je fis de mon mieux jusqu’à ce que Celui qui est Affectueux envers
Sa Création me permis de rencontrer leur groupe .
Je trouvai en eux les signes de Taqwa et
les qualités de wara' et la préférence de akhira sur la dunya, et
trouvai que leurs intructions et leurs conseils sont en conformité avec
les actions des maitres de guidance, et je les trouvai regroupés, unis à
donner des conseils à la Communauté, n’encourageant personne à Lui
désobéir ni à perdre espoir en Sa Miséricorde, ils acceptent toujours et
patiemment les fardeaux et les difficultés, ils sont contents avec le
destin et reconnaissant dans la prospérité. Ils emmènent la création à
aimer leur Seigneur en parfait repentir en leur rappelant Ses faveurs et
ses bontés, et ils les encouragent à remettre toutes leurs affaires à
Allah, à leur faire connaître Sa Grandeur, Son livre et la Sunna, Sa
Religion, Ce qu’Il aime et ce qu’Il n’aime pas, à être prudent et éviter
les nouveautés et les caprices, se garder des extrêmes et des
exagérations, mépriser les disputes et les arguments, se garder de la
médisance et de l’oppression, s’opposer à leurs désirs, prendre leur
responsabilité, contrôler leurs sens, être prudent dans leur nourriture,
leur habillement et toutes leurs situations, évitant tout ce qui est
douteux, évitant les bas-désirs, se satisfaire du minimum de nourriture,
supprimer ce qui est indifférent, la renonciation en ce qu’il est
permissible, la peur du Jugement, la circonception de la Résurrection,
être affairé avec leur propre fardeau, strict avec eux-même et non avec
les autres. Chacun d’eux a ses propres affaires qui le préoccupent,
chacun d’eux est savant concernant l’Akhira et la description du Jour du
Jugement, l’abondante récompense et la douloureuse punition. Ceci est
ce qui explique leur constante anxiété et incessante inquiétude qui les
éloigne de la joie de la dunya et ses plaisirs.
Ce groupe a endossé les caractères de
cette religion, et dessiné les lignes définitives pour la renonciation
(wara') d’une manière qui a contracté ma poitrine avec peur, et me
rendit clair que la conduite de la religion et la sincérité mêlées à la
crainte (wara') est un océan que quelqu’un comme moi ne peut pas
comprendre; ainsi je vins à réaliser l’étendue de leurs vertus, à voir
clairement leur inquiétude, et je devins de plus en plus certain qu’ils
sont ceux qui luttent dans la Voie de l’au-delà, les vrais disciples de
l’exemple des Messagers, la source de ceux qui demandent à être éclairé,
et des conseillers pour ceux qui ont besoin de conseils.
Ainsi je commençai à m'intéresser à leur
voie, bénéficiant d’eux, acceptant leur code de conduite, prenant
plaisir à leur obéir. Je ne vois rien d’égal à eux, et je ne préfère
rien à eux, et Allah me bénit avec un genre de connaissance dont la
véracité me devint claire et dont j’ai vu la totalité. J’espère que le
salut atteindra ceux qui l’accepte et l’adopte, et je suis certain que
le support viendra à quiconque la pratiquera.
J’ai trouvé de la malhonnêteté en ceux
qui s’opposent à cette voie, et la rouille s’est accumulée sur le cœur
de quiconque l’ignore et la nie. J’ai découvert que la preuve suprême
est avec celui qui la comprend et j’ai découvert que l’adopter et agir
en s’y conformant est une obligation pour moi; ainsi j’y ai cru de tout
cœur et l’ai gardé dans ma conscience et fait d’elle la fondation de ma
religion, et j’y ai établi mes actions, et je suis passé à travers
différents états d’expérience.
J’ai demandé à Allah de me donner
l'habilité de Le remercier pour la Générosité qu’Il a répandu sur moi et
de me donner la force de performer les tâches se rapportant à ce qu’Il
m’a enseigné, sachant mes défauts et sachant que je ne pourrai pas Le
remercier suffisamment.[64]
La Piété De L’Imam Ahmad Devant Al-Mouhassibi
Voici le récit de la première fois que
l’Imam Ahmad a entendu al-Mouhassibi parler directement, raconté par le
hafiz al-khatib al-Baghdadi dans son Histoire de Bagdad: Ahmad ibn
Hanbal n’aimait pas les spéculations de al-Harith dans la science du
calame de même que les livres qu’il éditait. Fréquemment, il mettait les
gens en garde contre al-Harith. Mouhammad ibn Ahmad Yaqoub appris de
Mouhammad ibn Nou`aym al-Dabbi: J’entendis l’Imam Abou Bakr Ahmad ibn
Ishaq - al-Sibji - dire: J’entendis Isma`il ibn Ishaq al-Sarraj dire:
«Ahmad ibn Hanbal me dit un jour: J’ai appris que ce Harith est souvent
chez toi. Qu’en est-il si tu m’invitais et me plaçais quelque part où je
pourrais l’entendre sans être vu?» Je répondis: «Certainement, O Abou
`Abd Allah!» et j’étais content de ce premier pas de sa part. Je partis
et je demandai à al-Harith de venir nous visiter cette même nuit comme
ses compagnons y seront aussi. «O Isma`il, ils sont nombreux, par
conséquent tu ne leur serviras que de l’huile et des dattes, et
seulement ce que tu peux.» Je suivis ses intructions et je partis
informer Abou `Abd Allah. Il vint après Maghrib, alla s’installer dans
une petite chambre la-haut et commençai à réciter ses dévotions usuelles
(wird). Al-Harith et ses compagnons arrivèrent, mangèrent, et se
levèrent pour prier salat al-`icha, et ils ne prièrent pas après cela.
Ensuite, ils s’asseillèrent silencieusement devant al-Harith et ne dit
aucun mot jusqu’au milieu de la nuit. L’un d’eux alors posa une question
à al-Harith et celui-ci commença à parler. Ses compagnons l’écoutèrent
comme s’ils avaient peur d’effrayer un oiseau. Certains pleuraient.
D’autres poussaient des petits sanglots au fur et mesure qu’il parlait.
Je partis alors dans la chambre pour voir Abou `Abd Allah et le trouvai
évanoui à force d’avoir pleuré. Je redescendis. Ils continuèrent ainsi
jusqu’au matin où ils se levèrent et s’en allèrent.Je retournai là-haut
voir Abou `Abd Allah. Il avait changé. Je lui demandai: «Que penses-tu
maintenant de ces gens?» Il dit: «En ce qui me concerne, je n’ai jamais
vu leur pareil, ni entendit sur la Science des Réalités (`ilm
al-haqa`iq) des mots comme ceux prononcés par cet homme. Néanmoins,
malgré ce que je viens de dire, je ne te vois pas en vérité apte à leur
tenir compagnie. Ensuite il se leva et s’en alla.[65]
Al-Soubki expliqua la réaction ambigüe
de l’Imam Ahmad de la façon suivante: Considérons ce récit avec
attention et sachons que Ahmad ibn Hanbal ne considérait pas sage pour
cet homme (al-Sarraj) de joindre leur compagnie parce qu’il n’était pas
l’un de ceux qui pourrait s’élever à leur niveau. En vérité, ils étaient
sur un chemin difficile ; tous les gens ne peuvent pas entreprendre
équitablement ce chemin qui fait peur. Autrement, Ahmad aurait-il pleuré
et glorifier al-Harith de la manière dont il fait ses éloges?[66]
Quelqu’un pourrait soulever des objections:
Question. Al-Harith et ses compagnons
ont prié salat al-`icha' pendant que Ahmad était présent. Pourquoi Ahmad
n’a t-il pas joint la prière prescrite, sachant précisément que la
position d’Ahmad était de joindre la prière du groupe celle-ci étant
obligatoire?
Réponse. Ahmad était avec le groupe,
mais à l’étage, séparé du groupe, précisément dans une chambre où il
pourrait entendre - mais sans nécessairement voir al-Mouhassibi, comme
le rapport le mentionne? Plus loin:
- Ce n’est pas affirmé dans le rapport qu’il n’a pas prié derrière lui.
- C’est possible qu’il ne fusse pas en ablution.
- C’est possible qu’ils aient retardé le temps de `Icha et qu’au moment où ils priaient, il avait déjà fini.
Le premier cas ci-dessus est le moindre
qui peut être dit, et tous les cas ont tendance à dire: Il n’a pas
délibérément prier derrière lui pour plusieurs raisons parmi lesquelles:
on sait que `Oumar pria derrière al-Hajjaj ibn Youssouf al-Thaqafi qui
était un tyran qui répendit le sang d’innocents; il est aussi su que Ibn
`Oumar pria derrière les Gens d’Innovation dont les Khawarij. Il disait
souvent que: «La prière est une excellente action (hassana) et cela
m’est égale que quiconque y prenne part avec moi et quiconque dit: Hayya
`ala al-Salat, je lui répond oui.» [67]
Dire que l’Imam Ahmad ne pria pas
délibérément derrière al-Mouhassibi est équivalent à attribuer à l’Imam
Ahmad l’un des points de vue suivant:
- Ou bien il considérait al-Mouhassibi pire que al-Hajjaj et les Kwararij, ce qui est absurde et impieux;
- Ou bien il laissa la pratique du
Sahaba `Abd Allah ibn `Oumar, quoique le madhab Hanbali est en partie
une revivication de celle-ci, et ceci n’est pas le cas.
Question. Pourquoi Ahmad mentionna-t-il `ilm al-haqa`iq (la science des réalités) qui est une terminoligie Soufie?
Réponse. L’Imam Ahmad acceptait la
terminologie Soufie. Il n’y a plus rien à dire à ce sujet. Supposer que
cela est peu probable est parfaitement acceptable, mais supposer que
ceci est impossible est faux. Encore, la fin de l’argument est que le
rapport est fiable selon le critère des maîtres de hadiths, ainsi
laissons la spéculation dans la mesure où nous avons une évidence
solide.
Q. Pourquoi al-Dhahabi n’acceptait-il pas l’authenticité du récit?
R. al-Dhahabi fit des commentaires
ambigus dans son Mizan al-I’tidal au sujet du récit ci-dessus, mais il
ne questionne pas l’authenticité de sa chaîne de transmission. Il
l’authentifie mais y exprime de la mécréance[68]. Cependant, son rejet
subjectif, quoique connaissant le sujet – sa biographie de l’Imam Ahmad
est d’environ 300 pages – n’est pas crédible devant l’évidence.
Il est clair que Dhahabi admirait
al-Mouhassibi car il l’appela «d’un haut niveau» dans son Siyar a`lam
al-noubala': L’Ascétique, le Connaisseur…Je dis: al-Mouhassibi est d’un
haut rang, et il toucha brièvement à la théologie spéculative; par
conséquent, il eut des reproches à ce niveau.[69]
Tous les maîtres Soufis sont des savants
de la Sunna, autrement ils ne seraient pas qualifiés de maîtres Soufis.
De l’autre côté, plusieurs grands savants qui ne sont pas des maîtres
Soufis admiraient profondément ces gens et voyaient clairement qu’ils
étaient du groupe des élus d’Allah ou des awliya. L’histoire et ces
jours présents sont remplis d’innombrables Savants de l’Islam, des
muftis de nations aux cheicks al-Ahzar, et des ministres de l’Education
Islamique aux Présidents des Ligues de Savants Islamiques, qui ont vu et
compris que ces maîtres Soufis pratiquaient mieux la Sunna que ceux qui
mémorisaient seulement les lois de la Chari`a. Plusieurs maîtres Soufis
ont atteind de hautes positions parmi les savants de l’Islam de leur
temps.
Certains aujourd’hui sont enclin à
utiliser le terme «conflit» entre ce qu’ils imaginent être maîtres de
tassawwouf d’un côté et non-savants Soufis de l’autre. Ceci est une
dichotomie artificielle qui n’existe pas en réalité dans la communauté
du Prophète. Cependant, certains frères non informés ou mal intentionnés
prennent quelques citations illustrant des différences parmi les
savants en vue de désunir et de créer l’image de ce qu’ils appellent
«une histoire de conflit».
En réalité, les savants représentant les
Quatre Madhahib en Islam ont défendu ceux qui pratiquent le tassawwouf
de la diffamation érigée contre eux en certaines parties du monde
Islamique. Pourquoi alors encore aujourd’hui certains sont-ils en train
de fouiller les livres de littérature Islamique essayant de raviver
quelques insignifiantes issues déjà résolues et semer le doute dans les
cœurs de nos frères au sujet des voies de l’Islam? Ils mentionnent par
exemple la censure d’Ibn al-Jawzi de quelques excès dans Talbis Iblis
comme si c’était une condamnation entière du tassawwouf, oubliant qu’il
écrivit plusieurs pages et des livres entiers sur les premiers Soufis
dont Rabi`a al-`Adawiyya et Ibrahim al-Adham; ou bien ils mentionnent le
blâme de kalam de l’Imam Ahmad dans la méthode de Mouhassibi, oubliant
qu’il admirait beaucoup les discours Soufis d’al-Mouhassibi; ou bien ils
citent le rapport de al-Dhahabi sur la censure d’Abou Zour`a
d’al-Mouhassibi et la lamentation de Dhahabi sur le niveau médiocre
d’érudition de hadith dans les livres Soufis, oubliant que Dhahabi
admirait al-Mouhassibi et exprimait le plus grand respect pour les
Soufis.
Il est étrange que Dhahabi soit cité
pour illustrer des points de vue anti-Soufis alors qu’il dit
explicitement au sujet de l’un des Soufis qui fut le plus attaqué, Ibn
al-Farid: «Ne vous empressez pas à le juger.» Ici est la remarque de
Dhahabi sur Ibn al-Farid dans Mizan al-i`tidal: Il rapporta des hadiths
de al-Qassim ibn `Assair; il parla haut d’une union franche avec Allah
dans sa poésie, et ceci est une grande calamité: par conséquent,
examinez précieusement ses compositons et ne vous empressez pas de
juger, au contraire, aillez la meilleure opinion des Soufis (hassin
al-zanna bi al-soufiyya).[70]
Voici encore d’autres extaits et
exemples des éloges des Soufis de Dhahabi, tirés de Siyar a`lam
al-noubala': [#506] al-`Abdin connu sous le nom de Qassim al-Jou`i
(d.248): l’Imam, le modèle, le saint, le Mouhaddith…le cheick des Soufis
et l’ami d’Ahmad ibn al-Hawari. Il est connu comme al-Jou`i.… Je dis,
les acsétiques (zouhhhad) de ce temps étaient al-Jou`i à Damas, al-Sari
al-Saqati à Bagdad, Ahmad ibn Hard à Naysabour, Dhou al-Noun en Egypte,
et Mouhammad ibn Aslam à Tus. Où sont les semblables à ces maîtres?
Seulement la poussière remplira mes yeux, ou ce qui est sous la
poussière!
Chihab al-Din al-Souhrawardi; le cheick,
l’Imam, le savant, le zahid, le connaisseur, le Mouhaddith, le Cheick
Al-Islam, le Hors-Pair des Soufis…Je dis: si vous voyez le Soufi se
consacrer au hadith, alors ayez confiance en lui, et si vous le voyez
s’éloigner du hadith alors retirez-vous de lui…
Ceci est une louange indirecte à tous
les Soufis, dans la mesure où aucun d’eux ne peut être que dévoué aux
hadiths et s’y référant constamment. Ces lignes montrent que Dhahabi
n’était en aucun cas contre le tassawwouf, au contraire, il protesta
contre quelques éléments de quelques Soufis qu’il ne voyait pas être
dans sa ligne de compréhension de la Sunna. Il ne considéra pas la
différence entre les adhérents et simples prétendants au tassawwouf,
quoiqu’il le mentionna ailleurs .
Les Maîtres Soufis De Hadiths De Dhahabi
Les Soufis parmi les maîtres de hadiths
de Dhahabi sont trop nombreux pour être cités. Ci-dessous quelques noms
comme cela est énuméré par Dhahabi lui-même dans son Mou`jam
shouyoukal-Dhahabi ou «l’abrégé des cheicks (de hadiths) de Dhahabi»:
- Ahmad ibn Abou al-Ma`ali al-Abarqouhi (d.701), qui dit au cours de sa dernière maladie lorsqu’il était à la Mecque: «Je mourrai de cette maladie parce que le Prophète m’a promis que je mourrais à Mecque.»[71]
- Ahmad ibn `Abd Allah al-Qadi Chouqayr (d.715), le Soufi Hariri.[72]
- Ahmad ibn `Abd Allah al-Rahman al-Chahrazouri al-Soufi al-Qadiri (d.701).[73]
- Ahmad ibn `Abd al-Moun`im Roukn al-Din Abou al-`Abbas al-Qazwini al-Tawoussi al-Soufi (d.704.).[74]
- Ahmad ibn `Ali al-Qadi al-Jayli al-Dimaschqi al-Soufi (d.724).[75]
- Ahmad ibn Mouhammad Najm al-Din Abou al-`Abbas ibn Sasra (d.723), le chef juge Chafi`i (qadi al-qoudat) et le chef des enseignants religieux (cheick al-chouyouck) à Damas. Il désapprouva Ibn Taymiyya et présida à son jugement à Damas en 705.[76]
- «Mon ami» Charaf al-Din Ahmad ibn Nasr Allah al-Faqih al-Soufi (d.730), de la Khaniqa al-Tawawis.[77]
- al-Cheick Abou Ichaq Ibrahim ibn Barakat al-Ba`albaki, connu comme Ibn al-Qourachiyya (d.740): «L’un des remarqables fouqara' Qadiri, un homme de religion, de clarté, de perfection, aimable, et de rare bénéfice.»[78]
- al-Cheick Abou Ichaq Ibrahim ibn Dawoud al-Hakkari al-Kourdi al-Mouqri' al-Soufi al-Zahid (d.712), le père de Chams al-Din et d’`Imad al-Din.[79]
- Le leader et Cheick Sadr al-Din Abou al-Majami' Ibrahim ibn Mouhammad al-Jouwayni al-Khourassani al-Soufi al-Mouhaddith (d.720). Dhahabi rapporta que le gouverneur Mongol Ghazan Khan accepta de devenir Musulman par lui. Il ajouta: «Il était extrêmement respecté par les Soufis à cause du niveau spirituel de son père Sa`d al-Din ibn Hammouwayh (ou Hamawayh).»[80] Sa`d al-Din (d.678) fut cheick al-chouyoukh à Damas.[81]
- «Mon cheick» Ibrahim ibn Mounir al-Ba`albaki al-`Abid al-Zahid al-Sayyah (d.725).[82]
- Ishaq ibn Ibrahim Mouzaffar al-Misri al-Waziri al-Mouqri' al-Mou`addid al-Soufi (d.719), l’enseignant des orphelins.[83]
- Aqouch Abou Mouhammad Houssam al-Din al-qoutbi al-Younini (d.720), «il était l’un des Soufis d’al-Assadiyya, il était pieux et récitait beaucoup le Coran.»[84]
- «Mon compagnon» `Izz al-Din al-Hassan ibn Ahmad al-Irbili le medecin (d.726), «il était l’un des Soufis de Douwayrat Hamd.»[85]
- Houssayn ibn Moubarak al-Mawsili al-Soufi (d.742). «Il était un homme de bonté et pieux. Il rédigea plusieurs livres de savoir et des livres au sujet de la Sunna, et il resta en compagnie des fouqara'.»[86]
- Abou Sa`d al-Khidr `Abd Allah al-Jouwayni al-Dimachqi al-Soufi (d.674). «Il était le cheick de la khaniqa soumayssatina… Il rédigea un livre d’histoire en deux volumes rempli de bienfaits et de merveilles.»[87]
- Oumm Mouhammad Zaynab bint `Ali al-Wassiti (d.695). «Une femme versée dans la servitude, dans le jeûne, forte, humble, honorable. Son frère l’Imam Taqi al-Din ibn al-Wassiti avait l’habitude de la visiter pour bénéficier de sa bénédiction (yaqsoud ziyarataha wa al-tabarrouk biha).»[88]
- Zayn al-`Rab bint `Abd al-Rahman al-Dimachqiyya al-Soulamiyya (d.704). Elle était la cheicka de la ribat à al-Kharimiyyin.[89]
- Abou `Ali Souwanj ibn Mouhammad al-Tourkoumani al-Dimachqi al-Faqir (d.694).[90]
- Abou al-Barakat Cha`ban ibn Abi Bakr al-Irbili al-Soufi al-Qadiri al-Zahiri al-Zahid (d.711). «Il était un homme de bonté, de clairvoyance, modeste, raffiné, qui n’a ni lu ni écrit.»[91]
- Abou Ghanim Zafir ibn Ja`far al-Soulami al-Dimachqi (d.615). «Il était l’un des fouqara' du mouqsoura (tombeau de saints) des Halabiyyin.»[92]
- Charaf al-Din `Abou Mouhammad Abd Allah ibn `Abd al-Halim ibn Taymiyya al-Harrani al-Hanbali (d.727). «Frugal dans son manger et dans son habillement, doté de plusieurs qualités, il avait l’habitude de faire des reproches à son frère sur certaines choses (Taqi al-Din Ibn Taymiyya) qu’il considéra blâmables de sa part.»[93]
- Ibn Abou Nasr `Abd Allah ibn Nasr ibn `Abd al-Razzaq ibn al-Cheick `Abd al-Qadir al-Jili (c’est-à-dire al-Gilani) al-Hanbali al-faqih al-Soufi (d.708).[94]
- Abou al-Majd `Abd al-Rahman ibn al-Mouhaddith Abi `Abd Allah al-Isfarayini al-Dimachqi al-Chafi`i (d.701). «Il était le cheick de la khaniqa chihabiyya.»[95]
- Zayn al-Din `Abd al-Rahman ibn mouhammad al-Zahid, Khatib Yalda (712). «Il était perspicace, saint, honorable, et restait en retraite pour éviter les gens.»[96]
- Abou al-Qassim `Abd al-Samad ibn Qadi al-Qoudat `Abd al-Karim al-Harastani al-Dimachqi al-Chafi`i (d.694). «Il apprit le fiqh et fréquenta les écoles, puis il devint un ascétique… Les gens le vénéraient et des miracles sont rapportés à son sujet. J’ai appris que mon cheick Zayn al-Din al-Fariqi mentionna qu’Ibn al-Harastani lui parla de la chute des Tartares avant qu’elle eût lieu en 680.»[97]
- `Izz al-Din `Abd al-`Izz ibn `Oumar al-Hamawi al-Ghassani al-Soufi (d.720).[98]
- Abou Mouhammad `Abd al-Ghaffar ibn Mouhammad al-Maqdissi al-Soufi (d.circa 700).[99]
- Abou Nasr `Abd al-Latif ibn Nasr al-Cheicki al-Soufi al-Halabi (d.697). «Il était cheick al-chouyouk à Aleppo.»[100]
- Najm al-Din `Abd al-Malik ibn `Abd al-Qahir Ibn `Abd al-Ghani Ibn Taymiyya al-Harrani al-Chahid al-Soufi (d.720).[101]
- Abou `Amr `Outhman ibn Abi Bakr al-Faqir al-Salih (Né en 674). «Un réciteur de Coran, il est érudit et est un homme de bonté, de décence, solitaire en dehors des gens. Je suis resté en sa compagnie depuis mon enfance.»[102]
- «L’Unique Leader, le Connaisseur et Savant de Hadith», Abou `Abd Allah Najm al-Din `Ali ibn Mouhammad al-Azli al-Hilali al-Dimaschqi al-Chafi`i (d.729). «Il avait l’habitude de raconter des récits bénéfiques, et il garda une excellente estime pour les saints – qu’Allah le compte ainsi que moi parmi eux.»[103]
- Abou Hafs `Oumar ibn Abi al-Qassim al-Younini al-Salawi al-Soufi (d.707). «Il resta en compagnie des fouqara'.»[104]
- Oumm Mouhammad `Aïcha Bint Rizq Allah al-Biladiyya al-Maqdissiyya (d.711). «Elle était l’une des femmes dévotes qui pleurait beaucoup, exhibait l’humilité, et tenait fermement à la récitation des dévotions (awrad).»[105]
- al-Foulk al-Soufi, `Ali ibn al-Foulk al-`Alawi al-Hassani al-Wassiti al-Mou`ammar (né en 600).[106]
- «Le faqih et le connaisseur» Abou al-Qassim al-Fadl ibn `Issa al-`Ajlouni al-Hanbali al-Masmari (d.735). «Il était de haute stature et portait un large turban et des tenues imposantes. Il était un bon interprète de rêves. Les gens le vénéraient comme un saint.»[107]
- Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Maqdissi al-Salihi (d.705). «Il était connu sous le nom de Chamlaj al-Faqir.»[108]
- Mouhammad ibn Ahmad al-Mawsili al-Salihi al-Faqir (d.723). «Il était clairvoyant, menait une vie simple, un homme de décence et de bonté.»[109]
- Diya' al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Faqir (d.713).[110]
- al-Imam al-khayyir Chams al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Khallati al-Chafi`i al-Soufi (d.706).[111]
- Abou `Abd Allah mouhammad ibn Jawhar al-Mouqri' al-Moujawwid al-Tala`fazi al-Soufi al-Moulaqqan (d.696).[112]
- «L’Imam, le Juge, l’Exégète, le Savant, l’Ascétique» Jamal al-Din Mouhammad ibn Soulayman al-Naqih al-Balkhi al-Dimaschqi al-Hanafi (d.698). «Il compila un très long commentaire du Coran en quatre-vingt-dix- neuf volumes dans lesquels il figura les lectures Coraniques, les contextes de la révélation, les explications linguistiques, les dires des exégètes, ceux des Soufis, et leurs haqa`iq (réalités spirituelles).»[113]
- Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Soulayman al-Faqih al-Chafi`i (d.699). «Il était celui qui prenait soin de la tombe d’al-Sayyida Nafissa (la plus grande femme sainte d’Egypte).»[114]
- Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Abd Allah ibn al-Saqil al-Harrani (d.713). «Il était l’un des fouqara' de la ribat d’Ibn al-Askaf.»[115]
- «Le brillant savant et le spécialiste d’oussoul» Safi al-Din Mouhammad ibn `Abd al-Rahim al-Hindi al-Chafi`i (d.715). «Il était versé en prière, en adoration, en tassawwouf et d’une excellente croyance.»[116] Il témoigna contre Ibn Taymiyya au jugement de ce dernier à Damas.»[117]
- «Qadi al-qoudat, le Paragon de l’Islam, le porteur-standard de la Sunna, mon cheick» Jamal al-Din Abou al-Ma`ali Mouhammad ibn `Ali al-Anssari al-Zamalkani al-Dimaschqi al-Chafi`i (d.727).[118] Il remplaça Safi al-Din al-Hindi dans le jugement contre Ibn Taymiyya, contre lequel il rédigea par la suite une réfutation de sa position sur le divorce et de ses points de vue sur la Visitation du Prophète (al-ziyara).[119]
- Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Mouhammad al-Mouhaddith al-Zahid al-Kikhi al-Soufi (d.684).[120]
- «Le vertueux de la bonté, l’Imam, le Connaisseur, le Mouhaddith» Abou `Abd Allah Badr al-din Mouhammad ibn Mas`oud Ibn al-Touwwazi al-Halabi al-Chafi`i (d.705). «Il était le Cheick de Hims et l’adjoint au juge ainsi que le Cheick de la Khaniqa.»[121]
- «L’Imam, le Réciteur, le Perfecteur, le Résidu des Salaf» Mouwaffaq al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Abi al-`Ala' al-Rabbani al-Nassibi al-Chafi`i al-Soufi (d.695). «Le cheick des Soufis et des fouqara' à Ba`albak.[122]
- «L’Orateur, l’Ascétique, la Bénédiction de l’Humanité» Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Abi al-Fadl al-Ja`bari al-Soufi (d.713). «L’Imam du Masjid al-Halabiyyin au Caire.»[123]
- al-Cheick al-Imam al-Moufti al-Zahid al-`Arif Zahir al-Din Abou al-Mahmid Mahmoud ibn `Oubayd Allah al-Zanjani al-Chafii al-Soufi (d.673). «Il tena compagnie avec Cheick Chihab al-Din al-Souhrawardi et apprit de lui `Awarif al-ma`arif, et d’`Abd al-Salam al-Dahiri il apprit l’œuvre al-Louma' d’Abou Nasr al-Sarraj.»[124]
- «L’Imam, le Mouhaddith de confiance, le Connaisseur, le Linguiste, l’Ascétique» Safi al-Din Abou al-Thana' Mahmoud ibn Abi Bakr al-Tannoukhi al-Armouwi al-Chami al-Chafi`i al-Soufi (d.723).[125]
- al-Alim al-Zahid Taqi al-Din Abou Bakr ibn Charaf al-Salihi Nazil Hims (d.728). «Il était un moutassawwif, avait l’éloquence, la noblesse, une connaissance intime des questions en main, et une large portion d’excellentes qualités.»[126]
- Abou Bakr ibn Sanjar al-`Ala'i al-Chayzari al-Soufi (pas de date).[127]
- Plusieurs des maître de hadiths que Dhahabi cite dans son Tadhkirat al-houffaz sont Soufis:[128]
- Abou `Abd Allah Mouhammad Ibn al-Banna' al-Soufi
- Abou al-Hassan b. Jahdam al-Soufi
- Abou al-Houssayn al-Baghdadi Ahmad b. al-Hassan b. `Abd al-Jabbar al-Soufi al-Hakim
- Abou Mouhammad `Abd al-`Aziz b. Ahmad Ibn Mouhammad b. `Ali al-Tamimi al-Dimachqi al-Soufi al-Wahchi
- Abou Mouhammad al-Andalousi al-maghrib al-Qafassi al-Soufi
- Abou Sa'd Ahmad b. Mouhammad b. Ahmad b; Abdillah b. Hafs al-Anssari al-harawi al-Malini al-Soufi
- Abou Sa`id Ahmad b. Mouhammad b. Ziyad b. Bichr b. Dirham al-Basri al-Soufi
- Abou Ya`qoub Youssouf b. Ahmad b. Ibrahim al-Soufi
- Ahmad b. `Abd Allah b. Ahmad b. Ishaq b. Moussa b. Mahran al-Mihrani al-Isbahani
- al-Soufi al-Ahwal sibt al-Zahid Mouhammad b. Youssouf al-Banna' al-Talamanki
- al-Hafiz Abou Hafs al-Soukkari Ahmad b. al-Hassan al-Soufi
- Ishaq b. Balkouyah al-Soufi
- Isma`il b. Sa`d al-Soufi
- Mouhammad b. al-Houssayn b. Mouhammad b. Moussa al-Nissabouri al-Soufi al-Azdi
- Zaynouddin Abou al-Fath Mouhammad b. Ahmad b. Abi Bakr al-Abyourdi al-Soufi al-Chafi`i al-Is`irdi
En conclusion le supposé conflit entre
les savants de hadiths d’un côté et les Soufis de l’autre est une
fabrication intentionnelle en vue d’inspirer la division parmi certains
membres de la Communauté. Les détracteurs rassemblent quelques dires qui
soulèvent l’incertitude et le doute au sujet du tassawwouf, omettant de
mentionner que de telles critiques tombent sous la rubrique de
l’exception. La règle est que le tassawwouf est l’indication d’un niveau
spirituel qui n’amène rien d’autre que de l’honneur à celui qui
l’endosse, parmi eux s l’Imam Ahmad, Dhahabi, Sakhawi, Souyouti, al-`Izz
ibn `Abd al-Salam, al-Qari, al-Nawawi, et les autres Imams de hadiths
l’ont attesté. Ceci est le cas même pour Ibn Taymiyya qui se considérait
capable de définir le tassawwouf en profondeur, et se félicitait
d’avoir pris la tariqa Qadiri, même s’il prit des inclinations
anti-Soufies qui firent surfaces dans ses attaques contre ibn `Arabi et
autres. Permettez-nous d’avertir nos frères et sœurs qu’en regardant les
désaccords des grands savants sans un œil critique, nous invitons à la
confusion. Al-Soubki averti:
Prenez garde d ‘écouter ce qui s’est
passé entre Abou Hanifa et Soufyan al-Thawri, ou entre Malik et ibn Abi
Dhi'b, ou entre Ahmad ibn Salih et al-Nissa`i, ou entre Ahmad ibn Hanbal
et al-Harith al-Mouhassibi (et autres dans les temps ultérieurs). Si
vous êtes affairés avec cela, je crains la mort pour vous. Ceux-là sont
les notables en religion et leurs paroles ont plusieurs explications que
certains ont peut-être mal compris. En ce qui nous concerne, nous
n’avons rien d’autre qu’à approuver ce qu’ils ont dit et de ne rien dire
concernant ce qui a eu lieu entre eux, comme ce qui s’est passé entre
les Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux… O toi qui cherche à être
guidé! Consacre-toi à la voie des bonnes manières avec les maîtres
passés, évite de creuser dans leurs divergences sauf ce qui est le
produit d’une claire démonstration. Si vous êtes capable d’y appliquer
une bonne interprétation faites-le, dans le cas contraire, laissez ce
qui eut lieu entre eux, et préoccupez-vous de ce qui vous concerne, et
laissez ce qui ne vous concerne pas![129]
al-Qassim ibn `Outhman al-Joui`i (d.248)
L’un des grands saints de Damas qui
étudia le hadith sous Soufyan ibn `Ouyayna. Ibn al-Jawzi rapporte dans
Sifat al-safwa que al-Jou`i expliqua qu’il reçu le nom al-Jou`i (de la
faim) parce qu’Allah l’a guéri contre la faim du corps au moyen de la
faim spirituelle. Il dit:
Même si j’étais laissé un mois sans
nourriture, je n’étais pas gêné. O Allah, tu as fait ceci avec moi:
Cependant, complète le pour moi![130]
Al-Dhahabi écrit à propos de lui dans Siyar a`lam al-noubala':
[#506] al-`Abdi, connu sous le nom de
Qassim al-Jou`i: L’Imam, le modèle, le saint, le Mouhaddith… le cheick
des Soufis et l’ami d’Ahmad ibn al-Hawari. (al-Imam al-qoudwa al-wali
al-mouhaddith Abou `Abd Al-Malik Al-Qassim ibn `Outhman
al-`Abdi-Dimaqshqi, Cheick as-soufiyya wa rafiq Ahmad ibn al-Hawari,
`Ourifa bi al-Jou`i).
