Une belle réunion des Amis de l’Islam - L'Écho d'Oran 14/01/1951

Samedi 13 Janvier 1951, à 18 heures, s’est déroulée dans les salons de l’Hôtel Touring sous la présidence du Cheikh Sidi Hadj  Adda Bentounès, et en présence d’un public où se mêlaient Musulmans et non-Musulmans, la réunion mensuelle -la première de l’année 1950/1951- de la Société des Amis de l’Islam.

Parmi l’assistance, peu nombreuse mais choisie, l’on notait la présence de Mme Angèle Maraval-Berthoin, présidente des A.A.A.A, ainsi que de plusieurs professeurs des Lycées Gsell et Lamoricière.

Après un chant choral exécuté par les foqaras de la Zaouia Alaouiya plusieurs orateurs prirent la parole.

M. Alphonse Izard, dit Abdallah Redha, exprima en quelques mots, avec toute la chaleur d'un néophyte, l’ardeur de sa jeune foi musulmane. Il dit sa joie de voir se perpétuer l'œuvre des Amis de l’Islam. toute de tolérance et de compréhension largement humaine.

Prenant ensuite la parole, Maître Georges Kehl rappela 1'importance de la religion musulmane dans le monde moderne. Au point de vue du nombre de ses fidèles, cette religion a réalisé au cours du dernier siècle et continue à réaliser d'importants progrès; l'essor de la civilisation moderne, par une mise en valeur rationnelle des contrées peuplées de Musulmans, y a déterminé un accroissement de population parfois considérable, favorisé encore l'amélioration des conditions d'hygiène et des méthodes thérapeutiques. D’autre part, bien des populations fétichistes d'Afrique noire, mises en contact avec l'Islam par le rapide développement des transports et des communications, adoptent peu à peu la religion musulmane.

Passant ensuite à l'analyse interne de la civilisation islamique l'orateur esquissant une rapide comparaison avec les civilisations antiques, effleurait la délicate question de l’aménagement au sein de la culture classique et à côté des humanités gréco-latines d'une certaine place pour les humanités Islamiques.

Après avoir réfuté le préjugé selon lequel il ne serait pas possible, loin des grands centres intellectuels, d’appliquer son esprit à un travail fécond, Maitre Kehl remercia le cheikh Bentounès d’avoir donné vie et de continuer à s'intéresser à la Société des Amis de l'Islam.

A son tour, M Jean-Gabriel Brosset se félicita de l'ambiance de compréhension et de tolérance régnant au sein de la Société. Adressant à l'assistance, d'une voix émue, un appel en faveur de l'union de toutes les races et de toutes les religions pour la défense des valeurs spirituelles, il rappela le magnifique exemple du Père de Foucauld qui, appelé un jour au chevet d'un de ses amis musulmans qui était mourant, l’assista dans ses derniers instants en lui récitant des versets du Coran.

Puis le cheikh Sidi Hadj Adda Bentounès, chef spirituel de la conférence Alaouiya et président d'honneur de la Société des Amis de l'Islam, prit la parole. Maniant avec aisance la langue française, ce grand chef religieux évoqua, en une homélie familière, l'antique parabole des membres et de l'estomac et rappela comment la diversification des fonctions sociales et des formations spirituelles, conforme au plan divin, au lieu de donner prétexte à de stériles divergences, doit au contraire servir l'intérêt supérieur de l’humanité, créature de Dieu.


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