Cheikh Alawi - La révolution des pensées

Très souvent que le musulman reste étonné, et il est légitime qu’il le soit, lorsqu’il observe la société musulmane d’aujourd'hui et l’état d’esprit dans laquelle elle se trouve, que ce soit au niveau intellectuel ou du chaos, que cette époque, le 20ème siècle (14ème de l’hégire) a provoqué. Les querelles, les collisions, les offenses, et bien d’autres conflits qui sont omniprésents, choses qui épuisent et même déconcertent, à tel point qu’il nous semble qu’on est entré dans une révolution interne où des tirs irréguliers de différents lieux se font entendre. Ainsi les pensées des uns sont onduleuses et les esprits des autres brouillés dans un océan où toutes les parties font de l'extrémisme ou choisissent la négligence. 

Il est très loin pour cette société de retrouver sa stabilité en raison de son écart de l’espace du champ de gravitation provoqué par son éloignement du centre modéré. C’est comme cela que les pensées ondulent entre l'extrémisme des wahhabites et la négligence des kémalistes (laïques). Tout le monde sait que l’écart entre eux est similaire à celui de l’Est et l’Ouest, bien que je considère que ces deux axes sont exemptés du phénomène instable de l’ondulation en raison de la stabilité de leurs centres respectifs, chaque axe se maintient sur son point environnant dans le corps social.

Mais notre sujet concerne les vacillants et nous entendons la grande majorité de la nation, que le temps leur a attribué l’auréole reconnaissant qu’ils sont membres de la Tradition (sounna) et de la Majorité unanime (jamâ’a), et c'est par cette désignation qu’ils fussent auparavant connus et ont continué longtemps à être tels. Mais plusieurs questions se posent :
  1. - Peuvent-ils aujourd'hui ou certains d'entre eux s'en tenir à ce principe ?
  2. - Est-ce possible qu’ils se maintiennent aujourd’hui à ce principe comme auparavant malgré la présence de ces deux parties (l'extrémisme dans la religion et la négligence de la religion) ?
  3. - Sont-ils disposés selon leur capacité à trouver l’harmonie parmi ces deux parties ?
  4. - Y aurait-il un facteur propre qui pourrait encadrer ces deux facteurs ?
  5. - Faut-il raccourcir l’écart entre les deux parties ? Ou les ignorer, laissant chacun œuvrer dans son cercle suivant ses motivations ?
Ceci est le point qui désoriente, et c’est ce que nous voulons débattre. A cet égard, le cas de la nation algérienne ne nous préoccupe pas plus de ce qui nous préoccupe de la situation de la nation islamique dans son ensemble, parce que le cas de la nation algérienne n'est pas si incurable qu’il le parait, contrairement à d’autres pays frères, si seulement ses dirigeants adoptent une ligne de conduite exemplaire, parce qu'elle est plus proche du bon sens (fitra) que les autres.

En outre, les deux parties de l'extrémisme et de la négligence, ne sont pas aussi déterminés dans leur volonté de s'y tenir de telle sorte qu’il ne soit plus possible d’avoir un dialogue avec eux en raison du fossé qui les sépare des autres.

Quant à la doctrine des soufis, elle est peut être vue par les deux parties sous la forme d’un spectre sombre et lui attribuent tout ce qui est contraire à la nature humaine plus qu'il en soit contraire à la religion, bien qu’on sait que la doctrine soufie en est innocente. Comme l'étranger (occidental) qui veut s'en tenir à ce qu'il voit et les attribuent aux enseignements islamiques, autrement dit, ils n’ont plus de raison de tolérer cette état de fait, même aussi innocent que soit la chose, de tout ce qui fait croire qu’il y a des ignorances dans les enseignements religieux ou indique de la perversion dans le corps social.

La doctrine soufie est une école que ses enseignements sont basés sur l’éthique, la haute moralité et l'illumination des cœurs. Sur cette constatation, je ne crois pas que ses maîtres sont moins concernés à la sauvegarde de la religion que d'autres ou moins affectés par les drames qui ont touché et bouleversé ses enfants. Quoi qu’il en soit, la vertu est possible, la perversion aussi, et le dévoué œuvre fidèlement. Le succès n’est certain que par la volonté de Dieu qu’on sollicite son soutien.
 

Source : Journal auteur algérien - la révolution des pensées, n°24 du 10/06/1927.
Pour lire le texte en arabe, cliquez sur ce lien.
Traduit de l'Arabe par Derwish al-Alawi, Les Amis du Cheikh Ahmed al-Alawi

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