Ibn al-Jawzi aussi rapporte qu’Ibn Abou Hatim al-Razi dit:
J’entrai à Damas pour voir les
reporteurs de hadiths et je passai par le cercle de Qassim al-Jou`i et
je vis une immense foule assise autour de lui. Je m’approchai et je
l’entendis dire:
Faites cinq choses dans votre vie, sans les autres:
-Si vous êtes présent parmi les gens, ne soyez pas connu;
-Si vous êtes absent, que l‘on ne vous manque pas;
-Si vous connaissez quelque chose, votre conseil n’est pas recherché;
-Si vous dites quelque chose, votre parole est rejetée;
-Si vous faites quelque chose, n’en recevez pas d’honneur;
Je vous conseille de même cinq autres choses:
-Si du tort vous est fait, ne rendez pas l’appareil;
-Si des éloges vous sont faites, ne soyez pas heureux;
-Si vous êtes blâmez, ne soyez pas éperdu;
-Si vous êtes appelé menteur, ne vous mettez pas en colère;
-Si vous êtes trahi, ne trahissez pas en retour.
Ibn Abou Hatim dit: «Je fis de ces mots tout le bénéfice de ma visite à Damas.»[131]
L’Imam al-Jounayd al-Baghdadi (d.297)
L’Imam du monde de son temps, al-Jounatd al-Baghdadi, dit en définissant un Soufi:
al-soufi man labissa al-soufa `ala al-safa
wa ittaba`a tariq al-moustafa
wa qthaqa al-jassada ta`m al-jafa
wa kanat al-dunya minhou `ala qafa.
Le Soufi est celui qui porte de la laine
au-dessus de la pureté, suit le chemin du Prophète, endure les peines
corporelles, dédit sa vie à l’adoration et se retire des plaisirs et
abandonne tout ce qui à rapport au monde.[132]
Le texte du livre Kitab dawa' al-arwah
(Livre du remède des âmes) d’al-Jounayd fut édité en arabe et traduit en
anglais par le savant A.J.Arberry.[133]
al-Hakim al-Tirmidhi (d.320)
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Ali
al-Hakim al-Tirmidhi al-Hanafi, un faqih et un mouhaddith de Khorasssan
et l’un des grands auteurs de tassawwouf que Ibn `Arabi cite
particulièrement. Il rédigea plusieurs volumes parmi lesquels les
suivants ont été publiés:
al-Massq`il am-makanouna: Les affaires dissimulées;
Adab al-nafs: La discipline de l’égo;
Adab al-mouridin: Les éthiques des chercheurs d’Allah, ou les éthiques des disciples Soufis;
al-amthal min al-kitab wa al-sunna: Les exemples du Coran et de la Sunna;
Asrar moujahadat al-nafs: Les secrets du combat contre l’égo;
`Ilm al-awliya': La connaissance des saints;
Khatm al-awliya': Le sceau de la sainteté;
Chifa' al-`ilal: La guérison des défauts;
Kitab manazil al-`ibad min al-`ibadah,
aw, Manazil al-qassidin ila Allah: Le livre des positions des adorateurs
en relation à l’adoration, ou Les positions des voyageurs vers Allah;
Kitab ma`rifat al-asrar: Le Livre de la connaissance des secrets;
Kitab al-A`da' wa-alnafs; wa al-‘aql wa al-hawa: Le livre des ennemies, l’égo, l’esprit, et les vains désirs;
al-Manhiyyat: Les interdits;
Nawadir al-ousoul fi ma`rifat ahadith
al-Rassoul: Les sources rares de la religion concernant la connaissance
et les dires des Prophètes;
Taba`i al-noufous: wa-houwa al-kitab
al-moussamma bi al-akyas wa al-moughtarrin: Les différents caractères
des âmes, ou Le livre des intelligents et des leurrés;
al-Kalam `ala ma`na la ilaha illa Allah: Débat sur la signification de “Il n’y a de Dieu que Dieu.»
L’extrait suivant est une une
reproduction des deux premiers chapitres de son Adab al-mouridin ou
«L’éthique des disciples Soufis»:
I.Concernant le Mourid (l’aspirant) et
Ce qui L’aide ou Ce qui lui fait du tort dans Son Trajet vers Allah le
Plus Exalté, et Ce Que Doit être Son Premier Pas.
Il y a deux types de mourids: Ceux qui
cherchent la grâce d’Allah en L’adorant, exécutant Ses commandes et
évitant Ses interdits, ensuite se dévouant à performer des actes
volontaires aussi nombreux qu’ils le peuvent, et cherchant à travers le
salut à éviter le feu de l’enfer et parvenir à atteindre les récompenses
qu’Il a préparées pour Ses fidèles.
D’autres approchent Allah en adoration,
exécutant ses commandes et évitant Ses interdits, ensuite examinent leur
moi interne trouvent plusieurs maladies dans leur coeur, comme l’amour
pour le monde, le désir pour le pouvoir, l’honneur, la grandeur,
l’avidité, le fourneau des appétits (chahawat), le bavardage au sujet
des vains désirs (hawa), l’ambition, l’envie, l’amour des éloges et des
compliments – tous des liens mondains aveuglant le cœur.
Un tel cœur portant ces teintes ne peut
jamais trouver le chemin vers Allah, car aimant ce monde il se sépare de
Son Seigneur. Il aime quelque chose qu’Allah a éloigné de lui-même et
méprisé. Demander la grandeur, c’est se comparer à Allah Le Plus-Haut;
dans le fourneau des désirs l’on fait face aux plus grandes séductions;
et dans le bavardage des passions vaines repose la tyranie en elle-même
et l’horreur de respecter les droits d’Allah, Le Seigneur de La
Puissance et de la Majesté. Le cœur est voilé de la sagesse et de la
compréhension du comment Allah dispose de Ses affaires.
Une telle personne est prisonnière de
son égo (assir an-nafs). Elle performe les obligations alors qu’elle est
attachée au monde, elle évite les interdits pendant qu’elle est
attachée au monde, et elle adore généralement Allah selon sa propre
commodité. Ceci est un serviteur qui doit chercher la sincérité en toute
chose, en toute action, à tout moment et travailler sur son égo.
Celui ou celle qui désire la récompense
d’Allah le Plus Haut, doit prendre la peine de demander la sincérité en
son coeur jusqu’à ce que la porte lui soit ouverte. Lorsque la porte est
ouverte et que le cadeau est offert, à ce moment le coût de son voyage
lui sera remboursé en totalité. Il sera fortifié et continuera sur sa
voie, et plus loin il ira, plus le cadeau s’accroîtra pour lui et il ira
plus loin. Ceci ne s’arrête pas jusqu’à ce qu’il atteigne Allah à
travers son cœur (hatta yassil ilallah qalban). A ce moment, Allah
l’appointe selon son degré et il devient un Ami d’Allah (wali Allah). Il
a gardé son cœur calme en présence d’Allah donc il a reçu sa
nomination. De ce point, il continue de travailler avec un cœur
solidifié par la force d’Allah et riche avec la profusion d’Allah, avec
un égo irréprochable de péchés et de démons. Il s’est séparé des voies
des passions vaines et de la poursuite de l’honneur et il s’est purifié.
Nous avons traité de ces sujets dans
deux livres, «Le dressage de l’égo» (Riyadat al-nafs) et «La pratique
des Saints» (Sirat al-awliya'), dans lesquels s’y trouve par la
permission d’Allah, des remèdes pour tous ceux qui aspirent à la
connaissance dans cette matière.
II. Concernant le Bien-Etre du cœur et ses Remèdes, et la Corruption du Cœur et ses maux.
Le bien-être du cœur réside dans la
tristesse et l’anxiété, et le remède est le permanent souvenir (dhikr)
d’Allah Le Plus Haut. La corruption du cœur provient de la joie du monde
et du contentement dans les états (ahwal) de l’égo, et sa maladie est
le refus du souvenir d’Allah et de s’adonner à tout ce qui distrait de
ce souvenir.
La joie est pour l’égo ce qu’est l’eau
pour le poisson. Le domaine de vie du poisson est dans l’eau, s’il reste
en surface en dehors de l’eau, il ne pourra pas vivre. Similairement,
si l’égo est restreint des joies de ce monde, il se fanera et deviendra
faible, son pouvoir décroîtra, ses activités diminueront et prendront
fin – car la tristesse tue sa vie – jusqu’à ce que le coeur se
débarrasse de tout ce que y avait pris place auparavant et des impuretés
qui en sont résultées.
Lorsque le cœur atteind Allah Le plus
Exalté, Il lui donne vie. Lorsqu’Il lui donne vie, l’égo expérimente
cette vie avec La Lumière d’Allah Le Plus Haut. Auparavant le cœur était
mort avec le plaisir et les joies de l’égo: lorsque l’individu
apprivoise l’égo et lui interdit ses joies, son Seigneur le remercie
parce qu’il a mené un combat pour Allah avec toutes ses forces, et Allah
a guidé son chemin comme Il l’a promis dans Sa révélation quand Il dit:
«Ceux qui ont combattu pour Notre cause, Nous les guidons à Nos Voies»
(29:69).
Quand la porte lui est ouverte, il
continue avec son coeur sur la voie d’Allah Le Puissant et Majesté.
Ensuite, vient le cadeau qui lui repaie le coût de son voyage jusqu’à
Allah, qui le revivifie dans Sa proximité avec Sa Lumière, alors il
devient l’un de ceux qui se sont Approchés (mouqarranin). A ce point, il
obtient la joie en Allah après avoir mis fin aux plaisirs du monde de
l’égo et de ses différents états. Il a obtenu l’éminence auprès d’Allah,
le Puissant et Majesté.
Quant à celui qui met fin au souvenir
d’Allah, son cœur s’endurci, parce que le souvenir contient de la
miséricorde de la part d’Allah Le Plus Haut, qu’Il a promis à Ses
serviteurs dans Sa révélation lorsqu’Il dit: «Souvenez-vous de Moi et Je
Me souviendrai de vous» (2:152). Lorsque la miséricorde arrive, le cœur
devient léger et s’adoucit; alors le feu de l’égo s’éteind du fait
d’avoir été attiré par la miséricorde qui apparait dans le cœur. Le cœur
perd sa rudesse, sa grossièreté et sa brutalité.
Maintenant le cœur et l’égo sont
partenaires dans ce corps. La force du cœur réside dans le gnostique ou
la connaissance interne (ma`rifa), la raison (`aql), la connaissance
externe (`ilm), la compréhension (fahm), l’intellect (dhihm),
l’intelligence (fitna), la mémoire (hafz), et la vie en Allah. La joie
en ces choses motive le coeur, le renforce et lui donne vie.
La force de l’égo provient de la joie,
des plaisirs matériels, la gratification sexuelle, l’honneur, le
pouvoir, les hauts rangs, et la satisfaction de tout appétit affamé. La
joie en ces choses motive l’égo et le renforce. Tous ceux-ci sont les
soldats des passions vaines, parce que les passions vaines gouvernent
l’égo. Ce qui dirige le cœur est la connaissance interne, et les autres
choses que nous avons mentionnées sont ses soldats.
Lorsque l’égo prospère et que ses joies
se développent, l’égo étouffe le cœur. A cet instant, la vie du cœur
cesse, ensemble avec les éléments avec lesquels il vit. Mais, lorsque
ses plaisirs et contentements sexuels lui sont interdits, il perd sa
force et relâche ses griffes, et au même moment l’anxiété et les remords
s’accumulent et le rabaissent. Ainsi, à travers les anxiétés causées
par le refus et l’abstinence, l’égo perd sa force, et le cœur gagne du
pouvoir à travers les éléments déjà mentionnés.
La joie du cœur en Allah devient
manifeste, et ceci est la raison pour laquelle Allah dit: «Dis: ceci
provient de la grâce d’Allah et de Sa Miséricorde; Voilà de quoi ils
devraient se réjouir. C’est mieux que tout ce qu’ils amassent» (10:58).
Il est rapporté du Prophète, que la paix et la bénédiction d’Allah soit
sur lui, dit:
L’égo de l’être humain est un feu
violent comme celui au sommet d’un vieux volcan, sauf pour ceux dont
Allah examine les cœurs pour la piété (taqwa) et ils sont peu
nombreux.[134]
Il est rapporté d’Anas b. Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, que le Prophète dit:
Même lorsque les êtres humains
deviennent âgés et ont les cheveux blancs, deux choses restent rajeunies
en eux: l’avidité pour l’argent et le désir pour la vie.[135]
Le Prophète par conséquent nous exhorte à nous souvenir de la mort comme il dit:
Souvenez-vous de celui qui détruit les
plaisirs. Se souvenir (d’Allah) amoindri son pouvoir; se souvenir
rarement renforce son pouvoir.[136]
Ce hadith rapporté avec une chaîne
d’autorité par Abou Hourayra. Le sens de ceci, est que lorsque tu te
rappelles de la mort, tu réalises que ton tout est de ne rien posséder,
et qu’à la fin, tu te diriges à l’instinction. Si tu te rappelles de
ceci, la mort devient une chose facile pour toi, et si tu te rappelles
du premier, tu réalises que le peu que l’on a dans ce monde est assez.
Car l’on ne sait pas le temps et l’instant auquel soudainement la mort
nous confrontera. Ainsi donc la mort est «le destructeur des joies.» Se
rappeler de ses destructions enlèvera les fausses joies et les
remplacera avec l’abattement et la tristesse.
Il t’est maintenant clair qu’il y a deux
sortes de joie: la joie du cœur en Allah, en Sa Bonté, dans Sa
Miséricorde, et la joie de l’égo dans le plaisir et les merveilles.
Quiconque désire sincèrement atteindre Allah Le Plus Haut doit faire
attention aux plaisirs de son égo, tant en matière religieuse que
mondaine. Il doit ensuite lui interdire un tel plaisir jusqu’à ce qu’il
s’affaiblisse et meurt (son égo) de chagrin dans sa poitrine.
Car lorsque l’on interdit à son égo la
réjouissance des plaisirs mondains et à l’opposé le satisfait avec la
réjouissance de la religion, à titre d’exemple les bonnes œuvres et les
dévotions, l’égo aura toujours de la satisfaction, et partant de là il
reste en vie. La raison est que les passions d’une telle personne
continuent d’ête une partie de chacune de ses bonnes actions. Malgré
tous ses efforts, elle demeure une personne confuse et impie. Si elle
renonce à ses efforts, ses teintes resteront sûrement avec lui, et il
n’atteindra jamais Allah Le Plus Haut à travers ses erreurs et ses
passions vaines. Cela est la raison pour laquelle Allah dit: «Lutter
pour Allah jusqu’à votre exrême pouvoir» (22:78). Le «pouvoir extrême»
signifie l’irradiation de tout plaisir de l’égo que se soit en matière
religieuse ou mondaine. Dans la mesure où l’on a du plaisir dans toute
bonne œuvre, et puisque la passion reste une composante de chacune
d’elle, il est claire que de telles actions ne sont pas purement pour
l’amour d’Allah. Il devient alors une obligation de se tourner vers
d’autres actions qui excluront les plaisirs de l’égo.
Si l’un effectue cela avec sa force
extrême et toute sa capacité, Allah Le Plus Haut le remerciera dans ce
monde et celui qu’Allah remercie, Allah lui ouvre le cœur à Sa Lumière.
Lorsque cette lumière s’élève dans la poitrine, l’égo trouve dans un tel
présent tout ce qu’il ne pouvait pas avoir auparavant, c’est-à-dire les
distractions, les plaisirs et les joies de ce bas-monde.
Ensuite, se présente la nécessité de
contrôler l’égo, de peur qu’il commence à dériver de ces présents un
plaisir qui piègera et tuera celui à qui de droit. Car l’ego trouve du
plaisir dans les présents d’Allah, il prospère et se délecte de joie
après avoir été fané et négligé, et c’est en cela que réside le plus
grand danger. Voici où sont les cœurs de la majorité des aspirants dans
la voie d’Allah. Ils ont été des proies à la traîtrise de l’égo. Ce
chapitre contient en bref les réponses à plusieurs milliers de questions
qui sont toutes des parties et corollaires à celle-ci.[137]
L’Imam Abou Mansour `Abd al-Qahir al-Baghdadi (d.429)
L’un de ceux qui possèdaient la
connaissance couvrant les divers vues et croyances des groupes des
musulmans et non-musulmans, il écrit dans son Farq bayn al-firaq:
Sachez que Ahl al-Sunna wa al-jama’a est
divisé en huit groupes de gens… le sixième groupe étant les Soufis
Ascétiques (al-zouhhad al-soufiyya), qui ont vue des choses pour ce
qu’elles sont et malgré tout s’en sont abstenus, qui ont connu par
expérience et cependant sont fidèlement prudents, qui ont accepté ce
qu’Allah leur a assigné et se contentent avec ce qui est à leur portée.
Ils ont compris qu’entendre, voir, et
penser est compté pour leurs bonnes et mauvaises actions et sont sujet à
une estimation du poids d’un atome. En conséquence, ils se sont
sécurisés avec la meilleure sécurité en préparation pour le Jour du
retour. Leurs discours ont parcouru les deux voies des préceptes et
allusions subtiles à la manière des Gens de Hadith mais sans la
poursuite de discours futils. Ils ne cherchent ni à se faire voir dans
la pratique des bonnes actions ni dans l’abandon des bonnes actions par
timidité. Leur religion est la déclaration de la ténacité et le
désavouement de la similitude. Leur école est l’engagement dans les
devoirs d’Allah, dépendre de Lui, la soumission à Ses ordres, la
satisfaction avec ce qu’ils ont reçu de Lui, et référer toute leur
objection à Lui. «Telle est la grâce d’Allah, Il la donne à qui Il veut.
Et Allah est le Détenteur de l’énorme grâce» (57:21).[138]
L’Imam `Abd al-Qadir al-Baghdadi écrit
dans Oussoul al-Din: Le livre Tarikh al-soufiyya (L’histoire des Soufis,
plus connu sous le nom de Tabaqat al-soufiyya ou le niveau des Soufis)
par Abou `Abd al-Rahman Soulami comprend la biographie d’à peu près
mille cheicks Soufis, aucun d’eux n’appartenant à des sectes hérétiques
et qui étaient de la communauté Sunnite à l’exception seulement de
trois: Abou Hilman de Damas, qui prétendait être de Soufi mais qui en
réalité croyait à l’incarnation (houloul): Houssayn ibn Mansour
al-Hallaj dont le cas reste problématique, alors que Ibn `Ata Allah, Ibn
Khaif, et Abou al-Qassim al-Nassir Abadi l’approuve [comme l’approuvent
aussi les Hanbalis Ibn `Aqil, Ibn Qoudama, et al-Toufi]; et al-Qannad,
que les Soufis accusent être un Mou`tazili et un rejeté, car le bon
n’accepte pas le mauvais.[139]
L’Imam Abou al-Qasim al-Qouchayri (d.465)
Un mouhaddith qui transmit des hadiths
par milliers à ses disciples à Nayssabour, à travers lesquels il
combattit les Mou`tazila jusqu’à ce qu’il s’enfuit à la Mecque pour
protéger sa vie, al-Qoushayri était le disciple du grand cheick Soufi
Abou `Ali al-Daqqaq. C’était aussi un moussafir qui écrivit un
commentaire complet du Coran intitulé Lata'if al-icharat bi tafsir
al-Coran (Les subtilités et allusions dans le commentaire du Coran). Son
œuvre la plus fameuse, est cependant son Rissala ila al-soufiyya ou
épître aux Soufis, qui est l’un des premiers manuels complets de la
science du tassawwouf, ensemble avec le kitab al-louma' (Le livre des
Lumières) d’Abou Nasr al-Sarraj (d.378), le Qout al-qouloub fi
mou’amalat al-mahboub wa wasf tariq al-mourid ila maqam al-tawhid (La
nourriture des coeurs en liaison avec le Bien-Aimé et la description de
la voie des aspirants à la station de la déclaration de l’unicité)
d’Abou Talib al-Makki (d.386), al-Ta’arrouf fi madhhab ahl al-tassawwouf
(Définir l’école des Gens de l’auto-purification) d’Abou Bakr
al-Kalabadhi (d.391), et le Tabaqat al-soufiyya (Les niveaux
biographiques des Soufis) d’Abd al-Rahman al-Soulami (d.411).
Les lignes suivantes sont une
transcription de la compilation de Qouchayri des dires des cheicks
Soufis définissant le tassawouf, délivré dans une excellente traduction
récente de son Rissala par un disciple de Dr. Hamid Algar:
Toute personne qui parle du sens du
Soufisme et qui est Soufi, parle selon sa propre expérience. M’étaler
sur ce sujet m’enmènerai au-delà de mon intention d’être bref dans mon
travail. Je mentionnerai ici certains dires des Soufis sur le sujet en
vue de donner une indication de leurs sens, si Allah le Tout-Puissant le
veut.
Quand Mouhammad al-Jourayri fut
questionné au sujet du Soufisme, il expliqua, «Cela signifie prendre
toute sublime caractéristique morale et de laisser toute basse morale.»
Al-Jounayd dit , «Le Soufisme signifie que Dieu te fait mourir en toi-
même et te donne vie en Lui.» Al-Houssayn b. Mansour, lorsqu’il fut
questionné au sujet du Soufi, commenta, «Il est solitaire par nature.
Personne ne l’accepte, et il n’accepte personne.» Abou Hamza al-Baghdadi
dit, «La marque du vrai soufi est qu’il devient pauvre après avoir été
riche, il expérimente l’abaissement après avoir été hautement estimé, et
il devient inconnu après avoir été fameux. La marque du faux Soufi est
qu’il devient riche après avoir été pauvre, il devient un objet de haute
estime après avoir été rabaissé, et il devient fameux après avoir été
inconnu.»
`Amr b. `Outhman al-Malikki fut
questionné au sujet du Soufisme, et il affirma, «C’est, que le serviteur
agisse selon tout ce qui convient au moment.»
Mouhammad b. `Ali al-Qassab dit, «Le
Soufisme consiste aux caractéristiques nobles montrés par un homme noble
parmi de noble gens.» Lorsque questionné sur le soufisme, Samnoun dit,
«Il signifie que tu ne possèdes rien et que rien ne te possède.» Rouwaum
observa au sujet du Soufisme, «Il signifie se débarasser du soi pour
être avec Dieu en tout ce qu’Il désire.» Al-Jounayd fut questionné au
sujet du Soufisme et il déclara, «Cela signifie que tu sois seul avec
Dieu sans attachement.» Rouwaym b. Ahmad al-Baghdadi dit, «Le Soufisme
est fondé sur trois traits: adhéré à la pauvreté et à la dépendance en
Dieu, atteindre les vertus de la générosité et le don désintéressé,
abandonner la résistance et le choix.» Ma`rouf al-Karkhi expliqua, «Le
Soufisme est tenir aux réalités cachées et couper espoir de tout ce que
possèdent les gens.»
Hamdoun al-Qassar dit, «Soit ami avec
les Soufis, car ils voient des raisons pour pardonner les actes
désagréables et ils ne sont pas impressionnés par les bonnes actions au
point qu’ils penseraient que tu les salues dans l’intention qu’ils en
performent.» Lorsque questionné au sujet des adhérents au Soufisme,
Al-Kharraz répondit, «Ils sont des gens qui donnent jusqu’à ce qu’ils
expérimentent l’expension, qui se privent eux-même jusqu’à ce qu’ils
perdent toutes choses. Ensuite, ils obéissent à l’injonction des
mystères qui sont autour d’eux: [Dit] «Levez-vous, pleurez sur notre
sort.» Al-Jounayd dit, «Le soufisme est une guerre dans laquelle il n’y a
pas de paix;» Il dit aussi, «Les Soufis sont membres d’une seule
famille dont nul ne peut entrer sauf eux-même.» Il expliqua aussi, «Le
Soufisme est l’invocation [de Dieu] combinée avec la concentration
interne, l’extase combinée avec l’écoute attentive, et l’action combinée
avec la pratique de la Sunna»
Al-Jounayd déclara, «Le Soufi est comme
la terre – toutes sortes d’ horreurs lui sont jetées, mais toutes sortes
de biens y poussent.» Il dit aussi, «Le Soufi est comme la terre – tous
deux, les vertueux et les pécheurs y marchent. Il est comme les nuages –
ils donnent de l’ombre à toutes les choses. Il est comme la pluie – il
arrose toutes les choses.» Il fit aussi une remarque, «Si vous voyez un
Soufi se soucier de son aspect extérieur, alors sachez que son intérieur
est corrompu.»
Sahl b. `Abdallah commenta, «Le soufi
est celui qui ne se plaindra pas si son sang était répandu et sa
propriété lui était arrachée.» An-Nouri dit, «Un signe du Soufi est
qu’il est content lorsqu’il ne possède rien et il donne de manière
désintéressée lorsqu’il possède assez.» Al-Kattani affirma, «Le Soufisme
est la bonne caractéristique morale. Quiconque a le dessus sur toi en
caractéristique morale te dépasse en pureté.» Abou `Ali ar-Roudhbari
dit, «Le Soufisme est rester à la porte de l’amant même si tu y es
écarté.» Il dit aussi, «Le Soufisme est la pureté de la proximité après
l’impureté de l’éloignement.» Il est dit, «La chose la plus odieuse est
le Soufi avare.» Il est dit aussi, «Le Soufisme est le vide de la main
et la pureté du cœur.» Ach-Chibli observa, «Le Soufisme est s’asseoir
avec Dieu sans souci.» Abou Mansour dit, «Le Soufi est celui dont
l’indication est de Dieu Le Plus Haut, car surement l’homme est un signe
de Dieu.» Ach-Chibli déclara, «Le Soufi est séparé de l’humanité et
unifié avec Dieu comme Il dit [à Moïse], "Je t’ai attaché à Moi-même
(20:41), le séparant de toute autre chose,. Ensuite Il lui dit, «Tu ne
me verras jamais» (7:143). Ach-Chabli dit encore, «Les Soufis sont des
enfants sur la piste de Dieu,» «Le Soufisme est un éclair de lumière
brillante,» et «le Soufisme c’est être protégé de tenir compte de la
création.» Rouwaym déclara, «Les Soufis sont plein de bonté aussi
longtemps qu’ils se disputent l’un avec l’autre. Dès qu’ils font la
paix, il n’y a plus de bien en eux.»
Al-Jourayri dit, «Le Soufisme signifie
maintenir une conscience vigilante sur son propre état et maintenir un
comportement parfait.» Al-Mouzayyin affirma, «Le Soufisme est la
soumission à Dieu.» Abou Tourab an Nakhshabi remarqua, «Le Soufisme
n’est rendu impur par aucune chose, et par lui toutes les choses sont
rendues pures.» Il est dit, «La recherche n’épuise pas le Soufi, et les
choses mondaines ne l’ennuient pas.» Lorsque Dhou'n-Noun al-Misri fut
questionné au sujet des Soufis, il répondit, «Ce sont des gens qui
préfèrent Dieu [Le Plus Exalté] par rapport à toutes les choses et que
Dieu préfère par rapport à toutes les choses.» Al-Wassiti ( Que Dieu lui
accorde Sa Miséricorde) dit, «Au début, les Soufis avaient été attribué
des indications claires; ensuite ces éléments deviennent seulement que
des gestes, et maintenant rien ne reste sauf du chagrin.»
An-Nouri fut questionné au sujet des
Soufis et il répondit, «Il est celui qui entend l’audition et qui
préfère les causes qui engendrent le salut.» Abou Nasr as-Sarraj
rapporte, «Je demanda al-Housri, "qu’elle est ton opinion sur le Soufi?"
Il répondit "La terre ne le transporte pas ni les cieux ne l’ombrage
pas non plus.» Il fait allusion ici à l’effacement des Soufis. Il est
dit, «Le Soufi est celui qui, lorsqu’en face de deux bons états ou de
deux caractéristiques morales, choisit le meilleur des deux.» Ach-Chibli
fut questionné, «Pourquoi les Soufis sont-ils appelés par ce nom?» Il
dit, «C’est à cause des traces du soi qui restent en eux. Si ce n’était
pas le cas, il n’y aurait pas de nom qui leur aurait été attribué.» Ibn
al-Jalla' fut questionné, «Qui est appelé "Soufi"?» L’un des Soufis
déclara, «Le Soufisme signifie une perte de dignité et de rang et un
noircissement de la face dans ce monde et dans celui de l’au-delà.» Abou
Ya’qoub al-Mazabili expliqua, «Le Soufisme est un état dans lequel tous
les attributs humains se dissipent.» Abou'l Hassan as-Sirwarni dit, «Le
Soufi est celui que est préoccupé avec les états inspirés, non pas avec
les litanies et les récitations.»
Le maître Abou `Ali ad-Daqqaq (Que Dieu
lui accorde Sa Miséricorde) dit, «La chose choisie qui a été dite sur ce
sujet est, "Cette voie convient seulement à ces personnes dont Dieu a
utilisé les esprits pour balayer les tas de fumier".» Pour cette raison,
Abou `Ali dit un jour, «Si le disciple ne possède plus rien que son
esprit et s’il l’offre aux chiens à sa porte, aucun chien n’y portera
attention.» Le maître Abou Sahl as-Sou`louki dit, «Le Soufisme c’est se
détourner des objections internes de ce que Dieu a décrétées.»
Al-Housri commenta, «Le Soufi n’existe
pas après sa non-existence ni il est non-existant après son existence.»
Ce point n’est pas compréhensible sur le champ. Lorsqu’il dit, «Il est
non-existant après sa non-existence,» il veut dire qu’après que ses
défauts lui soient ôtés, ils n’y retournent plus. Quand il dit, «Ni, il
est non-existant après son existence,» Il veut dire que s’il est
entièrement orienté vers Dieu, il ne décline pas au rang du genre humain
ainsi les évènements mondains n’ont pas d’effet sur lui.
Il est dit, «Le Soufi est effacé dans
les éclairs qu’il reçoit de Dieu.» Il est dit, «Le Soufi est dominé par
le flux de souveraineté et voilé par le maintien de la servitude.» Il
est dit aussi que , «Le Soufi ne change pas. Mais s’il devait changer,
il n’aurait pas de chagrin.» Al-Kharraz rapporta, «J’étais dans la
mosquée Cairouan au jour de la prière en congrégation, et je vis un
homme allant parmi les rangés d’adorateurs disant, 'Montrez-moi la
charité, car j’étais un Soufi, et maintenant je suis devenu peu solide
et faible." Alors je lui offris des aumônes, et il me dit, "Laissez-moi,
malheur à vous! Ceci n’est pas ce que je cherche." Et il ne prit pas
les aumônes.»[140]
Cheick Abou Ismai`il `Abd Allah al-Harawi al-Ansari (d.481)
Un cheick Soufi, un maître de hadiths
(hafiz), et un commentateur (moufassir) du Coran de l’école Hanbali,
l’un des plus fanatiques ennemis des innovateurs, et un disciple de
Khwaja Abou al-Hassan al-Kharqani (d.425) l’un des premiers grandcheick
de la voie Soufie Naqshbandi.[141] Il est cité par Dhahabi dans son
Tarikh al-islam et Siyar a`lam al-noubala', Ibn rajab dans son Dayl
tabaqat al-hanabila[142], et Jami dans son livre en langue Persanne
Manaqib-i cheick al-Islam Ansari.[143]
Il était un auteur prolifique de traités Soufis dont:
Manazil al-sa'irin, au sujet duquel Ibn Qayyim rédigea un commentaire intitulé Madarij al-salikin;
Kitab al-soufiyya (Les niveaux
biographiques des maîtres Soufis), qui est la version développée des
premiers travaux par Abou ‘Abd al-Rahman al-Soulami (d.411) portait le
même titre.
Kitab ‘ila al-maqamat (Le livre des
écueils des niveaux spirituels, décrivant les caractéristiques des
niveaux spirituels pour le disciple et le maître dans la voie Soufie;
Kitab sad maydan (en Perse, Le livre des
cent compétences), un commentaire sur le sens de l’amour dans le
verset: «Si vous aimez Allah, suivez-moi, et Allah vous aimera!» (3:31).
Ce livre rassemble les discours d’al-Harawi au cours de l’année 447-448
à la grande Mosquée de Hérat (aujourd’hui Afghanistan) dans lequel il
présente son exposition la plus éloquente de la nécessité de suivre la
voie Soufie.
Kashf al-asrar wa ‘ouddat al-abrar (En
perse, Le dévoilement des secrets et le harnais des vertueux), en dix
volumes par al-Mayboudi, il contient le commentaire Coranique
d’al-Harawi.
