Mohammed Ben Hachemi

Mohammed Ben Hachemi
 plus connu par Cheikh El Hachimi, naquit le samedi 22 Shawwâl 1298 A.H. ( le 16 septembre 1881) à Sabra, une ville algérienne affiliée à Tlemcen. Décédé en 1961 à Damas en Syrie. Cheikh Mohammed Ben Hachemi est né dans une famille pieuse de la descendance du Noble Messager d’Allâh, via sa fille Fâtima et son petits-fils l’Imâm Al-Hasan Ben `Ali Ben Abî Tâlib, qu’Allâh soit Satisfait d’eux. Son père fut un savant de la ville, et y occupa le poste de juge. Il décéda en laissant des enfants jeunes, dont l’aîné était Cheikh Muhammad.

Ce dernier passa des années en compagnie des savants, recherchant la science avec assiduité auprès d’eux. Il combattit l’occupation française puis quitta l’Algérie avec son Cheikh Muhammad Ben Yalles et immigra vers les pays du Châm (Syrie, Liban..) en fuyant l’injustice de la colonisation qui interdisait au peuple algérien d’assister aux cours des savants, ou de se rassembler pour s’enseigner la religion. Il quitta donc son pays le 20 Ramadan 1329 A.H. (le 14 septembre 1911 E.C.), transita par Tangers, puis Marseille, avant d’atteindre les pays du Châm. Il passa avec son cheikh quelques jours à Damas, puis il furent contraints de se séparer. A l’époque, les autorités turques étaient influentes et interdisaient aux émigrés maghrébins de se rassembler.

Les savants qui lui ont enseigné

Ainsi, dut-il partir en Turquie, alors que son Cheikh Muhammad Ben Yallis resta à Damas. Après deux ans de séparation, Cheikh Mohammed Ben Hachemi put retourner à Damas, où il retrouva son Cheikh. Il l’accompagna pendant de longues années. Au pays du Châm, il poursuivit l’acquisition des sciences des sciences religieuses et devint l’un des disciples des plus distingués des savants du Shâm comme le grand muhaddith, comme Cheikh badr-Edinne Alhassani, Cheikh Amîn Sowayd, Cheikh Ja`far Al-Kittânî, Cheikh Nadjîb Kîwân, Cheikh Tawfîq Al-Ayyûbî, Cheikh Mahmûd Al-`Attâr, qui lui enseigna la science des fondements de la jurisprudence, et Cheikh Muhammad Ben Yûsuf, connu sous le nom d’Al-Kâfî, qui lui enseigna la jurisprudence de l’école malékite.

Il reçut plusieurs ijâzah de la part de ses enseignants dans les sciences fondamentales. Pour ce qui est de la purification des cœurs et du soufisme, il reçut une autorisation de son Cheikh Muhammad Ben Yallis pour enseigner le wird général.
 
Lorsque le Cheikh Al Alawi accomplit le pèlerinage à la Mecque, il se dirigea vers Damas et en 1930, il donna à Muhammad Al-Hâshimî le "wird khass" l'invocation du Nom Suprême et l'autorisa à l'instruction spirituelle "al irchad al 'aam".

 
 
Son caractère

Il fut, qu’Allâh lui fasse miséricorde, un digne héritier du Messager d’Allâh, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, dans ses paroles, états, nobles caractères et œuvres. Il fut très célèbre pour son humilité ou il surpassa tous ses contemporains. Il traitait les gens de la manière dont il aime être traité. Un homme rentra sur lui et embrassa sa main. C’est alors que Cheikh Mohammed Ben Hachemi essaya d’embrasser la main du visiteur. L’homme sursauta et dit : ’A Dieu ne plaise ! Je ne suis nullement digne de cela ! C’est à moi d’embrasser votre pied !’. Cheikh Muhammad lui dit : ’Si tu embrasses mon pied, j’embrasserai le tien’. Il aimait être en personne au service de ses frères et disciples.

