Cheikh al-Alawî, initiateur du théâtre à Mostaganem en 1926

Mostaganem a été caractérisée par un mouvement théâtral très actif. Le début effectif de l’activité théâtrale à Mostaganem a eu lieu dans les années 1930 avec la création du premier groupe de scouts, le groupe El-Falah dans l’illustre quartier de Tigditt, et qui a commencé à utiliser le théâtre comme une forme de militantisme et de sensibilisation des habitants. 

Mais le mouvement théâtral a bien vu le jour avant les années 1930 du siècle dernier, dans les années 1920, notamment par des productions théâtrales faites à l’initiative de la zaouïa Alaouia et son Cheikh Ahmed ben Mostefa al-Alawî, au niveau de Tidjitt-Souika Tahtania (bas quartiers). Cette activité théâtrale "des soufis et des saints" qui œuvrait à la sauvegarde de l’identité nationale et religieuse des habitants de la région a été le point de mire de l’administration coloniale française qui était consciente de l’influence du théâtre sur les habitants et la considérait comme une forme de résistance et une arme de prise de conscience.(1)

En effet, Cheikh al-Alawî créa en 1926 la première troupe théâtrale en Algérie, qui eut l'honneur d'effectuer ses représentations prônant la liberté en langue arabe à une époque où le colonisateur français battait son plein en imposant son projet colonial à franciser l'Algérie. Le Cheikh résista au projet culturel français avec son équivalant arabo-islamique.(2)

Cette initiative en apparence culturelle et éducative n’échappa non plus à la censure des autorités coloniales qui ont été jusqu'à interdire une représentation, qui parait-t-il était l’œuvre du Cheikh al-Alawî lui même.(3)

Cheikh al-Alawî souhaitait un échange d’idées, mais sans pour autant verser dans la polémique stérile. Il avait compris l’importance que pouvait avoir, dans le monde musulman, la libre circulation des idées. L’aridité, voire l’absence, de véritables débats a été et est toujours un handicap majeur pour l’évolution du monde musulman. Durant toute sa vie, le cheikh favorisa tout ce qui pouvait aider à une prise de conscience. Il alla jusqu’à utiliser le théâtre ou élever des singes à cet effet : ses disciples se promenaient d’un village à l’autre, en montrant ces animaux singer les gestes de la prière ! Le cheikh voulait à travers cette mise en scène interroger les musulmans sur le sens de leur pratique. Il réfutait d'évidence le maraboutisme syncrétiste proche du charlatanisme.(4) 

*Notes :
2-  Abdul Nasser Mohamed Al-Taimi, Le Soufisme et la vie, le rôle social du soufisme) en arabe. Voir également "L'Aurore du théâtre algérien (1926-1932). Éditions Apic. Éditions Dar El Gharb, Oran (Réédition) 119 p.2004 Essai.
3- R. Bentounès.
4- Cheikh Khaled Bentounès, tiré du livre de Eric Geoffroy " Une voie soufie dans le monde: la Shâdhiliyya". Maisonneuve & Larose, 2005.
- Photo commémorative des dramaturges Alawis en Algérie.

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