Imam Ghazali (d.505)
Houjjat al-Islam (La preuve de l’Islam),
Abou Hamid al-Toussi al-Ghazali, le Revivificateur du Cinquième siècle
Islamique, savant d’ousoul al-fiqh, et auteur de la plus célèbre oeuvre
sur le tassawwouf, Ihya' `ouloum al-din (La revivificaton des sciences
religieuses). Il dit dans son autobiographie, al-Mounqidh min al-dala
(La délivrance de l’erreur):
La voie Soufie consiste à purifier le
coeur de tout ce qui est autre qu’Allah… Je conclu que les Soufis sont
des chercheurs dans la Voie d’Allah, et leur conduite est la meilleure
conduite, et leur voie est la meilleure voie, et leurs manières sont les
plus sanctifiées. Ils ont purifié leur cœur de tout, sauf d’Allah et en
ont fait des sentiers pour que des rivières y coulent, transportant la
connaisance d’Allah.[144]
Comme Ibn `Ajiba mentionne dans son Iqaz
al-himam, al-Ghazali déclara le tassawwouf être fard `ayn ou une
obligation personnelle pour tout Musulman responsable, homme et femme,
«car personne sauf les Prophètes n’est dépourvue de défauts et de
maladies internes.»[145]
Les textes qui suivent sont traduits des extraits suivants de Ihya' `ouloum al-din:
a) Les définitions au début du livre Kitab charh `aja'ib al-qalb (Le livre des explications des mystères du cœur);
b) Section intitulée: “Les soldats du Cœur” extrait du même livre;
c) Section intitulée: «La domination de satan sur le coeur à travers les murmures (al-waswas)» extrait du même livre;
d) Section intitulée: «Les preuves…» du
livre Kitab riyadat al-nafs wa tahdhib al-akhlaq wa mou`alajat amrad
al-qalb (Le livre du dressage de l’égo et la discipline des manières et
le remède des maladies du cœur).
a) Le sens de nafs: Il a deux sens.
Premièrement cela signifie les pouvoirs de la colère et l’appétit sexuel
résidant en l’être humain… et ceci est la compréhension la plus commune
dans le milieu des gens du tassawwouf, qui comprennent le mot nafs
comme l’élément responsable de tous les mauvais attributs d’une
personne. Ceci est la raison pour laquelle ils disent: l’on doit
combattre l’égo et le briser comme cela est souligner dans le hadith:
a`da `adouwwouka nafsouka al-lati bayna janibayk – «Ton pire ennemi est
ton égo qui réside entre tes flancs.»[146] Il est disponible dans le
Kitab al-zouhd (Le livre des narrations sur l’ascétisme) de Bayhaqi.
Le deuxième sens de nafs est l’esprit,
l’être humain en réalité, son soi et sa personne. Cependant, il est
décrit différemment selon ses différents états. S’il prend le calame en
étant sous commande et s’est débarassé des turbulances causées par
l’attaque de la passion, il est appelé «l’esprit apaisé» (al-nafs
al-moutma'inna)… Dans son premier sens, le nafs n’envisage pas son
retour à Allah parce qu’il s’est maintenu à l’écart de Lui: un tel nafs
est du parti de satan. Mais s’il n’est pas source de tranquilité, et
qu’il s’érige contre l’amour des passions et s’y oppose, il est appelé
«l’âme auto-critique» (al-nafs al-lawwama), parce qu’il réprimande son
maître pour sa négligeance dans l’adoration de son maître… S’il cesse
toute rébellion et se soumet en totale obéissance à l’appel des passions
et de satan, il est nommé «l’esprit qui se joint au mal» (al-nafs
al-ammara bi al-sou')…
b) Allah a armé des soldats qu’Il a
placés dans le cœur et les âmes et autres de Ses mondes, et nul ne sait
leur vrai nature et leur nombre exact excepté Lui-même… [Il commença par
expliquer que les jambes du corps, les cinq sens, la volonté,
l’instinct et les pouvoirs émotives et intellectuels sont parmi ces
soldats.] Sachez que les deux soldats de la colère et de la passion
sexuelle peuvent être complètement contrôlés par le cœur… ou à l’opposé
désobéir et complètement se rebeller contre lui, jusqu’à ce qu’ils
l’asservissent. En cela repose la mort du coeur et la fin de son voyage
vers la joie éternelle. Le cœur a d’autres soldats: La connaissance
(`ilm), la sagesse (hikma) et la pensée (tafakkour) dont il cherche
l’aide en réalité car ils sont du Parti d’Allah contre les deux autres
qui appartiennent au parti de satan…
Allah dit: «Ne vois-tu pas celui qui a
fait de sa passion sa divinité?» (25-43) et «Il suivit sa propre
passion. Il est semblable à un chien qui halète si tu l’attaques, et
halète aussi si tu le laisses.» (7:176) et au sujet de la personne qui
contrôle les passions de son égo Allah dit: «Et pour celui qui aura
redouté de comparaître devant son Seigneur, et préservé son âme de la
passion, le paradis sera alors son refuge» (79:40-41).
Sachez que le corps est comme une ville
et l’intellect d’un être humain adulte est comme un roi gouvernant cette
ville. Toutes les forces de ses sens externes et internes qu’il peut
rassembler sont comme ses soldats et ses assistants. L’égo qui s’associe
au mal (nafs ammara), qui est le désir et la colère, est comme un
ennemi qui le défie dans son royaume et lutte pour exterminer ses
sujets. Le corps devient alors comme une garnison ou un avant-poste
portuaire, et l’âme comme sa garde. S’il combat contre ses ennemis et
les défait et les contraint à faire ce qu’il aime, il sera loué
lorsqu’il retournera dans la présence d’Allah, comme Allah dit: «Allah a
mis les combattants au-dessus des non- combattants en leur accordant
une rétribution immense» (4:95).
c) Les pensées qui agitent les désirs de
l’un sont de deux sortes: louables et qui est appelé «inspiration»
(ilham), ensuite blâmables qui est appelé «insouffler» (waswassa)… Le
cœur est sous l’emprise mutuelle d’un satan et d’un ange… L’ange est une
créature qu’Allah a créé pour un bénéfice débordant, l’octroiement de
la connaissance, le dévoilement de la vérité, la promesse de récompense,
et l’ordonnance du bien… satan est une créature dont la besogne est de
s’opposer contre tout ceux-ci…Waswa contre ilham, satan contre ange, et
succès (tawfiq) contre désolation (khidhlan).
Le Prophète dit: «Il y a deux impulsions
dans l’âme, l’une provient d’un ange qui appelle vers le bien et
confirme la vérité; quiconque ressent ceci, qu’il sache que cela est
d’Allah et qu’il Le loue. L’autre impulsion provient de l’ennemi, le
conduit au doute, nie la vérité, et interdit le bien; quiconque ressent
ceci, qu’il cherche refuge en Allah contre le démon.» Ensuite il récita
le verset: «Le diable vous fait craindre l’indigence et vous commande
des actions honteuses» (2:268).[147]
Le Prophète dit:«Il n’y personne parmi
vous qui n’a pas de démon en lui.» Ils dirent: «Même en toi, O Messager
d’Allah?» Il dit: «Même en moi, mais Allah m’a aidé à le vaincre et il
s’est soumis à moi, ainsi il n’ordonne rien que le bien»[148]…
L’offensive mutuelle entre les soldats des anges et les démons est
constante dans le combat sur le coeur jusqu’à ce que le cœur soit
conquit par l’une des deux parties qui implante sa nation et s’y
installe… Et la plupart des cœurs ont été saisi par les soldats de
satan, qui les remplit d’idées qui appellent à aimer ce monde temporaire
et à négliger l’au-delà.
d) Le Prophète dit: al-moujahidou man
jahada nafsahou fi ta`at Allah – «Le vrai combattant contre l’incroyance
est celui qui combat contre son égo en obéissant à Allah»[149]… Soufyan
al-Thawri dit: «Je ne me suis jamais occupé d’aussi fort d’une chose
contre moi que mon égo; il était un moment avec moi et un autre moment
contre moi»… Yahya ibn Moua`adh al-Razi dit: «Lutter contre ton égo avec
les quatre sabres de l’apprentissage: mange peu, dort peu, parle peu,
et soit patient lorsque les gens te font du tort… Alors l’égo marchera
sur les voies de l’obéissance, comme un chevalier s’élançant dans le
champ de battaille.»
Ceux Qui Attaquent L’Imam Ghazali
Les Salafis d’aujourd’hui ont revivifié
un mauvais trait particulier des immoraux du passé qui consiste à
attaquer l’Imam Ghazali, désobligeant ceux qui lisent ses travaux et les
citant pour illustrer leurs opinions. Ceci concerne spécialement sa
pièce maîtresse Ihya' `Ouloum al-Din, parce que c’est un point de repère
du tassawwouf que les ennemis du tassawwouf trouvent particulièrement
vexant à cause de l’immense succès qu’elle a eu parmi les lecteurs.
Certains vont même trop loin, jusqu’à prétendre que Ghazali était
insensé lorsqu’il le rédigea, d’autres interprètent mal l’indication de
Ghazali à sa mort au sujet de Boukhari comme une renonciation au
tassawwouf, d’autres encore ravivent les condamnations du livre par une
poignée de savants reconnus pour leur position anti-soufie. Mais Allah a
permis au livre de s’ériger haut au-dessus des clameurs de ses
détracteurs, et ses traductions ne font que s’accroître en nombre et en
qualité. Les lignes suivantes ont pour but de fournir aux lecteurs, avec
des sources fiables concernant sa vie et ses travaux ainsi que pour
nous protéger avec l’aide d’Allah contre les calomnies de l’ignorance et
de l’envie.
Salah al-Din al-Safadi (d.764), le
disciple d’Abou Hayyan al-Andalousi, rapporte dans son célèbre
dictionnaire biographique intitulé al-Wafi – qui contient plus de 14000
biographies:
Mouhammad b. Mouhammad b. Mouhammad b.
Ahmad, la Preuve de l’Islam, l’Ornement de la Foi, Abou Hamid
al-Tussi[150] (al-Ghazali), le juriste Chafi`i, était sans rival au
cours de ses dernières années.
En 488, il renonça entièrement à toute
sa propriété mondaine et sa fonction de professeur à Nizamiyya où il
enseigna depuis 484, et suivit la voie de la renonciation et de la
solitude. Il effectua un Pèlerinage, et à son retour, il dirigea ses pas
en Syrie où il resta quelque temps dans la ville de Damas, donnant des
conseils dans la mosquée hospice (zawiyat al-jami`) qui porte désormais
son nom dans le quartier ouest. Ensuite, il voyagea à Jérusalem,
s’employant énormément à l’adoration et à visiter les lieux saints.
Ensuite, il se rendit en Egypte, restant quelque temps à Alexandrie…
Il retourna à Tus sa ville natale (juste
avant 492). Là-bas, il compila un certain nombre de volumes importants
[parmi lesquels le Ihya´] avant de retouner à Nissabour, où il était
obligé de dispenser des cours à la Nizamiyya (499). Il abandonna
immédiatement ceci et revint dans son village où il assûma la direction
d’une maison de retraite (khaniqah) pour Soufis et d’une université
voisine pour ceux occupés à la recherche de la connaissance. Il répartit
son temps entre la récitation du Coran et dispenser des cours aux Gens
du Cœur (les Soufis)…
Cette œuvre est parmi la plus noble et
la plus importante, à tel point qu’il fût dit à son propos: Si tous les
livres de l’Islam venaient à être perdus sauf l’Ihya´, elle aurait été
suffisante pour les remplacer… Ils l’accusaient d’y avoir inclu des
hadiths qui n’étaient pas reconnus comme authentiques, mais une telle
inclusion est permise dans les travaux d’encouragement du bien et
l’interdiction du mal (al-targhib wa al-tarhib). Le livre reste toujours
extrêmement important. L’Imam Fakhr al-Din al-Razi avait l’habitude de
dire: «Ce fût comme si Allah avait rassemblé toutes les sciences sous un
dôme, et les montra à al-Ghazali,» ou quelque chose de ce genre. Il
rendit l’âme… à Tabaran… la citadelle de Tus, où il fut enterré.[151]
Ce qui a été dit ci-dessus refute
clairement la fabrication de ceux qui disent que Ghazali désavoua le
tassawwouf vers la fin de sa vie. Voyons maintenant la fabrication de
ceux qui essaient de faire une différence entre le Ghazali d’Ousoul
al-fiqh et le Ghasali du tassawwouf. Lorsqu’on leur dit que les livres
de l’Imam Ghazali sur la méthodologie et les fondations des lois
Islamiques sont considérés nécessaires dans le domaine – tel que son
Moustafa et Mankhoul ainsi que Chifa´al-ghalil – ils disent qu’il les
rédigea bien avant sa période de retraite où il adopta la tassawwouf. En
réalité, la plus grande partie et les plus compréhensifs des quatre
livres qu’il rédigea sur Ousoul al-fiqh (Les principes des lois) fut
composée au cours de la dernière période de sa vie comme le dit Dr. Taha
al-`Alwani dans son livre Ousoul al-fiqh al-islami:
La source de Méthodologie de
l’Encyclopédie de la Chari`a de l’Imam Ghazali, son quatrième livre sur
le sujet, et son dernier mot fut al-Moustafa, qui a été publié plusieurs
fois en Egypte et ailleurs. En réalité, ceci est l’oeuvre qu’il rédigea
après qu’il soit sorti de sa période de méditation et de retraite.[152]
La note sur Ghazali dans `Oumdat al-Salik dit:
A Damas il a vécu en retraite pendant
environ dix années, engagé dans la lutte spirituelle et le souvenir
d’Allah, à la fin de cette retraite, il émergea pour produire sa pièce
maîtresse Ihya´ `Ouloum al’Din [La revivification des Sciences
Religieuses], un classique parmi les livres des Musulmans au sujet de la
constante crainte que l’on doit avoir dans ses relations avec Allah
(taqwa), l’illumination de l’âme à travers Son obéissance y compris les
niveaux de l’acquisition des croyants. L’œuvre montre comment
personnellement Ghazali a perçu profondément ce qu’il a écrit, et sa
magistrale réponse à plusieurs centaines de questions au sujet de la vie
interne dont nul avant lui avait parlé ou résolu, ceci est une
performance d’excellence soutenue qui montre l’intellect bien discipliné
de son auteur et une profonde appréciation de la psychologie humaine.
Il a écrit aussi presque deux cent autres oeuvres sur la théorie du
gouvernement, la Loi sacrée, les réfutations des philosophes, les
principes de la foi, le Soufisme, l’exégèse Coranique, la théologie
scolastique et les bases de la jurisprudence Islamique.[153]
Qu’en est-il au sujet des critiques de
l’intellect de Ghazali? Le plus éloquent en ceci, fut ibn al-Jawzi – un
détracteur des Soufis – rejette le Ihya´ dans quatre de ses oeuvres:
I`lam al-ahya´ bi aghlat al-Ihya´ (Informer le vivant au sujet des
erreurs de l’Ihya´, Talbis Iblis, Kitab al-qoussas,[154] et son histoire
al-Mountazam fi tarikh al-moulouk wal-oumam.[155] Ses vues
influencèrent Ibn Tayimiyya et son élève Dhahabi. La base de leur
position était l’utilisation de hadiths faibles par Ghazali, dont une
liste est fournie par Taqi al-Din al-Soubki dans son Tabaqat. Leur
critique est-elle justifiée ou est-elle une exagération? Plus
probablement une exagération dans la mesure où les deux hafiz al-`Iraqi
(d.806) et al-Zabidi (d.1205) après al-Ghazali, documentèrent
individuellement chaque hadith du Ihya et ne mirent pas en doute de
manière globale son utilité. Au contraire, ils acceptèrent son immense
réputation parmi les Musulmans et contribuèrent à son embellissement et à
sa propagation comme un manuel de progrès spirituel. Et comme Soubki le
souligna, Ghazali n’excella jamais dans le champ du hadith.[156]
Plus important, la majorité des maîtres
de hadiths soutiennent l’utilisation de hadiths faibles en vue d’en
dériver des décisions légales, dans l’encouragement du bien et le
découragement du mauvais (al-targhib wa tarhib), comme plusieurs maîtres
de hadiths l’ont indiqué aussi bien que certains savants tels que
al-Safadi.[157] Il doit être su que Ghazali incorpora tous les matériaux
qu’il jugea utile à sa cause didactique sur la base du contenu au lieu
de l’origine ou la chaîne de transmission; de même que la plupart du
Ihya consiste en des citations du Coran, de hadiths, et les dires
d’autres que Ghazali, sa propre prose ne comptant que pour moins de 35%
du travail;[158] et que la plupart du vaste nombre de hadiths cités sont
authentiques à l’origine.
En conclusion, nous disons comme
al-Safadi que l’Ihya se classe comme une œuvre de targhib ou éthique,
qui est le domaine principal du tassawwouf. Le critère et l’authenticité
comme évidence citée dans ces travaux sont moins rigoureux que les
travaux de `aqida et fiqh selon la majorité des savants, comme la
section prochaine le démontre. Tenir les travaux de tassawwouf sur les
critères du dernier cas c’est blâmer les pommes de ne pas être des
oranges. En conséquence, comme al-Safadi l’indiqua correctement, la
critique de Ihya´ `ouloum al-din par certains sur la base de hadiths
faibles n’a pas de fondement, ni également les critiques de travaux
semblables, par exemple la critique de Dhahabi sur le Qout al-qouloub
d’Abou al-Makki et autres. Ceux qui se cramponnent à de telles
critiques, cependant qu’ignorant l’approbation massive du tassawwouf et
de ses livres par les savants Musulmans se cramponnent à leur propre
préjugé contrairement à la connaissance fiable. Notre conseil à ces
frères est: Nous vous rappelons le conseil d’al-Dhahabi dans sa note
biographique sur Ibn al-Farid dans Mizan al-i`tidal: «Ne vous empressez
pas à juger, au contraire, retenez la meilleure opinion des
Soufis»;[159] et le conseil de l’Imam Ghazali dans al-Mounqidh min
al-dalal: «Ayez de bonnes pensées (au sujet des Soufis) et ne nourrissez
pas de doute dans votre cœur»;[160] et la fatwa d-Ibn Hjar al-Haytami
concernant les critiques de ceux qui respectent le tassawwouf et croient
aux awliya´: «Des mauvaises pensées à leur sujet (Les Soufis)
signifient la mort du cœur.»[161] Prenez ce qui est excellent dans
chacun des travaux des Soufis de la bonne manière, respectez les maîtres
du tassawwouf, le plus petit parmi eux s’érige haut au-dessus de vous
en savoir, ne cherchez pas le désaccord parmi les savants, et
accrochez-vous à l’humilité et au respect devant ceux qui parlent au
sujet d’Allah Duquel provient tout succès.
La Validité de Hadiths Faibles
Nous concluons la discussion sur Ihya´
`ouloum al-din avec les déclarations sur la permissibilité de hadiths
faibles par les maîtres de hadiths, établissant comme l’Imam al-Sakhawi
déclara dans la conclusion de son livre al-qawl al-badi´, que «La
majorité des savants (al-joumhour) supportent qu’un hadith faible peut
être utilisé comme une base pour mener une bonne action et achever un
bon caractère mais pas pour des règles légales.»
Ibn Hajar écrit dans Hadi al-sari:
Malik et Boukhari ont une différente
compréhension de la validité des hadiths. Malik ne considère pas
l’interruption dans la chaîne comme une défaillance dans le hadit. Pour
cette raison, il cite des hadiths avec des chaînes interrompues du type
moursal et mounqati, et des communications sans chaînes (balaghat) comme
une partie de l’objet principal de son livre (al-Mouwatta´), alors que
Boukhari, considère l’interruption comme une défaillance dans la chaîne
de transmission. Ainsi, il ne cite pas ces hadiths sauf comme quelque
chose en dehors de l’objet principal de son livre (al-jami` al-sahih),
par exemple les commentaires (ta`liq) et les titres de chapîtres.[162]
Al-Hakim (d.405) rapporte dans son Madkhal, un manuel sur la science de hadiths:
J’entendis Abou Zakariyya al-`Anbari
dire que Mouhammad idn Ichaq ibn Ibrahim al-Hanzali lui dit que son père
avait l’habitude de rapporter d’`Abd al-Rahman ibn Mahdi qu’il avait
l’habitude de dire: «Nous étions conciliants concernant l’isnad au sujet
de la récompense et la punition et des actions vertueuses, et étions
indulgents envers les gens (c’est-à-dire concernant leur identité et
fiabilité); mais lorsque nous transmettions au sujet de ce qui est légal
et ce qui est interdit, nous sommes stricts avec l’isnad et examinons
minutieusement les gens.»
J’ai entendu Abou Zakariyya Yahya ibn
Mouhammad al-`Anbari dire qu’il entendit Abou al-`Abbas ibn Mouhammad
al-Sijzi dire qu’il entendit al-Naufali dire qu’il entendit Ahmad ibn
Hanbal dire: «Lorsque nous transmettons de l’apôtre d’Allah au sujet de
ce qui est permis et ce qui est interdit, au sujet des ordonnances
légales, nous sommes stricts; mais lorsque nous transmettons du Prophète
au sujet des actions vertueuses et ce qui n’est pas établi ou d’abroger
une ordonnance légale, nous sommes conciliants avec les isnads.»[163]
Voici est le texte complet de Sakhawi extrait d’al-qawl al-badi`:
Cheick al-Islam Abou Zakariyya al-Nawawi dit dans l’Adhkar:
Les `oulama parmi les experts en hadiths
et les experts en loi et autres ont dit: il est permis et recommandé
que la pratique religieuse (al-`amal) concernant les bonnes actions et
le bon caractère (al-fada’il), l’encouragement au bien et le
découragement du mal (al-targhib wa tarhib) soient basés sur des hadith
faibles aussi longtemps que ce n’est pas inventé. En ce qui concerne les
règles légales, (ahkam) ce qui est permis et ce qui est interdit, ou
les modalités des échanges, le mariage, le divorce et autres: la
pratique de l’un n’est basée sur rien d’autre que les hadiths solides
(sahih) ou les hadiths fiables (hassan), en guise de précaution, dans
certains cas relatifs à l’un des éléments cités ci-dessus, par exemple,
si un hadith faible était cité au sujet de la répréhensibilité (karahat)
de certains types de ventes ou de mariages. Dans ces cas, ce qui est
recommandé (moustahabb) est d’éviter une telle vente et un tel mariage,
mais ce n’est pas obligatoire.
N’étant pas d’accord avec ceci, Ibn al-`Arabi al Maliki dit: «Absolument aucune pratique n’est basée sur un hadith faible.»
J’ai entendu mon cheick (Ibn Hajar al-`Asqalani) insister sur les dires suivants, et lui-même me le remit sous forme rédigée:
Les conditions pour des pratiques religieuses basées sur du hadith faible sont de trois:
1- Il y a une unanimité sur ceci: le
plus faible ne doit pas être le plus fort. Ceci exclu les hadiths
individuellement collectionnés par les menteurs ou ceux accusés de
mensonge, et ceux qui font des erreurs scandaleuses.
2- Qu’il y est pour cela une base légale générale. Ceci exclu ce qui est inventé et qui n’a pas de base légale de départ.
3- Que l’un ne pense pas, pendant que
l’utilisant comme fondement de base, qu’il a été établi comme vrai. Ceci
est dans l’ordre de ne pas attribuer au Prophète des mots qu’il n’a pas
dits.
Les deux dernières conditions sont d’Ibn
`Abd al-Salam et son compagnon Ibn Daqiq al-`Id; Abou Sa`id al-`Ala'i
rapporta l’unanimité sur le premier.
Je dis: ¨Il a été rapporté de l’Imam
Ahmad que l’on peut pratiquer sur la base de hadiths faibles s’il n’y
plus d’autre hadith à cet effet et s’il n’y a pas de hadith qui le
contredit¨. Dans une autre narration, il est rapporté dire: «Je préfère
le hadith faible par rapport à l’opinion des gens.» Ibn Hazm a
similairement mentionné que les savants Hanafi unanimement sont d’accord
avec l’école d’Abou Hanifa qui supporte que le hadith faible est
préférable à l’opinion (ra'y) et à l’analogie (qiyas). Ahmad fut
questionné au sujet de quelqu’un se trouvant dans un pays avec, en main
un possesseur de hadiths (hadith sahib) qui ne sait pas la différence
entre du solide et du non-solide, et, dans l’autre, avec un possesseur
d’opinion (sahib ra'y): Qui devrait-il consulter? Il répondit; « Qu’il
consulte le possesseur de hadiths et non le possesseur d’opinions.»
Abou `Abd Allah Ibn Mandah rapporta
d’Abou Dawoud, l’auteur du Sounan et élève de l’Imam Ahmad, avait
l’habitude de citer la chaîne de transmission d’un hadith faible s’il ne
pouvait pas trouver mieux que cela sous ce titre particulier (bab), et
qu’il le considérait comme une évidence par rapport à l’opinion.
Ce qui émerge de cela est qu’il y a trois vues divergentes:
- Aucune pratique n’est basée sur du hadith faible ;
- Une pratique y est basée si aucune autre évidence n’est trouvée sous le même titre;
- La majorité des savants (al-joumhour)
soutiennent que le hadith faible peut être utilisé comme base pour
pratiquer des bonnes actions et achever un bon caractère, mais non pour
des règles légales. Et Allah est Celui qui garanti le succès.[164]
Certains questionnent à tort le fait que
l’Imam Ahmad permis l’utilisation de hadiths faibles à la lumière de
l’affirmation d’Ibn Taymiyya dans son Qa`ida fi al-tawassoul: « Celui
qui rapporte d’Ahmad qu’il avait l’habitude de se baser sur du hadith
faible, qui n’est pas sahih ou hassan, a fait une erreur.»[165]
Cependant, ceci ne contredit pas l’opinion de l’Imam Ahmad citée
ci-dessus par Sakhawi comme l’Imam Ahmad n’appliqua pas de hadiths
faibles au ahkam ou les règles légales. Ainsi ce que Ibn Taymiyya veut
dire est: «Celui qui rapporte de l’Imam Ahmad qu’il avait l’habitude de
se baser sur du hadith faible en dérivant des règles légales dans la
Chari`a.» a l’exception des règles, il n’y a pas de doute que l’Imam
accepta le hadith faible, comme rapporté par al-Hakim dans al-Madkahl
déjà cité,et confirmé par Ibn `Arabi al-Maliki dans `Aridat
al-ahwadhi.[166] Ceci est confirmé par Ibn Taymiyya, lui-même, quelque
part dans son œuvre:
Ahmad ibn Hanbal et les autres savants
permirent la narration de hadiths regardant les vertus aussi longtemps
que ce n’est pas du mensonge… comme il possible que la récompense puisse
être vraie, quoiqu’aucun des Imams n’ont dit qu’il est permis de
considérer quelque chose d’obligatoire (wajib) ou recommendé
(moustahabb) par la voie de hadiths faibles, et quiconque dit cela
diffère du consensus.[167]
Cependant, Ibn Taymiyya prétend
“qu’aucun des Imams n’a déclaré une action recommandée par la voie d’un
hadith faible, et quiconque dit ceci diffère du consensus” est
évidemment incorrect, comme cela est prouvé par l’allusion indiscutable
de Sakhawi aux dires de Nawawi déjà cités:
Les `oulama parmi les experts en hadiths
et les experts en Lois et autres ont dit… par exemple, si un hadith
faible était cité au sujet la répréhensibilité (karahat) de certains
genres de ventes ou de mariages…ce qui est récommandé (moustahabb) est
d’éviter ces ventes et mariages, mais ce n’est pas obligatoire.
Abou al-Wafa' Ibn `Aqil al-Hanbali (d.513)
Comme al-Harawi al-Ansari, il était un
hafiz et un faqih de l’école Hanbali; il fut un ardent défenseur de la
Sunna et du tassawwouf. Il est considéré comme un revivificateur de
l’école de l’Imam Ahmad, quoiqu’il eut plusieurs maîtres appartenant à
différentes écoles. Comme plusieurs Soufis de son école entre autre Ibn
Qoudama (d.620) et al-Toufi (d.715), Ibn `Aqil considérait al-Hallaj
comme un wali (saint) et ne douta pas de sa sincérité ni de sa vertu.
Ibn al-Jawzi rapporta qu’il avait en sa possession la copie autographiée
d’un traité d’Ibn `Aqil écrit en éloge à al-Hallaj, intitulé jouz' fi
nasr karamat al-Hallaj (Opuscule à l’éloge du don d’al-Hallaj). Ibn
'Aqil était universel et dans son Kitab al-founoum se serait étendu sur
huit cent volumes dont un seul est encore existant.[168]
Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani (d.561)
L’éminence parmi les grands saints,
surnommé al-Ghawth al-a'zam ou l’Aide par excellence, il était aussi un
éminent juriste de l’école Hanbali. Son affiliation à l’école Chafi'I et
à Abou Hanifa ont été mentionnée. Il fut le disciple d’éminents saints
en autre ; Abou al-Khayr Hammad ibn Mouslim al-Dabbas (d.525) et Khwaja
Abou Youssouf al-Hamadani (d.535), second dans la lignée après Abou
al-Hassan al-Kharqani (le cheick d’al-Harawi al-Ansari) dans la première
chaîne d’autorité Naqshbandi.
Les plus fameux travaux de Cheick 'Abd al-Qadir sont:
al-Qhounya li talibi tariq al-haqq (La
suffisante provision pour les chercheurs sur la voie de la vérité);
c’est l’une des présentations les plus précises du madhhab de l’Imam
Ahmad ibn Hanbal ait jamais écrit, y comprit l’enseignement solide d’Ahl
al-Sounna sur le `aqida et le tassawwouf;
al-Fath al-rabbani (L’ouverture du
Seigneur), une collection de sermons pour les élèves et enseignants de
la voie Soufie et tous ceux attirés par la perfection; comme son titre
l’indique, ce livre apporte à ses lecteurs un immense profit et une
élévation spirituelle;
Foutouh al-ghayb (Les ouvertures de
l’invisible), une autre collection de sermons plus avancés que le
précédent et tout aussi précieux. Les deux ont été traduits en
anglais;[169]
Du fait de sa position dans l’école
Hanbali, `Abd al-Qadir était très respecté par Ibn Taymiyya, qui lui
donna aussi le titre de «mon Cheick» (cheickhouna) dans son fatawa,
pendant qu’il réservait le titre «mon Imam» (imamouna) à Ahmad ibn
Hanbal. Il citait fréquemment Gilani et son cheick al-Dabbas comme étant
parmi les meilleurs Soufis des derniers temps.
Les karamat ou miracles d’`Abd al-Qadir
sont trop nombreux pour être énumérés. L’un d’eux consiste au don de
guider qui était manifeste dans son parlé et à travers lequel plusieurs
milliers entrèrent dans Islam ou se repentirent. Al-Chattanawfi dans
Bahjat al-asrar mentionne plusieurs de ses miracles, donnant à chaque
fois une chaîne de transmission. Ibn Taymiyya prit ces rapports pour
satisfaire les critères d’authenticité, mais son élève al-Dhahabi, même
s’il prétendait croire de manière générale aux miracles d’Abd al-Qadir,
mécroit, malgré tout, à plusieurs d’entre eux. Nous avons déjà vu ce
trait de caractère d’al-Dhahabi dans son doute au sujet du solide
rapport et de l’admiration de l’Imam Ahmad pour al-Mouhassibi. Voici ses
dires au sujet de Gilani dans Siyar a`lam al-noubala´:
[#893] al-cheick `Abd al-Qadir
(Al-Jilani): Le cheick, l’imam, le savant, le zahid, le connaisseur,
l’exemplaire, Cheick Al-Islam, le distingué parmi les Awliya… le
Hanbali, le cheick de Bagdad… Je dis: Il n’y en a aucun parmi les grands
cheicks qui a plus d’états spirituels et de miracles (karamat) que
Cheick `Abd al-Qadir, mais beaucoup de ces miracles ne sont pas vrais et
certaines de ces choses sont impossibles.[170]
Voici le récit suivant de la première rencontre de Gilani avec al-Hamadani et rapporté par Haytami dans son Fatawa hadithiyya:
Abou Sa`id `Abd Allah ibn Abi `Asroun
(d.585), l’Imam de l’école Chafi`i, dit: «Lorsque je commençai à
chercher la connaissance religieuse, je restais en compagnie de mon ami
Ibn al-Saqa qui était un élève de l’école Nizamiyya, et il était de
notre habitude de rendre visite aux pieux. Nous avons appris qu’il y
avait à Bagdad un homme du nom de Youssouf al-Hamadani qui était connu
comme al-Ghawth, et qu’il était capable d’apparaître et de disparaître
toutes les fois qu’il le voulait. Ainsi, donc je décidai de lui rendre
visite avec Ibn al-Saqa et Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, qui était
jeune en ce temps-là. Ibn al-Saqa dit, «Lorsque nous visiterons Youssouf
al-Hamadani, je lui poserai une question dont il ne connaîtra pas la
réponse.» Je dis: «Je vais lui poser aussi une question et je veux voir
ce qu’il va dire.» Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani dit: «O Allah,
épargne-moi de questionner un saint comme Youssouf al-Hamadani, mais
j’irai en sa présence pour solliciter sa baraka – bénédiction – et sa
connaissance divine.»
«Nous entrions dans son cercle d’étude.
Il se rendit invisible et nous n’arrivions pas à le voir pendant un
certain temps. Il regarda sévèrement Ibn al-Saqa et dit: «O Ibn al-Saqa,
comment oses-tu me poser une question alors que ton intention est de me
confondre? Ta question est celle-ci et ta réponse est celle-là!»
Ensuite il dit: «Je vois le feu de la mécréance brûlé dans ton cœur.» Il
me regarda et dit, «O `Abd Allah, es-tu en train de me poser une
question et attendre ma réponse? Ta question est celle-ci et ta réponse
celle-là. Les gens sont mécontents de toi parce que leur attention est
distraite par ton manque de respect à mon égard.» Ensuite il regarda
Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, le fit asseoir près de lui et l’honora.
Il dit: «O `Abd al-Qadir, tu as satisfait Allah et Son Prophète par ton
respect pour moi. Je te vois assis dans le futur à la plus haute place à
Bagdad, prêchant, enseignant aux gens et leur disant que tes pieds sont
sur le cou de chaque wali! Et, je vois, chaque wali de ton temps te
donner la préséance à cause de ton rang et ton honneur.»