Lorsqu’un visiteur arrivait ou qu’un étudiant venait passer la nuit chez lui, il leur servait la nourriture et portait à eux les draps et les couvertures, malgré la faiblesse de son corps. Combien de fois nous frappâmes à sa porte à minuit, et il ouvrit, vêtu des habits avec lesquels il reçoit les invités, tel un soldat éveille, et jamais nous le vîmes vêtu des habits dans lesquels il dort. Il était patient et ne se fâchait que pour Allâh. Un jour, un homme de Damas vint chez lui et commença à l’agresser, en se moquant de lui et lui adressant les pires insultes. Mais le Cheikh, qu’Allâh l’agrée, n’eut de réponse que : ’ Allâh Yedjazîk bi Khayr, qu’Allâh t’accorde une bonne rétribution, tu me révèles mes défauts, et j’essaierai de m’en défaire et de faire miennes les nobles manières’. En entendant cela, l’homme se jeta sur lui, embrassa ses mains et ses pieds et lui demanda pardon.

Il fut généreux, et ne renvoyait jamais les mains vides un homme dans le besoin. Notamment dans les saisons de générosité et de charité, des foules affluaient chez lui, et se rassemblaient autour de la nourriture qu’il leur servait, avec le sourire aux lèvres, le visage heureux. Sa générosité le porta à construire deux compartiments dans sa maison dans le quartier des émigrés à Damas : un compartiment pour sa famille, l’autre pour ses disciples et étudiants. Sa douceur et sa clémence ouvrit le cœur des gens pour la pénitence, et combien de pécheurs se sont repentis grâce à Allâh en le côtoyant. Après avoir fini un cours, il croisa dans la rue un homme ivre. Cheikh Muhammad essuya la poussière qui était sur le visage de l’homme, lui prodigua quelques conseils et invoqua Allâh pour lui. Le lendemain, l’homme était le premier à assister le cours du Cheikh, il se repentit et s’agrippa à la droiture. Il était constamment occupé par les soucis de la communauté musulmane et s’attristait profondément lorsqu’un malheur s’abattait sur les musulmans.

Ses œuvres

Membre de l’assemblée des savants qui se tient à illustre mosquée des Omeyyades (Al-Masjid Al-Umawi), il discutait avec les autres savants les problèmes de la oumma, mettant en garde contre la division des musulmans. Il écrivit à cet égard un épître où il rappelait les raisons de la division et ses effets néfastes, et la nécessité de se réunir sous la Parole d’Allâh et de s’agripper à la Sunnah de Son Messager, épître intitulé : Al-Qawl Al-Fasl Al-Qawîm fi Bayân Al-Murâd min Wasiyyat Al-Hakîm.

Il haïssait la colonisation sous toutes ses formes et agissait énergiquement pour lutter contre ses dangers. Lorsque le gouvernement appela le peuple à former une résistance populaire, et dispensa une formation au maniement des armes pour les volontaires, Cheikh Muhammad s’empressa de s’inscrire, malgré sa vieillesse et la faiblesse de son corps. Il donna un exemple honorable de la foi solide, du Jihâd dans le sentier d’Allâh, rappelant ainsi les guides spirituels qui ont lutté contre la colonisation comme As-Sunûsi et Abd Al-Qâdir Al-Jazâ’iri.

Il fut aimé pour ses nobles caractères et sa modestie et les gens affluaient vers lui pour apprendre la purification des cœurs et le soufisme authentique si bien que l’ont dit : ’La célébrité de Cheikh Mohammed Ben Hachemi n’est pas due à sa science, même s’il était un savant, ni aux prodiges (karamât), même si les siens étaient nombreux, mais il fut surtout célèbre pour ses nobles caractères, sa modestie et son observance d’Allâh. Son assemblée était un lieu de science, de paix et de tranquillité. Il disait : lorsque les pieux sont mentionnés, la miséricorde descend. Il s’est dépensé dans la voie d’Allâh, enseignant aux musulmans la religion et les mettant en garde contre l’égarement et la déviance.