Ibn Abi `Asroun continue, «La renommée
d’Abd al-Qadir devint très populaire et tout ce que Cheick al-Hamadani
avait dit à son sujet arriva. Il fut un temps où il dit, «Mes pieds sont
sur le cou de tous les awliya,» et il fut une référence et un flambeau
en son temps, illuminant les gens jusqu’à leur destination.
Le sort d’Ibn al-Saqah fut autre chose.
Il était brillant dans sa connaissance de la loi divine. Il devançait
tous les savants de son temps. Il avait l’habitude de débattre avec les
savants de son temps et les vaincre, jusqu’à ce que le caliphe l’admit
dans son cercle. Un jour le calife l’envoya comme émissaire chez le Roi
de Byzance, qui à son tour fit appel à tous ses prêtres et savants de la
religion Chrétienne pour débattre avec lui. Ibn al-Saqa les vaincu
tous. Ils furent incapables de donner des réponses en sa présence. Il
leur donna des réponses qui les rendirent comme des enfants et de
simples élèves en sa présence.
Sa brillance fascina tellement le Roi de
Byzance qu’il l’invita à une rencontre privée avec la famille royale. A
cette rencontre, il vit la fille du Roi. Il tomba immédiatement
amoureux d’elle, et il demanda au Roi la permission de l’épouser. Elle
refusa à moins qu’il accepta sa religion. Il accepta, abandonnant ainsi
l’Islam et acceptant la religion Chrétienne de la princesse. Après son
mariage, il tomba sérieusement malade. Ils le chassèrent du palais. Il
devint un mendiant dans la ville, quémandant de la nourriture, mais
personne ne lui en fournissait. L’obscurantisme s’abattit sur son
visage.
Un jour, il vit quelqu’un qu’il
connaissait. Cette personne rapporte: «je lui demandai, qu’est-ce qui
t’es arrivé?» Il répondit: «Il y avait une tentation et j’y suis tombé.»
L’homme lui demanda: «Te souviens-tu de quelque chose du Coran?» Il
répondit: «Je me souviens seulement de roubbana yawaddu al-ladhina
kafarou law kanou muslimin…«Encore ceux qui mécroient voudraient avoir
été Musulmans» (15:2).
Il tremblait comme s’il allait rendre
son dernier souffle. Je le tournai en direction de la Ka`aba, mais il ne
faisait que se tourner en direction de l’est. Encore, je le tournai en
direction de la Ka`aba, mais il tourna en direction de l’Est. Je le
tournai pour une troisième fois en direction de la Ka`aba, mais il se
retourna en direction de l’Est. Comme son âme alors le quittait, il dit:
«O Allah; ceci est le résultat de mon manque de respect à Ton saint,
Youssouf al-Hamadani.»
Ibn Abi `Asroun continu: «Je parti à
Damas et le Roi là-bas, Nour al-Din al-Chahid, m’offrit le contrôle du
département des affaires religieuses que j’acceptai. En conséquence, la
dunya entra de tous les côtés: provisions, subsistance, l’honneur,
l’argent, et une position pour le reste de ma vie. Ceci est ce que le
ghawth Youssouf al-Hamadani avait prédit pour moi.»[171]
Ibn al-Jawzi (d.597)
Ce maître de hadiths et historien de
l’école Hanbali était un ennemi farouche des innovateurs de son
temps.[172] Son Talbis Iblis (L’illusion de Satan) est souvent cité par
les “Salafis” pour s’opposer au tassawwouf, mais en réalité il le
rédigea seulement contre certains excès qu’il observa dans tous les
groupes de la communauté, dont les savants de tous genres y compris les
Soufis.
Talbis Iblis est peut-être le seul et le
plus important facteur existant exprimant la notion d’hostilité d’Ibn
al-Jawzi envers le tassawwouf. En réalité, cette œuvre ne fut pas écrite
en guise d’hostilité contre le tssawwouf et les Soufis. C’est une
critique de toutes les doctrines et pratiques, peu importe leurs
sources, et opposées à tout ce qu’il considérait d’innovations
injustifiées dans la Chari`a, où que ce soit dans la communauté
Musulmane de son temps. Ce fut écrit contre des pratiques spécifiques
innovées de plusieurs groupes, y compris les philosophes
(al-moutafalsifa), les théologiens (al-moutakallimoun), les savants de
hadiths (`oulama´ al-hadith), les juristes (al-fouqaha´), les prêcheurs
(al-wou`az), les philologues (al-nahawiyyoun), les poètes
(al-chou`ara´), et certains Soufis. Ce ne fut en aucun cas, une critique
des sujets qu’ils étudièrent ou enseignèrent, mais une critique contre
des introductions spécifiques d’innovations dans leurs disciplines et
champs respectifs.
Ibn al-Jawzi rédigea plusieurs livres de
“mérites” (manaqib) au sujet des premiers Soufis dont Manaqib Rabi`a
al-`Adawiyya, Manaqib Bishr al-Hafi, et autres. Son Sifat al-safwa (Les
manières des élites) un abrégé du Hilyat al-awliya´ (L’ornement des
saints) d’Abou Nou`aym, et son Minhaj al-qassidin wa moufid al -sadiqin
(La voie des voyageurs vers Allah et le dirigeant à la vérité) sont
considérés comme des piliers dans le champ du tassawwouf. Il fut
encouragé à écrire le dernier livre à cause du succès du Ihya´ `ouloum
al-din de Ghazali, et en vérité le Minhaj adopte en majorité la
méthodologie et le language du Ihya´ en addition au fait qu’il traite du
même sujet, l’auto-purification et les éthiques personnelles.
Le Minhaj fut résumé en un volume par
Najm al-Din Abou al-`Abbas Ahmad ibn Qoudama (d.742). Voici certains de
ses titres de chapitres et extraits les plus illustratifs de l’influence
de Ghazali sur Ibn al-Jawzi et l’adoption des terminologies Soufies de
ce dernier:
Fasl `ilm alwal al-qalb (Section sur les sciences des états du cœur)
Fasl fi qaqa’iq al-adab al-batina wa al-ishara ila adab al-hajj (Section sur les éthiques des secrets du Pèlerinage)
Kitab riyad al-nafs wa tahdhib
al-khoulouq wa mou`alajat amrad al-qalb (Le livre du dressage de l’égo,
l’éducation du caractère et le traitement des maladies du cœur)
Fasl fi fa’idat shahawat al-nafs (La section sur le bénéfice de l’appétit de l’égo)
Bayan al-riya´ al-ladhi houwa akhfa min
dabib al-naml (L’exposition de l’ostentation cachée qui est plus
sournois que le bruit des pas d’une fourmi)
Fasl fi bayan ma youhbitou al-`amal min
al-riya' wa ma la youhbit (La section de l’exhibition de l’ostentation
qui annule les actions de l’un et l’ostentation qui n’en fait pas)
Fasl fi dawa' al-riya' wa tariqatou
mou`alajat al-qalbi fih (La section sur les remèdes de l’ostentation et
la voie du traitement du cœur et de ses maux)
Kitab al-mahabba wa al-chawqi wa al-ounsi wa la-rida (Le livre de l’amour, le désir passionné, la familiarité et le bon plaisir)
Fasl fi bayan mi`na al-shawq ila allahi ta`ala (La section définissant le sens de l’amour passionné pour Allah)
Bab fi al-mouhassaba wa al-mouraqaba (Chapitre sur l’auto-méditation et la vigilance)
- Al-maqam al-awwal: al-moucharata, (Le premier niveau: l’engagement)
- Al-maqam al-thani: al-mouraqaba, (Le deuxième niveau: la vigilance)
- Al-maqam al-thalith: al-mouhassaba ba`da al-`amal, (Le troisième niveau: l’auto-jugement après une action)
- Al-maqam-al-rabi`: mou`aqabat al-nafs `ala taqsiriha, (Le quatrième niveau: réprimander l’égo pour ses défauts)
- Al-maqam al-khamis: al-moujahada, (Le cinquième niveau: la lutte)
- Al-maqam al-sadis: fi mou`atabat al-nafs wa tawbikhiha, (Le sixième niveau: réprimander et critiquer sévèrement l’égo)
Abou Bakr al-Siddiq dit: «Quiconque haï son égo pour la cause d’Allah, Allah le protégera contre ce qu’Il haï.»
Anas dit: ``J’entendis `Oumar dire, un
jour, qu’ il était seul derrière un mur: «Bakh, bakh! Bravo, bien fait, O
mon égo! Par Allah, tu es mieux d’avoir peur d’Allah; O petit enfant de
Khattab, autrement je te punirai!»
Al-Bakhtari ibn Haritha dit: «Je vis
l’un des adorateurs assis devant un feu qu’il avait allumé et il
punissait son égo; et il ne cessa de le punir jusqu’à ce qu’il mourru.»
L’un d’entre eux dit: «Lorsque les
saints sont mentionnés, je me dis: Mépris à toi O mon nafs et mépris à
toi encore O mon nafs.»
Sache que ton pire ennemi est ton égo
qui réside entre tes deux flancs. Il a été créé comme un tyran
ordonnant, et te poussant toujours vers le mal, on t’a ordonné de le
dresser, le purifier (tazkiyat), le sevrer de ce qu’il se nourri, le
trainer en chaîne, le soumettre à l’adoration de son Seigneur.[173]
Imam Fakr al-Din Razi (d.606)
«Un savant Chafi`i de génie et un Imam
moujtahid en doctrine de la foi, il fut parmi les figures les plus en
vue de son temps dans la maîtrise de la logique et les sciences
traditionelles Islamiques, et il préserva la religion d’Ahl al-Sunna de
la déviation des Mou`tazilites, des Chïites, des Anthropomorphistes et
autres sectes aberrantes de son temps.»
Il rédigea dans son I`tiqadat firaq al-mouslimim wa al-mouchrikin:
Le sommaire de ce que disent les Soufis
c’est que la voie de la connaissance d’Allah est l’auto-purification et
la renonciation à l’attachement matériel, et ceci est une excellente
voie… Les Soufis sont un groupe qui travaille avec réflection sur le
détachement du soi et des pièges de la vie matérielle. Ils luttent afin
que leurs cœurs soient uniquement occupés avec le souvenir d’Allah dans
toutes leurs besognes et actions, et ils sont caractérisés par la
perfection de leurs manières dans les relations avec Allah. En vérité ce
sont les meilleurs de toutes les races des êtres humains.[174]
Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656)
L’un des grands saints de la Communauté, dit au sujet du tassawwouf:
Celui qui meurt sans être entré dans
cette connaissance qui est la nôtre meurt en insistant sur ses péchés
graves (kaba'ir) sans le réaliser.[175]
Soultan al-`Oulama' al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Soulami (d.660)
Son surnom est «Le Sultan des Savants.»
Le Cheick al-Islam de son temps, il étudia le hadith sous le hafiz
al-Qassim ibn `Ali ibn `Assakir al-Dimachqi, et le tassawwouf sous le
cheick al-Islam Chafi`i Chihab al-Din al-Souhrawardi (539-632), lequel
al-Dhahabi appelle: «Le cheick, l’imam, le savant, le zahid, le
connaisseur, le mouhaddith, le Cheick al-Islam, le hors pair des
Soufis…»[176] Il étudia aussi sous Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656) et
son disciple al-Moursi. L’auteur de Miftah al-sa`ada et al-Soubki dans
son Tabaqat rapportent qu’al-`Izz disait à chaque fois qu’il entendait
al-Chadhili et al-Mourssali parler: «Ceci est le genre de discours qui
vient fraîchement d’Allah.»[177]
Dans ses deux volumes Qawa`id al-ahkam
fi massalih al-anam sur ousoul al-fiqh il mentionne que les Soufis sont
ceux au sujet desquels Allah dit: «Le parti d’Allah» (5:56, 58:22), il
définit le tassawwouf comme «l’amélioration des cœurs à travers lesquels
la santé des corps est saine et à travers lesquels les maladies des
corps sont des maux.» Il considéra la connaissance des règles légales
externes comme une connaissance de la Loi dans ses généralités, tandis
que la connaissance des matières internes est une connaissance de la Loi
dans ses détails les plus fins.[178]
Parmi ses livres sur le tassawwouf il y a:
Charjarat al-ma`arif wa al-ahwal wa
salih al-aqwal wa al-a`mal (L’arbre des sciences gnostiques, états,
déclarations pieuses et actions) s’étendant sur vingt chapitres dont les
septs derniers sont consacrés aux branches variées de l’ihsan dans la
religion du croyant;
Moukhtassar ri`ayat al’Mouhassibi, un abrégé du livre d’al-Mouhassibi sur l’Observance des droits d’Allah;
Massa'il al-tariqa fi `ilm al-haqiqa
(Questions sur la voie Soufie concernant la connaissance de la Réalité)
dans lequel al-`Izz répond à soixante questions au sujet du tassawwouf;
Rissala fi al-qutb wa al-abdal al-arba`in (Traité sur le Pôle des saints et les quarantes successeurs);
Fawa'id al-balwa wa al-mihan (Les bénéfices des épreuves et des afflictions);
Nihayat al-roughba fi adab al-souhba (L’obtention des vœux dans l’étiquette de la compagnie).
Malgré sa rigueur en toute matière, il
est très connu pour son acceptation de la sama` ou les récitals
poétiques, les mouvements du corps et la danse[179] associés avec des
transes et autres états d’extase au cours du dhikr. L’Imam Ahmad
rapporta dans son Mousnad:
`Ali dit: Je visitai le Prophète avec
Ja`far (ibn Abi Talib et Zayd (ibn Haritha). Le Prophète dit à Zayd: «Tu
es mon homme affranchi» (anta mawlay), à la suite duquel Zayd commença à
sautiller sur son pied autour du Prophète (hajala). Le Prophète dit
ensuite à Ja`far: «Tu me ressembles dans ma création et dans mes
manières» (anta achbahta khalqi wa khoulouqi), à la suite duquel Ja`far
commença à sautiller derrière Zayd. Le Prophète me dit ensuite: «Tu fais
parti de moi et je fais parti de toi» (anta minni wa ana minka) je
commençai à sautiller derrière Ja`far.[180]
Cheick al-Islam Ibn Hajar al-Haytami
mentionne que certains savants ont déduit à partir de cette évidence la
permissibilité de danser (al-raqs) à l’écoute d’un récital qui élève
l’esprit.[181] al-Yafi`i est en accord avec lui dans Mir'at
al-jinan.[182] Les deux mentionnent al-'Izz ibn `Abd al-Salam comme
l’exemple parfait de tel savants dans la mesure où il est
authentiquement rapporté que lui-même «prit part au sama`et dansa en
état d’extase» (kana yahdourou al-sama` wa yarqoussou wa yatawajadou),
comme cela est confirmé par Ibn al-`Imad sur l’autorité d’al-Dhahabi,
Ibn Chakir al-Koutabi, al-Yafi`i, al-Nabahani et Abou al-Sa`adat.[183]
Cette permissibilité d’un type de danse
de la part des Imams et des maîtres de hadiths exclu l’interdiction du
sama` sur une base générale, aussi bien que la danse qui accompagne la
sama`, sans égard aux réserves d’Ibn Taymiyya à ce sujet. Dans le
langage des «Salafis» d’aujourd’hui, cela devient un interdit nul et non
avenue.
Quant aux cas particuliers où la danse
peut être interdite, il s’agit là des genres mondains de danse efféminée
qui n’a rien avoir avec l’extase du sama` et du dhikr. Al-`Izz ibn `Abd
al-Salam différencia les deux types dans ses Fatwas:
Danser est une bid`a ou une innovation
qui n’est approuvé que par celui qui a une carence dans l’esprit. Elle
n’est convenable que pour les femmes. En ce qui concerne l’écoute de la
poésie (sama') qui excite vers les états de la pureté (ahwal saniyya),
qui rappelle l’au-delà: il n’y a rien de mal en cela, au contraire cela
est recommandé (bal youndabou ilayh) pour les cœurs tièdes et endurcis.
Cependant, celui qui dissimule des idées malsaines en son cœur il ne lui
est pas permis de prendre part au sama', car le sama' excite tout désir
déjà présent dans le cœur, le désirable et le détestable.[184]
Il dit aussi dans son Qawa `d al-ahkam:
Danser et applaudir sont une mauvaise
manifestation ressemblant à celle des femmes que personne ne tolère sauf
les hommes frivoles et les menteurs… quiconque comprend la grandeur
d’Allah ne peut s’imaginer en train d’applaudir et de danser car ces
actes ne sont performés que par l’ignorant grossier, non par ceux qui
ont un mérite et une intelligence et la preuve de leur ignorance est que
la Chari`a n’a cité aucune preuve de ces actions dans le Coran et la
Sunna, et aucun des Prophètes et leurs illustres compagnons ne le
firent.[185]
Al-`Izz sur la Supériorité du Rang des awliya' Sur Celui des `oulama
Al-`Izz ibn `Abd al-Salam fut questionné
dans sa Fatwa au sujet de la validité des déclarations de Qouchayri et
Ghazali ¨que le plus haut niveau parmi les serviteurs d’Allah après les
Messagers et Prophètes est celui des saints (awliya'), suivi de celui
des savants (`oulama'). Il répondit:
Concernant la priorité des connaisseurs
d’Allah sur les connaisseurs des lois d’Allah, les dires des maîtres
Qouchayri et Abou Hamid (al-Ghazali) sont confirmés. Aucune personne,
dotée de sens, ne doute que les connaisseurs d’Allah… non seulement sont
les meilleurs que les connaisseurs des lois d’Allah, mais sont aussi
meilleurs que ceux qui connaissent les branches et les racines de la
religion, parce que le rang d’une science est selon ses buts immédiats…
La plupart du temps les savants sont voilés par leur connaissance qu’ils
ont d’Allah et de Ses attributs, autrement dit, ils seraient parmi les
gnostiques dont la connaissance est continue, comme cela convient à la
demande de la vraie vertu. Et, comment les gnostiques et les juristes
puissent être les mêmes quand Allah dit: «Le plus noble parmi vous,
auprès d’Allah est le plus pieux» (49:13)?.. et par les «savants»
(`oulama´) quand Il dit «Parmi Ses serviteurs, seuls les savants
craignent Allah» (35:28), Il fait cas de ceux qui Le connaissent, de
même que Ses attributs, et Ses actions, et non ceux qui connaissent Ses
lois… Un signe de la supériorité des gnostiques par rapport aux juristes
est qu’Allah fait des miracles aux mains des premiers, mais jamais aux
mains du deuxième groupe, à l’exception de ceux qui entrent dans la voie
des gnostiques et acquièrent leurs caractéristiques.[186]
Ce ne fut pas nécessaire qu’al-`Izz
introduise les savants de hadiths dans la mesure où ceux-ci sont
considérés d’un niveau inférieur aux savants de fiqh et sont par
conséquent inclus avec eux en-dessous des saints. Ibn Abi Zayd al-Maliki
rapporte Soufyan ibn `Ouyayan disant: «L’hadith conduit à l’égarement
sauf les fouqaha´,» et le compagnon de Malik, Ibn Wahb dit: «Tout maître
de hadith qui n’a pas d’Imam en fiqh est égaré (dall). Si Allah ne nous
avait pas sauvé avec Malik et al-Layth, nous aurions été égarés.»[187]
Nous avons déjà mentionné l’avertissement de l’Imam Malik ¨ que la
religion ne consiste pas en la narration de quantité de hadiths mais
plutôt en la lumière qui prend siège dans la poitrine.
Imam Nawawi (d.676)
L’un des grands savants Soufis, le plus
stricte des maîtres de hadiths des temps derniers et le plus méticuleux
des juristes, Cheick al-Islam Mouhyiddin Yahya ibn Charaf al-Nawawi est
avec al-Rafi`i les principales références de l’école Chafi`i des
derniers temps. Ses livres restent toujours d’autorité dans la
méthodologie de la loi, dans le commentaire du Coran et dans le hadith.
Son commentaire de sahih Mouslim est en deuxième position après celui
d’Ibn Hajar sur sahih Boukhari. Allah donna à sa fameuse compilation de
Quarante Hadiths probablement plus de renommée et d’audience que tout
autre livre de haditha, qu’il soit volumineux et petit, et permis à
Nawawi d’être d’un immense bénéfice à la Communauté Islamique.
Nawawi était considéré un Soufi et un
saint, comme cela est évident par les titres de quelques uns de ses
travaux et celui de la biographie de Sakhawi intitulé Tarjamat cheick
al-islam, qoutb al-awliya' al-kiram, faqih al-anam, mouhyi al-Din
al-Nawawi (La biographie du Cheick de l’Islam, le Pôle des Nobles
Saints, le Juriste de l’humanité, le Revivicateur de la Sunna et le
Défenseur contre les innovations… al-Nawawi.
Nawawi écrit dans son petit ouvrage
intitulé al-Maqassid fi al-tawhid wa al-`ibada wa ousoul al-tassawwouf
(Les buts de l’unicité, l’adoration et les fondations de
l’auto-purification):
Les spécifications de la Voie des Soufis sont de cinq:
1.garder la Présence d’Allah en son cœur en public comme en privée;
2.pratiquer la Sunna du Prophète dans l’action comme dans le parlé;
3.se retirer des gens et ne pas avoir recours à eux;
4.être satisfait avec ce qu’Allah te donne même si cela est peu;
5.avoir toujours recours à Allah pour tous ses problèmes.[188]
Il rendit l’âme avant qu’il ne puisse
finir son Boustan al-arifin fi al-zouhd wa al-tassawwouf (Le jardin des
gnostiques dans l’ascétisme et l’auto-purification), qui est une
collection précieuse des dires des premières et dernières générations
des maîtres de tassawwouf élaborant sur quelques points de
l’auto-purification. En voici quelques extraits:
Al-Chafi`i (qu’Allah lui accorde Sa
Miséricorde) dit: «Seul le sincère (moukhlis) connait ce qu’est
l’hypocrisie (riya').» Ceci signifie qu’il est impossible de connaitre
la réalité de l’hypocrisie et voir ses aspects cachés sauf pour celui
qui cherche de manière résolue la sincérité (arada). Celui-ci, lutte
pendant une longue période, cherchant, méditant et examinant
profondément en lui-même jusqu’à ce qu’il sache ou connaisse quelque
chose au sujet de ce qu’est l’hypocrisie. Cela n’arrive pas à tout le
monde. En vérité, ceci arrive seulement aux élites (al-khawass). Mais
pour un individu donné, affirmer qu’il connait ce qu’est l’hypocrisie
est signe d’ignorance de sa part.
Je mentionnerai, dans ce livre, un
chapitre par la volonté d’Allah, dans lequel tu verras un type de
merveille qui rafraîchira tes yeux. Pour illustrer l’étendue de la
dissimulation de l’hypocrisie, nous avons seulement besoin de rapporter
le récit suivant de la part du Professeur et Imam Abou al-Qassim
al-Qouchayri, qu’Allah répande Sa miséricorde sur lui, extrait de sa
Rissala avec notre isnad mentionné auparavant.
Il dit: «j’entendis Mouhammad ibn
al-Houssayn dire: J’entendis Ahmad ibn Ali Jafar dire: J’entendis
al-Hassan ibn Alawiyya dire: Abou Yazid [al-Bistami], qu’Allah soit
satisfait de lui, dit: J’étais pendant douze années le forgeron de mon
égo (haddadou nafsi), puis pendant cinq années je devint le miroir de
mon cœur (mir'atou qalbi), puis pendant une année je regardai ce qui
reposa entre les deux, et je vis autour de moi une ceinture visible
[c’est-à-dire de koufr = signe vestimentaire d’un sujet non-musulman
d’un état Islamique]. Alors, j’ai luttai pendant douze années pour la
couper et je la vis encore, et je la vis cachée autour de moi. Ensuite,
je m’attelai pendant cinq années à voir comment la couper. Alors, je fus
dévoilé (kouchifa li) et lorsque je regardai la création, je vis qu’ils
étaient tous morts. Je récitai alors la prière funèbre sur eux.»
Je dis: Cette hypocrisie étant aussi
énigmatique que les maîtres de cette voie [c’est-à-dire le tassawwouf]
qui n’ont pas d’égal montre combien de fois il reste dissimulé. Sa
phrase: «Je les vis tous morta» est le sommet de la valeur, de la beauté
et la rareté autre que les mots du Prophète, la Paix et la Bénédiction
d’Allah sur lui, regorge d’une telle richesse en significations. Je
toucherai brièvement à ces significations. Le sens est qu’après qu’il
ait lutté longtemps et difficilement et que son égo ait été discipliné
et son cœur illuminé, et lorsqu’il eu conquis son égo et soumis et
achevé une complète maîtrise sur lui et qu’il l’a totalement assujeti à
lui, à ce moment, il regarda toutes les créatures et trouva qu’elles
étaient toutes mortes et sans pouvoir:
elles ne peuvent faire du tort ni être bénéfiques
elles ne peuvent donner ni retirer
elles ne peuvent donner ni la vie ni la mort
elles ne peuvent communiquer ni trancher
elles ne peuvent transmettre ni oter
elles ne peuvent rendre heureux ni rendre triste
elles ne peuvent accorder ni dépriver
elles ne possèdent pour elle-même ni bénéfice, ni tort, ni mort, ni vie, ni résurrection.
Ceci, donne les caractéristiques de la
mort aux êtres humains: ils sont considérés morta dans toutes les
conditions ci-dessus mentionnées, ils ne sont ni craints ni suppliés, ce
qu’ils possèdent n’est pas convoité, ils ne sont ni attrayants ni
flatteurs, personne ne leur donne une attention, ils ne sont pas enviés
ni dénigrés, leurs défauts ne sont pas mentionnés ni leurs fautes
poursuivies et exposées, personne n’est jaloux d’eux ni ne pense aux
faveurs qu’ils ont reçues d’Allah, et ils sont pardonnés pour leurs
erreurs, quoique les punitions légales leur sont appliquées selon la
Loi. Mais, ’application d’une telle punition n’exclue pas ce que nous
avons mentionné auparavant, ni elle exclue notre effort de couvrir leurs
erreurs sans au moins les dissuader.
Voici comment les morts sont vus. Et si
quelqu’un mentionne les êtres humains de manière déshonorable nous lui
interdisons de sonder ce sujet de la même manière que nous l’aurions
fait s’il devait examiner un mort. Nous ne faisons rien pour leur
intérêt nous les Lui laissons. Et, nous ne nous arrêtons plus à exécuter
un acte d’obéissance envers Allah à leur sujet que nous le faisons au
sujet d’un mort, et nous ne les louons pas. Et, nous n’aimons pas non
plus leurs louanges à notre égard ni haïssons leurs insultes, et nous ne
leur rendons pas la pareille.
En résumé, ils sont comme s’ils
n’existaient pas . Ils sont sous la complète attention et juridiction
d’Allah. Quiconque a des rapports avec eux de cette manière, a combiné
le bien de l ‘autre monde et celui d’ici-bas. Puisse Allah Le Généreux
nous donner le succès dans cet l’achèvement. Ces quelques mots sont
suffisants pour expliquer les dires d’Abou Yazid al-Bistami, qu’Allah
soit satisfait avec lui.[189]
al-`Izz b. `Abd al-Salam b. Ahmad b. `Anim al-Maqdissi (d.678)
Nous mentionons ce wa`iz (prêcheur)
parce qu’il a été souvent confondu avec Izz al-Din ibn Abd al-Salam
al-Soulami, et ses brèves œuvres sur le tassawwouf sont attribuées par
erreur à ce dernier. Dans cet ouvrage intitulé différentes façons : Hall
al-roumouz wa mafatih al-koumouz et Zabad khoulasat al-tassawwouf,
al-Maqdissi divise les niveaux du soulouk ou voies spirituelles en trois
voies qui correspendent à la définition du Prophète au sujet de la
Religion dans le hadith de Jibril:
L’Islam est le premier des niveaux de la Religion, caractérisant le commun des croyants;
L’Imam est le premier pas de l’échelle du cœur, et il caractérise l’élite des croyants;
L’Ihsan est le premier pas de l’échelle de l’esprit, et il caractérise l’élite de ceux qui sont rapprochés.[190]
Ibn Taymiyya (d.728)
Ses admirateurs citent ce juriste et
maître de hadiths de l’école Hanbalite comme un ennemi des Soufis, et il
est la principale autorité dans la campagne des «Salafis», responsables
du climat actuel de fanatisme injustifié et l’encouragement à
l’ignorance au sujet du tassawwouf. Pourtant, Ibn Taymiyya était
lui-même un Soufi. Cependant, les «Salafis» sont très minutieux à ne
jamais présenter le Soufi Ibn Taymiyya, ce qui gênerait sévèrement leur
scénario il le présente comme purement un anti-Soufi.
Les discours d’Ibn Taymiyya sur le
tassawwouf sont criblés de contradictions et d’ambiguités. On peut dire
que quoiqu’il nivella toutes sortes de jugements sur les Soufis, il fut
incapable de nier la grandeur du tassawwouf au sujet duquel la
Communauté fut longtemps unanime bien avant que lui-même n’apparaisse.
En conséquence, il affronta le tassawwouf, questionnant ces Soufis
contemporains, et réduisant la primauté des élites des Musulmans à de la
banalité, et au même moment il se vante d’être un Soufi Qadiri dans une
chaîne directe de succession à Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, comme
nous le montrerons dans les lignes qui suivent.
Il doit être clair dans l’esprit des
lecteurs que la raison pour laquelle nous citons ces évidences n’est pas
que nous considérons Ibn Taymiyya comme une figure représentative du
tassawwouf. A notre point de vue, il ne représente ni le tassawwouf ni
l’aqida de Ahl al-Sunna. Cependant, nous citons ces points de vues
seulement pour démontrer que sa présentation erronée par les
Orientalistes et les «Salafis» comme un ennemi du tassawwouf ne relève
pas d’un examen minutieux. Sans tenir compte des opinions d’un groupe ou
de l’autre, les faits montrent des évidences claires que Ibn Taymiyya
n’avait pas d’autre choix que d’accepter le tassawwouf et ses principes,
et que lui-même se réclama être un Soufi, et se para également du
manteau (khirqa) de cheick dans l’ordre Soufi Qadiri.
Nous avons déjà cité l’admiration d’Ibn
Taymiyya pour `Abd al-Qadir Gilani auquel il attribut le titre de mon
«Cheick» (cheickhouna) et de mon «maître» (sayyidi) dans son entière
Fatawa. Les inclinations d’Ibn Taymiyya pour les Soufis et sa révérence
pour `Abd al-Qadir al-Gilani sont aussi témoignées à travers son
commentaire de cent pages sur Foutouh al-ghayb, couvrant seulement cinq
des soixante-dix-huit sermons du livre, mais montrant qu’il considéra le
tassawwouf essentiel dans la vie de la Communauté Islamique.[191]
Dans son commentaire Ibn Taymiyya met
l’accent sur le fait que la primauté de la Chari`a est la tradition de
base dans le tassawwouf, et pour supporter ce point il donne une liste
de plus d’une douzaine des premiers maîtres, aussi bien que des cheicks
contemporains de son temps dont ceux de son école Hanbali, al-Ansari
al-Harawi et `Abd al-Qadir al-Gilani, et le cheick de ce dernier, Hammad
al-Dabbas:
Les élites parmi les pratiquants de
cette Voie -- comme la majorité des premiers cheicks (chouyoukh
al-salaf) dont Foudayl ibn `Iyad, Ibrahim ibn Adham, Ma`rouf al-Karkhi,
al-Sari al-Saqati, al-Jounayd ibn Mouhammad, et autres de la première
génération des maîtres, aussi bien que Cheick `Abd al-Qadir, Cheick
Hammad, Cheick Abou al-Bayan et autres maîtres qui sont apparus plus
tard – n’ont pas permis aux pratiquants de la voie Soufie de se
démarquer des interdits et ordres de la législation divine, même si
cette personne a volé dans les airs ou a marché sur l’eau.[192]
Quelque part encore, dans son al-rissala
al-safadiyya, Ibn Taymiyya défend les Soufis comme ceux qui
appartiennent à la voie de la Sunna et la représentent dans leurs
enseignements et écrits:
Les grands cheicks mentionnés par Abou
`Abd al-Rahman al-Soulami dans Tabaqat al-soufiyya, et Abou al-Qassim
al-Qouchayri dans al-Rissala, étaient adhérants de l’école d’Ahl
al-Sunna wa al-Jama`a et de l’école d’Ahl al-hadith, comme al-Foudayl
ibn `Iyad, al-Jounayd ibn Mouhammad, Sahl ibn `Abd Allah al-Toustari,
`Amr ibn`Outhman al-Makki, Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Khafi
al-Chirazi, et autres; et leurs discours étaient fondés sur la Sunna ,
et ils rédigèrent des livres au sujet de la Sunna.[193]
Dans son traité sur la différence entre
les formes permises de la prière et celles innovées, intitulé Rissala
al-ibadat al-chariyya wal-farq baynaha wa bayn al-bidiyya, Ibn Taymiyya
déclare sans erreur que la voie licite est la voie de «ceux qui suivent
la voie Soufie» ou «la voie de l’auto-négation» (zouhd) et ceux qui
suivent «ce qui est appelé pauvreté et tassawwouf», c’est-à-dire les
fouqara et les Soufis:
Le licite c’est ce par quoi on se
rapproche d’Allah. C’est la voie d’Allah. C’est la vertuosité,
l’obéissance, les bonnes actions, la charité et la justice. C’est le
chemin de ceux qui sont sur la voie Soufie (al-salikin), et la méthode
de ceux qui ont l’intention d’atteindre Allah et de L’adorer; c’est
celle qu’entreprend quiconque désire Allah et suit la voie de
l’auto-négation (zouhd) et les pratiques religieuses, et ce qui est
appelé pauvreté, tassawwouf etc…[194]
En ce qui concerne l’enseignement d’`Abd
al-Qadir sur le fait que le salik ou l’aspirant Soufi doit s’abstenir
des désirs permis, Ibn Taymiyya commence par déterminer que l’intention
d’`Abd al-Qadir est que ce dernier renonce à ces choses permises qui ne
lui sont pas imposées par la loi parce qu’il peut y avoir un danger pour
lui. Mais jusqu’à quel point? Si l’Islam est essentiellement apprendre
et appliquer les commendements Divins, il doit y avoir un moyen pour
celui qui s’efforce sur la voie de déterminer la volonté d’Allah dans
chaque situation particulère. Ibn Taymiyya reconnaît que le Coran et la
Sunna ne peuvent pas couvrir explicitement tout événement spécifique
dans la vie de tout croyant. Encore, si le but de la soumission à la
volonté et au désir d’Allah doit être accompli par ceux qui veulent
L’atteindre, il doit y avoir une voie pour celui qui y lutte de
s’assurer du commendement Divin dans toute sa particularité.
La réponse d’Ibn Taymiyya est
d’appliquer le concept légal d’ijtihad à la voie spirituelle,
spécifiquement à la notion d’ilham ou inspiration. Dans ses efforts
d’unir sa volonté avec celle d’Allah, le vrai Soufi atteind un état où
il ne désire rien d’autre que de découvrir la plus belle œuvre, l’action
la plus plaisante et la plus aimée d’Allah. Lorsque les données légales
extérieures ne peuvent plus le diriger dans ces matières, il peut
compter sur les notions d’inspiration (ilham) et de perception intuitive
(dhawq) du Soufi:
Si le disciple a créativement employé
ses efforts aux indications externes de la Char`ia et n’a pas vu la
meilleure probabilité concernant une action, il peut être alors inspiré à
cause de sa bonne intention combinée à sa peur d’Allah, il peut choisir
parmi deux actions laquelle est supérieure à l’autre. Ce genre
d’inspiration (ilham) est une indication concernant la vérité. Elle peut
même être une forte indication par rapport à une faible analogie, des
hadiths faibles, des arguments littéraires faibles (zawahir), et une
faible présomption de continuité (istichab) qui sont employées par
plusieurs qui fouillent dans les principes, les différences et du fiqh
systématisé.[195]
Ibn Taymiyya repose son point de vue sur
le principe qu’Allah a mis une disposition naturelle à la vérité au
genre humain et lorsque cette disposition est enracinée dans la réalité
de la foi et éclairée par l’enseignement Coranique, et que celui qui
lutte sur le voie est incapable de déterminer la volonté précise d’Allah
dans des cas spécifiques, alors son cœur lui montrera l’action
préférée. Une telle inspiration est l’une des preuves importantes qu’il
détient dans cette situation. Certainement, il se trompera quelque fois,
faussement guidé par son inspiration ou sa perception intuitive de la
situation, juste comme le moujtahid quelque fois se trompe. Mais il dit,
même quand le moujtahid ou le disciple inspiré lutte dans l’erreur, il
est obéissant.
Faire appel à ilham et dhawq n’est pas
synonyme de suivre ses propres caprices ou ses préférences
personnelles.[196] Dans sa lettre à Nasr al-Manbiji, il qualifie cette
intuition de «foi-informée» (al-dhawq alimani). Son point est que, comme
dans le commentaire du Foutouh, l’inspiration par expérience est
ambigue et a besoin d’être qualifiée et par le critère du Coran et la
Sunna. Elle ne peut conduire, selon lui, à la certitude de la vérité,
mais ce qu’elle peut c’est de donner au croyant une assise ferme pour
choisir la meilleure action dans une situation donnée et l’aider à
confirmer sa volonté en des détails spécifiques de sa vie par rapport à
celui de son Créateur et de son Commandant.[197]
D’autres travaux qui nous viennent de
lui abondent d’ éloges pour les enseignements Soufis. Par exemple, dans
son livre al-ihtijaj bi al-qadar, il défend l’accent mis sur l’amour
d’Allah par les Soufis et leur volontarisme plutôt que l’approche
intellectuelle de la religion comme étant en accord avec les
enseignements du Coran, le hadith solide et l’ijma`al-salaf:
En ce qui concerne les Soufis, ils
affirment l’amour (d’Allah), et ceci est plus évident chez eux que parmi
les autres. La base de leur voie est simplement la volonté et l’amour.
L’affirmation de l’amour d’Allah est bien connue dans le language de
leurs premiers et de leurs maîtres récents, comme cela est affirmé dans
le Livre et la Sunna et dans le concensus des Salaf.[198]
Ibn Taymiyya est aussi connu pour ses
condamnations d’Ibn `Arabi. Cependant, ce qu’il condamna n’était pas Ibn
`Arabi mais un petit livre qu’il écrivit et intitula Fousous al-hikam,
qui forme un mince volume. Quant à l’œuvre maîtresse d’Ibn `Arabi,
al-Foutouhat al-makkiya (Les révélations divines de Makka), Ibn Taymiyya
n’était pas moins un admirateur de ce chef-d’œuvre que toute autre
personne en Islam qui l’ai vu, comme il le déclare dans sa lettre à Abou
al-Fath Nasr al-Mounayji (d.709) publiée dans le volume intitulé tawhid
al-rouboubiyya de son Fatawa:
J’étais l’un de ceux, qui auparavant
avaient une bonne opinion d’`Ibn Arabi et faisaient ses éloges à cause
des bénéfices que j’ai vus dans ses livres, dont: al-Foutouhat, al-Kanh,
al-Mouhkam al-marbout, al-Dourra al-fakhira, Matali' al-noujoum, et
d’autres travaux de ce genre.[199]
Ibn Taymiyya continue jusqu’à dire qu’il
changea ses opinions, non à cause du contenu de ces livres, mais
seulement après qu’il eut lu le Foussous.
Nous arrivons maintenant à l’évidence de
l’affiliation d’Ibn Taymiyya à la Voie Soufie Qadiri et à sa propre
affirmation, comme cela fut rapporté par son disciple Ibn `Abd al-hadi
(d.909), qu’il reçu le khirqa Qadiri ou manteau d’autorité d’`Abd
al-Qadir al-Gilani à travers une chaîne de trois cheicks. Il n’y
personne d’autre que les trois Ibn Qoudamas qui sont parmi les autorités
établies dans le fiqh de l’école Hanbali. Cette information fut publiée
par George Makdisi dans une série d’articles dans les années 1970.[200]
Dans un manuscrit de Youssouf ibn `Abd
al-Hadi al-Hanbali intitulé Bad' al-`ilqa bi labs al-khirqa (Le début de
la protection dans le port du manteau Soufi), Ibn Taymiyya est cité
dans une généalogie spirituelle Soufie avec d’autres savants Hanbali
bien connus. Les liens dans cette généalogie sont les suivantes par
ordre descendant:
1. `Abd al-Qadir al-Gilani (d.561)
2.a-Abou `Oumar ibn Qoudama (d.607) 2.b-Mouwaffaq al-Din ibn Qoudama (d.620)
3. Ibn Abi `Oumar ibn Qoudama (d.682)
4. Ibn Taymiyya (d.728)
5. Ibn Qayyim al-Jawziyya (d.751)
6. Ibn Rajab (d.795)
(Abou `Oumar ibn Qoudama et son frère Mouwaffaq al-Din reçurent directement le khirqa d’`Abd al-Qadir lui-même.)
Ibn Taymiyya est ensuite cité pr Ibn Abd
al-Hadi comme affirmant son affiliation Soufie à la fois à l’ordre
Qadiri et à d’autres ordres:
J’ai porté le manteau Soufi d’un
certains nombres de cheicks appartenant à divers tariqas (labistou
khirqata at-taqqawwouf min tourouqi jamatin min al-chouyoukhi), parmi
lesquels le Cheick Abd al-Qadir al-Gilani, dont la tariqa est la plus
grande des tariqa bien connues.
Plus loin il dit:
La plus grande Voie Soufie (ajallou
al-tourouq) est celle de mon maître (sayyidi) `Abd al-Qadir al-Gilani,
qu’Allah répande Sa miséricorde sur lui.[201]
D’autres confirmations viennent d’Ibn Taymiyya lui-même dans l’une de ses œuvres al-Masala at-briziyya:
labistou al-khirqa al-moubarakata li
al-cheick `Abd al-Qadir wa bayni wa baynahou ithan. Je portai le manteau
Soufi béni d’`Abd al-Qadir il y a entre lui et moi deux cheicks.[202]
Ibn Taymiyya affirme ainsi qu’il était
un lecteur assidu d’al-Foutouhat al-makkiyya d’Ibn `Arabi; qu’il
considère `Abd al-Qadir al-Gilani son cheick – il écrivit même un
commentaire sur le Foutouh al-ghayb de ce dernier; et qu’il est de
l’ordre Qadiriyya et d’autres ordres Soufis. Que dit-il au sujet du
tassawwouf et des Soufis en général?
Dans son essai intitulé al-soufiyya wa
al-fouqara' et publié dans le onzième volume (al-tassawwouf) de son
majmou`a fatawa Ibn Taymiyya al-Koubra, il déclare:
Le mot soufi n’était pas bien connu au
cours des premiers trois siècles, mais son usage devint populaire après
cette période. Un nombre important de cheicks en parlèrent dont Ahmad
ibn Hanbal, Abou Soulayman al-Darani et autres. Il a été rapporté que
Soufyan al-Thawri l’utilisa. Certains aussi mentionèrent que Hassan
al-Basri en fit usage.[203]
Ibn Taymiyya continue jusqu’à déduire
que le tassawwouf origina à Basra parmi les générations qui suivirent
les tabi`in, parce qu’il trouva que plusieurs des premiers Soufis
originèrent de cette ville tandis qu’il ne trouva aucune de ces
évidences ailleurs. Dans ce cas, il commet une erreur en confinant le
tassawwouf à une place spécifique, le coupant de ses liens avec le temps
du Prophète et ses illustres Compagnons. Ceci est l’une des aberrantes
conclusions qui soulève, parmi les «salafis» d’aujourd’hui des questions
telles que: «Où dans le Coran et la Sunna le tassawwouf est-il
mentionné?» Comme Ibn `Ajiba répondit à ce genre de questions:
Le fondateur de la science de tassawwouf
est le Prophète lui-même a qui Allah l’enseigna aux moyens de la
révélation et l’inspiration.[204]
Nous avons par la grâce d’Allah fini
avec ce sujet dans notre long exposé sur les preuves du tassawwouf dans
les pages précédentes.
Ibn Taymiyya continue:
Le tassawwouf a des réalités (haqa`iq)
et des états d’expériences (ahwal) que les Soufis mentionnent dans leur
science… Certains disent que le Soufi est celui qui se purifie de tout
ce qui le distrait du souvenir d’Allah et qui devient plein de l’image
de l’au-delà à tel point que la valeur de l’or et des pierres sera la
même pour lui. D’autres disent que le tassawwouf c’est de sauvegarder
les sens précieux et de renoncer à la prétention à la célébrité et à la
vanité etc… Ainsi, le sens de soufi fait allusion au sens de siddiq ou
celui qui a atteind le niveau complet de véridique, car les meilleurs
des êtres humains après les Prophètes sont les siddiqin, comme Allah le
mentionna dans le verset suivant:
Quiconque obéit à Allah et au Messager,
ceux-là seront avec ceux qu’Allah a comblés de Ses bienfaits: les
prophètes, les saints véridiques, les martyrs, et les vertueux; ah, quel
bons compagnons que ceux-là! (4:69).
Ils considèrent cependant qu’après les
prophètes il n’y a pas plus vertueux que le Soufi, et le Soufi est en
réalité, parmi d’autres genres de saints véridiques, seulement un genre
de siddiq spécialisé dans l’ascétisme et l’adoration (al-soufi houwa fi
al-haqiqa naw`oun min al-siddiqin fahouwa al-siddiq allahi ikhtassa bi
al-zouhdi wa al-`ibada). Le Soufi est l’homme vertueux de la voie; juste
comme les autres sont appelés les vertueux des oulama et les vertueux
des émirs…
[Ici Ibn Taymiyya nie la déclaration des
Soufis qui représentent les Véridiques après les Prophètes, et il
rabaisse leur statut à celui du large groupe des honnêtes serviteurs.
Ceci découle de sa première prémisse que le tassawwouf apparu plus tard
et que son origine est autre que la Sunna du Prophète. Nous avons déjà
mentionné que cette prémisse était fausse. Tous les Soufis considèrent
que les transmetteurs de leur connaisance et discipline ne sont nul
autre que les Compagnons et leurs Successeurs, qui prirent cette
connaissance du Prophète lui- même. Dans ce respect, les Soufis et les
illustres Compagnons de même que les Successeurs ne sont pas différents
en essence, quoiqu’ils soient différents en noms, la préseance est
donnée aux Compagnons et aux Successeurs selon le hadith du Prophète.
Ensuite Ibn Taymiyya sépare
arbitrairement les Soufis et les savants en deux groupes discrets
apparents, nous avons vu que les Soufis étaient de grands savants, et
plusieurs grands savants étaient des Soufis. Al-Jounayd anticipa cette
injuste distinction dans sa fameuse déclaration: «Cette connaissance qui
est la nôtre est basée sur le Coran et la Sunna.» Ensuite, faisant
allusion à cette erreur dans son Tabaqat al-Koubra, Cha`rani cite
al-Jounayd et pousuit:
¨Chaque vrai Soufi est un savant de la Loi Sacrée, quoique l’inverse n’est pas nécessairement vrai.[205]¨
Certains critiquèrent les Soufis et le
tassawwouf en les taxant d’innovateurs et d’être en dehors de la Sunna…
mais la vérité est qu’ils exercent l’ijtihad dans l’obéissance d’Allah
comme ont fait d’autres gens qui sont obéissants à Allah. Ainsi, parmi
eux vous trouverez le Plus En Vue dans la Proximité (al-sabiq
al-mouqarrab) par vertu de son effort, pendant que certains d’entre eux
sont des Gens de la Droite… et parmi ceux se réclamant d’être affiliés à
eux, sont ceux qui sont injustes envers eux-mêmes, se rebellant contre
leur Seigneur. Ceux- là sont les sectes des innovateurs et des libres
penseurs (zindiq) qui prétendent être affiliés aux Soufis mais dans
l’opinion des véritable Soufis, ils n’y appartiennent pas, par exemple
al-Hallaj.
[Ici la citation innappropriée
d’al-Hallaj par Ibn Taymiyya est plus figurative de sa propre mauvaise
compréhension du tassawwouf qui illustre ce à quoi il veut aboutir. En
réalité, comme `Abd al-Qahir al-Baghdadi dit au sujet d’al-Hallaj, «son
cas parmi les Soufis n’est pas clair quoique Ibn `Ata' Allah, Ibn
Khafif, et Abou al-Qassim al-Nassir Abadi l’approuvent.»[206] Encore,
nous avons déjà dit que plusieus grands savants de l’école d’Ibn
Taymiyya lui-même ont rejeté les charges établies contre al-Hallaj, et
le considèrent comme un saint, dont Ibn `Aqil et Ibn Qoudama. Ibn
Taymiyya peut-il ne pas être conscient de toutes ces positions qui
invalident son point de vue, ou cela est-il purement signe d’ignorance?]
Le tassawwouf a ses branches et diversités; et les Soufis sont connus sous trois groupes:
1- Soufiyyat al-haqaiq: Les Soufis des
Réalités; ce sont les vrais Soufis que nous avons mentionnés dans les
paragraphes précédents;
2- Soufiyyat al-arzaq: Les Soufis
professionnels qui vivent des dons religieux ,des auberges et des écoles
Soufis; et il n’est pas nécessaire pour eux d’être parmi les gens des
vraies réalités dans la mesure où cela est une chose très rare…
3- Soufiyyat al-rasm: les Soufis par
apparence seulement, qui sont préoccupés à endosser le nom et la tenue
vestimentaire etc[207]
Ibn Taymiyya au sujet de fana' et chatahat
Au sujet de fana' – un terme utilisé par
les Soufis signifiant littérairement extinction ou l’auto-extinction –
et le chatahat ou les déclarations éclatantes des Soufis, Ibn Taymiyya
dit:
Cet état d’amour caractérise plusieurs
des Gens amoureux d’Allah et les Gens de la Recherche (Ahl al-irada). Un
homme s’évanouit dans l’objet de son amour – Allah – à travers
l’intensité de son amour. Il se souviendra d’Allah et non de lui-même,
invoquera Allah et lui-même, prendra Allah à témoin et non lui-même,
existe en Allah et non en lui-même. Lorsqu’il atteind cet état, il ne
ressent plus sa propre existence. Ceci est la raison pour laquelle il
peut dire dans cet état: ana al-haqq (Je suis la Vérité), ou soubhani
(Gloire à moi!), et mafi al-joubba illa Allah (Il n’y rien dans ce
manteau sauf Allah, parce ivre dans l’amour d’Allah, ceci est un plaisir
et une joie qu’il ne peut contrôler…)
Ce phénomène est en lui-même à la fois
vérité et mensonge. Mais lorsque quelqu’un entre dans un état d’amour
extatique (`ichq) pour Allah, il atteindra un état d’absence d’esprit,
et lorsqu’il est dans un tel état, il ne verra pas comment il accepte le
concept d’ittihad (l’union avec Allah). Je ne considère pas cela comme
un péché parce que cette personne est innocente et nul ne peut la punir
parce qu’elle n’a pas conscience de ce qu’elle fait. Le calame ne
condamne pas l’incensé sauf lorsque son esprit est en place (et commet
le même acte). Cependant, lorsqu’il est dans cet état et commet une
erreur, il tombe sous la protection d’Allah:
O notre Seigneur, ne nous punit pas pour
des fautes commises par oubli ou par erreur (2:286), Il n’y pas de
blâme sur vous si vous commettez une erreur de manière
involontaire.[208]
Il y a une histoire de deux hommes dont
l’amour mutuel était très intense. Un jour, lorsque l’un des deux tomba
dans la mer, l’autre aussitôt se jeta derrière lui. Le premier demanda
au second: «Qu’est-ce qui t’a emmené à te trouver ici?» Le second
répondit: «J’ai disparu en toi et je ne me voyais plus. Je pensais que
tu étais moi et que j’étais toi»… Alors, aussi longtemps que l’un n’est
pas îvre de quelque chose qui est interdit, son action est acceptée,
mais s’il est ivre de quelque chose d’interdit (c’est-à-dire l’intention
était mauvaise) alors il n’est pas excusé.[209]
Les pages ci-dessus montrent la grande
familiarité d’Ibn Taymiyya avec les lignes générales du tassawwouf. Une
telle connaissance faisait part de l’éducation complète de quiconque à
cette époque et celui qui le précéda qui prétendait au savoir. Cette
connaissance ne constituait pas quelque chose d’extérieur ou d’étranger
au grand corpus des sciences Islamiques. Et toujours, similairement dans
son cas dans le `aqida que nous avons dénoué dans les pages
précédentes[210], que la mauvaise compréhension du tassawwouf par Ibn
Taymiyya l’emporta massivement sur sa compréhension. Ce point fut
illuminé avec une précision quasi-chirurgicale par le grand Imam Soufi
Cheick Ibn `Ata' Allah dans le débat qu’il eut avec Ibn Taymiyya dans la
mosquée d’al-Azhar au Caire.
Le Débat Entre Ibn Ata Allah al-Iskandari et Ibn Taymiyya
L’un des grands Imams Soufis qui fut
aussi connu comme un mouhaddith, un prêcheur, un juriste Maliki, Abou
al-Fadl Ibn `Ata' Allah al-Iskandari (d.709) est l’auteur d’al-Hikam
(Aphorisme), Miftah al-falah, (La clef au succès), al-Qousd al-moujarrad
fi ma`rifat al-ism al-moufrad (L’objectif pur concernant la
connaissance du Nom Unique), Taj al-`arous al-hawi li tadhhib al-noufous
(La couronne du marié contenant la discipline des âmes), `Ounwan
al-tawfiq fi adab al-tariq (Le signe de succès concernant la discipline
de la voie), la biographie al-lata'if fi manaqib Abi al-`Abbas al-Moursi
wa cheickihi Abi al-Hassan (Les miséricordes imperceptibles dans les
vies saintes d’Abou al-Abbas al-Moursi et son maître Abou al-Hassan
al-chadhlili), et autres. Il fut un élève d’Abou al-`Abbas al-Moursi
(d.686) et le second successeur du fondateur de l’ordre Soufi, l’Imam
Abou al-Hassan al-Chadhili.
Ibn `Ata' Allah fut l’un de ceux qui
confrontèrent Ibn Taymiyya pour ses attaques excessives contre les
Soufis ce qu’il n’approuvait pas. Il n’a jamais cité le nom d’ Ibn
Taymiyya dans ses travaux, mais c’est clairement à son sujet qu’il fait
allusion lorsqu’il dit dans son Lata'if, qu’Allah a mis les Soufis à
l’épreuve à travers ce qu’il appelle «les savants de la connaissance
externe».[211] Dans les pages suivantes est relatée la première
traduction en français[212] de cet évènement qui eut lieu entre les
deux.
Texte du Débat extrait d’Oussoul al-Woussoul par Mouhammad Zaki Ibrahim
Ibn Kathir, Ibn al-Athir, et d’autres
auteurs de biographies et de dictionnaires biographiques nous ont
transmis ce débat historique[213]. Il donne une idée de l’éthique du
débat parmi les érudits. Il documente la contreverse entre une
personnalité, pivot en tassawwouf, Cheick Ahmad ibn `Ata' Allah
al-Iskandari, et tout aussi importante une personne du soit disant
mouvement «Salafi», Cheick Ahmad Ibn `Abd al-Halim Ibn Taymiyya durant
la période des Mamloukes en Egypte sous le règne du Sultan Mouhammad Ibn
Qalawoun (al-Malik al-Nassir).
La déposition d’Ibn Taymiyya à Ibn `Ata' Allah:
Cheick Ibn Taymiyya avait été emprisonné
à Alexandrie. Lorsque le Sultan lui gratifia son pardon, il revint au
Caire. A l’heure de la prière du coucher du soleil, il alla à la mosquée
al-Azhar où la salat al-maghrib devait être dirigée par Cheick Ahmad
Ibn `Ata' Allah al-Iskandari. Après la prière, Ibn `Ata' Allah était
surpris de constater qu’Ibn Taymiyya avait prié derrière lui. Le saluant
avec un sourire, le Cheick Soufi souhaita cordialement la bienvenue au
Caire à Ibn Taymiyya, disant: «as-Salamou alaykoum». Ensuite Ibn `Ata'
Allah commença à parler avec l’érudit visiteur.
Ibn `Ata' Allah: «D’habitude, je prie la
prière du soir dans la mosquée de l’Imam Houssayn et la prière de la
nuit ici. Mais regarde comment le plan Divin travaille de lui-même!
Allah a ordonné que je sois le premier à te saluer (après ton retour au
Caire). Dis-moi O faqir, me blâmes-tu pour ce qui est arrivé?»
Ibn Taymiyya: «Je sais que tu ne me veux
pas de mal, mais nos différences d’opinions restent toujours les mêmes.
Dans tous les cas, quiconque m’a fait du tort dans quoique ce soit, à
partir de ce jour même, je le disculpe et lui pardonne de tout blâme en
la matière.»
Ibn `Ata' Allah: «Qu’est ce que tu sais à mon sujet, Cheick Ibn Taymiyya?»
Ibn Taymiyya: «Je te connais comme un
homme d’une piété scrupuleuse, de savoir abondant, d’intégrité et de
véracité dans le parlé. Je témoigne que je n’ai vu personne pareille à
toi en Egypte et en Syrie, qui aime plus Allah, ni qui est plus
auto-effaçant en Lui ni qui est plus obéissant à exécuter ce qu’Il a
commandé et à éviter ce qu’Il a interdit. Néanmoins, nous avons sur le
Tawassoul nos différences. Que sais-tu à mon sujet? Prétends-tu que je
suis égaré lorsque je nie la validité de faire appel à quiconque autre
qu’Allah pour une aide (istighatha)?
Ibn `Ata' Allah: «Certainement, mon
collègue, tu sais que istaghtha ou appeler pour une aide est la même que
tawassoul ou chercher un moyen et demander l’intercession (chafa`a); et
que le Messager, sur lui la paix, est celui dont l’aide est recherchée
dans la mesure où il est notre moyen, celui dont l’intercession est
recherchée.»
Ibn Taymiyya: «Dans ce problème, je suis
ce que la Sunna du Prophète dit dans la Chari`a. Car, il a été transmis
dans un hadith solide: «J’ai été octroyé le pouvoir
d’intercession.»[214] J’ai aussi collectionné les dires du verset
Coranique: Peut-être que ton Seigneur te ressuscitera (O Prophète) en
une position de gloire (17:79) à l’effet qu’une position de gloire est
l’intercession. De plus, lorsque la mère du Commandeur des Croyants Ali
est morte, le Prophète pria Allah à sa tombe et dit:
``O Allah qui vit et ne meurt jamais,
qui accélère et donne la mort, pardonne les péchés de ma mère Fatima
bint Assad, élargi sa demeure dans laquelle elle entre au moyen de mon
intercession, Ton Prophète, et les Prophètes qui apparurent avant moi.
En vérité Tu es le plus Miséricordieux des Miséricordieux.[215]`
Ceci est l’intercession que possède le
Prophète. En ce qui concerne chercher l’aide de quelqu’un autre
qu’Allah, cela touche à l’idôlatrie; car le Prophète commanda son cousin
Abd Allah ibn Abas de ne pas demander d’aide de personne sauf celle
d’Allah.»[216]
Ibn `Ata' Allah: «Qu’Allah te fasse
prospérer, O faqih! En ce qui concerne le conseil que le Prophète – sur
lui la paix – donna à son cousin Ibn Abbas, il voulait qu’il s’approche d
‘Allah non pas à cause de sa relation familiale, mais à travers sa
connaissance.
Avec respect pour ta compréhension
d’istighatha comme chercher l’aide d’autrui, autre qu’Allah c’est une
idolâtrie, je te demande: Y-a-t’il un musulman possédant une foi réelle
et croyant en Allah et en Son Prophète qui pense qu’il y a quelqu’un
autre qu’Allah qui a un pouvoir autonome sur les évènements et qui est
capable d’exécuter ce qu’Il a décrété à leur propos? Ya-t’il un vrai
croyant qui croit que quelqu’un autre qu’Allah peut le récompenser pour
ses bonnes actions et le punir pour ses mauvaises actions?
En marge de ceci, nous devons considérer
qu’il y a des expressions qui ne doivent pas être prises dans leur sens
littéraire. Ce n’est pas à cause de la peur d’associer un partenaire à
Allah et en vue de bloquer les moyens à l’idolâtrie. Car quiconque
cherche l’aide du Prophète cherche seulement son pouvoir d’intercession
auprès d’Allah comme toi-même tu te dis: Cette nourriture satisfait mon
appétit. Est-ce la nourriture elle-même qui satisfait ton appétit? Ou
c’est Allah qui satisfait ton appétit à travers la nourriture?
En ce qui concerne ta déclaration,
qu’Allah a interdit aux Musulmans de faire appel à l’aide de quiconque
autre que Lui, as-tu vu un Musulman faire appel à quelqu’un autre
qu’Allah? Le verset que tu cites dans le Coran fut révélé au sujet des
idolâtres et ceux qui avaient l’habitude d’avoir recours à leurs fausses
déités et ignorer Allah. Alors que la seule manière dont les Musulmans
cherchent l’aide du Prophète est dans le sens du tawassoul ou chercher
un moyen, par le mérite du privilège qu’il a reçu d’Allah (bi haqqihi
`inda Allah), et tachaffou` ou chercher l’intercession, par le mérite du
pouvoir d’intercession qu’Allah lui a octroyé.
Quant à ton verdict que istighatha ou
chercher l’aide est interdit dans la Chari`a parce qu’elle peut conduire
à l’idolâtrie, si tel est le cas, alors nous devons aussi interdire les
raisins parce qu’ils sont un moyen de production du vin, et castrer les
hommes non-mariés parce que ne pas faire laisse dans le monde un moyen
de commettre la fornication et l’adultère.
A ce dernier commentaire, les deux
Cheicks rirent. Ibn `Ata' Allah continua: je suis familier avec toutes
les inclusivités et la prévoyance de l’école fondée par ton Cheick,
l’Imam Ahmad, et je connais la vaste étendue de ta propre théorie légale
au sujet de ses principes à bloquer les moyens au mal (sadd
al-dhara'i`) aussi bien que le sens de l’obligation morale d’un homme de
ta compétence en jurisprudence Islamique et l’intégrité que tu dois
ressentir. Mais, je réalise aussi que ta connaissance du language
demande que tu cherches le sens caché des mots qui est souvent voilé
derrière leur sens évident.»
Ibn `Arabi et Ibn `Abd al-Salam
En ce qui concerne les Soufis, le sens
pour eux est comme un esprit, et les mots en eux-même sont comme son
corps. Tu dois pénétrer profondément ce qui est derrière le corps verbal
en vue de saisir la profonde réalité de l’esprit du mot.
Maintenant, tu as trouvé une base à ton
jugement contre Ibn `Arabi dans le Foussoul al-hikam, dont le texte a
été altéré par ses opposants avec non seulement ce qu’il n’a pas dit,
mais avec des déclarations qu’il ne pouvait pas avoir l’intention de
dire (vu le caractère de son Islam). Lorsque Cheick al-Islam al-`Izz ibn
`Abd al-Salam comprit ce qu’Ibn `Arabi a réellement dit et analysé, et
qu’il saisit et comprit le sens réel de ses paroles symboliques, il
demanda le pardon d’Allah pour ses anciennes opinions au sujet du Cheick
et reconnu que Ibn `Arabi était un Imam de l’Islam.
Quant à la déclaration d’al-Chadhili
contre Ibn Arabi, tu dois savoir qu’Abou al-Hassan al-Chadhili n’est pas
la personne qui l’a faite mais l’un ses élèves des Chadhiliyya. Encore,
en faisant cette déclaration, cet élève parlait au sujet de certains
des disciples de Chadhili. Ainsi, ses mots ont été interprétés d’une
manière qu’il n’a pas projetée.
Que penses-tu au sujet du Commandeur des Croyants, Sayyidina `Ali ibn Abi Talib, qu’Allah soit satisfait de lui?
Ibn Taymiyya: «Dans le hadith ,le
Prophète, sur lui la paix, dit: Je suis la cité de la connaissance et
`Ali est sa porte.»[217] Sayyidina `Ali est le moujahid qui n’est jamais
aller à la bataille sans revenir victorieux. Quel juriste ou savant
après lui a combattu pour la cause d’Allah à la fois avec la parole, la
plume et le sabre? Il était un Compagnon très talentueux du Prophète –
qu’Allah honore sa contenance. Ses sabres sont une lampe radiante qui
m’ont illuminé au cours de ma vie après le Coran et la Sunna. Ah!
Quelqu’un qui est toujours à court de provision et long dans son voyage.
Ibn `Ata' Allah: «Maintenant, l’Imam
`Ali a-t’il demandé à quelqu’un de prendre parti avec lui dans une
faction? Car cette faction prétend que l’Ange Gabriel a commis une
erreur en délivrant la révélation à Mouhammad – sur lui la paix – au
lieu d’Ali! Ou a-t’il demandé de déclarer qu’Allah s’est incarné dans
son corps et que l’Imam est devenu divin? Ou ne les a-t’il pas combattu
et massacré et donné une fatwa (une décision légale) qu”ils doivent être
exécuter où qu’ils soient trouvés?
Ibn Taymiyya: «Sur la base de cette
fatwa, je sortis pour les combattre dans les montagnes de Syrie pendant
plus de douze années.»
Ibn `Ata' Allah: «Et l’Imam Ahmad –
qu’Allah soit satisfait de lui – critiqua les actions de certains de ses
disciples qui avaient l’habitude d’aller en patrouille, brisant les
tonneaux ouverts de vin (dans les magasins de leurs marchands
Chrétiens), déversant leur contenu par terre, bastonnant les chanteuses
et confrontant les gens dans la rue. Tout cela, ils le firent au nom de
prêcher le bien et interdire le mal. Cependant, l’Imam ne donna aucune
fatwa les motivant à censurer ou réprimander tous ces gens. En
conséquence, ces disciples (responsables de ces actions) furent
fouettés, jetés en prison, assis à dos d’ânes à l’opposé c’est-à-dire
faisant face à l’arrière de l’âne et défilant.
Dans ce cas, l’Imam Ahmad est-il
lui-même responsable du mauvais comportement que les pires et les plus
vicieux Hanbali continuent de perpétuer jusqu’à nos jours, au nom de
vouloir ordonner le bien et interdire le mal?
Tout ceci est pour dire que Cheick
Mouhyiddin Ibn `Arabi est innocent vis-à-vis de ce que certains de ses
disciples font, qui absoudent les gens de leurs obligations légales et
morales établies par la religion et de commettre les actions qui sont
interdites. Ne voyez-vous pas cela?»
Ibn Taymiyya: «Mais ont-ils du respect
pour Allah? Parmi vous les Soufis sont ceux qui avancent que lorsque le
Prophète – sur lui la paix et la bénédiction – donna la bonne nouvelle
aux pauvres et dit qu’ils entreraient au paradis avant le riche, les
pauvres tombèrent en extase et commencèrent à déchirer en pièces leurs
vêtements; c’est à ce moment que l’Ange Gabriel descendit du ciel et dit
au Prophète qu’Allah avait cherché sa portion légitime de ces
vêtements; et que l’Ange Gabriel en transporta un et l’accrocha au trône
d’Allah. C’est pour cette raison qu’ils disent que les Soufis portent
des vêtements rapiécés et s’appellent fouqara´ ou pauvres»!
Ibn `Ata' Allah: «Tous les Soufis ne
portent pas des vestes et des habits rapiécés. Me voici devant toi:
Qu’est-ce que tu n’approuves pas dans mon apparence?»