Les cours qu’il dispensait duraient du matin au soir

Il y accordait une place fondamentale au Tawhid qui est le pilier de la religion, et mettait en garde contre les croyances déviantes, en rappelant la droiture et la croyance de Ahl As-Sounnah wa Al-Jamâ`ah, et le devoir de retourner à Allâh et de s’attacher exclusivement à Lui. Ses activités dans la da`wah : Sa maison accueillit des savants et visiteurs assoiffés de science. Il les accueillait avec un cœur ouvert et beaucoup de joie, et il organisait des séances d’enseignement et de Dhikr dans les mosquées et les maisons. Jusqu’à la fin de ses jours, il parcourut les mosquées de Damas, rassemblant les gens pour l’apprentissage des sciences islamiques, le dhkir (remémoration d’Allâh), et les louanges du Messager d’Allâh - paix et bénédictions d’Allâh sur lui. Il forma un grand nombre de savants et d’étudiants en sciences islamiques, ayant puisé dans son savoir, son goût raffiné et ses conseils pleins de sagesse.>

Un grand nombre de savants et de disciples ont appris le Tasawwuf en sa compagnie, Seul Allâh connait leur nombre exact. Parmi ses disciples, nous comptons Cheikh Abd Al-Qâdir `Isâ, auteur de Haqâ’iq `an At-Tasawwuf (Vérités sur le Soufisme). Ainsi, Cheikh Muhammad passa sa vie dans le jihâd et l’enseignement, éduquant les âmes, raffinant les cœurs désireux de connaître leur Seigneur. Il s’est aligné sur la Chari`ah enseignée par le Messager d’Allâh dans ses paroles et ses œuvres, et son testament fut : "Agrippez-vous au Coran et à la Sunnah".

Ce savant et éducateur retourna à Allâh en 1961. On pria sur lui à la mosquée Omeyyades, puis les habitants de Damas le portèrent à sa tombe, dans Maqâbir Ad-Dahhâh. Et si son corps purifié est enseveli sous terre, son savoir, ses vertus et ses enseignements sont encore vivants à travers les musulmans qui l’ont accompagné (qu'Allah lui fasse miséricorde et lui accorde ses bienfaits et ses faveurs).

Il écrivit de nombreux ouvrages et épîtres dont :

- Miftâh Al-Jannah Sharh `Aqidat Ahl As-Sunnah
- La Clef du Paradis - Explication de la Croyance des gens de la Sounnah
- Ar-Risâlah Al-Mawsoumah bi `Aqîdat Ahl As-Sunnah ma`a Nadhmihâ
- Al-Bahth Al-Jâmi` wa Al-Barq Al-Lâmi` wa Al-Ghayth Al-Hâmi` fi mâ yata`allaq bi assan`ah wa As-Sâni`
- Ar-Risâlah Al-Mawsoumah bi Sabîl As-Sa`âdah fi Ma`nâ Kalimatay Ash-Shahâdah ma`a Nadhmihâ
- Ad-Durrah Al-Bahiyyah
- Al-Hall As-Sadîd limâ istashkalahou Al-Murîd min Djawâz Al-Akhdh `an Murshidîn
- Al-Qawl Al-Fasl Al-Qawîm fi Al-Mourâdi bi wsiyyat Al-Hakîm
- Sharh Shatarnj Al-`Arifine li Ash-Shaykh Mohyddine Ben Arabi
- Al-Adjwibah Al-`Achrah
- Sharh Nadhm `Aqîdat Ahl As-Sunnah

Note :  

1. Cette biographie est basée sur les propos de Cheikh `Abd Al-Qâdir `Isâ, l’un des disciples de Cheikh Mohammed Ben Hachemi dans son livre Vérités Au Sujet du Soufisme.
2. Le terme ijâzah désigne l’autorisation délivrée par un savant à son élève attestant de son savoir et l’habilitant à enseigner.
3. Le Cheikh al-Alawi a effectué son pèlerinage en 1930 et non pas en 1932 comme il a été dit (par erreur) par le Cheikh Abdalqadir issa dans cette biographie. Nous nous sommes permis de rectifier cette erreur.

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