Ibn Taymiyya: «Tu fais parti des gens de la Chari`a et enseigne à al-Azhar.»
Ibn `Ata' Allah: «al-Ghazali fut à la
fois un Imam dans la Chari`a et dans le tassawwouf. Il traita les
jugements légaux, la Sunna, et la Chari`a avec l’esprit des Soufis. Et,
en appliquant cette méthode, il fut capable de revivifier les sciences
religieuses. Nous savons que le tassawwouf reconnaît que ce qui est
souillé ne fait pas parti de la religion et que la propreté a le
caractère de la foi. Le vrai et sincère Soufi doit cultiver dans son
cœur la foi reconnue par Ahl al-Sunna.
Deux siècles auparavant le phénomène de
pseudo-Soufis apparu que toi-même tu critiquas et rejetas. Il y avait
des personnes qui cherchaient à diminuer la performance de la prière et
des obligations religieuses, racourcir le jeûne et désobliger les cinq
prières quotidiennes. Ils couraient sauvagement dans les vastes arènes
de la paresse et de l’insouciance, affirmant qu’ils avaient été libérés
des chaînes de l’esclavage de l’adoration divine. Non satisfait de leurs
propres actions ignobles jusqu’à ce qu’ils ont revendiqué des
intimations des plus extravagantes réalités et états mystiques comme
l’Imam al-Qouchayri lui-même décriva dans sonRissala,bien connu, qu’il
dirigea contre eux. Il établit aussi en détail ce qui constitua la vraie
voie vers Allah, qui consiste à tenir fermement au Coran et à la Sunna.
Les Imams de tassawwouf désirent arriver
à la vraie réalité non seulement par les moyens d’évidences
rationnelles exercées par l’esprit humain qui sont capables d’être
fausses aussi bien que vraies, mais aussi aux moyens de la purification
du cœur et purgatoire de l’égo à travers un cours d’exercices
spirituels. Ils mettent de côté tout ce qui concerne la vie de ce monde
autant que possible car le vrai serviteur d’Allah ne doit s’affairer
avec rien d’autre que l’amour d’Allah et de Son Prophète. Ceci est un
très haut niveau et c’est ce qui rend un serviteur pieux, sain et
prospère. C’est une occupation qui réforme les choses qui corrompent la
créature humaine, tel l’amour pour l’argent et l’ambition pour le rang
personnel dans la société. Cependant, c’est un niveau qui n’ st
constitué de rien d’autre que la guerre spirituelle pour l’amour
d’Allah.
Mon frère érudit, interprèter les textes
selon leur sens littéraire peut souvent conduire à l’erreur. Le
littéralisme est ce qui a causé ton jugement au sujet d’Ibn `Arabi qui
est l’un des Imams de notre Foi reconnu pour sa scrupuleuse piété. Tu as
compris ce qu’il a écrit d’une façon superficielle; alors que les
Soufis sont des maîtres en figures littéraires qui laissent entendre des
sens profonds, un language hyperbolique qui indique une haute
conscience spirituelle et des mots qui véhiculent des secrets concernant
le domaine de l’invisible.»
Ibn Taymiyya: «Ce raisonnement est
contre toi, non en ta faveur. Car lorsque l’Imam al-Qouchayri vit ses
disciples dévier de la voie d’Allah il entreprit de les corriger.
Qu’est-ce que font les Checks Soufis de nos jours? Je demande seulement
que les Soufis suivent la voie de la Sunna de ces grands et pieux
ancêtres de notre foi (salaf): les ascétiques (zouhhad) parmi les
Compagnons, la génération qui les succédère, et la génération qui
suivire le mieux leurs pas!
Quiconque agit de cette manière, je
l’estime hautement et le considère comme un Imam de la religion. En ce
qui concerne l’innovation égarante et l’insertion des idées des
idolâtres dont les philosophes Grecs et les Boudhistes Indiens, ou
l’idée que l’homme peut incarné Allah (houloul) ou atteindre l’unité
avec Lui (ittihad), ou la théorie que tout existe en être (wahdat
al-woujoud) et ces autres choses que ton Cheick prêche aux gens: ceci
est clairement de la déité et de la mécréance.»
Ibn `Ata' Allah: «Ibn `Arabi fut l’un
des grands juristes qui suivit l’école de Dawoud al-Zahiri après Ibn
Hazm al-Andalousi, qui est proche de ta méthodologie en loi Islamique, O
Hanbalis! Mais quoiqu’Ibn `Arabi fut un Zahiri (c’est-à-dire un
littéraliste en matière de loi Islamique), la méthode qu’il appliquait
pour comprendre l’ultime réalité (al-haqiqa) était de faire sortir le
sens spirituel caché (tariq al-batin); qui est de purifier le moi
interne (tathir al-batin).[218] Cependant tous les disciples à la
recherche de ce qui est caché ne sont pas les mêmes.
Pour de ne pas être dans l’erreur,
recommence ta lecture d’Ibn `Arabi avec une compréhension fraîche de ses
symboles et de ses inspirations. Tu le verras semblable à al-Qouchayri.
Il a pris sa voie dans le tassawwouf sous la guidance du Coran et la
Sunna juste comme la ¨ Preuve de l’Islam¨le Cheick al-Ghazali, qui
entreprit des débats au sujet de la différence doctrinale en matière de
crédo et des issues d’adoration mais les considéra d’occupation manquant
de valeur réelle et de bénéfice. Il invita les gens à observer que
l’amour d’Allah est la voie du vrai serviteur d’Allah, en respect à la
foi.
As-tu une objection à cela O faqih? Ou
aimes-tu les disputes des juristes Islamiques? L’Imam Malik, qu’Allah
soit satisfait de lui, fut très prudent au sujet de tels débats en
matière de crédo et avait l’habitude de dire: «Chaque fois qu’une
personne entre en discussion au sujet du crédo, sa foi diminue.»
Similairement al-Ghazali dit:
Les moyens les plus rapides pour se
rapprocher d’Allah est par le cœur et non par le corps. Par le cœur, je
ne veux pas dire cette chose en chair palpable à la vue, à l’écoute et
au toucher. Au contraire, je veux dire le plus profond secret d’Allah
Lui-même le plus Exalté et Grand qui est imperceptible à la vue et au
toucher.
En vérité, les Ahl al-Sunna sont
certainement ceux qui ont nommé le Soufi Cheick al-Ghazali: «la Preuve
de l’Islam,»[219] et il n’y a personne pour réfuter ses opinions même si
les savants ont été excessifs dans l’éloge de son livre lorsqu’il dit:
«Le Ihya' `oulum al-din était presque le Coran.»[220]
L’exécution d’une obligation religieuse
(taklif) au vue d’Ibn `Arabi et Ibn al-Farid est une adoration dont le
mihrab, ou la niche de prière indique l’orientation de prière, est son
aspect intérieur et non seulement son rite externe. Car, quelle est
l’importance de te lever et de t’assoeir en prière si ton cœur est
préoccupé avec quelque chose autre qu’Allah. Allah fait l’éloge des gens
dans le Coran lorsqu’il dit: «Ceux qui sont humbles dans leur prière»
(23:2). Et Il blâme les gens lorsqu’Il dit: «Ceux qui sont insouciants
dans leur prière» (107:5). C’est ce que Ibn `Arabi veut dire quand il
dit: «L’adoration est la niche de prière (mihrab) du cœur, ce qui est,
l’aspect interne de la prière et l’externe.»
Le Musulman est incapable d’arriver à la
connaissance de la certitude (`ilm al-yaqin) ni à la certitude
elle-même (`ayn al-yaqin) dont le Coran parle à moins qu’il évacue de
son cœur tout ce qui le distrait de l’envie mondaine et se consacre à la
contemplation interne. Alors, la manisfestation de la réalité Divine
remplira son cœur, et delà produira sa subsistance.
Le réel Soufi n’est pas celui qui dérive
ses subsistances de la mendicité et des demandes d’aumônes aux gens. Le
seul qui est sincère est celui qui élève son cœur et son esprit à
l’auto-effacement en Allah en Lui obéissant. Peut-être qu’Ibn `Arabi a
amené les juristes à se révolter contre lui à cause de son mépris pour
leurs préoccupations avec les arguments et les disputes au sujet
d’affaires de croyance, des cas légaux d’actualité, et des situations
hypothétiques, dans la mesure où il voyait comment cela les distrayait
de la purifacation du cœur. Il les nomma "les juristes des menstruations
des femmes." Qu’Allah te secoure à ne pas être parmi eux! As-tu lu la
déclaration d’Ibn `Arabi: "Quiconque établit sa foi exclusivement sur
des preuves démonstratives et des arguments déductifs, construit une foi
sur laquelle il est impossible de se baser. Car il est affecté par la
négativité des objections constantes. La certitude (al-yaqin) ne dérive
pas des évidences de l’esprit mais jaillit des profondeurs du cœur."
As-tu jamais lu une déclaration aussi pure et agréable de ce genre?»
Ibn Taymiyya: «Tu as bien parlé; si
seulement ton maître était comme tu le dis, alors il aurait été aussi
loin que possible de l’incroyance. Mais, à mon avis, ce qu’il a dit ne
peut pas corroborer le sens que tu y as donné.»[221]
Taj al-Din al-Soubki (d.771)
Cheick al-Islam Taj al-Din al-Soubki, le
fils de Cheick al-Islam al-hafiz Taqi al-Din al-Soubki (d.756) qui fut
un disciple d’Ibn `Ata' Allah, mentionna dans son livre Mou`id al-ni`am
sous le chapitre intitulé Soufisme:
Qu’Allah les (les Soufis) salue et leur
donne vie, et qu’Il nous place avec eux au paradis. Trop de choses ont
été dites à leur sujet et trop de gens ignorants ont dit des choses qui
ne les concernent pas… La vérité est que ces gens ont laissé ce monde et
sont affairés avec l’adoration.
Cheick Abou Mouhammad al-Jouwayni (Le
père de l’Imam al-Haramayn) dit: Ils sont parmi les gens d’Allah et de
Son élite. Sa miséricorde est obtenue à travers leur souvenir d’Allah,
et la pluie descend avec leurs invocations. Qu’Allah soit satisfait
d’eux et qu’Allah soit satisfait de nous à cause d’eux.[222]
Imam Abou Ishaq al-Chatibi al-Maliki (d.790)
L’un des savants fondamentaux d’Ousoul
al-fiqh ou la méthodologie de loi dont les livres comme ceux
d’al-Ghazali, sont requis dans ce champ, il a mis un grand accent sur
l’exigence de la complète connaissance et l’érudition de la Langue
Arabe, et non seulement la compréhension correcte pour ceux qui
pratiquent l’ijtihad. Dans son livre al-Mouwafaqat fi ousoul al-chari`a
(Les harmonies des sources de la Loi Divine) il supporte que le language
du Coran et de la Sunna est la clé de la compréhension de tel savant,
et que l’ijtihad de toute personne déficiente à cet égard n’était pas
acceptée. Dans la mesure où l’opinion du moujtahid est une houjja ou une
preuve pour le commun des gens, ce degré d’autorité nécessite un accès
direct aux sources et une pleine compétence en Arabe.[223]
Il écrit dans son livre al-I`tissam:
Plusieurs des ignorants pensent que les
Soufis sont détendus dans la Chari`a. Loin d’eux de telles fausses
croyances qui leurs sont attribuées! La première fondation de leur voie
est la Sunna et d’éviter tout ce qui s’y oppose!
Leur élite porte-parole et maître de
leurs voies et le pilier de leur groupe, Abou al-Qassim al-Qouchayri,
déclara qu’ils acquièrent le nom de tassawwouf en vue de se dissocier
des Gens d’Innovation.Il mentionna que les Musulmans les plus
honorables, après le Prophète, ne se donnèrent pas, en leur temps,
d’autre titre que Compagnons, car il n’y a pas de mérite au-dessus de
celui d’être un Compagnon – ainsi ceux qui leur succédèrent furent
appelés Successeurs. Après cela, les gens différèrent et la disparité
des niveaux devint plus apparente parmi eux. Les élites parmi ceux dont
la prudence dans la croyance fut observée comme intense furent ainsi
appelées zouhhad et `oubbad. En conséquence, toutes sortes d’innovations
firent leur apparution, et les élites d’Ahl al-Sunna qui observèrent
leurs obligations envers Allah, et préservèrent leur cœur de
l’insouciance devinrent uniques en leur genre sous le nom de tassawwouf.
Considère ceci, et tu réussiras. Et Allah est Savant.[224]
Ibn Khaldoun (d.808)
Ibn Khaldoun dit dans son fameux Mouqaddima:
Le tassawwouf est l’une des dernières
sciences de Loi dans la communauté Islamique. La fondation du tassawouf
cependant, est plus ancienne (comme cela a été vu dans les faits) que
ces gens et leur voie a été présente parmi les Salaf et parmi les
Compagnons les plus avancés et parmi leurs Successeurs, leur voie est la
voie de la vérité et de la guidance.
La fondation de la voie des Soufis est
l’auto-contrainte dans le monde et une totale dépendance en Allah;
l’auto-privation des plaisirs, de l’argent, et de titre, de l’avis de la
majorité des savants, et l’isolement des créatures dans la retraite et
la dévotion dans l’adoration.
Tous ces aspects furent répandus parmi
les Compagnons et les Salaf, mais avec l’envahissement de la mondanité
au cours du deuxième siècle et le siècle suivant, de même que
l’inclinaison des gens envers le monde, ceux qui restèrent attachés à
l’adoration furent connus sous le nom de Soufis.[225]
Imam al-Sakhawi (d.902)
Le disciple le plus en vu d’Ibn Hajar
al-`Asqalani et un grand juriste, historien, et un maître de hadiths,
Chams al-Din Mouhammad ibn `Abd al-Rahman al-Sakhawi, comme Taqi al-Din
al-Soubki et al-Souyouti, il appartenaient à l’ordre Chadhili fondé par
Abou al-Hassan al-Chadhili, et représenté par le grand Maître Maliki Ibn
`Ata' Allah dont cinq des travauxfurent transmis par al-Sakhawi aux
futures générations, y compris le Hikam du commentateur Chadhili Ahmad
Zarrouq (d.899).
Dans sa biographie intitulée al-Daw'
al-lami, des gens fameux de son époque, dont al-Sakhawi, révèle que son
père Zayn al-Din `Abd al-Rahman ibn Mouhammad (d.874) était un Soufi né
au Caire d’une grande piété, et un membre de la communauté Soufie
Baybarsiyya où Ibn Hajar, le professeur de Sakhawi, enseigna pendant
quarante années.[226]
Dans la section de son al-Jawahir
al-moukallala fi al-akhbar al-moussalsala consacrée à la transmission de
hadiths à travers des chaînes exclusivement de narrateurs Soufis,
Sakhawi déclare qu’il a reçu lui-même la voie Soufie de Zayn al-Din
Ridwan al-Mouqri' au Caire[227]. Dans la même œuvre Sakhawi mentionne
aussi plusieurs de ses maîtres et disciples de hadiths qui furent
Soufis. Voici les noms de quelques-uns d’entre eux, avec les mots qu’il
utilisa pour les décrire dans l’oeuvre bibliographique al-Daw' al-lami`:
Abou Bakr ibn Mouhammad al-Hichi
al-Halabi al-Chafi`i (n.848), le chef des Soufis Bistamiyya à Aleppo, la
source mère de l’ordre Soufi Naqshbandi affilié à Abou Yazid
al-Bistami. Il passa deux ans à Macca avec Sakhawi, qui lui offrit une
ijaza ou autorisation d’enseigner. Dans cette ijaza Sakhawi l’appelle:
"Notre maître, le talentueux Imam des mérites de guidance, l’Educateur
des Mourids (disciples dans la voie Soufie), le Pilier des Pèlerins de
la voie Soufie, le Noble Abou Bakr al-Hichi al-Halabi, qu’Allah le
préserve et bénisse ses gracieux prédécesseurs (c’est-à-dire la chaîne
de ses cheicks dans la voie Soufie), et qu’Allah nous gratifie de même
que tous les Musulmans de leurs bénéfices."[228]
Badr al-Din Houssayn ibn Siddiq
al-Yamani al-Ahdal (d.903): al-Sakhawi lui donna une ijaza compréhensive
lui permettant d’enseigner tous ses livres.[229]
Abou al-Fath Mouhammad ibn Abi Bakr
al-Madani al-Maraghi (d.859): Sakhawi étudia le hadith sous son
autorité. Il fut recteur de deux khaniqas au Caire, le Zamamiyya et le
Jamaliyya. Il mena une vie de retraite (spirituelle) et rédigea un
commentaire sur le manuel de Loi de Nawawi, Minhaj al-talibin, et un
résumé du Fath al-bari d’Ibn Hajar. Dû au fait qu’il ait défendu Ibn
`Arabi, il fut assassiné devant la Ka`ba par un fanatique.[230]
Taqi al-Din Abou Bakr ibn Mouhammad
al-Qalqachandi (d.867) aussi appelé `Abd Allah. Il reçu le khirqa ou
manteau d’autorité au Caire. Il est dit avoir lu entièrement Sahih
al-Boukhari en trois jours quand il était à la Mecque. Il vécu à
al-Qouds, où al-Sakhawi le rencontra et étudia le hadith avec lui.[231]
Thiqat al-Din Abou al-`Abbas Ahmad ibn
Mouhammad al-`Ouqbi (d.861). Il enseigna le hadith et le tajwid à la
Mecque où Sakhawi étudia sous son autorité.[232]
Kamal al-Din Mouhammad ibn `Abd al-Wahid
al-Sikandari al-Sawassi (d.861). Il fut un maître de toutes les
sciences et enseigna à la Madrassa al-Achrafiyya au Caire, ensuite, il
dirigea la khaniqa Soufie Chaykhouni. Il fut l’auteur de plusieurs
livres.[233]
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Ali
al-Houssayni al-Qahiri al-Chafi`i al-Soufi (d.876). Le juge adjoint de
Mouhawi au Caire, disciple d’`Izz al-Din ibn Jama`a, de Jala al-Din
al-Boulqini et plusieurs autres; aussi un ami et un disciple du maître
de Sakhawi, Ibn Hajar dont il publia par deux foix l’œuvre Fath al-bari.
Professeur de fiqh et de hadiths, il rédigea un résumé du Kitab
al-ansab d’Ibn Athir. Il fut un vieux connaisseur du père de Sakhawi, en
conséquence il traita Sakhawi «avec un respect remarquable.» Il était
l’un des dix disciples auquel Ibn Hajar légua son autorisation
d’enseigner les hadiths.[234]
Abou Khalid Mouhammad ibn Abi Bakr
al-Jibrini (d.860). Il était un auteur, un archer, un cavalier et un
cheick Soufi à la zawiya de Jibrin, al-Sakhawi il le rencontra et étudia
le hadith sous son autorité. Sakhawi dit de lui: «Il était beau,
modeste, généreux, courageux, doté d’une force spirituelle et d’une
virilité dans la succession des cheicks de la vraie majesté.»[235]
Zaki al-Din Abou al-`Abbas Ahmad ibn
Mouhammad al-Ansari al-Khazraji al-Sa`di al-Mouqri' al-Soufi (d.875). Un
associé d’Ibn Hajar et un auteur prolifique, il écrivit une
autobiographie s’étendant sur plus de quinze volumes, alors que Sakhawi
dit qu’il était inaffecté, sympathique, facilement en larmes et rapide
en répliques.[236]
Thiqat al-Din Abou `Ali Mahmoud ibn Ali
al-Soufi al-Khaniki (d.865). Il naquit et grandit dans la Khaniqa
al-Siryaqoussiyya du Caire où il enseigna tard dans sa vie. Il passa
l’âme à la Mecque alors qu’il faisait le pèlerinage.[237]
Abou al-Faraj `Abd al-Rahman ibn Khalil
al-Dimachqi al-Soufi (d.869). Il était un Mouhaddith. Al-Sakhawi étudia
sous son autorité au Caire et à la Mosquée Oumayyad à Damas.[238]
Jalalal-Din al-Souyouti (d.911)
Cheick al-Islam al-Souyouti, le Raviveur
du Huitième siècle Islamique et l’Imam Moujtahid dit dans son livre sur
le tassawwouf intitulé Ta'yid al-haqiqa al-`aliyya wa-tachyid al-tariqa
al-chadhiliyya (Le maintien de la haute vérité et le soutien de la voie
Chadhili):
Le tassawwouf en lui-même est une
honorable connaissance. Il explique comment suivre la Sunna du Prophète
et éviter l’innovation, comment purifier l’égo… et se soumettre
réellement à Allah…
J’ai observé les problèmes au sujet
desquels les Imams de la Chari`a ont critiqué les Soufis, et je n’ai pas
vu un seul vrai Soufi coupable de telles critiques. Au contraire, ces
propos sont tenus par les gens d’innovation et les extrémistes qui se
sont revendiqués les titres de Soufis alors qu’en réalité ils ne le sont
pas…
Poursuivre la science des cœurs, la
connaissance de ses maladies dont la jalousie, l’arrogance, la fierté,
et les abandonner est une obligation qui incombe à tout Musulman.[239]
Zakariyya ibn Mouhammad Ansari (d.926)
Cheick al-Islam Zakariyya Ansari fut
connu comme le Cheick des Cheicks. Il était un maître de hadiths, juge
et un exégète du Coran. Il était le professeur de Cheick al-Islam Ibn
Hajar al-Haytami et fut auteur de plusieurs livres sur le tassawwouf, y
compris un commentaire sur la Rissala de Qouchayri dont on fit plusieurs
éditions.
Dans son commentaire sur Qouchayri, Ansari donne les définitions suivantes pour le tassawwouf:
¨Le tassawwouf est l’abandon du
délibérément. Il est aussi dit: ¨C’est le gardien des sens et le souci
de chaque respiration; aussi, c’est la complète sincérité dans la
progression vers le Roi des Rois; aussi, c’est la dévotion d’effectuer
des bonnes œuvres et d’éviter les défauts; et autres explications… Le
soufiyya ou les Soufis sont ainsi appelés à cause de la Vérité à
laquelle – Allah – les a rendu purs (safahoum) et les a favorisés sans
réserve (akhlassa lahoum al-ni`am) à travers ce qu’Il leur a permi de
regarder au-dessus.[240]
Ibn hajar al-Haytami (d.974)
Cheick al-Islam Ibn Hajar al-Haytami
était un élève de Zakariyya al-Ansari. Comme déà mentionné, il
représente la plus importante ressource de jugement légal (fatwa) dans
la dernière école Chafi`i. Il fut une fois questionné au sujet des
statuts légaux de ceux qui critiquent les Soufis. Y a-t’il une raison
pour de telles critiques? Il répondit dans son Fatawa hadithiyya:
Il est obligatoire pour toute personne
dotée d’esprit et de foi de ne pas tomber dans le piège de critiquer ce
groupe (les Soufis), car c’est un poison mortel, comme cela a été
attesté dans la passé et récemment.[241]
Parmi plusieurs autres écrits sur le
même sujet, il donna une importante fatwa disant: «Quiconque nie,
rejette, ou désapprouve les Soufis, Allah ne lui rendra pas sa
connaissance bénéfique.» Voici ci-dessus le texte complet de cette
Fatwa:
Notre Cheick, le savant gnostique
(`arif) Abou al-Hassa al-Bakri (d.952) me dit, sur l’autorité du cheick
et savant Jamal al-Din al-Sabi mot pour mot – et il est l’un des
étudiants les plus distingués de notre Cheick Zakariyya al-Sabiq
(al-Ansari), qu’al-Sabi avait l’habitude de critiquer la voie de
l’honorable Ibn al-Farid. Une fois, al-Sabi vit en rêve le Jour du
Jugement, et il transportait un fardeau qui l’épuisa, ainsi il entendit
quelqu’un dire: «Où est le groupe d’Ibn al-farid?» Il dit:
J’avançai dans l’espoir d’entrer avec
avec eux, mais on me dit: «Tu n’es pas l’un d’eux, retourne.» Lorsque je
me réveillai, j’eus extrêmement peur, et je ressentis du regret et du
chagrin, alors je me repentis à Allah d’avoir rejeter la voie d’Ibn
al-Farid, et je renouvellai mon engagement à Allah, puis je retournai en
la croyance qu’il (Ibn al-Farid) est l’un des awliya – saints et amis –
d’Allah. L’année suivante et au cours de la même nuit, je fis le même
rêve. J’entendis dire: «Où est le groupe d’Ibn al-Farid? Laissez-les
entrer au paradis.» Alors, je m’avançai avec eux et il fut dit: «Entre,
car tu es maintenant l’un d’eux.»
Examine cette affaire très attentivement
parce qu’elle vient d’un homme de savoir de l’Islam. Il apparait – et
Allah est Savant – que c’est à cause de la baraka ou la bénédiction de
son cheick Zakariyya al-Ansari qu’il a vu le rêve qui lui a fait changer
d’avis. Autrement, combien de leurs opposants ont été laissés dans leur
aveuglement, jusqu’à ce qu’ils se trouvent en perdition et en
destruction!
Si tu demandes: «Certains éminents
savants, le dernier étant al-Biqa`i et ses disciples, et autres dont
toi-même fait parti (c’est-à-dire al-Haythami) qui vous avez étudié avec
les Soufis, et pourtant les avez désapprouvés (les Soufis), pourquoi
alors préfèrez-vous cette voie par-dessus les autres?
Je répond: J’ai préféré cette voie pour un certain nombre de raisons, parmi lesquelles:
Ce que Notre cheick a mentionné dans
Charh al-rawd sur l’autorité de Sad al-Din al-Taftazani (d.791),[242] le
télescope de l’Islam, le chevalier de son champ, le nettoyeur des
signes de l’obscurantisme… que ce dernier dit, répondant à la
déclaration d’Ibn al-Mouqri: «Quiconque doute de la mécréance (koufr) du
groupe d’Ibn al-Arabi est lui-même un mécréant»: «La vérité est qu’Ibn
al-`Arabi et son groupe sont les élites de la Umma, et al-Yafi`i, ibn
`Ata' Allah, et les autres ont clairement déclaré qu’ils considèrent Ibn
al-`Arabi comme un wali, et que le language que les Soufis utilisent
est vrai parmi les experts de son usage, et que le gnostique (`arif),
lorqu’il devient complètement absorbé dans l’océan de l’Unité, pourrait
faire certaines déclarations qui sont passibles de mauvaises
interprétations comme incarnation (houloul) et union (ittihad), alors
qu’en réalité il n’y a ni incarnation ni union.»
Il a été clairement dit par nos Imams
dont al-Rafi`i dans son livre al-`Aziz, et al-Nawawi dans al-Rawda,
al-Majmou, et autres que: «Lorsqu’un moufti est questionné au sujet
d’une phrase qui a une connotation de mécréance, il ne doit pas
immédiatement décider que l’auteur soit mis à mort ni donner la
permission de faire couler son sang. Au contraire, qu’il dise: ¨Le
coupable doit être questionné pour savoir ce qu’il veut dire par sa
déclaration, et il doit écouter son explication, ensuite agir en
conséquence.» Gardes ces directives – qu’Allah te guide! -- et tu verras
que les nieurs qui attaquèrent ce grand Imam (Ibn `Arabi) et établirent
positivement sa mécréance sont sur des montures aveugles, et trébuchent
comme un chameau affecté de trouble de vision. En vérité, Allah leur a
ôté la vue et l’ouie jusqu’à ce qu’ils s’effondrent ce qui leur causa
d’être mépriser et rendit leur connaissance sans bénéfice.
Leur grande connaissance et totale
renonciation à ce monde et à rien d’autre, sauf Allah, témoignent de
leur innocence de ces terribles accusations; alors nous préférons
rejeter de telles accusations parce que leurs déclarations sont des
réalités vraies dans la voie qui les expriment. Leur voie ne peut être
niée sans connaître le sens de leurs déclarations et les expressions
qu’ils utilisent, ensuite les appliquer à leurs significations et voir
si elles sont assorties ou non. Nous remercions Allah que tous leurs
opposants soient ignorants dans ce genre de connaissance, comme aucun
d’eux n’a maîtrisé les sciences du dévoilement (moukachafat), ou même
l’a sentie à distance; ni aucun d’eux ne suit sincèrement l’un des
awliya afin qu’il puisse maîtriser leur terminologie.
Si tu t’objectes disant: Je désapprouve
que leurs expressions s’appliquent à une réalité plutôt qu’être des
phrases méthaphoriques, alors montre-moi quelque chose de plus
compréhensif que les explications qui ont été données!
Je dis: Rejeter cela est un entêtement.
Admettons que tu désapprouves ce que j’ai mentionné, la façon correcte
d’établir l’objection est de dire: «Cette déclaration pourrait être
interprétée de plusieurs manières,» et procéder à l’explication; ne dite
pas: «Si cela signifie ceci, alors… et s’il signifie cela, alors…»[243]
et affirmer dès le début que «Ceci est koufr»! Cela est de l’ignorance
et va au-delà des limites du nassiha ou du bon conseil qui a été
revendiqué par la critique.
Ne vois-tu pas que si la réelle
motivation d’Ibn al-Mouqri était de prodiguer de bons conseils, il
n’aurait pas exagéré en disant: «Quiconque a un doute dans la mécréance
du groupe d’Ibn al-`Arabi, est lui-même un mécréant»? Ainsi il élargit
son jugement dans sa considération des disciples d’Ibn al-`Arabi de
mécréants à toute personne qui avait un doute sur leur mécréance.
Regarde ce fanatisme qui dépasse toutes les bornes et qui s’écarte du
consensus des Imams, et va très loin jusqu’à accuser toute personne qui
doute de leur koufr. «Gloire à Toi, ceci est une énorme calomnie!»
(24:16) «Quand vous colportez la nouvelle avec vos langues et dites de
vos bouches que vous n’avez aucun savoir, et vous le comptez comme
insignifiant alors qu’auprès d’Allah cela est énorme» (24:15).
Note aussi que ce que sa déclaration
suggère est que c’est une obligation pour la Nation entière de croire
qu’Ibn al-Arabi et ses disciples sont des mécréants, autrement, ils
seront tous déclarés de mécréants – et personne ne pense de cette
manière. Effectivement, cela pourrait conduire à quelque chose
d’interdit que lui-même déclara clairement dans son livre al-Rawd quand
il dit: «Quiconque accuse un Musulman d’être un mécréant sur la base
d’un péché qu’il a commis et sans chercher à l’interpréter
favorablement, a commis lui-même une mécréance.» Et voici, qu’il accuse
un groupe entier de Musulmans de mécréants. En plus, aucune
considération ne doit être portée à son interprétation, parce qu’il
donne seulement le genre d’interprétation qui va à l’encontre de ceux
qu’il critique, à cause de ce que leurs mots ont eu une comme impression
sur lui.
En ce qui concerne ceux qui considèrent
les mots d’Ibn al-Arabi et des Soufis comme une lumière pure et croient
en leur sainteté – comment alors un Musulman peut-il les attaquer en les
accusant de mécréance? Personne n’oserait faire cela à moins qu’elle
accepte la possibilité d’être appelée, elle-même, mécréante. Ce jugement
reflète une grande portée de fanatisme, et une agression contre presque
tous les Musulmans. Nous demandons à Allah, à travers Sa Miséricorde,
de pardonner à celui qui l’a proféré.
Il est rapporté à travers plus d’une
source et cela était bien connu de chacun que quiconque s’oppose aux
Soufis, Allah ne lui rendra pas Sa Connaissance bénéfique, et il sera
affligé de la pire et répugnante maladie, et nous avons vu cela arriver à
plusieurs nieurs. Par exemple, al-Baqa`i (d.885), qu’Allah lui
pardonne, était l’un des savants les plus distingués avec plusieurs
actes d’adoration. Il était doté d’une intelligence exceptionelle et
d’une excellente mémoire dans toutes sortes de connaissance,
spécialement dans les sciences d’exégètes et de hadiths, et il écrivit
plusieurs livres, mais Allah ne lui permit pas de bénéficier de ce
savoir. Il rédigea aussi un livre sur Mounassabat al-Coran s’étendant
sur dix volumes, dont le contenu est compréhensif seulement aux élites,
et le reste passa inaperçu. Si, ce livre avait été écrit par notre
Cheick Zakariyya ou par quiconque croyant (aux awliyya), il aurait été
écrit avec de l’or, parce qu’en fait, il n’a pas d’égal car «Nous
accordons abondamment à tous, à ceux-ci comme à ceux-là, des dons de ton
Seigneur. Et les dons de ton Seigneur ne sont refusés à personne»
(17:20).
[Al-Baqa`i est l’auteur, parmi d’autres,
d’une attaque cruelle contre le tassawwouf et les Soufis, intitulée
Masra`al-tassawwouf aw tanbih al-ghabi ila takfir Ibn `Arabi wa-tahdir
al-`ibad min ahl al-`inad (La destruction du tassawwouf, ou:
L’avertissement des ignares concernant la déclaration de la mécréance
d’Ibn `Arabi et la prudence des serviteurs d’Allah contre les Gens
Bornés).]
Al-Baqa`i continua dans son attitude
extrême dans son rejet et écrivit d’autres livres à ce sujet, tous
clairement et excessivement fanatiques et déviant du droit chemin. Mais,
ensuite, il paya pleinement et même plus pour son action, car il fut
pris sur l’action en plusieurs occasions et fut jugé de mécréant
(kafir). Il fut établi que son sang coule, et il fut tout près d’être
exécuté, mais il demanda l’aide et la protection de quelques personnes
d’influence qui le sauvèrent de ce sort, et il fut envoyé à Salihiyya,
en Egypte pour se repentir et renouveller son Islam. Au cours de cette
dernière occasion, il fut questionné «Que désapprouves-tu exactement en
Cheick Mouhiyyiddin (Ibn `Arabi)?» Il répondit: «Je ne l’approuve pas
sur certains passages, environ quinze ou moins, dans son livre
al-Foutouhat.»
Prends en considération cet individu qui
se contredit lui-même à travers ses livres, où il mentionne qu’il
s’oppose à plusieurs parties d’al-Foutouhat et déclare qu’ils
constituent de la mécréance: y a t-il d’autres raisons à celles-ci que
le fanatisme? Il avait quelques célèbres disciples qui écoutaient ses
discours et y croyaient, parmi lesquels certains de mes cheicks, mais
ils n’ acquirent aucune vraie connaissance, parce que certains n’ont pu
réussir à rédiger des livres, pendant que d’autres en firent sur le fiqh
égalant les livres de Sa`d al-Din al-Taftazani et d’autres dans leur
éloquence, la beauté de leur style et l’excellence de leur diction, mais
personne ne leur porta attention ou même les mentionna, au contraire
les gens les ignorèrent.
Il m’est arrivé de constater avec l’un
d’entre eux, lorsque j’étudiais sous son autorité, qu’il commençait à
avoir des difficultés à respirer, et je ne savais pas en ce temps-là
qu’il s’opposa aux Soufis. Au cours d’une de ses séances, le nom de
Cheick `Oumar Ibn al-Farid, qu’Allah sanctifie son secret, fut
mentionné, et il fut questionné: «Que penses-tu de lui?» Il dit: «Il est
un grand poête»; ensuite il fut questionné, «et quoi de plus après
cela?» Il dit: «Il est un kafir.» Alors je pris congé de lui, et je
revins plus tard pour lui lire quelque chose, et je l’examinai
attentivement pour voir s’il s’était répenti, mais je l’ai trouvé
sérieusement malade et opprimé dans sa respiration au point qu’il fut
près de la mort. Je lui dis: «Si tu crois en Ibn al-Farid (c’est-à-dire à
son Intimité avec Allah), je te garanti qu’Allah te guérira de ta
maladie.» Il dit: «Je suis dans cette condition depuis des années.» Je
dis: «Cela n’a pas d’importance». Il dit, «D’accord, je le ferai,» après
cela, il commença à se sentir de mieux en mieux. Un jour, alors que je
marchais avec lui, essayant de corriger sa doctrine (`aqida), il me dit:
«En ce qui concerne cet homme, je ne le juge pas d’être un kafir, mais
en ce qui concerne ses discours, ils contiennent du koufr.» Je dis: «De
deux mauvaises actions, une de moins,» après cela j’arrêtai d’étudier
sous son autorité, et cette maladie demeura avec lui, mais plus tard il
se porta relativement bien par rapport à précédemment.
L’un des disciples d’al-Baqa`i, le
savant Cheick Nour al-Din Al-Mahalli, avait aussi l’habitude de dire «En
ce qui concerne cette personne, je ne le juge pas d’être un kafir, mais
en ce qui concerne ses dires, ils contiennent du koufr.»
[Ce recours à «Un mal ôté de deux» est
la caractéristique des "Salafis" d’aujourd’hui, qui n’hésitent pas à
appliquer la mécréance aux Soufis, globalement et individuellement;
ensuite lorqu’ils sont réprimandés pour leur action répréhensible, ils
répondent: «Je ne les juge pas d’être kafir, mais leurs dires
contiennent du koufr»! Comme Haytami le dit, critiquer les Soufis est un
poison mortel et un écueil qui endommage de manière irrémédiable notre
croyance, et nous demandons à Allah de nous en protéger.]
Si tu poses la question: Allah n’a-t’Il pas rendu bénéfique la connaissance de certains des ennemis des Soufis?
Je dis: ¨Il y a deux groupes d’ennemis:
dans le cas de ceux que nous avons mentionnés, leur intention n’était
pas de donner de purs conseils aux Musulmans, mais du fanatisme pur,
voilà pourquoi ils croyaient en tout ce qu’ils croyaient. Ils étaient
envahis par un genre de désir et d’envie d’être différent de leurs
contemporains, en vue de se distinguer d’eux aux moyens de ces choses
peu communes et d’avoir la réputation qu’ils désapprouvent toutes sortes
d’actions répréhensibles sans avoir peur de personnes, et ce genre
d’intentions corrompues ne contient pas la moindre portion de
sincérité.[244]
`Abd al-Wahhab al-Cha`rani al-Hanafi (d.973)
Un savant Hanafi de fiqh comparatif et
auteur de plusieurs œuvres sur la Loi et le tassawwouf, dont al-Tabaqat
al-koubra dans lequel il écrit, comme cité dans `Oumdat al-Salik:
La voie des Soufis est basée sur le
Coran et la Sunna et elle est basée sur la vie en conformité avec la
morale des Prophètes et des Purifiés. Elle ne doit pas être blâmée à
moins qu’elle viole une déclaration explicite du Coran, de la Sunna ou
du consensus des savants. Si, elle ne contredit pas l’une de ces
sources, le plus que l’on peut dire est qu’elle est une compréhension
qui a été offerte au Musulman, alors laissez quiconque souhaite s’y
embarqué et quiconque ne veut pas s’en abstenir, cela étant vrai autant
pour les travaux comme pour la compréhension. Ainsi, aucun prétexte
n’existe pour la condamner sauf pour quelqu’un qui a une mauvaise
opinion des autres ou interprète comme ostentation ce qu’ils font, ce
qui est interdit.
Quiconque examine minutieusement les
branches de la connaissance des Gens d’Allah Le Très Haut, trouvera
qu’aucun d’eux ne va au-delà de la Loi Sacrée. Comment peuvent-ils aller
au-delà de la Loi Sacrée alors que c’est la loi qui relie les Soufis à
Allah à tout moment? Au contraire, la raison des doutes de quelqu’un qui
n’est pas familier avec la voie des Soufis qui est l’essence même de la
Loi Sacrée est que cette personne n’a pas profondement maîtrisé la
connaissance de la loi. Voilà pourquoi Jounayd (qu’Allah Le Très Haut
lui fasse miséricorde) dit: «Cette connaissance qui est la nôtre est
basée sur le Coran et la Sunna,» en réponse à ses contemporains et
autres qui imaginent qu’elle est en-dehors des limites du Coran et de la
Sunna.
Le Groupe de manière unanime reconnait
que nul ne peut enseigner dans la voie d’Allah Tout-Puissant et Majesté
sauf une personne dotée d’une maîtrise de la Loi Sacrée, qui connait ses
règles explicites et implicites, quelles sont ses applications
générales et quelles sont ses applications particulières, quelles sont
celles qui abrogent les autres et quelles sont celles qui sont abrogées.
Il doit avoir aussi une forte compréhension de l’Arabe, être familier
avec ses modes figuratifs et comparatifs, etc… Ainsi, tout Soufi est un
savant de la Loi Sacrée, quoique l’inverse n’est pas toujours vraie.
En résumé, personne ne nie les états des
Soufis sauf quelqu’un d’ignorant de la voie. Qouchayri dit, «Aucune
époque de la période Islamique n’a eu de vrai cheick de ce groupe sans
que les Imams et les savants de ce temps s’en remettent à lui, lui
montrent de l’humilité, et le visitent pour le bénéfice de sa grâce
spirituelle (baraka). Si le Groupe n’avait pas de supériorité ou de
fiabilité, le problème aurait été autrement.»[245]
Moulla `Ali al-Qari (d.1014)
L’un des grands maîtres Hanafi de
hadiths et des Imams de fiqh, de commentaires du Coran, de language,
d’histoire de tassawwouf, il fut l’auteur de plusieurs grands
commentaires dont al-Mirqat sur Michkat al-massabih en plusieurs
volumes, une série de deux volumes de commentaires sur al-Chifa' de Qadi
`Iyad, et deux volumes de commentaires sur la version abrégée du Ihya
de Ghazali intitulé `Ayn al-`ilm wa zayn al-hilm (La fontaine de
connaisance et la décoration de la compréhension). Son livre
d’invocations prophétiques, al-Hizb al-a`zam (Le suprême dhikr
journalier) forme la base du célèbre manuel de dhikr de l’Imam
al-Jazouli, Dala'il al-khayrat, qui avec le Coran sont récités
quotidiennement par les pieux Musulmans à travers le monde entier.
Il écrivit dans l’avant-propos de son commentaire sur Ghazali:
J’écrivis ce commentaire sur la version
de l’abrégée du Ihya' `ouloum al-din de la Preuve de l’Islam et la
Confirmation des Créatures espérant recevoir quelques miséricordes
émanant des mots des plus purs connaisseurs d’Allah, et de bénéficier
des dons qui se dégagent des pages des Cheicks et des Saints, afin que
je puisse être compté parmi eux et être élevé dans leur assemblée, même
si je suis petit dans leur poursuite et leur service, car je compte sur
mon amour pour eux et je me contente de mon grand désir pour eux.[246]
Sur l’obligation de chercher à purifier le cœur il écrivit:
Les plus grands des grands (al-akabir)
ont lutté pour prier seulement deux rak`at sans converser avec leur égo
au sujet de dunya au milieu de leur prière, et ils furent incapable de
le faire. Nous n’avons même pas alors une telle ambition. L’un pourrait
sauvé seulement la moitié de sa prière, ou seulement le tiers, des
chuchotements et le passage des pensées circulant à travers l’esprit. Il
est comme celui qui mélange le bon et le mauvais, comme un verre rempli
de vinaigre dans lequel on verse de l’eau: inévitablement le vinaigre
est déversé en proportion de l’eau versée et les deux quantités ne
coexistent jamais. Nous demandons le secours d’Allah![247]
Le dernier chapître du commentaire de
Qari sur Ghazali, peut-être le plus important du travail, est dévoué aux
explications par Qari et par Ghazali du verset «Si vous aimez Allah,
suivez-moi, et Allah vous aimera!» (3:31) et est réminescent au Kitab
sad maydan d’al-Harawi sur le même topic. Dans ce livre, Qari cite
al-Hassan al-Basri disant: «Quiconque (sincèrement) connait son Seigneur
L’aime, et quiconque (sincèrement) connait le monde y vit sans s’en
attacher.» Qari commence le chapître avec un avertissement que les
divers états spirituels de l’amour d’Allah décrit par les Soufis dans
leur terminologie, tous proviennent de la source Coranique et il n’est
pas permis de les nier à moins que l’on renie la source elle-même:
L’amour et la discipline de la voie
(al-mahabba wa al-soulouk) signifient la voie de l’amour et de plein
désir, et quiconque ne mesure pas son verre de l’océan du gnostisme ne
connait pas la réalité de l’amour, même si le genre, les exemples et les
terminologies sont différentes. L’amour n’a pas d’autre sens que
l’exhortation à l’obéissance, et quiconque nie l’amour nie la
familiarité (ouns), la passion (chawq), le goût (dhawq), l’effacement
(mahou), la clarté (sahou), l’extinction (fana'), la subsistance
(baqa'), la contraction (qabd), l’expension (bast) et toutes les
caractéristiques de l’amour et du grand désir, et le reste des stations
des gens de la Gnose.[248]
Ibn `Abidin al-Hanafi (d.1252)
Surnommé le Seau des savants
Auto-accompli (khatimat al-mouhaqqiqin), le grand savant et faqih Ibn
`abidin dit dans sa fatwa sur la permissibilité du dhikr audible en
assemblée intitulé Chifa' al-`alil wa ball al-ghalil fi houkoum
am-qassiyya bi al-khatama wa al-tahalil:
L’Imam des Deux Groupes (Soufis et
fouqaha'), notre maître al-Jounayd fut questionné: «Un certain groupe de
gens se livrent en wajd ou comportement extatique, et se balancent avec
leur corps?» Il répondit: «Laissez-les dans leur joie avec leur
Seigneur. Ils sont ceux dont les affections ont été fracassées par la
voie et dont les poitrines ont été déchirées par l’effort, et qui sont
incapables de le supporter. Il n’y pas de blâme sur eux s’ils respirent
un moment en guise de remède pour leur état intense. Si vous goûtiez à
ce qu’ils goûtent, vous leur pardonneriez leur cri»…
Les disciples dans cette Voie
n’entendent de nul part sauf de la Présence Divine, et ils n’aiment rien
sauf Lui. Lorsqu’ils se souviennent de Lui, ils pleurent, et lorsqu’ils
Le remercient ils sont joyeux; lorsqu’ils Le trouvent ils poussent des
cris, et lorsqu’ils Le témoignent ils sont tranquilles; lorsqu’ils
marchent en la Présence Divine, ils fondent; … certains d’entre eux sont
ivres avec Ses bénédictions et perdent leur contrôle…
Leur assemblées de dhikr et de récital
(sama`) donnent des fruits de connaissance divine et de réalités
spirituelles qui ont lieu seulement sur l’écoute de la description
d’Allah, des exhortations à la sagesse, et aux louanges au Prophète.
Nous n’avons aucun mot de reproche envers ceux qui les suivent dans leur
méthode et trouvent en eux-même les expressions du désir passionnant
(`ichq) pour les caractéristiques d’Allah de certains de leur
états.[249]
Abou al-`Ala' al-Mawdoudi (d.1399)
Le plus grand penseur Islamique
contemporain du sous-continent Indien et auteur d’un commentaire du
Coran en Ourdou et en Anglais; il écrivit dans son Mabadi' al-islam (Les
Principes de l’Islam):
Le fiqh s’adresse seulement aux action
externes: les as-tu performées selon ce qui est recommandé? La condition
de ton cœur n’est pas prise en considération. Quant à la science qui
tient compte des états du cœur et ses conditions: c’est le tassawwouf.
Les questions posées par le fiqh sont: As-tu fini correctement ton
ablution? As-tu prié en direction de la Qibla? As-tu rempli les piliers
de la prière? Si tu as fait tout ceci, ta prière est correcte selon les
règles du fiqh. En ce qui concerne le tassawwouf, il pose des questions
au sujet de ton cœur: Est-ce-que tu t’es repenti et est-ce-que tu t’es
dirigé vers ton Seigneur dans ta prière? As-tu vidé ton cœur des
préoccupations de ce monde dans ta prière? As-tu prié dans la peur
d’Allah et sachant qu’Il te voit et t’entend?… Si tu as fait tout ceci
et autres, alors ta prière est correcte selon le tassawwouf, dans le cas
contraire, elle est déficiente… Le tassawwouf est l’établissement de la
Loi de l’Islam au plus haut degré de la sincérité, de la clarté de
l’intention et de la pureté du cœur.[250]
V Conclusion
Le prophète nous ordonna de suivre la
Congrégation des Musulmans lorsqu’il dit: «Vous devez suivre la
congrégation car en vérité Allah ne permettera pas au plus large groupe
de la communauté de Mouhammed de s’accorder sur une erreur» (`alaykoum
bi al-jama`a fa inna Allaha la yajma`ou ummata Mouhammadin `ala
dalala).[251] Qui sont les meilleurs exemples et représentants de la
congrégation des musulmans sinon les grands savants et Imams mentionnés
lesquels ont été intensément cités?
Pourtant, nous voyons ceux qui se
nomment eux-mêmes "Salafi" surgir et se réclamant d’être les
représentants, comme si leur usurpation du nom des pieux Salaf leur fait
connaître mieux la réalité des Salaf que les vrais savants et Imams de
cette communauté. Leur devise est : «Tous ceux qui sont apparus avant
nous sont ignorants, et la vérité est avec nous,» et ceci ne vient-il
pas de rien d’autre que de leur arrogance? Nous conseillons à tout
Musulman sincère de ne pas être dupé dans leur religion par de tels faux
éducateurs. Au contraire, il est préférable de beaucoup lire, de faire
des recherches, et d’examiner (le passé) afin de connaître la vérité et
la réalité, avec l’aide d’Allah, au sujet de la vraie doctrine et les
voies de l’auto-purification et le tassawwouf en Islam. Il est
complètement inadmissible pour les Musulmans d’être comme des
perroquets, répétant certaines phrases et condamnant d’autres sur
l’hypothèse qu’ils savent mieux que quiconque, parce qu’ils
revendiquent, «Nous sommes Salafi.» Les Musulmans connaissent leurs
savants depuis les Salaf au Khalaf et ils ne seront pas dupés par
l’étalage étiqueté d’une minorité vocale. Nous laissons cette minorité
de soi-disant «Salafi» à leur fausse pédagogie d’anthropomorphisme, de
questionnements et de condamnations des savants Musulmans, d’attaques
aux Imams de haute moralité et de foi. Nous préférons nous rallier à la
corde de l’unité qui est la corde des élites de cette Communauté parmi
les Salaf et les Khalaf qui ne forment pas deux mais un seul groupe; le
groupe sauvé.
Nous concluons cette première partie de
notre réfutation des Innovations «Salafi» concernant les Coyances et
Doctrines Islamiques Selon Ahl al-Sunna, en glorifiant Allah, le
Bienveillant, le Compatissant, et en Lui demandant de répandre
d’abondants saluts et paix sur le Maître de la Création et le Sceau des
Messagers et Prophètes, notre Maître Mouhammad, que la paix soit sur
lui, sur sa Famille et ses Compagnons; qu’Il accepte de nous, notre
intention de Le servir de la manière qui Lui plait; qu’Il supporte la
reprise de la vraie croyance des Salaf en tout lieu. Qu’ il abroge ces
fausses manifestations; qu’Il accorde la reprise de la Voie de
l’Auto-Purification, qui est la Voie de la vérité et l’Islam parfait,
aux mains de ses véritables Enseignants d’Est en Ouest, en pays
Musulmans et non-Musulmans; et qu’Il nous compte parmi ceux qui ont
«entendu et obéi,» qui ont «tenu compagnie avec les Véridiques,» qui ont
«suivi ceux qui se sont tournés vers Allah avec amour,» et qui seront
«érigés avec les saints» et «en la compagnie des Prophètes, les Plus
Véridiques, les Martyrs, et les Vertueux.»
GLOSSAIRE
A
ahkam: les règles légales.
Ahl al-bida`a wa al-ahwa': Les Gens des Innovations injustifiées et des Vains Désirs.
ahl al-sounna wa al-jama`a: Les Gens de la Voie du prophète et de la Congrégation des Musulmans.[1]
[1] Voir la section intitulée«Apostasies et Hérésies» dans notre Doctrine de Ahl al-sunna contre le Mouvement «Salafi»
[1] Voir la section intitulée«Apostasies et Hérésies» dans notre Doctrine de Ahl al-sunna contre le Mouvement «Salafi»
`aqida, pl. `aqa'id: doctrine.
awliya': saints
awrad, ahzab, adhkar: pratiques spirituelles.
`aza'im: Les strictes applications de la
loi. Celles-ci sont les modes de conduite signifiant la détermination
scrupuleuse de plaire à son Seigneur selon le modèle du Prophète.
B
bid`da: innovation blâmable;
C
chari`a: nom embraçant les principes et applications de la loi Islamique.
chouhada': martyr
D
dalil: guide
dou`a: supplication
dounya: le bas-monde, les préoccupations mondaines.
dhawq: goût.
F
fana': annihilation
faqih, pl. fouhara': savant du fiqh ou de jurisprudence, généralement «personne de connaissance.»
faqir, pl. fouqara': Soufi, lit. «pauvre.»
fatwa, pl.fatawa: décision légale.
fiqh: jurisprudence;
fitna: discorde, conflit.
G
ghayb: l’invisible.
ghawth: l’Arch-Intercesseur
H
hadith: dire(s) du Prophète, et les sciences qui s’y appliquent.
hafiz: maître de hadiths, le plus haut rang d’étude de hadiths.
haqiqi: littéral.
haqiqa: réalité
hijri: adjectif tiré de hijra s’applicant aux dates du calendrier Musulman.
haram: illicite
hawa: vains désirs
houkm, pl. ahkam: règles légales.
I
`ibadat: nom pluriel embraçant tous les actes d’adoration.
`icha': prière de la nuit.
ihsan: la perfection de la croyance et de la pratique.
ijaza: permission
ijtihad: effort personnel de raisonnement légal qualifié.
`ilm al-batin: connaissance cachée.
`ilm al-yaqin: connaissance de la certitude.
`ilm al-as-soulouk: science du voyage vers Allah.
`ilm al-ladounni: connaissance divine
imam: leader, autorité religieuse érudite.
isnad: chaîne de transmission dans un hadith ou un rapport;
istighfar: demander pardon
istinbat: dérivation (de règles légales).
J
jihad: lutte contre la mécréance de la main, la langue, et du cœur.
jihad al-nafs: la lutte contre les basses inclinations de l’égo.
joubba: robe.
K
kachf: dévoilé,vivion
kalam: théologie dialectique
karamat: pouvoirs miraculeux.
khafa: caché
khalwah: retraite (spirituelle).
khaniqah: maisons d’ hôtes, de retraite.
khalaf: les Suivants, nom général pour tous les Musulmans qui ont vécu après les trois premiers siècles.
khawarij: «Etrangers,» une secte qui
considéra comme mécréants tous les Musulmans qui ne les suivirent pas.
Le Prophète dit à leur propos comme cela est rapporté par Boukhari: «Ils
appliqueront les versets Coraniques se référant aux mécréants, aux
croyants.» Ibn `Abidin appliqua le nom khawarji au mouvement Wahhabi.[2]
[2] al-Sayyid Mouhammad Amin Ibn `Abidin al-Hanafi, Radd al-mouhtar `ala al-dourr al-moukhtar, Kitab al-Iman, bab al-boughar [Reponse au perplexe: Un commentaire sur «La Perle Choisie,» Livre de Croyance, Chapitre sur les Rebels] (Le Caire: Dar al-Tiba`a al-Misriyya 1272/1856) 3:309.
[2] al-Sayyid Mouhammad Amin Ibn `Abidin al-Hanafi, Radd al-mouhtar `ala al-dourr al-moukhtar, Kitab al-Iman, bab al-boughar [Reponse au perplexe: Un commentaire sur «La Perle Choisie,» Livre de Croyance, Chapitre sur les Rebels] (Le Caire: Dar al-Tiba`a al-Misriyya 1272/1856) 3:309.
koufr: mécréance.
M
madrassah: centre traditionel d’apprentissage
madhhab, pl. madhahib: une méthode
légale ou école de loi en Islam. Les quatres écoles de loi d’Ahl
al-Sunna sont les Hanafi, les Maliki, les Chafi`i , et les Hanbali, en
dehors desquelles réside l’égarement.
majazi: figuratif.
manhaj, minhaj: Voie, ou méthode doctrinale et juridique.
mou`amalat (pl.): nom pluriel embraçant toutes les affaires entre être humains en opposition aux actes d’adoration (`ibadat).
mou`attila: ceux qui commettent ta`til, c’est-à-dire qui dépouillent Allah de Ses Attributs.
mouhaddith: savant de hadiths.
mouhkamat: textes montrant un sens ferme et sans équivoque.
moujahid, pl. moujahidin: celui qui va en jihad.
moujassima (pl.): ceux qui commettent tajsim, attribuant un corps à Allah.
moujtahid: celui qui pratique ijtihad ou un effort personnel de raisonnement légal qualifié.
mounafiq: quelqu’un qui dissimule sa mécroyance.
mourid: chercheur (d’Allah), un disciple de la voie Soufie.
mourchid: initiateur
mouchrik, pl. mouchrikoun: quelqu’un qui associe des partenaires à Allah.
moutakallim, pl. moutakallimoun: expert en kalam.
moutachabihat (pl.): texte qui admet certaines incertitudes au sujet de leur interprétation.
mou`tazila: hérésie du troisième siècle.
N
nafs: l’égo, l’âme du moi.
Q
qalb: le cœur
qoutb: pôle spirituel
S
safa`a: pureté.
sahih: fiable et authentique, le plus haut degré d’un hadith.
salaf: les Prédécesseurs, nom général des Musulmans des trois premiers siècles.
sohbah: association, cercle, réunion
soulouk: éthiques personnelles.
sounnah: coutume ou pratique du Prophète
T
ta`til: dépouiller Allah de Ses Attributs.
tajwid: lecture du Coran.
taqlid: suivre un raisonnement légal qualifié.
tariqa: voie, spécialemnt la voie Soufie.
tassawwouf: nom collectif pour les écoles et sciences de la purification du cœur.
tawassoul: chercher un moyen;
tahwid: doctrine Islamique du monothéisme.
tawba: repentir
tawhid: connaissance de l’Unicité d’Allah
ta'wil: interprétation figurative.
tazkiyat an-nafs: purification de l’égo.
O
al-Oumma: la communuté du Prophète Mouhammad, la paix et la bénédiction d’Allah sur lui.
ouns: intimité
oussoul: principes.
W
wali': saint
wassilah: moyens
Z
zahid: ascétique
zakat: la part qui revient au pauvre
zawiya': mosquée-école
zindiq: partisan du libre-arbitre, athéiste.
zouhd: renonciation au bas-monde, l’auto-négation.
NOTE :
[1] Transmit sur l’autorité de ‘Oumar,
‘Ali, Ibn ‘Abbas, et autres. Récits rassemblés par Abou Talib al-Makki
dans le chapître intitulé “La différence entre les savants du monde et
ceux de l’au-delà” dans son Qout al-qouloub fi mou’amalat al-mahboub (Le
Caire: Matba’at al maymouniyya, 1310/1893) 1:140-141.
[2] Transmit par Ahmad avec une chaîne
valable dans Kitab fada’il al-Sahaba, ed. Wasi Allah ibn Mouhammad
‘Abbas (Mecca: Mou’assasat al-risala, 1983) 1:141 (#118).
[3] Al-Qoushayri, Risalat kitab al-sama’ dans al-Rasa’il al-qoushayriyya (Sidon et Béirut: al-maktaba al-‘asriyya, 1970) p. 60.
[4] Ahmad, Kitab al-wara’ ( Béirut: Dar al-kitab al-‘arabi, 1409/1988 ) p10.
[5] Ddhhabi ainsi cité dans Sakhawi,
al-jaahir wa al-dourar fi tarjamat cheick al-islam (al-‘asqali), ed.
Hamid ‘Abd al-Majid et Taha al-zayni (Le Caire: wizarat al-awqaf,
al-majlis al-a’la li al-shou’oun al-islamiyya, lajnah ihya’al-tourath
al-islmi, 1986) p.21-22.
[6] Voir Ibn Sa’d, Tabaqat (ed. Sachau)
7(2):83; al-‘Arousi, Nat(a’ij al-afkar al-qoudsiyya (Boulaq, 1920/1873;
et ‘Abd al-Wahhab al-Sha’rawi, al-Tabaqat al-koubra 1:57.
[7] Rapporté dans Boukhari et Muslim à travers plusieurs chaînes. Nawawi l’inclu dans sa collection de quarante hadiths (#2).
[8]Ahmad, al-Zouhd (Béirut: dar al-koutoub al-‘ilmiyya, 1414/1993) p.414,416.
[9] ‘Ilm an-Nahuo, Ilm al-‘Ajaaz, ‘Ilm
ul-Kalam, ‘Ilm at-Tawhid, ‘Ilm al-Aqida, ‘Ilm al-Qour’an, ‘Ilm al-Fiqh,
‘Ilm al-Hadith, ‘Ilm as-Sirah, ‘Ilm as-Sarf, ‘Ilm al-Bayan, ‘Ilm
at-Tafsir, ‘Ilm al-Tajwid, ‘Ilm al-Tartil, ‘Ilm at-Tassawwouf ou ‘Ilm
oul-Ihsan, ‘Ilm oul-Mirath, etc…
[10]Al-Houwjiri, Kashf al-mahjoub, trad. R.A. Nicholson (Kazrachi: dar al-ishaat, 1990) p.35.
[11] Dans Ibn ‘Assakir de la part d’Ibn
Mas’oud. Al-Qouchayri et al-Houwjiri le citent dans leurs chapitres sur
le tassawwouf, respectivement dans Kashf al-mahjoub (La traducttion de
Nicholson p.35) et al-Risala: traduction de B.R. Von Schlegell, les
principes du soufisme (Berkeley, Mizan Press, 1990) p.301.
[12] Tabarani le cita et Haythami
authentifia la chaîne à travers ‘Irba ibn Sariya dans Majma’al-zawa’id,
chapître sur les mérites de la Syrie.
[13] Ibn al-Athir, al-Nihaya, s.v.s-f-w.
[14] Bukhari le rapporte (english 1:79).
[15] Ibn Hajar, Fath al-bari (1989 ed.) 1:258 et 11:541.
[16] Rapporté dans Ahmad, Tabarani, Abou Ya’la et Abou Nou’aym.
[17] Bayhaqi le rapporte dans “Shou’ab al-iman 1:396 #522; al-Moundhiri dans al-Targhib 2:396; et Ibn Abi al-Dunya.
[18] Al- hafiz Abou Nou’ayn le rapporta
dans Hilyat al-awliya. Ibn Hajar dit dans al-Isaba (2:2 #1659): “Sa
chaîne de transmission est acceptable et Ibn Mindah le soumit aussi.
Nous avons rapporté la même à travers Abou al-Darda’ dans le Fawa’id de
Hisham ibn ‘Ammar.” Al-Tabarani aussi le rapporte à travers Abou
al-Darda’. Haythami dit de cette chaîne: “Elle contient un narrateur
inconnu, mais le reste est fiable.”
[19] Tirmidhi le rélate et dit: un hadith rare(gharib); Bayhaqi aussi dans le shou’ab 4:245 #4951.
[20] Ssuyuti, Ta’yid al-haqiqa
al-‘aliyya wa-tashyid al-tariqa al-shadhiliyya, ed. Abd Allah ibn
Muhammad ibn al-Siddiq al-Ghumani al-Hassani (Cairo: al-matba’
al-izlamiyya, 1934), p, 56.
[21] L’opinion de Ghazali est citée dans
The Riance of the Traveller, p.12. Pour Suyuti, voir la section des
dires des savants à la fin de ce livre.
[22] Ibn Qayyim, rawdat al-mouhibbin wa nuzhat al-moushtaqin (Béirut: Dar al-Kutub al-ilmiyya, 1993 ) p. 406-409.
[23] Al-Charif ‘Ali ibn Mouhammad al-Joujani, kitab al-ta’rifat (Beirout: dar al-toutoub al-‘ilmiyya, 1408/1988) p. 12.
[24] Muslim; Ahmad, Mousnad 6:91, 163, et autres
[25] Mouslim; Iman #208: "Nul ne péri
avec Allah sauf qu’il est destiné à la destruction." Ibn Hajar dit (Fath
al-bari Riqaq Ch.31 #6491): "C’est -à -dire celui qui persiste dans son
accrochage au mal dans sa résolution, son parlé, et son action, et
évite le bien dans sa conception, son parlé, et action."
[26] Tirmidhi, Zakat #28.
[27] Cf. Ibn Majah, Mouqaddima #1à, Fitan #66; Tirmidhi, Witr #21, Qadar #6; Ahmad 5:277,280,282; Ibn Hibban.
[28] Abou Dawoud, Tabarani, Ahmad, Boukhari dans son Tarikh, et autres.
[29] Abou al-Ma`ali Roukn al-Din `Abd
abd al-Malik ibn `Abd Allah ibn Youssouf al-Jouwayni al-Naysabouri
al-Chafi`i al-Ach`ari (419-478): Le cheick de Ghazali et auteur des 15
volumes Nihayat al-latlab fi dirayat al-madhhab (Le plus important dans
ce qui est cherché sur la compréhension de l’école Chafi`i) aussi bien
que d’autres travaux dans les doctrines de la foi, la théologie, les
fondements de la méthodologie Islamique, et du fiqh chafi`i (loi). Voir
le Tabaqat al-chafi`iyya al-koubra d’al-Soubki 5:165.
[30] Kitab al-irchad ila qawati` al-adilla fi ousoul al-i`tiqad.
[31] Cf.Le cheick Soufi Ibn `Ata' Allah:
«Quand Dieu t’aliène de la compagnie de Ses créatures, sache qu’Il
désire t’ouvrir la porte de Sa propre intimité.» Kitab al-hikam #93.
[32] Ceci est l’Imam Ghazali.
[33] Hadiths: koullou chay'in bi qadar:
«Toute chose est mesurée…» Mouslim, Qadar Ch.4 #18, Ahmad aussi; koullou
chay'in bi qdar'in wa qadar: «Toute chose est destinée à passer et est
mesurée…» Tabarani dans “al-Awssat”: Haythami dit dans Majma' al-zawa'id
que ce hadith contient des sous-narrateurs inconnus.
[34] Relté avec une chaîne fiable par
al-Khatib al-baghdadi dans son Tarikh Baghdad 8:214, et par al-Dhahabi
dans Mizan al-I’tidal 1:430.
[35] Narré par Ibn ‘Abd al’Barr, jami’
bayan al-‘ilm wa fadlih 1:190; al-Moundhiri, al-Targhib 1:103; al-khatib
al-Bagndadi, Tarikh Baghdad 4:346; et autres.
[36] Al-‘Izz ibn ‘Abd al-Salam, Bayn
al-chari’a wa al-haqiqa aw hall al-roumouz wa mafatih al-kounouz (Cairo:
matba’at nour al-amal, n.d.) p.11.
[37] Comme mentionné par al-‘Ajlouni dans Kach al-Khafa 2:89 (#1765).
[38] Ibn Qayyim al-Jawziyya, al-Fawa’id, éd. Mouhammad ‘Ali Qoutb (Alexandria: dar al-da’wa, 1412/1992) p.50.
[39] Rapporté sur l’autorité d’Abu
al-Darda’ par Ahmad, Tirmidhi, Ibn Majah, Ibn Abi al-Dunya, al-Hakim qui
le déclare fiable, et Dhahabi le confirme, Bayhaqi, Souyuti dans
al-Jami’ al-saghir, et Ahmad aussi le rélate de Mou’adh ibn Jabal.
[40] Relaté sur l’autorité d’Aobu Sa’id
al-Khoudri par Ahmad (3:75), Tirmidhi (#3376), Baghawi dans Shar
al-Sunna (5:195), Ibn Kathir dans sonTafsir (6:416), et autres.
[41] ‘Ali al-Qari, al-Asrar al-marfu’a (Béirout 1985 ed.) p.127.
[42] Ibn Abou Jamra, Bahjat al-noufous sharh moukhhtasar sahir al-boukhari 3:146.
[43] Tirmidhi, Ahmad, Tabarani, Ibn
Majah, al-Hakim, et Qouda’i aussi le rapporte. Le contemporain savant de
hadith Ch’ayb al-Arna’out confirme que sa chaîne de transmission est
fiable dans son édition de ibn Hibban, Sahih 11:203 (#4862).
[44] Reliance of the Traveller, p.863.
[45] Ibn al-Jawzi, Sifat al-sawfa 2(4):10 (#570).
[46] Ibn al-Qayyim, Rawdat al-mihibbin p.225.
[47] Abu Nu’aym, Hilyat al-awliya’ 6:155.
[48] Ibn Taymiyya, al-Tassawwouf dans Majmou’a al-fatawa al-koubra 11:16.
[49] Rapporté par Mouslim, Ahmad, Tirmidhi, et Ibn Majah.
[50] Dans Ghazali, trad. T.J.Winter, le Souvenir de la mort p.18.
[51] Ibn ‘Abidin, Hashiyat radd al-muhtar ‘ala al-durr al-mukhtar 1:43.
[52] Ibn Qayyim, Madarij al-salikin; Ibn
al-Jawzi, Sifat al-safwa (Béirut: dar al-kutub al-‘ilmiyya, 1403/1989) 1
(2):203 (#254); Abu Nu’aym, Hilyat al-awliya, s.v. “Abu Hashim
al-Sufi.”
[53] Ibn al-Jawzi, po. Cit.
[54] Ibn al-Jawzi, Sifat al-safwa 1(2):120.
[55] `Ali al-Qari, Charh ‘ayn al-‘ilm
wa-zayn al-hilm (Le Caire: Maktabat al-Thaqafa al-Diniyya, 1989) 1:33;
Ahmad Zarrouq, Qawa’id al-tassawwouf (Le Caire, 1310); `Ali al-`Adawi,
Hachiyat al-`Adawi `ala charh Abi al-Hassan li-rissalat Ibn Abi Zayd
al-moussammat kifayat al-talib al-rabbani li-rissalat Ibn Zayd
al-Qayrawani fi madhhab Maalik (Béyrout?: Dar Ihya’ al-Koutoub
al-‘Arabiyah, ) 2:195; Ibn ‘Ajiba, Iqaz al-himam fi sharh al-hikam (Le
Caire: Halabi, 1392/1972) p.5-6.
[56] Ibn ‘Ajiba, Iqaz al-himam 5-6.
[57] Souyouti, Ta’yid al-haqiqa al-‘aliyya p.15
[58] al-‘Ajlouni, Kashf al-Khafa wa mouzil al-albas 1:341 (#1089).
[59] Al-Saffarini, Ghidha’ al-albab li-sharh manzoumat al-adab (Le Caire: Matba’at al-Najah, 1324/1906) 1/120.
[60] Cité dans le livre Tanwir al-Gouloub, p.405. par cheick Amin al-Kourdi.
[61] ‘Abd al-Qahir al-Baghdadi, Kitab
Ousoul al-Din p.308-309; Taj al-Din Soubki, Tabaqat al-shafi’iyya 2:275;
Jamal al-Din al-Isnawi, Tabaqat al-Shafi’iyya 1 (#9)26-27.
[62] Al-Soubki le mentionne dans Tabaqat al-shafi’iyya. Une copie est disponible à la bibiothèque Chester Beatty, ,s. 3184 (2).
[63] Muslim, Iman; Ahmad 4:73.
[64] Al-Mouhassibi, Kitab al-Wassaya, ed. ‘Abd al-Qadir Ahmad ‘Ata (Le Caire, 1384/1964) 27-32.
[65] Al-khatib al-Baghdadi, Tarikh Baghdad 8:214.
[66] Soubki, Tabaqat al-shafi’iyya 2:279.
[67] Ceci est rapporté dans Sounan al-Bayhaqi (3:121), al-Moughni (2:186-187) et quelque part d’autre.
[68] «La chaîne de transmission de cette
histoire est fiable, mais le rapport en lui-même est rejeté, car mon
coeur ne l’accepte pas. Je ne pense pas que Ahmad puisse faire chose
pareille.» Dhahabi, Mizan al-I’tidal 1:430 (#1606).
[69] Al-Dhahabin, Siyar a`lam al-noubala', éd. Mouhammad ibn Hassan Moussa (Jeddah: Dar al-andalous, 1995) #508.
[70] Al-Dhahabi, mizan al-I’tidal 3:214
[71] al-Dhahabi, Mou’jam
shouyoukal-Dhahabi, al-Mou-jam al-kabir, ed. Mouhammad Habib al-Hayla
(Ta’if; Maktabat al-Siddiq, 1408/1988) 1:37.
[72] Ibid.1:48.
[73] Ibid.1:58.
[74] Ibid.1:72.
[75] Ibid.1:77.
[76] Ibid.1:91. Cf. Ibn Kathir, al-Bidaya 14:37, 106-107; Soubki, Tabaqat 9:20-22.
[77] Al-Dhahabi, Mou`jam chouyouk al-Dhahabi, 1:104.
[78] Ibid.1:131.
[79] Ibid.1;136
[80] Ibid.1:157-158.
[81] Ibid.1:322.
[82] Ibid.1:160.
[83] Ibid.1:163.
[84] Ibid.1:184.
[85] Ibid.1:209.
[86] Ibid.1:216.
[87] Ibid.1:222.
[88] Ibid.1:253.
[89] Ibid.1:258.
[90] Ibid.1:277.
[91] Ibid.1:298.
[92] Ibid.&:314.
[93] Ibid.1:323-324.
[94] Ibid.1:339.
[95] Ibid.1:379.
[96] Ibid.1:381.
[97] Ibid.1:393-394.
[98] Ibid.1:399.
[99] Ibid.1405.
[100] Ibid.1:415.
[101] Ibid.1:421.
[102] Ibid.&:441.
[103] Ibid.2:49.
[104] Ibid.2:83.
[105] Ibid.2:90.
[106] Ibid.2:100.
[107] Ibid.2:101.
[108] Ibid.2:139-140.
[109] Ibid.2:143.
[110] Ibid.2:146.
[111] Ibid.2:148.
[112] Ibid.2:181
[113] Ibid.2:193.
[114] Ibid.2:195.
[115] Ibid.2:205.
[116] Ibid.2:216.
[117] Ibn Kathir dans al-Bidaya 14:75, Soubki dans Tabaqat 9:162.
[118] Al-Dhahabi dans Mou`jam chouyouck al-Dhahabi, 2:244.
[119] Ibn Kathir dans al-Bidaya 14:131-132, Ibn Hajar dans al-Dourar al-Kamina 4:193, al-Soubki dans Tabaqat 9:191.
[120] Al-Dhahabi dans Mou`jam chouyouck al-Dhahabi, 2:267.
[121] Ibid.2:282-283/
[122] Ibid.2:323-324.
[123] Ibid.2:325.
[124] Ibid.2:331.
[125] Ibid.2:335-336.
[126] Ibid.2:403.
[127] Ibid.2:405.
[128] al-Dhahabi dans Tadhkirat al-houffaz (Béirout: Dar al-Koutoub al-`Ilmiyah).
[129] Soubki, Q’ida p.53.
[130] Ibn al-Jawzi, Sifat al-sawfa 2(2):200 (#763).
[131] Ibid.
[132] Dans ‘Afif al-Din Abou Mouhammad
‘Abd Allah Asad al-Yafi’I (d. 768), Nashr al-mahassin al-ghaliya fi fadl
mashayikh al-soufiyya (Béyrut: Dar Sadir, 1975)
[133] al-Jounayd, Kitab dawa’ al-arwah, ed. & trad. A.J.Arberry dans le journal de la Société Royale Asiatique (1937).
[134] Hadith moursal mawqouf rapporté
par al-Hakim de Makhoul, Ibn al-Moubarak de Abou al-Darda’, et Daylami
de Abou Hourayra. Souyouti le cite dans al-Dhourr al-manthur 6:86.
[135] Boukhari, Mouslim, Ibn Majah, Tirmidhi, Ahmad.
[136] Ibn Majah, Tirmidhi, al-Hakim.
[137] Al-Hakim al-Tirmidhi, Adab
al-mouridin, ed. ‘Abd al-Fattah ‘Abd Allah Baraka (Le Caire: Matba’at
as-sa’adat, 1976) p. 33-41.
[138] ‘Abd al-Qadir al-Baghdadi, al-Farq bayn al-firaq (Béïrut: dar al-koutoub al-‘ilmiyya,n.d.) 242-243.
[139] ‘Abd al-Qadir al-Baghdadi, Ousoul al-din p.315-16.
[140] Al-Qoushayri, al-Rissala, traduit par B.R. Von Schlegell, Les principes du Soufisme (Berkeley: Mizan Press, p. 301-307.
[141] La chaîne des maîtres Naqshbandi
au temps de al-Kharqani est comme suit: Abou yazid al-Bistami ® Abou
al-Hassan al-Kharqani ® Abou ‘Ali al-Farmadi (le maître de Ghazali) ®
Abou Youssouf al-Hamadani ® Abou al-‘Abbas al-Khidr ® ‘Abd al-Khaliq
al-Ghoujdawani.
[142] Ibn Rajab, Dhayl ‘ala tabaqat al-hanabila (Damas, 1951) 1:64-85.
[143] Edité par A.J. Arberry, “La Biographie Ansari de Jami” dans Le Trimestriel Islamique (Juillet-Décembre 1963) p. 57-82.
[144] Al-Ghazali, al-Mounqidh min al-dalal, p.131.
[145] Ibn `Ajiba, Iqaz al-himam p.8.
[146] Al-`Iraqi le cite dans Bayhaqi sur
l’autorité d’Ibn `Abbas et sa chaîne de transmission contien Mouhammad
ibn `Abd al-Rahman ibn Ghazwan, l’un des faussaires.
[147] Tirmidhi: hassan; Nissa'I; `Iraqi ne pas considéré de faible (la chaîne de transmission)
[148] Mouslim.
[149] Un hadith sahih rapporté par Tirmidhi, Ahmad, Tabarani, Ibn Majah, Ibn Hibban, al-Hakim, et Qouda`i.
[150] Note du traducteur: lire Toussi.
[151] Salah al-Din Khalil ibn Aybak al-Safadi, al-Wafi bi al-wafayat (Wiesbaden, 1962-1984) 1:274-277 (#176).
[152] Taha Jaber al-`Alwani, Ousoul
al-fiqh: La source de la Méthodologie en Jurisprudence Islamique, ed.
Youssouf Talal Delorenzo (Herndon, VA: IIIT, 1411/1990) p. 50.
[153] Reliance of the Traveller (La Dépendance du Voyageur) p. 1048.
[154] Ibn al-Jawzi, Kitab al-qoussas wa al-moudhakkirin p.201.
[155] Ibn al-Jawzi, al-Moutazam 9:169.
[156] Taqi al-Din al-Soubki, Tabaqat al-shafi`iyya 4:179-182.
[157] Voir al-Hakim, al-madkhal li `ilm
al-hadith” (le début), le Dala'il al-noubouwwa de al-Bayhaqi
(l’introduction), al-Tibyan fi`ouloum al-qour’an p.17. de Nawawi.
Cecliu-ci dit:”Les savants sont d’accord sur la légitimité de l’usage de
faibles hadiths dans le domaine de travaux vertueux.” Al-Sakhawi
déclarea l’opinion du consensus des savants sur cette question dans
l’épilogue de son al-Qawl al-badi`fi al-salat `ala al-habib al-shafi`
(L’admirable doctrine conernant l’invocation des saluts sur le bien-aimé
intercesseur) (Béirut: dar al-koutoub al-`ilmiyya, 1407/1987)
p.245-246.
[158] T.J Winter, traduction du
“Souvenir de la Mort” de Ghazali (Cambridge: Islamic Texts
Society,1989), Introduction,p.xxix n.63.
[159] al-Dhahabi, Mizan al-i`tidal 3:214.
[160] Al-Ghazali, al-Mounqidh min al-dalal (Damas, 1956) p.40.
[161] Ibn Hajar al-Haytami, Fatawa hadithiyya (Le Caire: al-Halabi, 1970)p.331.
[162] Ibn Hajar, Hadi al-sari, éd. Ibrahim `Atwa `Awad (Le Caire, 1963) p.21.
[163] al-Hakim, al-Madkhal ila ma`rifat
al-iklil, éd. & trad. James Robson, Une introduction à la Science de
Tradition (Londres: Société Royale Asiatique de Grande Bretagne et
Irlande, 1953) p.11.
[164] al-Sakhawi, al-Qawl al-badi` fi
al-salat `ala la-habib al-shafi`(L’admirable doctrine concernant
l’invocation sur le bien-aimé intercesseur) (Béirut: dar al-koutoub
al-`ilmiyya, 1407/1987) p.245-246.
[165] Ibn Taymiyya, Qa`ida jalila p.82.
[166] Ibn al-`Arabi al-Maliki, `Aridat al-ahwadhi 5:201.
[167] Ibn Taymiyya, Qa`ida fi al-tawassoul wa al-wassila, éd. Rabi`a ibn hadi `Oumayr al-Moudkhali, p.162 (#478).
[168] Voir l’article de George Makdis dans l’encyclopédie de l’Islam, 2nd éd., s.v. “Ibn 'Akil.”
[169] Note du traducteur: je n’ai pas encore pu avoir sous ma main la version française de ces deux œvres (s’il en existe).
[170] Ce démenti global et subjectif de
la part de Dhahabi fait penser à son démenti de l’authentification du
rapport de l’attitude de l’Imam à l’écoute pour la première fois
d’al-Mouhassibi.
[171] Al-Haytami, Fatawa hadithiyya 315-316.
[172] Note du traducteur: Tassawwouf est
la deuxième moitié du volume I de la série: “Croyances et Doctrines
Islamiques selon Ahl al-Sunna; Une répudiation des innovations “Salafi”
du même auteur.
[173] Ibn Qoudama, Moukhtaqqar minhaj
al-qassidin li Ibn al-Jawzi, éd. M. Ahmad Hamdan et `Abd al-Qadir
Arna'out, 2nd éd. (Damas: maktab al-chabab al-mouslim wa al-maktab
al-islami, 1380/1961) p.426.
[174] Nouh Keller, Reliance of the Traveller p.1046.
[175] Dans Ibn `Ajiba, Iqaz al-himam p.8.
[176] al-Dhahabin, Siyar a`lam al-noubala' [#969].
[177] Miftah al-sa`ada 2:353; al-Soubki, Tabaqat al-chafi`iyya 8:214.
[178] Al-`Izz ibn `Abd al-Salam, Qawa`id al-ahkam (Dar al-charq li al-tiba`a, 1388/1968) 1:29, 2:212.
[179] Note du traducteur: La danse ici
n’a rien avoir avec celle pratiquée dans les cabarets ou discothèques;
la danse dont il s’agit ici est une pratique spirituelle comme dans le
cas de Mawlana Rumi (Que Dieu bénisse son âme) et son ordre appelé
Mawlawi. Elle est pratiquée en dehors de toute idée de satisfaire le
nafs. Encore aujourd’hui cette pratique existe dans cet ordre et
ailleurs.
[180] Ahmad, Mousnad 1:108 (#860).
[181] Al-Haytami, Fatawa hadithiyya p.212.
[182] al-Yafi`i, Mir'at al-jinan 4:154.
[183] Ibn al-`Imad, Chadharat al-dhahab
5:302; Ibn Chakir al-Koutoubi, Fawat al-wafayat 1:595; al-Yafi`I, Mir`at
al-jinan 4:154; al-Nabahani, Jami` Karamat al-awliya 2:71; Abou
al-Sa`adat, Taj al-ma`arif p.250.
[184] al-`Izz ibn `Abd al-Salam, Fatawa misriyya p.158.
[185] al-`Izz ibn `Abd al-Salam, Qawa`id al-ahkam 2:220-221.
[186] Al-`Izz ibn `Abd al-Salam, Fatawa, éd. `Abd al-Rahman ibn `Abd al-Fattah (Béirout: dar al-ma`rifa, 1406/1986) p.138-142.
[187] Ibn Abi Zayd, al-Jami` fi al-sounan p.118-119.
[188] Cf. Nouh Keller, Al-Maqassid: Manuel d’Islam de l’Imam Nawawi (Evanston: Sunna Books, 1994) p.85-86.
[189] Al-Nawawi, Boustam al-`arifin (Beyrout: dar al-kitab al-arabi, 1405/1985) p.53-54.
[190] Al-`Izz ibn `Abd al-Salam [al-Maqdissi], Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz (La Caire: matba`at nour al-amal) p.7.
[191] Le commentaire est disponible dans le volume 10:455-548 de la première édition de Riyadh du Majmou` fatawa Ibn Taymiyya.
[192] Majmou` fatawa Ibn Yaymiyya 10:516.
[193] Ibn Taymiyya, al-Safadiyya (Riyad: matabi` hanafa, 1396/1976) 1:267.
[194] Ibn Taymiyya, Majmou`at al-rassa`il wa al-massa`il (Béyrout: lajnat al-tourath al-`rabi) 5:83.
[195] Maj,ou` fatawa Ibn Taymiyya 10:473-474.
[196] Ibid. 10:479.
[197] Ibn Taymiyya, Majmou`a al-rassa`il wal-massa`il 1:162.
[198] Ibn Taymiyya, al-Ihtijaj bi al-qadar (Le Caire: al-matba`a al-salafiyya, 1394/1974) p.38.
[199] Ibn Taymiyya, Tawhid al-rouboubiyya dans Majmou`a al-Fatawa al-koubra (Riyad, 1381) 2:464-465.
[200] George Makdisi, “L’isnad
initiatique soufi de Mouwaffaq ad-Din ibn Qoudama,” dans Cahiers de
l’Herne: Louis Massignon (Paris: Edition de l’Herne, 1970) p.88-96; “Ibn
taimiya: A Soufi of the Qadiriya Order,” in American Journal of Arabic
Studies I (Leiden: E.J. Brill, A974) p.118-129; “The Hanbali School and
Soufism,” in Boletin de la Asiciatcion Espanola de Orientalistas 15
(Madrid, 1979) p.115-126.
[201] Ibn `Abd al-Hadi, Bad' al-'ilqa bi
labs al-khirqa, ms. al-Hadi, Collection Arabe de la Bibliothèque de
Princeton, fols. 154a, 169a, 171b-172a; et l’université de Damas, copie
originale du manuscript Arabe, 985H; aussi mentionné dans at-Talyani,
manuscript Chester Beauty 3296 (8) à Dublin, fol. 67a.
[202] Manuscript de Damas, Zahiriyya # 1186 H.
[203] Ibn Taymiyya, Majmou`a al-fatawa al-koubra 11:5.
[204] Ibn `Ajiba, Iqaz al-himam p.6.
[205] al-Cha`rani, al-Tabaqat al-koubra 1:4.
[206] `Abd al-Qahir al-Baghdadi, Ousoul al-din p.315-16.
[207] Ibn Taymiyya, Majmou`a al-fatawa al-koubra 11:16-20.]
[208] Op.cit.2:396-397.
[209] Op.cit. 10:339.
[210] Note du Traducteur: Tassawwouf ou
la purifacation du cœur est la deuxième moitiée du volume I dont le
titre du même auteur est: Coyances et Doctrines Islamiques selon Ahl
al-Sunna; Une réfutation des Innavations Salafies.
[211] Ibn `Ata Allah, Lata'if al-minan
fi manaqib Abi al-`Abbas…sur les notes de Lata'if al-minan wa al-akhlaq
(Le Caire, 1357) 2:17-18 de Cha`rani
[212] Note du traducteur: Nous avons
utilisé l’expression “en Français” parce que le document lit: “La
première traduction en Anglais”; et puisque nous n’avions sous nos mains
jusqu’au jour où cette traduction fut fini une version en Français du
débat.
[213] Voir Ibn al-`Imad, Chadharat
al-dhahab (1350/1931) 6:20f.;al-Zirikly, al-A`lam (1405/1984) 1:221; Ibn
Hajar, al-Dourar al-kamina (1348/1929) 1:148-273; Al-Maqrizi, Kitab
al-soulouk (1934-1958) 2:40-94; Ibn Kathir, al-Bidaya wa al-nihaya
(1351/1932) 14:45; Soubki, Tabaqat al-chafi`iyya (1324/1906° 5/177f. et
9:23f.; Souyouti, Housn al-mouhadara fi akhbar mirs wa al-qahira
(1299/1880) 1:301; al-Dawadari, al-Dourr al-fakhir fi sirat al-malik
al-Nassir (1960) p. 200f.; al-Yafi`i, Mir'at al-janan (1337/1918) 4:246;
Cha`rani, al-Tabaqat al-koubra (1355/1936) 2:19f.; al-Nabahani, Jami`
karamat al-awliya' (1381/1962) 2:25f.
[214] Boukhari et Mouslim, hadith de Jabir: «J’ai été octroyé cinq choses dont une qui n’a été à aucun prophète avant moi…»
[215] Al-Tabarani le rapporte dans
al-Kabir. Ibn Hibban et al-Hakim le déclare solide. Ibn Abi Chayba sur
l’autorité de Jabir rapporte une narration similaire. Similaire aussi
est ce qu’Ibn `Abd Al-Barr sur l’autorité d’Ibn `Abbas et d’Abou Nou`aym
dans son Hilya sur l’autorité d’Anas Ibn Malik rapporte, comme al-Hafiz
al-Souyouti mentionna dans le Jami` al-Kabir, Haythami dit dans Majma`
al-zawa'id: «La chaîne de Tabarani contient Rawh ibn Salah qui a
certaines faiblesses mais Ibn Hibban et al-Hakim la déclare digne de
confiance. Le reste de ses sous-narrateurs sont des gens de hadiths
solides.» Cette Fatima est la mère d’Ali, qui éleva le Prophète.
[216] Hadith: «O jeune homme… si tu as
besoin de demander, demande à Allah. Si tu as besoin d’aide, demande
l’aide d’Allah…» (ya ghoulam ala ou`allimouka…): Tirmidhi (#2516 hassan
sahih); Bayhaqi dans Asma' wa al-sifat p.75-76 et Chou`ab al-iman
2:27-28 (#1074-1075) et 7:203 (#10000); Ahmad 1:307; Tabarani, Ibn
Hibban; Abou dawoud; al-hakim; Nawawi l’inclu dans ses 40 Hadiths (#19)
mais Ibn al-Jawzi le plaça parmi les faux.
[217] Tiré de Reliance of the Traveller
(Oudat al-Salik) p.954-957: « (`Ali Qari:) Le Hadith « Je suis la cité
de la connaissance et `Ali est sa porte» fut mentionné par Tirmidhi…
[qui] dit que ce fut non reconnu. Boukhari dit la même chose, et dit que
ce fut sans revendication légitime à une authenticité. Ibn Ma`in dit
que ce fut un mensonge sans base, comme le dirent aussi Abou hatim et
Yahya ibn Sa`id. Ibn Jawzi l’enregistra dans son livre de Hadiths
forgés, et fut confirmé par Dhahabi, et autres. Ibn Daqiq al-`Eid
disait, «Ce hadith n’est pas confirmé par les savants, et certains le
considèrent d’inventé.» Daraqoutni dit qu’il ne fut pas corroboré. Ibn
Hajar `Asqalani fut questionné au sujet de ce hadith, et il répondit
qu’il était bien authentique (hassan), non rigoureusemnt authentique
(sahih), comme Hakim a dit, mais non une invention (mawdou`), comme Ibn
Jawzi le prétend. Ceci fut mentionné par Souyouti. Le maître de Hadiths
(hafiz) Abou Sa`id `Ala'i dit, «La vérité est que le hadith est bien
authentifié (hassan), au vue de ses multiples voies de transmission,
étant ni rigoureusement authentifié (sahih) ni faible (da`if), plus ou
moins qu’un faux» (Rissala al-mawdou`at, 26).»
[218] Ceci est une évidente clé dans le
Hikam d’Ibn `Ata' Allah, par exemple #205: «Quelque fois les lumières te
parviennent et trouvent ton cœur rempli de formes de choses créées,
alors elles retourment de là où elles sont descendues.» Ibn `Ata' Allah,
Les Aphorismes Soufis (Kitab al-hikam), trad.Victor Danner (Leiden:
E.J. Brill, 1984) p.53.
[219] Comme illustré par Salah al-Din
al-Safadi dans l’introduction de Ghazali dans son dictionaire
bibliographique: «Mouhammad ibn Mouhammad ibn Mouhammad ibn Ahmad, la
Preuve de l’Islam, l’Ornement de la Foi, Abou Hamid al-Toussi…»
al-Safadi, al-Wafi bi al-wafayat 1:274.
[220] Ironiquement, un genre similaire
de louanges sur le propre livre al-Hikam d’Ibn `Ata' Allah est rapporté
sur l’autorité du grand cheick Mawlay al-`Arabi al-Darqawi par Ibn
`Ajiba dans Iqaz al-himan (p.3-4): «J’entendis le juriste al-Bannani
dire: «Le Hikam d’Ibn `Ata' Allah est presqu’une révélation (wahy). S’il
était permis de réciter la prière quotidienne sans le Coran, les mots
du Hikam auraient été permis.» Il veut dire par cela qu’il n’y a rien
dans le Hikam sauf ce qui procède du Coran et s’y réfère encore, et
Allah est savant.
[221] Dans Mouhammad Zaki Ibrahim, Ousoul al-woussoul (Le Caire: 1404/1984) 299-310.
[222] al-Soubki, Mou`id al-n`iam wa moubid al-niqam p.190.
[223] al-Chatibi, al-Mouwafaqa fi ousoul al-chari`a (Le Caire: al-maktaba al-tijariyya al-koubra, 1975) 4:60
[224] al-Chatibi, al-I`tissam min al-koutoub, cité dans al-Mouslim: majallat al-`achira al-mouhammadiyya (Dhou al-qi`da 1373).
[225] Mouqaddimat ibn Khaldoun, p.328.
[226] al-Sakhawi, al-Daw' al-lami` (Béirout: dar maktabat al-hayat, 1966) 4:124-125.
[227] A.J. Arberry, Sakhawiana: A study Based on the Chester Beatty Ms. Arab. 773 (London: Emery Walker Ltd., 1951) p.35.
[228] al-Sakhawi, al-Daw' al-lami` 11:96-97, 74-75.
[229] Ibid. 3:144-145.
[230] Ibid. 7:162-165.
[231] Ibid. 11:69-71.
[232] Ibid. 2:212-213.
[233] Ibid. 8:127-132.
[234] Ibid. 8:176-178.
[235] Ibid. 7:197.
[236] Ibid. 2: 146-149.
[237] Ibid. 10:140-141.
[238] Ibid. 4:76.
[239] Al-Souyouti, Ta'yid al-haqiqa
al-`aliyya wa-tachyid al-tariqa al-chdhiliyya, éd. `Abd Allah ibn
Mouhammad ibn al-Siddiq al-Ghoumari al-Hassani (La Caire: al-matba`a
al-islamiyya, 1934), p.56-57.
[240] Zakariyya al-Ansari, Charh al-rissala al-qouchayriyya (Le Caire: dar al-koutoub al-`arabiyya al-koubra, 1330/1912) p.126.
[241] Ibn Hajar al-Haytami, Fatawa hadithiyya (Le Caire: al-Halabi, 1970) p.331.
[242] Sad al-Din Mas`oud ibn `Oumar
al-Taftazami, l’un des moujtahid d’esprit universel de lécole Chafi`i,
il fut l’auteur de plusieurs livres en tafsir, kalam, oussoul, fiqh,
`ilm al-mantiq (la logique), la grammaire, la réthorique, et la
philologie.
[243] Une allusion à Ibn Taymiyya, qui
prédiqua son jugement d’Ibn `Arabi sur l’odieuse assomption constante
qu’il comprenait ses terminologies et leurs sens.
[244] al-Haytami, Fatawa hadithiyya p.52-54.
[245] al-Tabaqat al-koubra al-moussamma
bi Lawaqih al-anwar fi tabaqat al-akhyar (1374/1954) (Reproduit,
Béirout: dar al-fikr, n.d.) I:4. Dans Reliance of the Traveller
p.863-864.
[246] Al-Qari, Charh `Ayn al-`ilm wa zayn al-hilm 1:1.
[247] Ibid. 1:78.
[248] Ibid. 2:354-355.
[249] Ibn `Abidin, Septième Lettre dans Chifa' al-`alil fi houk, al-wassiyya wa al-tahalil p.172-173.
[250] Abou al-`Ala' al-Mawdoudi, Mabadi' al-Islam p.114-117.
[251] Ibn Abi Chaybah le rapporte avec un chaîne fiable (sahih).
I Introduction |
DEFINITION, TERMINILOGIE ET ASPECTS HISTORIQUES.
Le Tassawwouf Parmi Les Salaf.
TARIQA
La Mauvaise Compréhension Des Temps Modernes
La Nécessité Du Développement Des Sciences Islamiques Après Le Temps Du Prophète (saw)
Les Racines Linguistiques Du Mot Tassawwouf 11
Le Prophète (saw) Mentionne La Condition Du Cœur: La Suprématie Du Cœur Sur Tous Les Autres Organes 12
II - «Y-A-T’Il DES PREUVES ET DES EVIDENCES DANS LE CORAN AU SUJET DU TASSAWWOUF? CITEZ-LES DE MANIERES EXPLICITES.». 14
Allah Décrit Tazkiyat Al-Nafs Comme Un Devoir Du Prophète. 14
D’autres Versets Et Commentaires Sur Tazkiyat Al-Nafs. 14
Allah Ordonne Aux Croyants De Chercher Un Moyen De S’approcher DE Lui Et D’Accompagner Les Sadiqin. 15
Allah Décrit Quelqu’un Qui a Directement Appris De Lui: Al-Khidr 16
La Supériorité De L’Amour Dans L’Adoration. 17
Des Versets Au Sujet Du Caractère Parfait, Ihsan. 19
III - QUELLES SONT LES PREUVES SUR LE TASSAWWOUF A PARTIR DES HADITHS? 21
Oumm al-Ahadith, Le Hadith De Jibril 21
La Troisième Composante De La Religion De L’Islam: 22
LE COMMENTAIRE DE L’IMAM NAWAWI SUR LE HADITH DE JIBRIL. 23
L’école D’Ihsan Et De Tazkiya. 26
La Relation Entre Chari`a Et Haqiqa. 26
Le Grand Jihad: Le Jihad Contre L’Ego. 28
Hadiths Sur Le Jihad Contre L’Ego. 28
Jihad et Soufis Moujahiddin. 29
IV - DIRES ET ECRITS DES IMAMS ET SAVANTS AU SUJET DU TASSAWOUF 31
Al-Hassan al-Basri (d. 110) 31
Imam Abou Hanifa (d.150) 32
Soufyan al-Thawri (d.161) 32
Imam Malik (94-179 H/ 716-795) 32
Imam Chafi`i (d.204) 33
Imam Ahmad bin Hanbal (d.241) 33
L’Imam al-Harith al-Mouhassibi (d.243) 33
La Piété De L’Imam Ahmad Devant Al-Mouhassibi 36
Les Maîtres Soufis De Hadiths De Dhahabi 38
Al-Qassim ibn `Outhman al-Joui`i (d.248) 42
L’Imam al-Jounayd al-Baghdadi (d.297) 42
Al-Hakim al-Tirmidhi (d.320) 43
L’Imam Abou Mansour `Abd al-Qahir al-Baghdadi (d.429) 45
L’Imam Abou al-Qasim al-Qouchayri (d.465) 46
Cheikh Abou Ismai`il `Abd Allah al-Harawi al-Ansari (d.481) 48
Imam Ghazali (d.505) 48
Ceux Qui Attaquent L’Imam Ghazali 50
La Validité de Hadiths Faibles. 51
Abou al-Wafa' Ibn `Aqil al-Hanbali (d.513) 53
Cheikh `Abd al-Qadir al-Gilani (d.561) 53
Ibn al-Jawzi (d.597) 55
Imam Fakr al-Din Razi (d.606) 57
Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656) 57
Soultan al-`Oulama' al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Soulami (d.660) 57
Al-`Izz sur la Supériorité du Rang des awliya' Sur Celui des `oulama. 58
Imam Nawawi (d.676) 59
Al-`Izz b. `Abd al-Salam b. Ahmad b. `Anim al-Maqdissi (d.678) 60
Ibn Taymiyya (d.728) 60
Ibn Taymiyya au sujet de fana' et chatahat 64
Le Débat Entre Ibn Ata Allah al-Iskandari et Ibn Taymiyya. 66
Ibn `Arabi et Ibn `Abd al-Salam.. 67
Taj al-Din al-Soubki (d.771) 70
Imam Abou Ishaq al-Chatibi al-Maliki (d.790) 70
Ibn Khaldoun (d.808) 70
Imam al-Sakhawi (d.902) 71
Jalalal-Din al-Souyouti (d.911) 72
Zakariyya ibn Mouhammad Ansari (d.926) 72
Ibn hajar al-Haytami (d.974) 72
Abd al-Wahhab al-Cha`rani al-Hanafi (d.973) 75
Moulla `Ali al-Qari (d.1014) 76
Ibn `Abidin al-Hanafi (d.1252) 77
Abou al-`Ala' al-Mawdoudi (d.1399) 77
V Conclusion.. 78
GLOSSAIRE
NOTE :
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